• I Just Caught An Exotic Bird - Joseph D'Anvers

    Paris, 30 octobre 2013.

    J’ai bien cru que je ne pourrais jamais vous la livrer, cette interview. L’emploi du temps de ma ‘victime’ du jour est si chargé que l’heure du rendez-vous a valdingué à maintes reprises de droite à gauche, voire de bas en haut, façon boule de flipper… Mais on y est arrivé, la rencontre est fixée finalement pour dix-huit heures au café La Laverie, son quartier général, et me voici donc ravie de vous faire partager cet entretien.

     

    Ménilmontant - 16h30

    Je découvre le lieu du rendez-vous en avance, il fait frais mais beau aujourd’hui et j’ai décidé de m’offrir un après-midi en mode ‘j’écris à la terrasse d’un café’. Le quartier que je connais un peu est très sympa, et la météo me renvoie mon bonheur d’être là en pleine figure : ciel bleu et soleil inondant les rues.

     

    La Laverie - Rue Sorbier - 18h06

    Joseph arrive et me rejoint à l’étage où j’ai finalement posé mes pénates, l’automne commençant à être bien trop frais pour rester en terrasse. Il s’excuse de son retard (six minutes, dois-je lui en tenir rigueur ?), et la discussion démarre immédiatement autour de Dead Boys.

     

     La Fraise : Alors, prêt pour la version « normale » ?

    Joseph D’Anvers : La version debout ! Oui, même si je suis encore un peu raide, là… J’ai répété toute la semaine debout, justement, pour voir… Ca va aller, hein, bon, ce sera la version « normale mais un peu raide » !

    LF : Mais parlons un peu de toi, d’abord, tu es auteur, compositeur, interprète, écrivain…

    Joseph m’interrompe en rigolant, modeste, essayant de nier : « Non, non non ! Ca commence mal, tu t’es pas bien  renseignée ! C’est pas moi ça…»

    Je lui avoue que ce ne serait pas la première bourde que je commettrais, j’ose lui donner quelques détails (que vous n’aurez pas) et on se marre un instant. Mais je reprends vite le fil du sujet, n’oubliant pas que son temps est compté.

    …as-tu assez de place dans ta vie pour y mettre toutes les autres ?

    Joseph D’Anvers : Toutes les autres quoi ? Mince, désolé, j’ai déjà oublié la question !

    LF : Toutes les autres vies !

    JDA : Ah oui ! Non, bien sûr… Heureusement (ou malheureusement), c’est d’ailleurs mon drame depuis le début, je suis passionné par tout et je n’ai pas assez de temps pour tout faire ! Pas assez de place, pas assez de temps ! Surtout que chaque projet que j’initie prend beaucoup de temps, que ce soit un roman, un album… Ca prend du temps et beaucoup d’énergie. Et ce ne sont pas des milieux qui aujourd’hui drainent le plus d’argent et d’enthousiasme… Il faut être la locomotive, sans cesse. En ce moment en plus c’est une période un peu particulière pour moi, j’ai beaucoup de trucs sur le feu : Dead Boys, l’album, des projets avec des gens pour qui j’écris… Alors quand je suis au top c’est super, je pourrais déplacer des montagnes, et puis dans les phases où je suis un peu… « down », du coup c’est plus compliqué. Après le tout c’est de faire les choses comme il faut, quoi !

    LF : Tu as un parcours assez particulier (Boxe, Arts Appliqués, Cinéma), comment et pourquoi la musique a-t-elle pris le dessus ?

    JDA : Par hasard. Je faisais déjà de la musique avec Polagirl et Super 8, des groupes qui étaient un peu plus underground. On faisait des petites tournées roots où on partait à quatre, les trois musiciens et l’ingé son, on se relayait pour conduire, tu vois, on avait dix-neuf/vingt ans, c’était assez génial ! Mais je savais que je ne gagnerai pas d’argent avec ça et je ne voulais pas en faire mon métier, c’était vraiment à titre de passion. Et puis la bascule s’est faite un jour de printemps, où j’ai rencontré Daniel Darc boulevard Rochechouart. Je lui ai filé ma maquette et je lui ai dit : « Je t’emmerde pas plus, j’aimerais juste que tu écoute, si ça te plait ça va sinon pas grave, on s’en fout ! Si tu trouve ça nul tu me le dis et on en parle plus ! ». Il m’a répondu qu’il ne se permettrait jamais de dire que c’est nul. Qu’à partir du moment où tu as la démarche d’écrire, et de faire écouter, on peut dire ‘j’aime pas’ mais pas ‘c’est nul’. Après il m’a dit « T’as une bonne gueule, toi, viens on va boire un coup ! »

