• La deuxième journée d’auditions se termine. Ils ont eu des merdes, mais dans l’ensemble ils sont  assez satisfaits. Paris est une ville pleine de ressources.      

    « Faudra quand même dire à la prod qu’elle arrête de nous envoyer autant de casseroles, y’a vraiment des fois c’est pas possible ! » lance Simon à la cantonade, un brin énervé.

    Vincent, en bon producteur qu’il est, tente de lui expliquer que c’est ça qui fait le show et que les gens en redemandent. Simon a beaucoup de mal avec cette idée. Il a bien conscience que c’est complètement contradictoire avec sa présence dans le programme, mais il aime vraiment aller à la rencontre de la création, des nouveaux talents, c’est absolument passionnant. En plus du fait qu’ils soient grassement payés, bien sûr, il ne va pas cracher là-dessus. Il n’a pas les moyens de cracher là-dessus.

    En prime, une des candidates a piqué sa curiosité, aujourd’hui. Il a bien aimé sa reprise décalée de Lithium. Décalée et émouvante. Mais il s’interroge sur sa participation à l’émission, n’est pas sûr qu’elle y soit à sa place. Il espère qu’elle va rester vigilante. Il pense au morceau qu’il  traîne depuis des lustres, se dit que sa voix irait plutôt bien dessus. Il récupère ses affaires, salue tout le monde et décline le resto collectif quotidien, pas ce soir, non. Il part retrouver ses machines et sa guitare, en pleine inspiration, il aime ces moments qui le rendent fébrile.

    Une fois dehors l’air frais lui fait du bien, s’il s’écoutait il enlèverait son casque mais il y a des flics à chaque coin de rue. La nouvelle politique municipale. Big Brother s’était déjà bien installé mais cela ne leur a pas suffit. Les lois se sont durcies, et l’intransigeance règne.

    Il évite deux ou trois portières de bagnoles qui s’ouvrent brusquement à son arrivée, qu’est-ce que les gens peuvent être cons alors. Pour ce genre de choses, par contre, les flics restent curieusement à distance.

    Tout ça ne l’empêche pas de garder Nina dans un coin de sa tête, sa voix est en train d’emménager  dans sa musique.

    En arrivant chez lui il cherche un peu d’herbe pour se rouler un joint mais en vain. Il met de l’eau à bouillir pour se faire cuire des pâtes et se sert un whisky-Coca pour compenser.

    Au petit matin il accouche de quatre nouveaux morceaux, il ne s’est jamais senti aussi vivant.

     

    *

     

    Quand il arrive au Palais Brongniart le lundi, tout le monde est déjà là. Il s’excuse de son retard, file se changer. En retournant à la salle d’audition, il croise Nina et son rythme cardiaque s’accélère malgré lui.

    « Salut… Je pourrais te parler, si t’as un moment ?

    -Ca va être chaud, là, je suis déjà à la bourre… Tu serais dispo en fin de journée plutôt ?

    -Oui, pas de souci. Vous finissez tard ?

    -Ca dépend, en tout cas on essaie au moins de manger à des heures correctes…

    -Bon ok. Je repasse vers vingt heures, je t’attendrai dans le hall.

    -Ca marche. A ce soir alors.»

    Il la regarde s’éloigner, rejoint les autres avant  de craquer et de la suivre.

    Il suit de loin les auditions de la matinée. Perdu dans ses pensées. Se demandant ce que Nina veut lui dire. Les heures s’écoulent péniblement, les candidats sont médiocres, il ne peut s’empêcher de gigoter sur sa chaise, et devient de plus en plus désagréable dans ses propos. Ses camarades le regardent d’un drôle d’œil et il finit par réclamer une pause devenue indispensable.

    Il retourne dans le hall un peu fébrile, se prend un café et sort fumer une cigarette. Encore quelques heures avant de la revoir.

    Il a dix-sept ans à nouveau, des boutons sur la gueule. Sa respiration est saccadée et son cœur palpite.

     

    Il se dit qu’elle le met dans un drôle d’état, quand même.

     

    A suivre...

    La chanson de l'épisode : Nirvana - Lithium

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Casting du télé-crochet  Star Me Up – Paris –  Octobre 2012

     

      

    Salle d’audition surchauffée, brouhaha et trac. Mains moites et rouge à lèvres qui suinte. Elle espère au moins échapper aux auréoles sous les bras. Allez, quoi, de toute façon elle s’en fout, elle fait ça juste pour voir.

    Elle a appris seulement en arrivant la composition du jury et n’en revient toujours pas. Que des pointures.

    Cette année la production a clairement pris le parti de l’exigence, laissant de côté l’aspect people du programme. Il y a Vincent Chemay, producteur et dirigeant d’un label de financement participatif ; Pierre Ferré, petit-fils de Léo Ferré et auteur-compositeur, et Sophie Lebon -la seule femme-, professeur de chant à la renommée internationale.

    Mais surtout, surtout, Simon Dallen. Poète et pilier de la scène musicale underground, pas vraiment coutumier des grosses machines médiatiques. Surprenant de le retrouver ici. Elle a grandit avec lui depuis son adolescence et le trouver là  ne fait qu’accroitre  son trac.

    Elle se présente. Commence à chanter. Putain c’est dingue ce que c’est impressionnant.

    Elle doute rapidement, ne sait pas quoi penser de ce qu’elle est en train de faire, désastre ou triomphe, elle n’en sait rien. Elle est paralysée.

    A la fin du premier refrain elle s’arrête et rouvre les yeux, son cœur va exploser. Tout va très vite. Ils sont trois sur quatre à vouloir qu’elle passe à l’étape suivante, lui tendent le papier, elle a  du mal à croire ce qui lui arrive. Joie. Elle balbutie  quelques remerciements en partant, tremblante, elle se dit que tout ça est absurde…

    La peur mélangée à l’excitation la feraient presque trébucher mais ok, allons-y alors, en avant la télé. La vie est courte.

      

    *

     

    Le lendemain Nina réalise à peine où elle était la veille. Elle repense à tout ça et a la naïveté d’espérer que tout se passera bien.

    Stan, au bout du fil, est perplexe. Elle n’avait mis personne au courant. Même pas lui, son meilleur ami.

    « T’es folle. C’est un plan pour pécho Simon, ou quoi ?!

    -Pfff, t’es con. Non, je sais pas, ça m’a pris comme ça. Ecoute, on verra bien où ça me mène, hein. J’ai aucune attente, aucune prétention. »

    Ils décident de dîner ensemble le surlendemain, en attendant il faut qu’elle s’occupe du bouclage de son expo, il lui manque au moins cinq toiles et en ce moment on ne peut pas dire qu’elle soit très inspirée. La moitié de ses pinceaux sont secs et inutilisables. Il faut qu’elle pense à en racheter, se dit qu’elle ira plus tard.

    Elle jette un œil par la fenêtre et aperçoit un morceau de ciel bleu, tiens, il a mis du temps celui-là. Son bras lui fait mal aujourd’hui. Elle ne sait plus vraiment où elle va dans cette putain de vie, ses bagages sont trop lourds parfois. Elle met de la musique et se décide à ranger un peu cet appart bordélique, à défaut de pouvoir ranger dans sa tête.

    Digérer un passé douloureux. Lui devoir ce qu’elle est maintenant. Gérer les angoisses imprévues. Une lutte constante avec elle-même qui ne finira jamais, pense-t-elle. Mais elle est assez fière de ce qu’elle est devenue, de comment elle s’est sortie de tout ça, alors finalement… Elle essaie de vivre avec.

    De cette époque elle n’a gardé que Stan. Un jour elle a tout jeté, pour mieux recommencer. Ils sont partis bras dessus-bras dessous s’installer à Paris, loin de tout et de tous. Des gens en ont sûrement été blessés, elle n’a pas voulu s’en faire pour ça. Très égoïstement elle a fait passer son bien-être avant tout le reste.

    Stan lui, ce n’est pas pareil ; c’est son jumeau, son âme sœur, sa vie. Son père, son fils, tout à la fois parfois. Elle se demande souvent s’il en aurait été de même s’il avait été hétéro. Ils auraient probablement commencé par baiser, bien sûr, et ça aurait tout gâché, inévitablement. 

     

    A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains

     

     


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  • Il ne se dit pas qu’il serait peut-être temps de me répondre, que le rendez-vous est dans trois jours et qu’il faudrait quand même que je prenne mes dispositions… Non. Silence radio. Je bous à l’intérieur, chaque minute qui passe me ferait imploser. Ma tension doit approcher le point de non retour.

    Il doit être en train de chercher une excuse. Je le soupçonne d’être en train de me planter, et de ne pas savoir comment me le dire. Merde, c’est moi ou les gens manquent cruellement d’attention envers les autres ?

    Moi j’ai appris à communiquer, à prévenir, anticiper. Eviter les malentendus. Certains disent que j’en fais trop, oui, je sais. Mais moi je préfère. C’est pas toujours heureux mais c’est souvent utile.

    Il attend quoi, en fait ? Si c’est un problème d’organisation, qu’il me le dise, je peux m’arranger. S’il n’a plus envie, qu’il me le dise aussi, je vais pas le bouffer. Mais pas cette attente. Non, pas cette attente qui me ronge.

    Il paraît  que l’amour et la haine sont si proches qu’on pourrait les confondre parfois. Exactement, à cet instant je le hais. Croiser son regard m’insupporte et mon cœur bondit à la simple lecture de son nom. Pourtant je continue de l’écouter, encore, comme si je ne pouvais faire autrement.

    Parce qu’il est en moi. Sacrément ancré en moi. Ses mots, sa voix, ses sons. Dans chaque pore de ma peau. Dans chaque poil qui se dresse quand je l’entends. Et cette entrevue, je la rêve depuis des années. Je l’attends depuis des semaines. Enfin le rencontrer. Croiser ses yeux, respirer son parfum. J’ai travaillé dur pour ça. Trouvé les moyens, les excuses, les raisons. Mis des choses en place.

    Alors cette attente est insupportable. Mes tripes se retournent à chaque minute de la journée. J’en gerberais tellement ça fait mal. Mes mains tremblent et mon corps est désynchronisé de mon cerveau. Cet état dans lequel ça me met. Dans lequel IL me met. Impossible de relativiser. Impossible de garder la tête froide.

    Le mode groupie je connais, je pratique depuis ma plus tendre enfance. Le mode amoureuse aussi, je suis une femme qui aime la vie et ceux qui sont dedans. Mais ce mode là je le connais pas. Le mode hypnotisée, possédée, dépossédée de tout bon sens et de toute jugeote. Incapacité totale de vivre pour autre chose que lui. Désarmée.

    Ma vie n’a de sens que parce qu’il existe. Je ne sais pas quand c’est arrivé mais c’est arrivé. Et je n’ai pas lutté. Depuis je respire au rythme de ses mélodies, je n’écris que dans l’espoir qu’il me lise, je ne parle que dans l’espoir qu’il m’entende. Je me livrerais corps et âme pour lui. Un mot, un regard significatif et je m’abandonne. Il ne faudrait pas hein. Mais maintenant qu’il est là devant moi je sais que je lui appartiens. La question est de savoir si lui le sait.

     

    ***

     

    J’ai hésité avant de venir. J’ai mis du temps à lui répondre, elle a dû croire que je revenais sur ma décision. Pourtant Dieu sait que j’ai envie d’être ici. Avec elle. Elle sur qui j’ai un œil depuis des mois, elle dont j’admire les mots. Si différents des miens et pourtant si identiques.

    La voir, la découvrir, mettre un visage enfin sur tous ces écrits. Tous ces mots, toutes ces phrases qui parlent si bien de moi alors qu’on ne s’est jamais rencontré. Je ne m’explique pas comment elle me comprend si bien. Comment elle me devine si parfaitement. Comment même parfois elle anticipe mes sentiments et mes actes.

