• Je sais quels sont mes défauts, je sais l’image que je renvoie. Parfois j’arrive à lutter, à donner le change, à garder la tête hors de l’eau. Et puis parfois je n’y arrive plus, et alors mes efforts commencent à sonner faux.

    Il y a les moments où je me donne sans compter, ceux où je me nourris du plaisir que j’offre aux autres, où la générosité devient ma raison de vivre. Que je le souhaite ou non. Et puis il y a ces moments où je m’effondre. Où, paniquée, je ne vois plus rien d’autre que ma propre douleur. Mon propre tourment. Et où je commence à inonder les autres de moi, à ignorer leur eux, frontalement, ouvertement, sans aucune retenue. Mais toujours inconsciemment. Jusqu’à ce que, justement, j’en prenne conscience. Alors c’est la honte et la culpabilité qui m’envahissent, l’envie de fuir, j’attrape toutes les couvertures et les plaids que je trouve et je m’enterre dessous bien profond. Je me coupe des autres, peut-être pensent-ils que je me désintéresse d’eux, mais c’est juste une culpabilité mal placée et une pudeur maladroite qui prennent les commandes. Je sais que je perds des gens à ce petit jeu, mais je sais aussi que certains, même s’ils observent aussi à ce moment-là un mouvement de recul, seront toujours là. Malgré mes maladresses, malgré mes hésitations à revenir, malgré même parfois mon incapacité à revenir. Cette incapacité qui me paralyse, qui m’empêche de parler, d’être détendue dans l’approche de l’autre, et qui souvent brouille les pistes. Faisant croire encore une fois que je me désintéresse ou que j’ai tourné la page, alors que le manque me ronge.

    A ce moment de ma vie où se présente à moi une sorte de bilan, de découverte de moi-même, de redécouverte d’un moi oublié depuis  trop longtemps, je dois apprendre à revenir quand je pars. Ou à ne pas partir, l’idéal. Pour ça je dois savoir être moi-même, m’accepter comme je suis et m’imposer. Avec parcimonie. M’imposer, moi, dont on dit que j’ai une forte personnalité. Forte peut-être, envahissante sûrement, ébréchée certainement. Plus ébréchée encore en en prenant conscience.

    Je dois apprendre à être plus frontale pour paraitre moins hypocrite, plus franche pour moins me forcer, (m’)avouer que je risque d’oublier l’autre pour moins souffrir de le délaisser. Comme je sais si bien faire. Les efforts, s’ils se voient, deviennent inutiles. Savoir doser, savoir dire, savoir être. Ne pas se laisser envahir par l’euphorie, la douleur, l’émoi que provoque l’autre en face. Apprendre la détente.

     

    Se comprendre soi-même, la quête de toute une vie. Digérer les autres et les émotions qu’ils nous apportent, nous infligent parfois, un combat quotidien et démesuré. Infini.

    « J’ai laissé des bouts de moi au creux de chaque endroit. Un peu de chair à chaque empreinte de mes pas. Des visages et des voix qui ne me quittent pas, autant de coups au cœur et qui tuent chaque fois. »

    -Jean-Jacques Goldman

     

    L’idée, c’est de savoir (r)assembler ces bouts pour arriver enfin à être soi en toute sérénité.

     


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