    LF : Et vous avez bu des coups…

    JDA : Et oui, on a bu des coups ! Et la bascule s’est faite là parce qu’en sortant de cet entrevue je me suis senti galvanisé, je me suis rendu compte qu’on pouvait faire de la musique comme lui faisait, qu’on avait pas forcément besoin d’être médiatisé, y’a juste besoin d’écrire et d’avoir un peu d’argent (c’est pas toujours simple) pour pouvoir produire ce qu’on fait, et puis qu’on pouvait… Je dirais pas être heureux, parce que je ne sais pas s’il était heureux dans la vie cet homme là, mais il avait un truc…  Et dès le lendemain j’ai posté un dossier au FAIR (Fond d’Action et d’Initiative Rock). J’étais encore assistant opérateur à l’époque, je bossais sur une grosse pub et le dernier jour du tournage je reçois un coup de fil de la directrice du FAIR qui dit que je suis pris ! Et ce même jour je venais d’avoir aussi une proposition pour partir sur le film de Xavier Beauvois Le Petit Lieutenant… Du coup je me retrouve avec ces deux trucs, avec les gens qui me demandent si je préfère faire du cinéma ou de la musique… Moi j’avais toujours eu les deux, mes deux jambes, en quelque sorte. Et là je me retrouvais confronté à ce qu’on me prédisait depuis des années, à savoir qu’il fallait faire un choix… J’ai beaucoup réfléchi, en même temps Le Petit Lieutenant c’était avec une chef opérateur réputée très dure avec son équipe, une sacrée réputation dans le métier… Alors je suis dis que si je partais trois mois et que c’était l’horreur humainement, même si le film était très bien (et il est bien d’ailleurs) ça allait être difficile. Du coup j’ai pris le pari d’arrêter cette vie là et de partir vers l’inconnu.

    LF : Et le FAIR t’a mis le pied à l’étrier, donc ?

    JDA : Oui, la directrice m’a dit qu’à partir de là j’allais sûrement recevoir des coups de fil de maisons de disques, de labels, qu’il fallait surtout que je ne dise oui à rien et que je l’appelle avant ! Et une fois que les coups de fils sont arrivés en effet, les choses étaient lancées… Tout ça grâce finalement au hasard, si je n’avais pas croisé Daniel Darc ce jour là… Je ne crois pas vraiment au hasard en fait, mais parfois… Tiens, pour la petite histoire, aujourd’hui à La Maison De La Poésie, en allant poser le matos je tombe sur un pote de lycée, un grand ami même, que j’avais pas vu depuis mes dix-huit ans, genre. J’avais  essayé de retrouver sa trace pendant des années, tu vois, sur Facebook, internet, mais rien… Et là on se retrouve face à face, on va se revoir et c’est cool. Alors le hasard…

    Il sourit, il a les yeux qui brillent. Il rajoute « Et du coup je suis vachement content, quoi ! »

    LF : Concernant tes albums, l’évolution ‘rock’ est flagrante, et s’impose carrément sur Rouge Fer. Le prochain suit-il le même chemin ?