    Le jour où j’ai cliqué sur le lien de ce blog j’ai souri, pour de mauvaises raisons. Je pensais tomber sur un énième fan-club cul-cul la praline. Et puis j’ai lu ses mots sur mon travail. Tellement justes, tellement précis. Elle a décelé chaque intention, chaque émotion, chaque double sens. Comme si nos cerveaux étaient connectés.

    Et dans tous ces mots sur moi il y a tellement d’elle. Elle se livre tellement à travers moi. J’ai l’impression de la connaitre par cœur, et j’espère ne pas me tromper. Parce que je ne me remets pas de ce que j’ai découvert. De celle que j’ai découverte.

     J’ai donc plongé dans son univers. Cet univers qui raconte le mien, cet univers dont je suis devenu accro. Avide de ses mots, j’ai fini par être avide d’elle. Elle qui est maintenant là devant moi. Et pour la première fois de ma vie j’ai peur.  Du haut de mon mètre quatre-vingt dix, pour la première fois de ma vie j’ai peur de ne pas être à la hauteur.


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  • La Vie, ce grand sac de nœuds. Parfois même de têtes de nœuds, hein. Mais ça c’est une autre histoire. Aujourd’hui c’est la vie qui m’a sauté à la figure, celle qui est si tordue, si belle, si courte, si compliquée. Celle qu’on traite de putain parfois, mais qu’on a tellement peur de quitter. Celle qui t’offre des cadeaux, précieux ou empoisonnés, parfois les deux. La vie qui surprend, emporte, détruit, fait renaître, disparaître, aimer, haïr. La vie qui fait briller tes yeux, couler tes larmes et te vider de ton sang. Montrer toutes tes dents. Les crocs quand t’as les nerfs, mais surtout les autres quand ta bouche s’ouvre d’une oreille à l’autre. En forme de sourire, tu sais. Ça arrive quand t’es heureux. 

    Et cette vie ben tu la vis pas tout seul, hein. C’est ça qui fait sa richesse. Enfin je crois. Oui, j’en suis sûre même parce que si t’étais tout seul il n’y aurait pas toutes ces émotions, tous ces coups au cœur, toutes ces crises de nerfs ou de larmes, ces cris de joie et de bonheur. Ça c’est à cause de l’autre. Celui qu’est en face de toi. Qui te regarde, ou pas, qui te sourit ou t’insulte, qui te prend dans ses bras pour le meilleur et pour le pire. Le pire de lui, parfois, bien sûr, sinon c’est pas drôle. Le pire de toi aussi qu’il accepte ou rejette. Mais surtout la magie. La magie de la connexion. De la compréhension et de l’investissement.

    Des fois ça prend du temps, des années, la famille c’est bien compliqué malgré les liens du sang. Mais finalement il n’y a que deux options : ça marche ou ça marche pas. Que tu te battes pour y arriver ou que tu laisses pisser.

    Des fois en amour aussi ça prend du temps, pas des années parce que la baise facilite grandement les choses, tu sais, la fameuse réconciliation sur l’oreiller. Bon ça embrouille aussi pas mal, d’accord, parce que le cerveau du bas il est pas toujours raccord avec celui du haut. Faut pas hésiter à faire les MAJ quoi. En passant par le cœur de préférence.

    Des fois ça prend du temps, des années, on ne fabrique pas une amitié en quelques secondes hein. Il faut apprendre à se connaître, se comprendre, s’apprécier. Se supporter.

    Et puis des fois c’est fulgurant. Tellement fulgurant que tu sais plus trop où t’en es, tu sais plus trop ce que c’est, amour, amitié, fraternité ?

    Entre sexes identiques c’est facile (ou à peu près). Le fonctionnement est sensiblement le même par défaut, alors si en plus la connexion est là c’est vite le septième ciel. Parfois tu vas jusqu’à aimer  cette personne bien plus fort que certains membres de ta famille. C’est mal, tu le sais, mais t’y peux rien hein. La force des sentiments.

    Mais entre sexes opposés la relation est vite biaisée (j’ai bien mis un « i » avant le « a » non mais). Surtout s’il y a des kilomètres au milieu. Ceux qui empêchent les yeux de se croiser, les mains de se toucher et les sourires de s’exprimer. Du coup il y a les retenues, les peurs, les attentes. Les mêmes des deux côtés ou au contraire celles qui s’opposent. Toi tu veux tout donner, tout prendre, vite, comme tu sens que ça colle bien tu veux pas laisser sécher. L’autre pense sûrement pareil, mais il sait pas trop comment le dire. Alors vous tournez autour du pot. Et un jour le pot vacille, se casse, déséquilibré par votre ronde incessante. Tu contemple les débris, impuissant, t’en ramasse un au passage mais tu sais pas trop quoi en faire. C’est donc le moment de ressortir la colle. Y’en a plein des différentes, faut pas se tromper. Faut bien la choisir. Faut pas prendre celle qui reste sur les doigts, celle qui pue, celle qui colle trop fort avant que t’aies pu bien ajuster les morceaux. Il faut celle qui fera ça en douceur et qui ne laissera pas de traces. Ou alors invisibles. Parfois cette colle c’est un geste, une attention, un sourire. Et parfois elle se résume en un mot. Un seul. Un mot qui soudain éclaire tout, clarifie la relation et consolide les sentiments.  Celui là tu le choisis pas, il sort tout seul. Comme un diable hors de sa boite. Toi-même il te surprend, ou peut-être pas, tu l’as sûrement pensé tellement de fois. En tout cas il a été dit, écrit, répété, compris, et le pot a été recollé. Il reste fragile, ce pot, bien sûr, mais maintenant t’as compris que la meilleure colle finalement c’est les mots. Il faut les dire. Il faut surtout savoir les entendre, sans en avoir peur. Et demander si tu les comprends pas. En détente, quoi, tavu. Tranquille.

     

    Et ces mots qu’il faut savoir dire et entendre, apprécier et accepter, finalement ça marche pour tout. La communication, baybee. C’est la clé de cette vie. 


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  • Doit-on marcher  pour retrouver

    Ce que les rêves ne donnent plus

     

    Doit-on courir pour attraper

    Ce qui au fond ne manque plus

     

    Doit-on crier pour réveiller

    Ce qui souvent ne chante plus

     

    Doit-on frémir pour exalter 

    Ce que nos cœurs ne sentent plus

     

    Doit-on s’unir pour écouter

    Ces larmes qui ne coulent plus

     

    Doit-on sentir pour respecter

    Ces tremblements qui ne sont plus

     

    Doit-on fléchir pour éviter

    Ce qui nous mine chaque fois plus

     

    Doit-on mourir pour exister

    Encore une fois ou à peine plus

     

     


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  • A force de dire que c'est futile

    A force de croire que c'est banal

    Qu’il est facile de changer d’île

    On en oublie le principal

     

    Pour retrouver un semblant d'air

    On se perd au gré de nos routes

    Nos yeux trop tournés vers l’arrière

    Et on trébuche sur nos doutes

     

    Je ne sais plus ou te chercher

    C'est elle qui marche devant moi

    Je ne sais plus ou te trouver

    Celle qui te garde alors que moi

     

    A force d'élimer le passé

    A trop vouloir changer l'avenir

    Sur nos rêves d'enfants on dansait

     La peur au ventre et sans dormir

     

    Si j'avais su comment l'écrire

    J'aurais préféré les faire rire

    Mais l'ombre gagne et le vent froid

    Me fait trembler, c'est encore toi

     

    Je ne sais plus ou te chercher

    C'est elle qui marche devant moi

    Je ne sais plus ou te trouver

    Celle qui te garde alors que moi

     

    Tu ne regardes plus mes yeux

    Et tu enfonces au fond de moi

    La peine et la douleur au mieux

    Mais si souvent tes mots si froids


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  • - Julien Doré - Marseille -

    -Le Silo - 16 février 2014 - 

     

    Donne Moi Ton Corps Baybee

     

    Julien Doré en concert c’est plus qu’une habitude, c’est un réflexe. Je l’ai vu tellement de fois que je ne compte plus. Et à chaque concert c’est un régal, une explosion de saveurs version oreilles.  Je pars donc confiante, à peu près. Oui à peu près parce que le dernier album, aussi magnifique soit-t-il, manque un peu trop de « rock ‘n roll » à mon goût (la chronique de LØVE est disponible ici).  Je me demande donc dans quelle ambiance la soirée va baigner.

    Le concert est prévu à vingt heures, et trente minutes de retard plus tard je gigote d’impatience sur mon siège, un brin irritée par l’attente, quand la salle s’éteint. Je découvre qu’en fait il n’y a pas de première partie, on entre tout de suite dans le vif du sujet, bouffée immédiate de bonheur. Le set ouvre comme l’album, avec  Viborg, et le ton est donné. Puissance toujours. Puissance mais pas que, car Julien est un showman extraordinaire et complet. Je le savais déjà, mais ce soir il est déchainé. Bête de scène.  Charisme. Humour. Jeu. Tout est réuni en un seul homme, classieux dans son costume cravate ajusté comme il faut. Les chansons s’enchaînent et peu des albums précédents sont présentes, un léger regret de ma part mais j’approuve finalement ce choix qui nous plonge intégralement dans l’ambiance de l’album. Ce concert est LØVE, du début à la fin, dans tous les sens, des paillettes derrière la scène à l’osmose entre les musiciens. LØVE jusqu’à la reprise de Kamaro  Femme like U , qu’il a choisit de garder sur cette tournée encore, et qui si elle prête à rire comme ça sur le papier est servie avec une intensité rare. Je ne sais pas ce que cette chanson lui a fait, mais en tout cas lui il a fait du bien à la chanson !

    Comme à son habitude il vadrouille ça et là dans la salle au gré de ses envies, faisant profiter son public de la proximité qu’il a choisi d’offrir. Il transpire l’envie d’être proche de ceux qui l’aiment. Il enchaine les chansons et les mini-sketches entre chaque, pour arriver au point culminant du show : Corbeau Blanc. Comme à chaque fois, il y a LA chanson qui donne la sensation que le plafond va voler en éclat. Il est fort pour ça. Ils SONT forts, même, parce que son talent est largement exacerbé par celui de ses musiciens.

     

    Le concert se termine tranquillement, un rappel et une visible envie de rester plus tard  il nous offre une deuxième fois Paris-Seychelles, dans une version piano voix, et seul cette fois. Une impression de flotter, un bien être réconfortant, du rire et des émotions intenses, voici le cocktail Julien Doré. Vous l’aurez compris, si vous aimez un tant soit peu ses chansons courez les écouter sur scène. Il va vite vous sembler incontournable.

     

    Donne Moi Ton Corps Baybee


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  • Cher Anerik,

    Je ne sais comment vous expliquer tout cela. J’espère que vous comprendrez mon geste, j’espère que vous comprendrez à quel point il m’a fallu partir et tout laisser derrière moi. Vous êtes le premier à qui je m’adresse, même ma famille ne sait pas encore que je suis revenue. Que je suis… Vivante. Ces deux années et demie ont été une parenthèse nécessaire, douloureuse et pleine de surprises. Je ne sais encore comment faire pour contacter mes proches, mon fils me manque tant si vous saviez… Ce fut un déchirement de le quitter ainsi et de ne pas me manifester. Parfois je rêve de reprendre ma place comme si de rien n’était, mais je sais que ce sera difficile. J’ai brisé leurs vies. Je ne m’en veux plus, j’ai fait le deuil de tout cela et maintenant l’envie de retrouver mon quotidien et les amours de ma vie est plus forte que tout. J’espère seulement qu’ils auront la force et la mansuétude d’accepter mon retour parmi eux.

