• Paris, 19 Novembre 2003 - La Souffrance (8)

    Cher Anerik,

     

    Je continue à vivre cette semaine avec un goût amer dans la bouche. Votre détresse me hante malgré votre volonté de me faire rire. Je sais ce qu’ils veulent dire, ces rires, je sais ce que veut dire votre manque de ponctuation parfois. Je lis vos soupirs entre vos mots. J’aimerais tant que vous vous perdiez en moi…. Que vous oubliiez tout, là, au creux de mes bras…

    Avec les fêtes qui arrivent je sais que vous serez absent. Je me raccroche au fait que je serai occupée aussi mais je sais que vous allez me manquer. Et savoir que ça ne va pas être facile pour vous me remue un peu plus encore. J’aimerais tant pouvoir effacer toute cette peine et vous dire « Joyeux Noël » en vous serrant dans mes bras. Parfois j’imagine ça si fort que je sens presque votre souffle sur moi. Dans mon cou.

    Le week-end approche et je ne sais pas encore si vous serez là. J’espère pouvoir passer un peu de temps avec vous, ces derniers soirs vous avez été bien occupé -préoccupé surtout- et j’ai l’impression qu’on ne s’est pas parlé. Alors qu’on ne se quitte pas de la journée… Mais le soir vous n’êtes pas toujours là et c’est différent. Le silence et l’isolement, sans doute. J’ai besoin de sentir que votre corps vibre. J’ai besoin de lire ce que vous ne pouvez pas me faire. De sentir ces frissons parcourir mon dos et finir dans mes reins. Voyez, je réalise qu’au début de notre rencontre nous baisions, bêtement. Maintenant je vous fais l’amour. Peut-on faire l’amour à un ami ? Et bien je crois que oui. Il parait que le cerveau est le premier organe sexuel, et je me rends compte qu’il peut être dissocié du cœur. Je prends soudain conscience que je ne vous aime pas avec mon cœur, mais avec mon cerveau. Ce n’est pas moins fort, d’ailleurs. C’en est même plus violent parfois. Le cerveau dirige le corps, hein. Et mon corps trinque. Violemment donc. Avez-vous remarqué que j’ai dit le mot ami ? Parce qu’après notre discussion d’hier j’ai saisi votre sens de ce mot. Je suis rassurée, bien sur. J’ai reçu le message. L’attention. L’affection. Tout compris. Vous n’avez plus à vous inquiéter. Et moi j’ai envie de vous renvoyer tout ça.

    Mais au moment même où je suis en train de vous écrire une boule dans ma gorge grandit. Mes yeux…. Ont du mal à retenir le flot qui cherche à en sortir. Vous venez  de m’annoncer ce que je redoutais, le pire scénario que je ne voulais pas envisager : l’absence interminable. Quinze jours. Je suis sonnée. Quinze jours pendant lesquels on ne pourra pas échanger. Rien. Trop risqué. Quinze longs jours pendant lesquels je vais devoir sourire, souhaiter de bonnes et belles choses tout autour de moi, rester lisse en surface alors qu’à l’intérieur je serai en train de me disloquer. Lentement. Mourir à petit feu… Cette histoire aujourd’hui me pèse. Il pleut dehors, tout est maussade et gris, et je voudrais ne jamais vous avoir rencontré. Pourtant vous le savez, je ne peux plus m’en passer. Plus me passer de vous. Un lien est là, vous me tenez par tout. Vous me tenez par le sexe, j’ai parfois tellement l’impression qu’on fait vraiment l’amour. Vos mots sont si… précis. Vos intentions. Vos gestes. Si bien décrits. Vous me tenez par l’affection, comment ne pas fondre avec vous, si touchant derrière votre masque de clown. Vous me tenez par votre humour, aussi,  justement, ce qui m’a fait craquer je pense. Si potache. Si déglingué. Si tordant. Le même que le mien, nous nous sommes bien trouvés tiens.

     

     Tout ça m’a coupé l’appétit, je ne vais rien manger à midi je crois. J’accuse le coup. Je réfléchis. Je pense à vous, toujours… On a dit qu’on se disait tout, hein ? Alors je vous le dis : j’ai envie de vous. Putain j’ai terriblement envie de vous. J’ai envie que vous m’excitiez, j’ai envie de gémir, j’ai envie de jouir. Pour vous. J’ai envie que vous m’entendiez et que vous me regardiez jouir. Je… Ce n’est tellement pas moi ça. Enfin si, mon moi que je ne connaissais pas. Ou que je n’avais pas envie de connaitre peut-être. Vous l’avez trouvé, vous. Vous avez su le faire sortir. Le faire grandir. Et maintenant ce moi, cette femme femelle, a faim de vous. Monstrueusement. Physiquement. Je me tords de désir sur ma chaise de bureau. L’air de rien, bien sûr. On me regarde…  Et des frissons parcourent mes reins, encore.

     

    To Be Continued

     

    Pour suivre l'intégralité des correspondances : http://lafraise.eklablog.com/mlle-butterfly-c24555504 

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