    JDA : Pas du tout. En fait, dès le début j’ai considéré le premier (Les choses En Face) comme une parenthèse. Je venais de Polagirl et Super 8, des groupes qui envoyaient, qui avaient la patate, bien rock quoi. Enfin moins Polagirl, surtout Super 8. Polagirl c’était très… Tiens, d’ailleurs, je te livre un scoop : on va peut-être remonter le groupe. On a réécouté récemment et c’est vachement d’actualité en fait ! Une voix slammée sur une musique rock, on s’est dit que c’est maintenant que ça marcherait ! Et donc quand j’ai signé le projet ‘Joseph D’Anvers’ on m’a signé pour ce projet là. Mais j’ai prévenu le label tout de suite, je leur ai dit que moi je ne voulais pas forcément faire de la chanson française. J’avais un peu des idées à la con à l’époque… Du coup c’est mes potes qui m’ont mis au défi : « Ben vas-y, écris des chansons en français toi, si c’est si facile ! ». Et puis je me suis pris au jeu, j’ai voulu faire les choses bien et plus par défi, je me suis jeté à fond dans le projet… Mais toujours en prévenant la maison de disques que je venais du rock et que les albums suivants seraient différents ! C’est pour ça que dès le deuxième j’ai voulu bosser avec le producteur des Beastie Boys, des mecs de cette trempe là, parce que c’était plus proche de ce que j’étais vraiment. Et Rouge Fer, du coup, c’est celui qui est le plus proche de ça. Y’a des sonorités Polagirl, un peu, avec dix ans de plus bien sûr… Mais paradoxalement, le prochain sera finalement différent. Je me suis dit que j’avais pas envie de continuer, ce serait finalement synonyme de retour en arrière en fait. Je me suis dit que maintenant j’allais essayer de faire une synthèse des trois albums. En avançant dans l’âge, en plus,  j’ai plus envie de ressembler à Nick Cave qu’à Block Party tu vois ! Du coup cet album a été conçu un peu plus dans cette idée là. On me parle souvent des mes ‘aînés’, Miossec, Dominique A, Bashung, Daniel Darc, Gainsbourg… Et je me suis dit voilà, pourquoi pas essayer de faire un album un peu plus ‘français’ (même si c’est toujours un peu difficile de mettre des mots sur ce que tu fais), un peu plus classieux… Avec un  peu moins de recherche sur les sons, juste faire tenir un album debout avec guitare-basse-batterie-piano. Donc non, pas d’évolution plus rock !

    LF : Au fil de ces albums tu as eu des collaborations assez variées, est-ce qu’il y en a de prévues sur le prochain ?

    JDA : Oui, justement pour Rouge Fer j’avais eu l’accord d’Alison Mosshart qui devait chanter sur un titre. Mais à l’époque elle était avec Jack White dans The Raconteurs et malheureusement son planning ne collait pas avec le mien, j’avais juste quinze jours de studio payés par le label je pouvais rien décaler… Du coup je me disais pourquoi pas, même sur album plus calme y mettre un genre de rockeuse comme ça ce serait cool, j’aimerais bien une voix anglo-saxonne… Mais rien n’est bouclé ! En fait sur chacun des albums à chaque fois les collaborations sont venues assez tard. Pour Miossec c’était au bout d’une semaine de studio, on me dit qu’il y a un mec qui veut venir chanter sur mon album, « c’est Miossec » ! Genre ah ouais, mais sur quoi, merde, quand, quand ?! Et puis sur le deuxième à Los Angeles on me présente Money Mark, il me dit qu’il a entendu ma chanson au mixage et me demande si j’ai pas besoin d’un clavier dessus, je lui réponds que non mais que j’ai besoin d’une voix et c’est arrivé comme ça… Et Troy c’est pareil…

    LF : Justement, en grande fan de Chokebore je voulais te demander comment tu en étais venu à travailler avec le chanteur (Troy Von Balthazar)…