    C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’adresse à vous en premier. Je sais que vous avez été en contact avec eux. Je sais que vous avez su trouver les mots pour les aider, pour accompagner leur peine. J’aimerais  que vous puissiez maintenant trouver les mots pour annoncer mon retour, je sais que je vous demande beaucoup mais je suis si effrayée à l’idée de me manifester… Je préfèrerais savoir ce qu’ils ressentent, et qu’ils sachent à quel point je les aime.  J’espère pouvoir compter sur vous. Vous qui me connaissez si bien, et qui m’avez comprise tant de fois.

    J’ai conscience que tout ceci et très difficile et que rien n’est gagné, je comprendrais vos réticences mais vous serai tellement reconnaissante si vous acceptiez…

     

    Bettina

     

     

    Dumtown, W.A., 15 juillet 2006

     

    Chère Bettina,

    Quel choc en lisant votre courrier ! Je découvre que vous êtes en vie en même temps que votre prénom… Deux cadeaux qui me font sourire à nouveau. Nous n'avons jamais eu la certitude de votre disparition mais j’ai toujours espéré et … ai eu raison. Je ne me permettrai pas de juger votre geste, je me contenterai d’être heureux que vous soyez vivante. Je  n’arrive pas à croire que cela soit vrai, j’ai l’impression étrange de m’adresser à un fantôme…

    Je n’ai pas de bonnes nouvelles pour vous malheureusement. Votre famille s’est exilée et a fait le choix de ne pas m’indiquer le lieu où elle se trouve. Je n’ai donc aucun moyen de les informer de votre retour, et aucune information à vous proposer. Je vois que vous avez su garder un œil sur moi pendant votre absence, j’espère que vous saurez trouver les moyens de vous rapprocher d’eux.

    Vous devez savoir que de mon côté les choses ont changé, je suis seul à présent. Je ne regrette rien, excepté votre absence qui me pèse chaque jour un peu plus…  J’ai maintenant la certitude que nous nous rencontrerons, le plus tôt possible j’espère, je… t’attends dans ma vie. Enfin.

     

     

    Dans le cadre d'un jeu de la #TeamEcriture, le thème était une correspondance. Une trop belle occasion de faire revenir Mlle Butterfly...

    Pour suivre l'intégralité des correspondances : http://lafraise.eklablog.com/mlle-butterfly-c24555504Anerik


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  • I feel so strange

    I don’t know how to explain

    That feeling

    I feel so great

    I think you gave me a reason

    A reason to live,

    A reason to be

    I don’t hate myself anymore

    I needed to talk with you

    But it could have been dangerous

    Now i want to know you more

    I miss you

     

     I watched you while you were

    Sleeping last night, you know

    I found you so beautiful

    I found you so sexy

     

     You gave me a reson to write

    These lines again

    I know what you’re gonna say

    But it’s not true

    It is not a momentary feeling

    I mean i really felt in love

    You’re so special, so different

    I don’t know what i’m doing

    Maybe i’m gonna want

    What i can’t have

    What i found in you

    Something else, someone else

    Further than sex, further than other feelings

     

     I watched you while

    You were sleeping last night, you know

    I found you so beautiful, so sexy

     

    I wanted to touch you

    I just put the blanket on you

    And let you dream about someone else

    I know in the deep of you

    You’re my friend, just my friend

    But my real friend

    Maybe i’m doing a mistake

    Making you read these lines

    I hope you’ll forgive me

    I hope you’ll forget it

    I watched you while

     

    You were sleeping last night, you know


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  • 1.Donner : verbe intransitif

    Produire, procurer du rendement. Ex : « Les fraises donnent cette année ». Synonyme : rapporter

    2.Donner : verbe transitif

    Remettre, transmettre, offrir, fournir sans rien en retour. Synonyme : communiquer.*

     

     

    « Sans rien en retour ». Cette intention est très louable, sur le papier. Très altruiste. Mais n’est pas viable, hein, on est bien d’accord. Donner implique forcément un échange. Alors bon, d’abord on ne s’en rend pas compte, on est ravi, c’est le plaisir du réconfort que reçoit l’autre qui compense et fait gonfler le cœur. Tu te dis que ça te suffit, que toi t’as besoin de rien, que t’es fort et que c’est beau tout ce que tu peux apporter à l’autre. L’autre qui le mérite, bien sûr. L’autre qui a toutes les qualités du monde au milieu de ses défauts, l’autre qui déborde d’émotions et de tendresse, d’humour et d’amour. L’immanquable. Celui ou celle qui est entré dans ton cœur et qui n’en sortira jamais. Des fois y’en a plusieurs même, quel cadeau te fait la vie.

    Et puis les jours passent. Les événements, les émotions, et un jour tes bras tombent. Tes bras tombent parce qu’ils sont  trop lourds, parce que tu as trop porté les paquets des autres, parce que même si on t’a proposé de te soulager t’y es pas allé à fond bien sûr. Parce que c’était pas à toi de pleurer, de te faire plaindre, toi ça va aller. Qu’ils ne s’inquiètent pas surtout. Alors les paquets des autres restent sur tes bras, même les jours où ces autres préfèrent te laisser de côté. Quand ils s’enferment. Dans leur tête, dans leurs verres, dans leur grotte, dans leur vie. Leurs vies parfois si compliquées. Dans ces moments là tu te dis qu’ils ont besoin de ça bien sûr, que toi ce n’est pas pareil bien sûr, que toi tu vas bien. Mais tu t’inquiète. Pour eux, toujours. Jamais pour toi. Tu t’inquiète et ça te bouffe. Ca te grignote petit à petit, de l’intérieur, chaque jour un peu plus. Plus tu t’inquiète et plus tu donne aussi, bien sûr. Et tu te vide. Sans t’en rendre compte.

    Et puis un soir, il y a un geste. Ou un mot. Une attitude. Et là tu réalise que toi t’es pas bien. Que toi aussi t’as besoin des autres, finalement, que tu t’es retenu mais que t’aurais dû craquer. Te soulager. Tout envoyer balader et pleurer un bon coup. Mais non, hein, tu ne l’as pas fait. Parce que tu n’en avais pas besoin. Tout ira bien tu disais. Ca va passer. Ca va aller. Mais en fait non, ça ne va pas, et maintenant c’est trop tard. Au moment où tu craque ben personne n’est là. Ou ceux qui sont là ben tu ne peux pas leur dire. Alors tu étouffe tout ça. Tu retiens les larmes, les nerfs, la fatigue. Cinq minutes. Mais il faut que ça sorte. Et là, heureusement, y’a quand même quelqu’un. Quelqu’un qui t’entend, qui t’écoute, qui te répond. Qui te soutient. Qui t’engueule aussi, qu’est-ce que tu fous à te prendre la tête au lieu de dormir. Quelqu’un qui donne tellement, trop à son goût mais qui du coup sait recevoir.

    Parce que finalement, est-ce que toi tu sais recevoir ? Oui, sans doute… Mais pas à moitié alors. Pas par intermittence. Pas un jour sur deux. Pas quand toi tu vas tellement bien que t’ose pas le dire pour pas faire plus de mal encore à l’autre qui va pas fort. Pas quand l’autre va trop bien lui aussi pour voir ou trop mal pour être là. T’as pas appris l’intermittence toi. T’es toujours là pour les autres. T’es jamais #Off. Jamais. Va falloir apprendre alors. Va falloir apprendre à craquer, va falloir apprendre à te distancer toi aussi. Parce que la vie est une salope bien vicieuse, qu’elle te bouffe sans que tu ne t’en rendes compte. Faut la tenir à distance. Pour la mater. La gérer, l’assumer. L’apprécier aussi et la choyer surtout. Pour pouvoir continuer à donner, tout, et même le reste, à ces autres pour qui t’as l’impression que tu pourrais crever.

    Ces autres, ceux que t’as failli perdre, ceux que tu as perdu, ceux que tu perdras jamais, et qui sont tous dans ton cœur. Qui vont y rester longtemps. Va falloir assurer, hein. Va falloir être plus transparent quoi. Va falloir accepter qu’ils prennent un peu de ton désarroi parfois, parce que sinon un jour tu vas imploser. Comme un ballon de baudruche. Et puis va falloir accepter que ça soit trop pour eux, et que vos liens en pâtissent. Pour pas que toi tu en crève.

    Trop pour elle, qui a sa vie et ses envies, ses problèmes et ses questions aussi, mais toujours un mot gentil au détour d’un réseau.

    Trop pour lui, qui préfère se consacrer à son mal être, sans pour autant le gérer comme il faudrait sans doute.

    Trop pour lui, qui a préféré aller voir ailleurs si tu n’y es pas. Au moins c’est réglé.

    Trop pour elle, qui serait sans doute plus présente si la pudeur qui vous sert de carapace se fendillait un peu.

    Trop pour lui, qui ne sait pas tout et qui saura sans doute jamais.

    Trop pour lui, qui ne demande rien mais t’apporte les sourires dont tu as besoin et les rires qui font passer le temps un peu mieux. Les jolis mots et une image de toi tellement proche de ce que tu essaie d’être en vrai.

    Trop pour elle aussi, qui ne sait plus trop où elle en est, et que tu lâcheras jamais parce qu’une rencontre comme ça ça n’a pas de prix. Parce qu’elle est en toi, parce que tu espères qu’elle n’en sortira jamais.

     

    Donner, ça s’apprend. Apprends bien ta leçon alors. Y’a interro tous les jours dans cette putain de vie.

     

     

    *(source : www.linternaute.com/dictionnaire/fr)

     

    L’exemple sur les fraises est vraiment tiré de cette source. Un signe ?


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  • Elle. Fringante demoiselle. Explosive personne. La boule de vie qui te prend un jour et ne te lâche plus, en tout cas tu l’espère car la chute serait plutôt mortelle. Sa main qui te serre les tripes. Les tordent en deux tellement elle est crispée de vie et d’énergie. Ses yeux qui s’agrippent à ton sourire, le surveillent de près, de loin, de tout tout le temps. Tu en as mal aux zygomatiques tant tu ne le l’abandonne plus. De peur qu’elle l’oublie. De peur qu’elle t’oublie.

    Et puis il y a ses larmes. Ses larmes qui t’inondent, toi, parce que c’est devenu ta siamoise. Tu brûle avec elle. Tu sauterais avec elle s’il le fallait. Ses larmes tu les prends, toutes, pour ne plus qu’elle en ait. Même si au fond de toi tu sais qu’elles sont intarissables. Elle est entière, entièrement, elle vomit de l’amour à force d’en produire. A force de laisser battre son cœur à tout rompre, comme si la vie allait s’arrêter maintenant. Cette vie si pleine, si lourde, qu’elle porte à bout de bras et qui l’épuise régulièrement. Ce besoin de bouffer les papillons, tout crus, pour les sentir palpiter au creux de son ventre de femme-enfant. Endormir la petite fille qui veille au fond d’elle. Qui a peur du noir, des méchants, et qui a peur de rester seule. Tellement peur.

    Plantée sur ses deux jambes, les pieds ancrés dans ses 12 cm toutes neuves, elle espère éviter les embûches. Sa vie est bien mieux que ça. Sa vie c’est une danse perpétuelle, parce que la vie est un cadeau à dévorer sans retenue. Sans regret, sans souci, sans barrière. LA VIE. Et son lot de casseroles. Celles qui l’aident à avancer, celles qui lui font honte, celles qui l’empêchent d’être ce qu’elle est, celles dont elle est plutôt fière. Une batterie de cuisine à mi-chemin entre le resto gastro et la cafèt de bas étage. Mais c’est elle, ça.

    Elle le digère en avançant, tremblante, sur ses talons de fashion victim à peine assumée. Trop bourrine pour ça. Tremble, sister. Pleure, ries, hurle, bats toi. Claque les, emmerde les, aime les, baise les. Vis. Mais ne t’oublie pas. Jamais. Parce que moi je serai là pour te rappeler à ton bon souvenir.


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  • Pour suivre les 22 épisodes des correspondances de Mlle Butterfly : http://lafraise.eklablog.com/mlle-butterfly-c24555504

     

    Chère Mlle Butterfly,

     

    Voici trop de jours que je suis sans nouvelle de vous. Peu inquiet, j’ai d’abord pensé que vous me boudiez mais mon cœur s’est affolé en lisant les nouvelles. Le journal de ce matin m’apprend que l’on a retrouvé le corps d’une inconnue dans la Seine…. Dites moi que ce n’est pas vous. Ca ne peut être vous. Répondez-moi. Je vous en supplie.

     

    Anerik

     

     

     

    THE END

     

     

     


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  • Cher Anerik,

     

     

    Votre réponse à mon courrier d’hier ne m’aide pas. Est-ce donc tout ce que vous avez à me répondre… Choisir la solution la plus sage ? Je la connais cette solution. Bien sûr. Me ranger du côté de ma famille, oublier tout cela et continuer ma vie comme si de rien n’était. Vous vous moquez dites-moi... L’oublier, Lui ? Je ne peux rien oublier. Ni Lui, ni ma famille, ni vous. Ni les papillons qui me lacèrent les entrailles. Hémorragie interne. Je me vide de mon sang à l’intérieur et me noie dedans. Ultime désespoir. Car je n’ai PAS de solution. Je ne sais comment me sortir de tout cela sans dégâts. Je sais que j’en ai déjà fait. Ma famille s’interroge et s’inquiète de mon état, que j’ai de plus en plus de mal à cacher. Incompréhension totale. Lui est définitivement amoureux et ne peut plus se passer de moi. Il me fait prendre des risques m’appelle sans prévenir souvent et je commence à lui en vouloir. J’en veux aussi à ma famille de me choyer ainsi alors que je ne le mérite plus. Si j’ai pu le mériter un jour. Je vous en veux à vous de ne pas m’aider plus. Je m’en veux tellement à moi d’être sur le point de gâcher des vies. D’exister. Je suis aujourd’hui partagée entre la colère et la détresse,  les larmes et les hurlements, la vie et la mort. Je suis brisée. 

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

     Le doute m’envahit. Je le trouve à nouveau un peu distant et cela m’effraie. Je suis angoissée et comme toujours je me renferme sur moi-même. Mon homme s’interroge et je prétexte le stress de mon travail mais je ne suis pas fière de mentir tout le temps ainsi. J’avance à tâtons. Ma vie est un brouillard dont la seule lueur me semblait être Lui et depuis ce matin il m’échappe. Je n’aime pas quand il a cet air froid. J’ai peur qu’il n’ait plus autant envie que moi de s’investir dans cette histoire. Entendre sa voix m’aiderait sans doute à relativiser, mais nous évitons quand je ne suis pas seule. Trop dangereux. Il n’aime tellement pas quand je prends des risques… Son côté à la fois protecteur et donneur de leçons. Je bascule dans l’enfance dans ces moments là. Prise la main dans le sac de bonbons.

    Je vous imagine sourire à la lecture de cette expression… J’essaie de formuler ça avec humour en effet mais je n’en mène pas large. Je suis fébrile. A fleur de peau. Les questionnements, les incertitudes envahissent mon esprit. J’ai récemment prétexté un déplacement professionnel pour passer plusieurs jours avec Lui. Le mensonge a été accepté sans aucun doute visible, mais il m’a fallu quelques temps pour m’en remettre. J’en ressens encore une culpabilité sans borne et à la fois je ne peux rien y faire… C’est plus fort que moi. Je pense à Lui chaque minute de mes journées, chaque seconde de mes nuits. Mon esprit m’abandonne et je ne fais rien pour le retenir. Je perds le sourire au quotidien, ne le retrouve que quand je suis en contact avec Lui. Je n’ai plus envie d’être avec ma famille, que j’aime pourtant d’un amour incommensurable. Contradiction. Chaque  jour qui passe je me fais violence pour ne pas m’enfuir. Je déplore cette situation à un point tel que je n’ose plus parler à personne… Je me retranche sur moi-même et n’oublie tout cela que lors de mes escapades avec Lui. Que je n’arrive plus à vivre pleinement, d’ailleurs, tant la culpabilité me ronge...

    Aujourd’hui j’ai eu besoin de partir, de me retrouver seule. Je leur ai menti. A ma famille, ce n’est pas la première fois, mais à LUI aussi. Pour ne pas qu’il me dérange. Pour tenter de réfléchir et de voir clair dans tout ça.  Le résultat n’est pas très concluant, cette coupure m’ayant torturée au point que j’ai eu besoin de l’appeler. J’ai retenu mes larmes,  ai hésité avant de rentrer chez moi. Hésité. Prête à courir le rejoindre. Sachant très bien, au fond de moi, que partir avec Lui n’est pas ce que je veux. Ce déchirement me tue. Je sais que j’ai franchi les limites et je m’en veux. Je ne sais plus quoi faire. La situation est irréversible et une décision ferait souffrir tant de monde, moi la première... Mais je ne supporte plus ce que je vis. Déchirée entre deux amours. Partagée entre deux vies. Choisir l’une ou l’autre. Perdre une partie de moi au passage. Aidez moi.

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je ne sais ce qui m’arrive ce soir… Je suis toute en mélancolie. Tout en besoin de tendresse. Pourtant je n’en manque pas… Ou plutôt si, je manque de la sienne. Je ne cesse de repenser à notre prochain rendez vous et je languis tant. Je l’ai connu bestial et ce soir je le veux tendre et doux. Ses yeux me manquent, parce que même bestial ils restent tendres. Toujours. Je le sais. Je le sais parce que je le regarde pendant qu’il me donne du plaisir. Plaisir que l’on s’est donné ensemble à distance ce soir, n’en pouvant plus d’attendre… J’ai aimé Lui donner les mots qui l’ont conduit à la jouissance. J’ai adoré que les siens guident ma main, égarée vers mon entrejambe. Mes doigts, piètre contrepartie des siens absents, l’ont remplacé l’espace de quelques minutes délicieuses et intenses. Je termine ma soirée toujours en manque de Lui, mais le sourire aux lèvres d’avoir partagé ce moment privilégié.

     Je crois qu’il est en train de prendre une vraie place dans ma vie.  Je vous ai déjà dit que je me sentais vaciller, oui, l’équilibre est très dur à conserver. Je commence à trouver ma vie chez moi un peu fade. J’ai peur de perdre mon amour pour ma famille… Et la culpabilité commence à prendre le dessus. Je ne regarde plus mon mari de la même manière, j’ai peur qu’i commence à se douter de quelque chose, je suis tout le temps sur la défensive. Cette situation devient… invivable. Après nos vacances j’ai cru que j’arriverai à vivre pleinement et à gérer cet équilibre, mais aujourd’hui le doute m’envahit. Le doute et l’envie de fuir.

     

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  • Cher Anerik,

     

    Voilà maintenant qu’il s’excuse. Lui. Alors qu’au début de notre rencontre il a été le premier à tenter de freiner notre relation, ne voulant pas me détourner de ma vie familiale… J’ai essayé de le rassurer et je pense y être arrivée. Il m’a donné sa vision de notre relation, vision qui me va très bien. Nous avons conscience que nous nageons en eaux troubles mais cette situation nous sied pour l’instant. Moi je lui ai rappelé ma nouvelle vision de la fidélité, qui d’après moi réside essentiellement dans l’amour. Et rester amoureuse d’un homme en en aimant un autre en est, je pense, une certaine forme. Et il m’a enfin ouvert son cœur. Il a trouvé et accepté sa place. Il sera mon amoureux, ma parenthèse, mon petit plus dans ma vie parfaite. Ces moments qui n’appartiendront qu’à nous, dont je ne pourrai parler à personne… Sauf à vous, toujours. Ma soupape. Car cela reste difficile. Je me bats tous les jours pour garder cet équilibre et parfois les forces, les armes me manquent. J’ai hâte de le retrouver bientôt et de m’oublier dans ses yeux…

     

    Nos coups de fils se font plus fréquents, à mon grand bonheur. Nous profitons de chaque minute qui nous est offerte. Il tremble pour moi quand je vole ces minutes pour que nos voix se rejoignent, mais le risque est faible et le plaisir si grand de pouvoir l’entendre… J’espère pouvoir continuer à gérer cela ainsi. J’espère ne pas me laisser submerger par mon envie d’être avec Lui, qui je le sens bien commence à grignoter chaque parcelle de ma peau. Pour vous dire la vérité, cher ami, je me sens vaciller. 

     

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  • Ce texte est une composition de plusieurs membres de la #TeamEcriture, dont le principe est de jouer avec les mots. Cette fois la plus jeune d'entre nous a commencé une histoire que chaque participant suivant devait continuer. La seule contrainte étant le nombre maximum de mots, soit 300. Voici ma partie, retrouvez l'intégralité du texte ici... Bonne lecture !
      
    Et retrouvez le texte en audio ici !

     

     

    [...]Son corps tremble un instant au moment où ils basculent. Elle serre sa main plus fort encore, surtout ne pas la lâcher, et aperçoit du coin de l'oeil son sourire. Il ne la lâche pas non plus. Ne lâche pas son âme d'une semelle tout au long de cette lente et excitante descente vers ce qu'elle croit être, à ce moment là, le reste de sa vie. 

    Leurs pieds se posent  simultanément sur un sol moelleux, brumeux, elle ne distingue pas bien ce qui s'y trouve. Elle se retourne vers lui, l'air interrogateur. 

    "Bienvenue chez toi", lui dit-il avec un sourire. Un sourire différent. Un sourire étrange. Elle ne le remarque pas immédiatement  mais comprendra plus tard ce que ce sourire voulait dire. Elle observe les alentours et ne peut s'empêcher de trouver l'environnement sombre, et fronce les sourcils devant ce spectacle. Cette brume, recouvrant tout le paysage. Elle devine seulement des ombres, bien trop imprécises pour pouvoir déchiffrer quoi que ce soit. 

    D'une impulsion de la main il lui intime l'ordre d'avancer, et les voilà partis sur ce chemin semblant mener vers l'infini. Tous ses sens sont en éveil... Et elle commence à distinguer des sons. Des voix  féminines, de fillettes pour être exacte. D'une fillette. Et soudain elle se fige. Elle reconnait des mots. Des noms. Lui tire sur son bras, il veut continuer le chemin. Mais elle reste ses deux pieds plantés dans ce sol étrange. Un larme coulant sur sa joue.

     Il se tourne alors vers elle et ce sourire étrange s'affiche à nouveau sur son visage : "Je t'avais prévenue" lui dit-il d'un ton grinçant. "Bienvenue chez toi".[...]


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  • Cher Anerik,

     

    Je sors d’un débriefing téléphonique indispensable avec Lui. Bénéfique et salvateur. Même si je reconnais que c’est plutôt dur. Dur parce que je suis bien chez moi et bien avec Lui. Comme je vous l’ai déjà dit je ne peux m’empêcher de penser à une double vie réelle, j’aimerais tant pouvoir exposer ça au grand jour. Partager mon bien être avec tous…. Y compris ma famille. J’ai envie de crier tout ça. 