    JDA : Ben Troy en fait on s’est rencontrés à Troyes… C’est marrant, ça, de rencontrer Troy à Troyes ! On avait fait là-bas un co-plateau avec Dionysos. On a bouffé tous les deux et j’ai fini par lui lâcher que j’étais fan de Chokebore, je voulais pas en faire trop en même temps, j’avais entendu dire que le mec était un peu compliqué… Et puis on a vachement discuté, il s’avère qu’il est bien cool, il m’a dit qu’il avait vu mon show et qu’il avait bien aimé, genre dithyrambique et tout… Et moi j’étais là, putain, Chokebore quoi ! Faut savoir que j’ai crée Polagirl  après un concert de Chokebore, tu vois… Un genre de révélation, quoi ! Bref après ça on s’est perdu de vue, et un jour il m’envoie un mail qui me dit « Je suis à Paris, est-ce que ça te dit qu’on aille se boire un coup ? ». On se revoie deux-trois fois, lui il voulait s’installer par ici, il cherchait des contacts auprès des labels, moi j’avais une chanson que je n’arrivais pas à boucler, j’étais prêt à laisser tomber. Et puis j’ai eu trois jours supplémentaires d’enregistrement au studio, j’ai fait venir un nouveau guitariste qui a trouvé le morceau super et on l’a bouclé en un après midi. Mais j’avais toujours pas fini les refrains, c’est moi qui chantait dessus mais je faisais ‘la la la’, j’aimais bien parce que je le faisais un peu à la Jesus & Mary Chain, mais j’avais pas de texte ! Et j’ai fini par envoyer un message à Troy. On s’est retrouvé à La Fée Verte (un bar à absinthe !) je lui ai fait écouter le titre, il a bien aimé et quand je lui ai dit que je n’avais pas de paroles, il m’a dit qu’il allait s’en charger. Trois jours après il débarque au studio, il me balance le texte, la ligne de chant…. Et là j’ai Troy dans le studio, quoi ! C’était génial de le diriger parce qu’il s’est vachement prêté au jeu, et il était super content du résultat à l’arrivée. Moi en plus à  chaque fois, à chaque collaboration je demande la validation de l’artiste. Je leur demande s’ils veulent changer des trucs, refaire des prises. Ils savent très bien que c’est pas avec moi qu’ils vont passer sur NRJ ou se payer une maison à Malibu, et c’est pareil pour les réalisateurs sur les albums, les américains ou encore Darrell Thorpe je les ai tout de suite prévenus que je pourrai pas les payer comme les Beastie Boys ou MacCartney ou Radiohead… Mais je leur dis « Si y’a du kif, venez ! » et j’ai toujours eu la validation directe des mecs.

    LF : C’est assez valorisant, finalement…

    JDA : Oui, c’est sûr que ça flatte l’ego ! C’est vrai qu’à chaque fois sur mes albums j’ai eu de la chance, de belles rencontres, des bons parrains… Je me dis des fois que j’aurais pu approfondir telle ou telle chose, mais avec le recul je suis fier de ce que j’ai fait !

    LF : Pour revenir à Dead Boys, est-ce que le spectacle a eu une influence sur tes nouvelles écritures ?

    JDA : Non, en fait Dead Boys a plus eu une influence sur Rouge Fer. J’ai lu le bouquin pendant que j’écrivais l’album et je ne sais pas trop dans quelle mesure il l’a influencé, mais il l’a influencé c’est sûr…

    LF : Sans doute dans son côté road-movie je pense… Rouge Fer -à mon sens- sonne vraiment comme un road-movie, à l’image du bouquin de Richard Lange.

    JDA : Oui, ça a marqué l’album d’une certaine façon. Quand je fais un disque je n’écoute pas de musique, comme beaucoup, d’ailleurs. Si t’écoute autre chose pendant que tu bosse ton truc, tu te file des complexes, ou tu t’éparpille, ou tu finis par trop coller à tes modèles… Du coup moi je regarde des films et je lis des bouquins. J’en sors parfois de bonnes idées d’histoires, je me demande si je peux mettre en chanson ce qui a été raconté autrement… Pour le prochain album j’ai essayé de me sortir un peu de tout ça, j’ai un peu changé mon vocabulaire, ma façon d’écrire, mes thématiques…  J’ai essayé de faire en sorte qu’il soit moins abîmé, moins rugueux que Rouge Fer. Plus simple, plus accessible. Et paradoxalement, c’est celui que j’ai le plus travaillé… Ca fait un an que je suis dessus et on est toujours pas en studio. J’ai retravaillé les chansons, les textes, je me suis forcé à simplifier. Parfois je me disais « Trop littéraire, tout ça, t’écris des chansons, pas un roman ! ». Et puis en même temps j’ai aucune prise sur ce que tout ça va devenir après, en fait. Pour Sweet 16, une chanson qui parle de la schizophrénie, je me suis inspiré d’un morceau très dark qui était sur la BO de Breaking Bad. J’avais envie de faire un truc très très sombre un peu à la Killing Joke, Danzig… Et puis ben j’ai pas la voix du mec, on est d’accord ! Du coup c’est devenu Sweet 16. Et quand un jour on m’a dit que ça pouvait devenir un single, j’ai trouvé ça marrant parce que c’est pas du tout comme ça que je voyais les choses… C’est comme quand on me dit que je fais du rock, tu vois. J’ai envie de dire les gars, écoutez Super 8, ça c’était vraiment du rock ! Et en même temps on dit que Bashung faisait du rock alors oui, peut-être que j’en fais aussi… C’est très compliqué finalement les points de vue ! T’auras beau écrire mille fois ‘le ciel est bleu’, y’en aura toujours un qui viendra te demander pourquoi t’as voulu dire que le ciel était gris… Non, mec, j’ai bien écrit que le ciel était bleu ! Et c’est tant mieux quelque part, même si moi j’aime bien tout maîtriser…