    J’aimerais pouvoir lui expliquer cela. Mais j’ai peur qu’il s’inquiète... Le fait que j’extériorise tout, parfois même en exagérant, m’aide beaucoup à tempérer. A m’apaiser. Notre conversation, malgré son issue plutôt positive, m’a un peu remuée et j’ai besoin de le dire. J’ai besoin de dire que j’ai envie d’être la seule qui occupe son esprit, que je le bouleverse et suis la seule à le faire, qu’il décrocherait la lune pour moi. Il en fait déjà beaucoup vous savez… Mais je suis comme ça. L’exclusivité. La jalousie -tempérée. Alors j’espère qu’il comprendra que oui, notre conversation m’a un peu ébranlée. Et si je veux lui dire tout ça ce n’est pas pour qu’il croie que les choses changent de mon côté ou que je suis du genre à faire des scènes… Loin de là. C’est uniquement parce que je ne veux rien cacher, rien enterrer, rien enfouir. Pour ne pas que cela explose un jour comme un volcan. Je contrôle le flux d’émotions qui me traverse chaque jour de cette manière.

     Je suis passionnée, entière, impulsive, et chaque mot, chaque regard ou silence peu provoquer chez moi une euphorie intense comme une descente aux enfers vertigineuse. Je sais tout cela de moi et le gère ainsi. J’espère ne pas l’envahir trop avec mes mots, mes états d’âme et mes questionnements. J’avance dans la vie avec ces embûches, et j’ai besoin de les visualiser. De les comprendre. De les partager. J’en profite aussi pour dompter les mots, les phrases, et  vous faire partager tout ça… Etrange période que ma vie en ce moment…. Et ravie que vous soyez là. Parce qu’il y a des choses que je ne peux partager qu’avec vous. Même mes nouvelles amitiés ne m’apportent pas ça. Nos échanges, toujours si bien écrits.  Et malgré l’arrivé de mon nouvel amour, que vous soyez resté mon confident.

    Je suis heureuse et encore surprise de l’avoir rencontré et tellement honorée qu’il porte autant d’attention sur moi…. J’ai peur aussi bien sûr, de la tournure que pourrait prendre notre histoire. Peur de le perdre si nous nous éloignons, peur que l’on s’attache au point que cela doive bouleverser ma vie et changer tout. 

     J’ai peur mais j’avance quand même, en évitant d’y penser. Une des rares choses que je botte en touche. Pas par déni, mais simplement parce que quoi qu’il arrive on n’y pourra rien. Si l’un de nous -ou les deux- se détache de l’autre on ne pourra pas lutter. Et si nos sentiments grandissent et nous amènent à changer de vie et partir ensemble, on n’y pourra rien non plus. Alors vivons le moment présent et profitons. La vie est courte.  

     

     To Be Continued...

     

     

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  • Je plante le décor. Dimanche matin, soleil radieux. Vue sur mer bleu dur et ciel immaculé. Mon balcon. Froid glacial, le Mistral engourdit les membres et chair-de-poulise chaque molécule de peau. Nevermind. Le sacro-saint café-clope du matin mérite bien ce genre de compromis. Mon esprit s’évade le temps que le nectar ébène coule dans ma tasse Smiley « yeux en forme de cœurs » rose, et va se poser sur le souvenir de ma conversation d’hier soir. Il défriche un peu le terrain, embrumé par le sommeil, et y retrouve une information capitale : j’ai de la lecture. Sourire. Grand sourire. Les coins de ma bouche cherchent une issue dans le secteur de mes oreilles. Je prends alors mon PC sous le bras, m’installe sur mon fauteuil et savoure l’instant. Légèrement tremblante, sûrement à cause du Mistral Glaçant, j’ouvre le fichier et me plonge avec délectation dans cette histoire rock ‘n rollesque à souhait, précise comme la pointe d’un talon aiguille aiguisé par une fashionista avide de chair, souriante comme le Joker sous ecstasy un soir d’abandon total aux plaisirs de la vie la vraie. #ApeuPres

     Je parcours les pages le souffle court, fébrile, emmenée par le tourbillon du verbe et la mise en page atypique. Un régal. Chaque mot est un véritable bonbon, enveloppé dans des phrases colorés et scintillantes comme les emballages de papillottes (c’est Noël ou bien ?!). L’art et la manière. Sensations. Ravissement. Vingt-trois pages, vingt-trois raisons de sourire d’une oreille à l’autre. Rester ainsi jusqu’à la suite…  Un sacré bitchy vertigo.

     

    Retrouvez Bitchy Vertigo Vanitas par Antoine Del Cossa sur Amazon et Blurb


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  • Cher Anerik,

     

    Je ne peux m’empêcher de revenir sur notre discussion d’hier soir. Je ne suis tellement pas d'accord avec vous… Tromper mon mari seulement pour la bagatelle ne m'intéresse pas. Si j'étais avec Lui uniquement pour cela j’aurais trompé mon homme sans doute depuis longtemps. J'aime les étreintes, vous l’avez compris, et mon mari me satisfait entièrement. Je n'ai donc aucun intérêt à aller voir ailleurs si les queues sont meilleures. De plus, j'ai besoin d'aimer un minimum pour partager ces instants. Je me suis offerte à Lui parce que je l'ai tout de suite aimé, et pas l'inverse. Alors oui, c'est peut-être dangereux pour mon couple, mais seul le temps pourra nous le dire. Peut-on lutter contre ses sentiments ? Je ne crois pas. Pour l'instant les miens sont très stables et assez forts pour que je les écoute. Je suis aussi persuadée que, comme on aime plusieurs enfants, on peut aimer plusieurs hommes. Si la polygamie est aussi vieille que l'homme, ce n'est sans doute pas une coïncidence. C'est compliqué mais c'est possible. J'en suis là pour l'instant. Pour vivre ça bien j'ai bien sûr besoin de passer du temps avec ma famille, d'avoir mes moments privilégiés avec elle. Comme j'ai besoin d'avoir mes parenthèses avec Lui et sa présence quand il peut. J'ai aussi besoin de savoir où il se situe par rapport à moi, et qu’il me dise si les choses changent de son côté. La communication. Surtout. Et la tendresse, toujours, même avec brutalité.

     Cependant il me parle peu et je tente désespérément de décoder nos échanges. Je crois que je commence à le connaitre. A connaitre et comprendre certaines de ses attitudes. Son réflexe de retrait immédiat quand quelque chose le tracasse.... Hier il était inquiet à mon sujet, il ne voulait pas interférer dans mon couple et il s’est montré plus distant... Puis remis en confiance, il a été beaucoup plus ouvert ensuite. Pour se refermer à nouveau comme une huître ce soir, inquiet cette fois par rapport à nos sentiments. J'attends d'ailleurs qu’il m'explique tout ça. Qu’il essaie... Ces va et viens rythment mon humeur, avec ça parfois je vais et parfois je vais moins. J'aimerais tellement l'apaiser. Le libérer. Se faire envoler ses peurs et ses préoccupations... Il emploie souvent le verbe chérir, je n'ai jamais autant voulu l'employer qu'avec Lui... Qu’il me dise ses craintes. Ses doutes. Ses envies et ses espoirs. Je rêve d'apaiser les uns et de faire partie des autres... 

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je n’ai toujours pas de nouvelles de vous. Votre voyage s’éternise en ce début de nouvelle année et vous me manquez. J’ai besoin de me confier à quelqu’un alors je continue à vous écrire… Même si c’est Lui qui occupe toutes mes pensées. Je ne cesse de me demander quand on pourrait se voir. Quand on pourra se voir. Je sens que de son côté il souhaite prendre un peu ses distances, on ne peut en effet pas être tout le temps ensemble…. Mais parfois l’apparente froideur de certains messages me fait douter. Et puis je l’ai au téléphone. Et je suis rassurée. J’aime tellement sa voix. Je cherche désespérément ce qui ne me plait pas chez Lui… Son absence peut-être. Pour l’instant c’est tout ce que je vois…

    Il m’a envoyé un courrier qui m’a fait un plaisir immense. Qui  m'a... rassurée. Parce que oui, j'ai besoin d'être rassurée et vous le savez bien vous. De savoir que ce que je ressens est partagé. J'ai souvent peur d'être trop présente, et encore je me retiens... Parfois je crains aussi qu’il n’ait pas autant envie de me parler que moi. J’ai peur de l'envahir. Parce que quand j'aime, je suis envahissante...  

    Ces petites vacances en famille m’ont fait un bien fou, et m'ont permis d'y voir clair -j'avoue que je suis restée un peu troublée par le week-end que j’ai passé avec Lui. J'ai beaucoup réfléchi à la situation. J'ai retrouvé ma place, complètement, et j'ai trouvé la sienne. Il emploie le mot amant et concrètement c'est bien de ça dont il s'agit, mais moi j’emploierais plutôt l'expression "mon autre amoureux". C'est pour ça que notre relation (si jeune qu'elle soit) est ainsi. Parce que j'ai de l'amour pour Lui, avec l'envie de lui faire partager. Et la tendresse qui va avec, je suis comme ça... Et oui, je sais que même quand il est bestial c'est avec tendresse. C'est ça aussi qui me plait. Il m'apporte tant de choses... Etre avec Lui est comme combler un vide qui n'existait pas. C'est assez troublant, et tellement délicieux parce que si inattendu... Et je crève de le retrouver. J'y pense, beaucoup, et cherche une solution confortable à tous les niveaux pour que nos yeux et nos corps se rejoignent dans la tranquillité. Il a un formidable pouvoir sur moi. Il a changé ma vie en quelque sorte et quoi qu'il arrive il restera quelqu'un qui a compté. J'espère garder ça au présent le plus longtemps possible...

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    Milieu de nuit, je suis épuisée mais je ne dors pas. Alors je vous écris. Il n’y a qu’à vous que je peux écrire. Lui m’a demandé de le faire mais je n’ose pas… J’ai l’impression qu’il n’y a qu’à vous que je peux me confier. Pourtant j’aimerais lui dire comme il me manque…. Cette journée a été si mélancolique. Vous n’êtes pas rentré de votre voyage et je ne sais donc toujours pas l’impact qu’a cette histoire sur vous.  Je détesterais vous perdre.

    Toute seule devant mon écran, je relis mes conversations avec lui et je regarde ses photos. J’ai envie de me jeter dans ses bras. Qu’il me serre fort. Une vraie gamine.. A guetter ses messages, à vouloir l’appeler constamment… Et en même temps cette incroyable capacité à vivre ma vie normalement. Cela finit par me donner des idées… Dans un monde parallèle je pourrais avoir une double vie. Ma famille la semaine et Lui le week-end. Seulement des escapades magiques, des parenthèses enchantées. Ses baisers fougueux, ses mains sous ma jupe dans les escaliers. Ses bras puissants. Ses étreintes si tendres. J’ai envie d’aller partout avec Lui, de tout découvrir. Un vrai stéréotype. La renaissance de la ménagère en manque de frisson.

    Mais bien sûr pour moi ce n’est pas pareil. Ce n’est jamais pareil. On s’imagine toujours que les stéréotypes ce sont les autres. En attendant les envies sont là. Les constatations aussi. J’aime être avec Lui. J’aime tout ce que j’ai vécu. Les restaurants, les balades, les ruelles délicieuses plaquée contre un mur. Nos étreintes  debout qu'il aime tant. Les draps souillés. Ses bras à mon réveil. Son regard sur moi. Il dit que mes yeux lui parlent énormément mais les siens me disent tant de choses aussi… J’ai envie de tout savoir sur Lui. Il m’en a déjà dit, un peu, mais j’aimerais le connaitre par cœur. Combler ses envies, ses manques, ses désirs. Le rendre heureux. Il a été surpris par ma décision de rester avec Lui ce week-end et je le comprends. J’étais tellement affirmative sur la suite que je voulais donner à cet évènement… D’une part parce que je ne me sentais pas prête, il est vrai. D’autre part –et surtout- parce que je ne voulais pas que la découverte de nos corps se fasse à la va-vite. Je tenais déjà trop à Lui pour gâcher ça. Alors quand notre première vraie journée ensemble a commencé à se dérouler comme dans un rêve, j’ai voulu le prolonger. J’ai changé d’avis. Tellement en confiance, dans un premier temps. Détendue. Décomplexée. Entre parenthèses. Et en envisageant que ce rêve pouvait être prolongé, le contexte devenait idéal pour que nos peaux se trouvent. Enfin. Tendrement. Brutalement. Amoureusement. Car oui, il y a bien des sentiments là dedans… C’est ce qui me fait être aussi bien avec Lui. Ce qui me fait aimer son côté animal, bestial. Moi qui suis plutôt accro à la douceur. Je deviens une autre avec Lui. Comme avec vous, mais cette fois en vrai. Une autre moi endormie, dans un coin de mes entrailles, celle qui gère les papillons dans mon bide. 

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    ...Maintenant vous savez tout. Coup de théâtre. Coup de foudre. Si je m’attendais à cela en allant à ce rendez vous… Au moment où j’ai croisé ses yeux j’ai su. J’ai su que j’allais succomber. Une sorte d’évidence. Je vous écris à nouveau seulement aujourd'hui, j'ai eu besoin de digérer ce coup de fil où je vous ai tout dit, besoin de tenter d'y voir clair dans tout ça. Je commence à penser qu’avec vous j’ai peut-être un peu trop mélangé amitié sexuelle et amour. Pas vous. Vous saviez où vous en étiez. Mais j'ai remarqué tout de même que, pour la première fois depuis que vous vous absentez, vous m’avez envoyé des messages. Elle n'était pas là, certes, mais vous ne l'aviez jamais fait auparavant. Ce fut assez étrange, à un moment où je n'étais moi même pas disponible...

    Et puis j'ai aussi eu besoin de digérer ce qui m'est arrivé. Parce que cette fois je pense que je peux parler d'amour. Véritable. Je reviens donc sur ma rencontre avec Lui, j'ai tant besoin de vous en dire plus...

    Nous avons passé deux jours ensemble. Je n'ai pris aucun risque du côté de ma famille et si je l'ai fait c'est parce que je pouvais. Ce fut une parenthèse enchantée. Merveilleuse. Il m'apporte tout ce dont je ne manquais pas, curieusement. Nous avons tant de points communs que c'en est effrayant. Parfois j'en viens presque à me demander s’il n’a pas organisé tout ça après m'avoir espionnée pendant des années... Et malgré tout  je ne voudrais pas quitter ce que j'ai. Je n'ai aucune envie de partager un quotidien avec Lui. Nos escapades, s'il peut y en avoir d'autres, seront et devront rester magiques comme celle-ci l'a été.

     Notre complicité a été immédiate, et tout me paraît naturel avec Lui. Même le contact de sa peau. Comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Une impression de se reconnaître. Evidence. Bien-être. Trouble aussi beaucoup vous vous en doutez, c'est la première fois que je franchis le pas... Mais quand je suis avec Lui j'ai envie de tout lui donner. J'oublie tout le reste et ça me fait un bien fou. Il est intéressant, intelligent, touchant, et tellement généreux avec moi. Il me chérit à un point non pas inimaginable, mon mari est comme ça aussi. Juste... Autrement. Il est le double de lui quelque part. Le même en différent. Cette relation, malgré nos airs d'adolescents attardés quand on se retrouve, est tellement mâture. Adulte. Le fait que l'on soit des inconnus -ou presque- l'un pour l'autre désinhibe aussi beaucoup et fait tomber certaines barrières. Je prie chaque jour pour que ma vie reste ainsi : l'amour de ma famille au quotidien, et mes escapades enchantées de l'autre. Comme l'équilibre d'une balance.  J'ai eu un peu de mal bien sûr quand je suis rentrée chez moi. Un malaise, léger, mais qui à mon soulagement a disparu au fil des heures et a laissé place à mon envie de chérir mon mari à mon tour. De manière inattendue mon couple revit, si tant est qu'il en avait besoin. En tout cas cela ne va pas moins bien, au contraire, et c'est ce qui me pousse à me dire qu'il faut que je profite du bon temps qui m'est offert. La vie est courte. Croquons-la à pleines dents. Reste un fond de culpabilité.... Parce que l'escapade est fraîche. Mais la distance faisant qu'on ne pourra pas se voir souvent, ça m'aidera. Sûrement. Sans doute.

     

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  • Cher Anerik,

    Hier soir il s’est passé quelque chose. Avec… Celui que je devais rencontrer au sujet de mes peintures. Je ne sais pas comment vous expliquer tout ça. D’un côté je crève de me confier à l’ami, de l’autre je suis perturbée par mes sentiments qui se mélangent. J’ai essayé de vous en dire le moins possible sur ma soirée d’hier pour ne pas que vous vous mépreniez, étant donné qu’il était difficile pour moi de vous expliquer en bref. Mais il va bien falloir que je vous le dise. Il va falloir que vous sachiez. J’ai tellement peur de vous  perdre….

     

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  • Cher Anerik,

     

    J’ai laissé passer ces derniers jours sans écrire une ligne. Trop occupée et ensuite trop fatiguée… J’ai même failli rater votre retour. Vous êtes arrivé à point pour me border, mes yeux se fermaient tous seuls. Je me suis réveillée le sourire aux lèvres ce matin, ravie de vous retrouver à nouveau, même si des choses se sont passées en votre absence... Plusieurs hommes sont venus à ma rencontre ces derniers temps et j'ai longtemps discuté avec l'un d'eux l’autre soir. Il est gentil. On a beaucoup parlé beaucoup de nous, de nos vies,  mais cela n’a rien à voir avec vous. Pas la même complicité. Et pas de sentiments, je le sens bien. D’un autre côté cela me rassure : ça me prouve bien que c’est vous qui me faites vibrer et non la situation. Comme si j’avais besoin de preuves….

    Ce soir je vais être occupée et on ne pourra pas se parler. J’ai rendez vous avec un homme que mes peintures intéressent.  C’est drôle, cette fois c’est moi qui suis indisponible. Pour une fois. J’aime croire que mon absence aura le même effet sur vous que la votre sur moi…. Si cela pouvait vous faire comprendre ce que je ressens… Mais cette absence sera de courte durée. Et comme le soir vous êtes occupé, il y a de fortes chances pour que cela ne change pas grand-chose de votre côté… Espoirs en vain. Je me sens tellement étrange aujourd’hui. Plus proche que jamais et en même temps l’immersion familiale de ces deux derniers jours m’a quasiment coupée de vous. J’ai l’impression que j’ai du mal à revenir. Sans doute parce que nous n’avons pas eu notre dose de conversation nocturne… J’espère vous retrouver ce soir après mon rendez-vous. Je ne sais pas encore quand je rentrerai et j’ai peur que vous soyez fatigué. Après il nous restera peu de temps avant que vous ne repartiez à nouveau alors…. Vivement ce soir. Que je vous rassure. Vous avez bien relevé la présence de ces autres hommes autour de moi. Vous dites ne pas être jaloux... Ou faites comme si. Vous me taquinez sûrement mais ça me fait sourire de penser que c’est vrai. Que ça vous fait quelque chose. Que vous m’interdiriez éventuellement de les voir. On s’est parlé bien peu depuis que vous êtes rentré….

    Hier a été une journée bien remplie, et nous n'avons eu que peu de temps pour nous. Ce n’est pas pour autant que vous sortez  de ma tête mais cet éloignement me fait du bien, sincèrement. Je ne crois pas que ma vie puisse continuer ainsi. A attendre une chose qui ne viendra jamais. A ne pas vouloir quitter ce que j’ai. A ne pas pouvoir vous faire quitter ce que vous avez. J’adore, et vous le savez, notre relation, mais c’est assez stérile tout de même non ? Je m’interroge. J’en ai mal au cœur mais je m’interroge. J’aimerais que les choses se tassent d’elles mêmes, que l’intensité de mes sentiments disparaisse peu à peu. Je ne suis pas lassée de vous bien sûr. Jamais. Mais cette situation ne mène clairement à rien.… 

     

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  • Cher Anerik,

     

    Que c’est dur de ne pas pouvoir s’exprimer librement… Je voudrais crier ma frustration et mes désirs à la face du monde mais je suis obligée de ruser. Imager mes dires. Contourner les indices que mes mots pourraient laisser. Et ces messages publics, si déformés pour ne pas que l’on soit reconnus, restent alors incompris… Quand ils sont lus. Parce que je sais que vous n’allez plus si souvent sur le réseau. Qu’importe, je les envoie quand même, des bouteilles à la mer qui trouveront peut-être un jour une jolie plage sur laquelle échouer… Vous partez demain. Je ne sais pas encore si on pourra se parler, lors de votre voyage aller sans doute et puis après… Plus rien. Je serai occupée de mon côté bien sûr, ça m’aidera. Mon Sapin. Mon réveillon. Ma famille. Toutes ces choses que j’aimerais partager avec vous. Pourtant j’aime mon homme plus que tout, et ne l’échangerais pour rien au monde. Même pas pour vous, vous savez. Non. J’aimerais juste pouvoir me dédoubler et vivre ces deux vies. Lui d’un côté, vous de l’autre. Complémentaires. Mais vous vous vivez avec elle. Elle que vous allez retrouver d’ailleurs, vous vous levez tôt pour ça. J’hésite à rester éveillée afin de vous dire bonjour au saut du lit et ne plus vous quitter. Collante. Scotch. Glue. Vous partez au moment même où j’ai de moins en moins envie de vous quitter. Ou bien c’est votre absence qui crée mon manque…. Dans tous les cas le résultat est le même : vous devenez peu à peu une partie de moi. Une extension. De mon cerveau par vos mots. De ma main avec mon téléphone que je ne quitte plus d’une semelle. De mon cœur par votre tendresse. Immense tendresse que je reçois comme une bourrasque à chaque fois. Au moment même où je vous écris ces mots j’en frissonne, voyez vous. Je pars me coucher en pensant à demain, à mon réveil qui sera triste si je n’ai pas de nouvelles… Et un peu plus joyeux si je peux accompagner votre voyage avec mes mots… 

    Je me lève le sourire aux lèvres, ce matin vous m’avez envoyé un message dès votre départ et nous pouvons nous parler un peu. De plus votre absence sera moins longue que prévu, ponctuée de petits retours qui me remettent du baume au cœur. J’ai une tonne de choses à faire aujourd’hui, échéance des fêtes oblige, et je n’aurai sûrement pas le temps de vous dire tout ce que vous allez me manquer…. Vous aurez sans doute de la lecture à votre retour. Ma mélancolie risque de déborder. Revenez-moi vite… Parce que même si votre absence est plus courte finalement, je meurs de vous. Toujours. Votre peau, votre tendresse, vos yeux dans les miens. Je crois que les limites sont de plus en plus défaillantes et l’envie de vous retrouver se fait de plus en plus pressante…. J’essaie de me raisonner pourtant, je vous assure. Pour moi, pour vous, et pour ceux qui nous entourent et qui n’ont rien demandé. Souffrance. Déception. Haine. Vous connaissez déjà ça. Je ne voudrais certainement pas en rajouter.