    LF : Tu as écrit un très bel album pour Dick Rivers ; comment s’est passée la collaboration ?

    JDA : Bien, bien… On s’est rencontrés aux Franco, à la Folie… (Il s’interrompe et se marre) A la Rochelle, je veux dire ! Je devais jouer sur la grande scène avec lui, on reprenait Walk The Line de Johnny Cash, c’était la première fois que je jouais devant autant de monde ! Juste guitare voix en plus… Je tremblais tellement que je n’arrivais même pas à brancher le jack dans l’ampli ! Je me suis dit que ça commençait plutôt mal… Tout s’est bien passé finalement, et ça a été une vraie rencontre. Comme un coup de foudre avec une femme, tu vois ! Il m’a demandé de lui écrire des chansons. A l’époque j’écrivais pour Bashung, j’avais plusieurs titres mais certains m’ont paru être plus faits pour Dick.

    LF : Je me demandais comment tu avais abordé cet album. Avec des chansons déjà prêtes, ou que du neuf ?

    JDA : J’ai quasiment tout écrit sur mesure. Après sur les douze chansons  y’en avait une que j’avais faite pour moi, par exemple, et que j’ai gardé pour lui. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de cet album, pour Bashung ça a été pareil, il fallait que ces chansons puissent être chantées aussi bien par eux, des mecs qui ont soixante balais et tout ce bagage, que par moi, qui à l’époque avait la vingtaine… Etre crédible dans les deux cas. En faire quelque chose d’universel. Mais finalement avec Dick ça a été assez facile, comme il l’a dit lui-même « Je suis un interprète, de la pâte à modeler. Emmène-moi où tu veux » ! Et tout s’est bien passé.

    LF : Tu as aussi écrit un roman, comment est-ce arrivé dans ta vie ?

    JDA : Une commande. L’éditeur voulait une série de quelques polars écrits par des chanteurs, on devait être plusieurs dont Arthur H entre autres je crois, et puis finalement tout le monde s’est débiné et il n’est resté que moi ! Ca a été un long travail, j’ai passé presque un an déjà sans rien écrire, à créer l’histoire dans ma tête... Et puis après je l’ai monté, petit à petit, je voulais une construction bien particulière en plus. J’ai été très absorbé par le projet pendant un moment ! Mes proches m’ont d’ailleurs gentiment fait remarquer que j’avais pas été très cool pendant cette période… Et moi je ne me suis rendu compte de rien ! Mais je suis fier de l’avoir écrit, et surtout fier de l’avoir fait malgré mon vieil ordi dont la touche apostrophe ne marchait plus ! J’étais obligé d’aller sur internet pour les copier-coller, un truc de dingue… Et crois-moi, dans un roman il y en a des apostrophes !!

    LF : Un deuxième en prévision, peut-être ?

    JDA : Peut-être, je sais pas encore. Pourquoi pas ?

    LF : Revenons au projet Dead Boys, que tu joues demain à La Maison De La Poésie. Comment t’es venue l’idée du spectacle ?