     

    Et en même temps j’imagine que peut-être, si nous consommions tout ça une bonne fois pour toute, cela règlerait cette histoire. Mais ouvrir la boîte de Pandore…. Sans savoir ce que l’on va trouver dedans. Déception, encore. Peut-être. Ou bien amour. Le plus dangereux. Si nos yeux se rejoignent et ne veulent plus se quitter… Comment faire. Voler en éclats. Briser des rêves. Briser des vies. Des cœurs. Les innocents pleureront et nous culpabiliserons. J’essaie de me raisonner mais je n’ai qu’une chose en tête, votre « Bonsoir ». Il m’obsède. Chaque soir il me serre le cœur mais aujourd’hui il fait couler mes yeux. Je le hais tellement. Je le hais parce qu’il me coupe de vous chaque fois.  Je le hais vraiment. Mais je l’aime aussi tellement. Parce qu’il est notre habitude. Notre routine. Parce ce qu’il est à nous. Je relis souvent nos échanges quand vous me manquez trop et quand il apparaît à la fin de nos discussions je souris tendrement. Parce que derrière il y a toujours un «Bonjour » et une nouvelle journée avec vous… 

     

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  • Cher Anerik,

     

    Hier a été une journée particulière. D’abord parce que ma soirée de la veille l’a été, soirée que j’hésite à vous raconter d’ailleurs, et ensuite parce que notre échange téléphonique fut…. Merveilleux. Quel délicieux frisson…. Nous deux, en même temps… J’en ai perdu le souffle. J’en ai gardé le sourire jusqu’à tard.  J’ai tellement envie de recommencer. Votre voix me manque. Vos silences, vos hésitations et la manière dont elle me caresse….

    Mais lors de nos échanges suivant ce coup de fil quelque chose d’important est arrivé. On a commencé à échafauder. J’en suis encore troublée et je sens que mon cœur s’emporte, à nouveau. J’ai envie de croire que vous espériez que ça arrive. Se rencontrer. La distance nous oblige à réfléchir, faire tout ce chemin n’est pas chose facile. Il faut donc échafauder. Et nous avons. Echafaudé. Supposé. Imaginé. La raison nous a fait conclure qu’il ne fallait pas et nous avons fini par changer de sujet mais j’aime à croire que vous en avez autant envie que moi… Que vous avez envie de vous jeter dans mes bras. De me serrer fort. De me regarder dans les yeux. De murmurer à mon oreille qu’on ne se quittera plus jamais…

     Je sais que tout cela est impossible, hein. Ce n’est même pas forcément ce que je veux. Nous avons chacun nos vies. Vous en aimez une autre. Vraiment, profondément, aveuglément celle-ci. Moi aussi. Et pourtant vous êtes devenu si important pour moi…. Et je sais que je le suis pour vous. Je viens d’en avoir la preuve en vous racontant finalement ma soirée d’hier, pendant laquelle j’ai rencontré un homme. Vous venez d’être jaloux. Vous qui vous revendiquiez l’homme le moins jaloux de la terre… Je ne peux m’empêcher de penser que vos sentiments sont peut-être plus forts que ce que vous ne croyez, ou que ce que vous prétendez. Je commence à croire que ce que vous m’avez dit un jour est vrai : « Si elle n’était pas là, ce serait toi. Seulement toi ». Je me suis endormie en pensant à cela et mon réveil ce matin était souriant. Jusqu’à ce que je me souvienne que ce week-end vous étiez occupé, et que nous ne pourrions être que très peu en contact. La mélancolie a alors un peu terni cette journée. Vos messages sont courts et rares. J’ai eu besoin de vous parler et ai bien compris que je dérangeais. Je ne fais définitivement pas partie de cette vie que vous avez  sans moi…. Et c’est mieux ainsi. Préserves toi. Préserves moi. Ne prenons pas des chemins qui ne mèneraient nulle part…

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je continue à vivre cette semaine avec un goût amer dans la bouche. Votre détresse me hante malgré votre volonté de me faire rire. Je sais ce qu’ils veulent dire, ces rires, je sais ce que veut dire votre manque de ponctuation parfois. Je lis vos soupirs entre vos mots. J’aimerais tant que vous vous perdiez en moi…. Que vous oubliiez tout, là, au creux de mes bras…

    Avec les fêtes qui arrivent je sais que vous serez absent. Je me raccroche au fait que je serai occupée aussi mais je sais que vous allez me manquer. Et savoir que ça ne va pas être facile pour vous me remue un peu plus encore. J’aimerais tant pouvoir effacer toute cette peine et vous dire « Joyeux Noël » en vous serrant dans mes bras. Parfois j’imagine ça si fort que je sens presque votre souffle sur moi. Dans mon cou.

    Le week-end approche et je ne sais pas encore si vous serez là. J’espère pouvoir passer un peu de temps avec vous, ces derniers soirs vous avez été bien occupé -préoccupé surtout- et j’ai l’impression qu’on ne s’est pas parlé. Alors qu’on ne se quitte pas de la journée… Mais le soir vous n’êtes pas toujours là et c’est différent. Le silence et l’isolement, sans doute. J’ai besoin de sentir que votre corps vibre. J’ai besoin de lire ce que vous ne pouvez pas me faire. De sentir ces frissons parcourir mon dos et finir dans mes reins. Voyez, je réalise qu’au début de notre rencontre nous baisions, bêtement. Maintenant je vous fais l’amour. Peut-on faire l’amour à un ami ? Et bien je crois que oui. Il parait que le cerveau est le premier organe sexuel, et je me rends compte qu’il peut être dissocié du cœur. Je prends soudain conscience que je ne vous aime pas avec mon cœur, mais avec mon cerveau. Ce n’est pas moins fort, d’ailleurs. C’en est même plus violent parfois. Le cerveau dirige le corps, hein. Et mon corps trinque. Violemment donc. Avez-vous remarqué que j’ai dit le mot ami ? Parce qu’après notre discussion d’hier j’ai saisi votre sens de ce mot. Je suis rassurée, bien sur. J’ai reçu le message. L’attention. L’affection. Tout compris. Vous n’avez plus à vous inquiéter. Et moi j’ai envie de vous renvoyer tout ça.

    Mais au moment même où je suis en train de vous écrire une boule dans ma gorge grandit. Mes yeux…. Ont du mal à retenir le flot qui cherche à en sortir. Vous venez  de m’annoncer ce que je redoutais, le pire scénario que je ne voulais pas envisager : l’absence interminable. Quinze jours. Je suis sonnée. Quinze jours pendant lesquels on ne pourra pas échanger. Rien. Trop risqué. Quinze longs jours pendant lesquels je vais devoir sourire, souhaiter de bonnes et belles choses tout autour de moi, rester lisse en surface alors qu’à l’intérieur je serai en train de me disloquer. Lentement. Mourir à petit feu… Cette histoire aujourd’hui me pèse. Il pleut dehors, tout est maussade et gris, et je voudrais ne jamais vous avoir rencontré. Pourtant vous le savez, je ne peux plus m’en passer. Plus me passer de vous. Un lien est là, vous me tenez par tout. Vous me tenez par le sexe, j’ai parfois tellement l’impression qu’on fait vraiment l’amour. Vos mots sont si… précis. Vos intentions. Vos gestes. Si bien décrits. Vous me tenez par l’affection, comment ne pas fondre avec vous, si touchant derrière votre masque de clown. Vous me tenez par votre humour, aussi,  justement, ce qui m’a fait craquer je pense. Si potache. Si déglingué. Si tordant. Le même que le mien, nous nous sommes bien trouvés tiens.

     

     Tout ça m’a coupé l’appétit, je ne vais rien manger à midi je crois. J’accuse le coup. Je réfléchis. Je pense à vous, toujours… On a dit qu’on se disait tout, hein ? Alors je vous le dis : j’ai envie de vous. Putain j’ai terriblement envie de vous. J’ai envie que vous m’excitiez, j’ai envie de gémir, j’ai envie de jouir. Pour vous. J’ai envie que vous m’entendiez et que vous me regardiez jouir. Je… Ce n’est tellement pas moi ça. Enfin si, mon moi que je ne connaissais pas. Ou que je n’avais pas envie de connaitre peut-être. Vous l’avez trouvé, vous. Vous avez su le faire sortir. Le faire grandir. Et maintenant ce moi, cette femme femelle, a faim de vous. Monstrueusement. Physiquement. Je me tords de désir sur ma chaise de bureau. L’air de rien, bien sûr. On me regarde…  Et des frissons parcourent mes reins, encore.

     

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  • Cher Anerik,

    Nos retrouvailles hier ont été beaucoup plus intenses que prévu. Bouffée d’émotions trop violente pour être contrôlée. Une seule idée en tête : être avec vous. Comme c’est impossible, alors entendre votre voix. A tout prix. Parce que nos peaux ne peuvent se toucher, qu’au moins nos voix se rejoignent. Hésitation. Honte car il me faut me cacher pour ne pas qu’on m’entende -dans l’éventualité où cet échange vocal aurait lieu. Et puis la raison l’emporte, tard mais elle l’emporte. Je m’endors en relisant vos mots, mes yeux sont presque humides. Je meurs de vous.

    Ma nuit fut difficile et mon matin mélancolique. J’ai peur de vous avoir effrayé avec ma détresse, avec mon manque de vous. J’attends votre premier message avec impatience et comme de par hasard il se fait attendre… Mais je suis assez vite rassurée quand nos échanges reprennent normalement. On ne se quitte pas de la journée, à nouveau. Vous vous amusez encore à me taquiner, à me dire des choses qui me font vibrer de plaisir et… Changer de petite culotte. Pour bien finir la journée le sourire aux lèvres -oui je sais ce que vous pensez là tout de suite. Je vous entends le dire, je lis vos mots dans ma tête. Vous n’êtes qu’un obsédé.

    Et puis voilà que le soir arrive, trop vite, avec ce long moment, trop long, où vous m’abandonnez pour aller la retrouver. Je sais que je ne peux pas lutter. Je reste silencieuse, je n’aurais certainement pas l’irrévérence de vous déranger pendant ces instants qui vous sont si intimes. Je vis ma vie de mon côté aussi pendant ce temps, vous savez bien. Cette vie que je chéris par-dessus tout mais qui ne m’empêche pas de guetter un signe de vous. La nuit envahit la maison, le silence se fait plus présent, mon autre à moi vaque à ses occupations dans une autre pièce. Et moi j’écris. Je tape. Je consigne. Je ravive. J’accouche. Je ne peux m’empêcher de penser au vide que cela me ferait si tout ça s’arrêtait. Je chasse cette idée de mon esprit au moment où vous revenez dans mes messages, déclenchant un sourire à peine retenu.

    Et soudain les mots qui font mal. LE mot. Amie. Nous sommes donc des amis. Oui, si vous l’entendez de cette manière. Si c’est tout ce que je peux obtenir de vous alors oui, soyons amis. Je m’efforcerai de ne pas croire autre chose. De ne pas continuer à espérer que cela pourrait être différent. Quelle idiote je fais. Mon cœur s’emballe, mes tripes valsent et vous, vous souriez. Vous me racontez les vôtres qui valsent aussi en lisant mes mots ou en entendant ma voix, alors j’imagine que oui, les choses pourraient changer… Et la redescente est plutôt brutale.  Je digère cette information en me raccrochant à la suite de votre phrase, qui me précise que notre amitié est toutefois un peu plus que ça. Le plus. Cet autre mot auquel je m’accroche comme si ma vie en dépendait. Qui empêche les larmes de se répandre sur mon visage et d’inonder mes joues que vous dites tant aimer.