    JDA : Une commande…

    LF : Encore ! Décidément…

    JDA : Oui, dans le cadre du festival Le Marathon des Mots à Toulouse, ils m’ont demandé de choisir  un auteur pour une lecture musicale. Je ne voulais pas forcément choisir un auteur français, j’ai hésité et puis je suis parti sur Richard Lange. Je les ai tout de suite prévenus que j’étais pas comédien, que je ne voulais pas (et pourrai pas) jouer les textes mais plutôt les raconter. Et puis le spectacle a plu, et j’ai décidé d’essayer de l’exporter un peu partout. Ca se fait doucement, je commence à avoir pas mal de contacts et ça se met en place.

    LF : Comment est-ce que tu as choisi les extraits que tu lis ?

    JDA : J’ai d’abord pris ceux qui me plaisaient, et puis j’ai beaucoup élagué ! J’ai surtout gardé ceux qui ‘sonnaient’ bien. Pas de phrases trop longues, plutôt ceux qui étaient bien rythmés.

    LF : Tu as inclus quelques morceaux à toi, pourquoi ceux-là en particulier ?

    JDA : Parce que je trouvais qu’ils allaient bien avec les histoires que je raconte dans le spectacle. Las Vegas bien sûr pour le lieu, mais aussi Ma Peau Va Te Plaire, qui parle d’une prostituée, ou La Chute et Les Cicatrices collaient bien aux personnages.

    LF : Pour finir, un questionnaire ‘Fourre-Tout’… Ton idole ?

    JDA : J’ai pas d’idole. J’admire beaucoup de gens bien sûr, surtout les gens qui sont raccord avec leur œuvre. J’ai plus de mal avec ceux qui se donnent des postures, et qui au fond ne sont pas la personne qu’ils nous montrent. Ou ceux qui sont là pour engendrer du fric sous couvert de l’art… J’ai envie de laisser quelque chose de valable, de respectable. Un jour j’ai entendu dire « Qui se souvient de l’homme qui était le plus riche de Vienne à l’époque de Mozart ? Personne. Mais tout le monde se souvient de Mozart ». Je ne prétends pas être Mozart bien sûr ! Mais c’est l’idée.

    LF : Ta couleur préférée ?

    JDA : Heu… Allez, le noir.

    LF : Ton paradis ?

    JDA : La tranquillité (Je souris, il rigole)… Non c’est vrai, des fois j’ai envie de partir, de m’isoler, juste qu’on me foute la paix ! Un jour d’ailleurs je disparaîtrai, peut-être… En emmenant mes proches bien sûr, je me barrerai sans prévenir et sans dire où je vais !

    LF : Ton enfer ?

    JDA : « L’enfer c’est les autres ». C’est tout à fait ça. Mon enfer c’est l’autre, les hommes, ce qu’ils sont en train de devenir. Je ne parle même pas des guerres, au-delà de ça, c’est tous les jours dans le quotidien. Se choper pour rien, pour un refus de priorité ou un regard appuyé, genre c’est moi qui ait la plus grosse, quoi. Ca me sidère.

    LF : Blonde ou brune ?

    JDA : Les deux ! J’ai pas de préférence. Heu… On parle bien des femmes ?!

    LF : Je laisse ça à l’appréciation de l’interviewé !

    JDA : De toute façon, c’est pareil pour la bière… Pas pour les clopes en revanche, je ne fume pas mais si je fumais ce seraient des blondes…

    LF : La première chose que tu fais le matin en te levant ?

    JDA : Je râle.

    LF : Oh, c’est pas bien ça…

    JDA : Plein de trucs à faire, trop, tout le temps, alors je râle !

    LF : Ta maison brûle, tu sauves un objet. Lequel ?

    JDA : Un objet ? Probablement une de mes guitares.

    LF : Le mot de la fin ?

    JDA : « Faut que j’y aille, je suis à la bourre » !!  Après je vais pas être bien demain matin et je vais râler encore plus fort…

    On rigole, on se dit au revoir et à demain pour Dead Boys, il file dans la nuit parisienne et quand je quitte le bar à mon tour la serveuse me dit que mon café est déjà réglé, quel gentleman ce Joseph…

     

     

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