    Mais  je m’efforce de mettre ça de côté, parce qu’aujourd’hui vous n’allez pas bien. Et que vous avez besoin de cette fameuse amie. Je vous lis me raconter ce qui ne va pas, mes yeux s’embuent et mon cœur se serre. Vous êtes si loin… J’aimerais pouvoir vous serrer dans mes bras, vous apporter tout le réconfort possible mais je suis coincée là, impuissante. Je n’arrive pas à envisager la possibilité que quelqu’un vous fasse du mal et ça me met dans une rage folle. Le besoin de vous parler devient si violent que je ne déguise même plus mes appels du pied. Je tremble, de froid peut-être parce que je me suis isolée sur mon balcon, d’émotion sans doute je préfère croire. Je fixe mon téléphone comme si j’avais le pouvoir de le faire sonner. Et soudain, vous le faites. Votre nom s’affiche sur l’écran et je suis à un glissement de doigt d’entendre votre voix. A nouveau. Enfin. Je réponds à votre appel à titre d’amie, c’est en tout cas ce que je m’oblige à faire, mais vous entendre me raconter ce que vous endurez me fait oublier peu à peu que vous n’êtes pas mien. Que je ne peux pas vous réconforter comme je voudrais. On n’oublie pas les blagues, on rigole bien quand même, vous faites le trublion au bout du fil mais je sais que c’est pour dissimuler votre détresse. Mon cœur s’emballe, mes mots aussi, et en raccrochant je ne peux m’empêcher de glisser un « je t’aime ». Pour la première fois de vive voix. Je raccroche en tremblant.

     

    Vos mots qui suivent cet échange sont émouvants, vous me parlez de vos tripes qui ont fait des loopings, vous qui vouliez vous amuser à en faire faire aux miennes avec ce coup de fil… Je me couche apaisée, curieusement. Sentir que je peux vous bouleverser autant que vous me bouleversez  parfois doit me rassurer.

     

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  • Annecy, 16 novembre 2013

    C’est après ses balances, un café à la main (pas étonnant ! Cf l’avant-avant dernière question)  qu’Arman Méliès vient me retrouver pour son interview. La Maison Tellier attaquant les siennes, on se cherche un coin tranquille et on fini par aller s’accouder au bar, vide à cette heure-ci, dans le couloir qui jouxte la salle. Ambiance zinguée.

    La Fraise : On te compare souvent à d’autres artistes de la scène française comme Florent Marchet ou Alex Beaupain, mais tu as un fond beaucoup plus « rock » qu’eux. Comment tu te situes par rapport à ça ?

    Arman Méliès : En effet, oui, j’ai l’impression que par rapport à la musique qu’ils font notre production est assez similaire. Il y a vraiment des points communs entre ce qu’on peut faire les uns et les autres. Mais de ce que j’entends de leur musique, j’ai aussi l’impression qu’ils sont un peu plus orientés vers la chanson française que je ne le suis. Après -même si je les connais un peu tous les deux- je ne sais pas exactement quelle est leur histoire, moi effectivement  je viens plus d’un milieu anglo-saxon. Pas forcément uniquement « rock », même si c’est le hard-core qui m’a donné envie de faire de la guitare ! Mais ensuite j’ai découvert d’autres choses, le folk, la new-wave, ces choses-là, et je suis venu assez tardivement et de façon très sporadique sur la chanson française. Il y a quelques artistes qui m’ont vraiment parlé et qui m’ont marqué, mais au final je ressens très peu d’influences liées à l’univers de la « chanson française ».

    LF : Encore plus sur cet album, d’ailleurs. Qui est plus… noir que les précédents, jusque dans la pochette ! Il est aussi plus « cinématographique », j’ai l’impression. Tu parles souvent de Giorgio Moroder, t’a-t-il plus influencé encore sur ce disque ?

    A.M. : Il m’a influencé parmi beaucoup d’autres, lui un peu plus sans doute parce que j’avais envie de travailler un matériau essentiellement synthétique. Et si on pense musique de film, je suis en effet plus proche de Moroder que de Morricone, John Barry ou Nino Rota, même s’ils ont été un peu présents auparavant sur d’autres de mes disques. L’écriture en fait vient de manière assez spontanée, c’est pas miraculeux mais il y a vraiment quelque chose de naturel. Et dans un second temps, je me demande comment je vais mettre en forme ces idées un peu brouillonnes. Et là du coup, en étant attiré par un univers plutôt synthétique, ça me ramène vers ces influences la comme à tout ce qui est lié au Krautrock, la musique des 70’s produite en Allemagne… Kraftwerk, aussi, a été quelque chose d’évident pour moi. Mais très vite, même en sachant que j’avais ces idées en tête, je ne voulais pas faire un album « référencé », un album hommage à tel ou tel groupe. Je voulais vraiment essayer, autant que faire se peut, de donner vie à quelque chose qui soit actuel. Même si on peut y entendre certaines influences,  parce que forcément je les subis un peu…

    LF : Parce que Pompei II, quand même, me paraît être la suite logique de l’Histoire Sans Fin

    A.M. : Ah ? Oui, c’est vrai…

    LF : Genre deuxième partie du générique,  après la chanson tube !

    A.M. : Oui, ben en fait c’était l’idée de base, le générique de film. Sans être pour autant un hommage à un compositeur. L’idée générale était de faire une sorte de BO, même si en termes de BO justement c’est un peu loupé… ! Par exemple, un groupe comme Boards Of Canada, juste quelques mois après la sortie de mon album, en a sorti un qui  pour le coup est une vraie BO. Au début on entend même une sorte de jingle, comme si c’était celui du producteur, dans les vieux films des années soixante-dix… Tout se tient, et là on est vraiment dans un film de A à Z. Mon format chanson empêche d’être aussi fidèle à ça.

    LF : Pourtant les BO de films sont de plus en plus faites comme ça… Une succession de chansons,  ponctuée de quelques thèmes musicaux…

    A.M. : Justement, c’est quelque chose que je déplore ! Pour moi c’est un non-sens… Sauf si la musique peut servir une scène de temps à autre, si c’est vraiment justifié. Mais le fait de prendre de plus en plus des morceaux de son Ipod qu’on aime bien et de « surligner » les  scènes avec… Ca crée une sorte de chantage affectif, sur telle scène qui se veut un peu lacrymale ben on met un morceau triste de Radiohead, un couple qui se retrouve dans la nuit, qui est très très heureux et qui fait la fête, on va mettre du Arcad Fire… Faire une simple compilation de morceaux parce qu’ils sont séduisant ou parce que c’est le truc du moment me désole un peu. Je trouve ça très limité en termes de création, de ce que ça peut véhiculer comme sentiments.

    LF : C’est l’atteinte facile, finalement.

    A.M. : Oui c’est ça, ça aiguille beaucoup trop en fait…

    LF : Tu as sorti Mes Chers Amis d’abord sur internet, avec un « certain » texte (Le discours de campagne de Nicolas Sarkozy, ndlr), et il s’est retrouvé en instrumental seulement sur le disque. Problème de droits, choix artistique, ou peur de l’accident ?!

    A.M. : Non ! Non, on a jamais eu d’interdiction de droits. Le clip a été très regardé sur internet et on a pas eu de souci. On a jamais eu non plus d’autorisation formelle en même temps… Il y avait donc comme ça une sorte de flou juridique qui pouvait être tranquillisant, et je ne  pense pas qu’on aurait eu des problèmes en utilisant le texte. C’est plutôt que l’album a été écrit longtemps avant de sortir, l’extrait avec le clip est lui-même sorti un an avant… Après coup ça me paraissait beaucoup moins opportun de le laisser tel quel. C’était sorti de son contexte sociopolitique, et j’avais l’impression que ça allait  ancrer le disque dans un truc qui n’était pas totalement cohérent avec ce que je racontais. Même si ce n’est pas si éloigné que ça, il y a quelque chose d’un peu politique, si on lit entre les lignes de cet album. Mais je me suis dit que si je voulais qu’il  vieillisse un peu mieux, il était tout aussi intéressant de laisser le moreau en instrumental, en forme de générique. On y revient…

    LF : Quand tu as fait la première partie de Julien Doré à Marseille, tu as eu le « culot » de présenter Gran Volcano. Pourquoi ce choix ?

    A.M. : En fait c’était un projet que j’avais en tête depuis assez longtemps, sur lequel je ne m’étais pas encore penché. Et c’est le programmateur du festival (Avec Le Temps) qui tenait absolument que je fasse la première partie de Julien, avec qui j’étais en tournée. J’étais pas du tout prêt à jouer de nouveaux morceaux, même s’ils étaient enregistrés je ne les avais pas travaillées pour la scène… Et puis l’idée de jouer ces nouveaux morceaux en solo m’excitait assez peu, jouer les anciens n’aurait pas vraiment eu de sens… Du coup j’ai vu là l’opportunité de donner vie à ce projet,  je me suis attelé à finir l’écriture de ces morceaux, en ayant vraiment à l’idée le spectacle, c'est-à-dire quarante à quarante-cinq minute d’une seule plage musicale qui raconte quelque chose du début à la fin. Avec différents mouvements mais qui sont liés entre eux, où il n’y a aucune interruption, aucun blanc… Quelque chose de finalement très abstrait, très contemplatif et en même temps assez agressif, parce que les sons -même si le tout est assez « ambiant »- sont très saturés. Je voulais quelque chose d’un peu poétique, comment dire… Cajoleur, et en même temps abrasif, très contrasté au final. Du coup certaines personnes l’ont vécu de manière assez… Brutale ! Mais moi j’étais ravi de cette expérience, tout le monde était un petit peu décontenancé…

    LF : Oui, en effet, décontenancé… Voire plus !

    A.M. : Absolument, il y a des gens qui ont détesté même ! Je savais que c’était pas forcément le contexte idéal pour proposer ce genre de musique, mais j’en avais pris mon parti. Moi j’avais vraiment envie de faire ça, ça m’excitait dix fois plus que de faire n’importe quoi d’autre. Ca n’allait pas parler à, genre… La moitié de la salle, ce qui a effectivement été le cas ! Mais à l’inverse il y a des gens qui ont été très touchés, qui sont venus me voir à la fin du concert ou qui m’ont écrit pour me dire que c’était très bien. Du coup je suis très content d’avoir fait cette expérience ! J’espère pouvoir le refaire, je l’ai déjà fait d’ailleurs dans le cadre d’une expo, dans une galerie. C’était un peu plus adapté du coup, un peu différent. Je sais que je vais pas faire des tournées avec ce projet, mais j’aimerais bien le rejouer occasionnellement, avec des nouveau morceaux, et puis finir l’album pour 2014.

    LF : On parlait de Julien Doré, dont tu es le guitariste donc, est-ce qu’à un moment tu as hésité à faire un choix entre les deux carrières ?

    A.M. : Non, pas du tout. C’est vraiment complémentaire, à tous les niveaux. Ca m’apporte beaucoup de travailler avec lui, dans l’écriture ou sur scène, comme avec d’autres d’ailleurs. Pour l’écriture seulement, les autres. Julien est le seul avec qui je tourne en dehors de mes projets solo. Mais ce sont vraiment des choses complémentaires, c’est très plaisant de se retrouver « que » guitariste, de jouer dans le cadre d’un groupe qui est devenu une sorte de fraternité, il y a quelque chose de très fort entre nous. Il y a aussi un côté récréatif qui me permet d’oublier un peu mes projets et du coup de les envisager sous un autre angle. Quand je reviens dessus je ne les vois plus comme quelque chose d’aussi vital, je vois ça comme de la musique… Avant, mes projets étaient la seule chose à laquelle je consacrais du temps ! Alors travailler avec d’autres me permet de relativiser un peu, de retrouver cette spontanéité et juste le plaisir de faire de la musique… Un morceau qui s’avèrerait être un peu décevant au final, ben je le laisse  de côté et je passe à autre chose, c’est avant tout un jeu en fait. Tout bêtement. Je pars faire quinze concerts avec Julien, j’écris avec telle ou telle personne, et je reviens sur le truc la tête froide… Mais du coup voilà, la question de choisir ne se pose pas ! Dans la mesure où en termes d’emploi du temps les choses sont possibles, il n’y a pas de choix à faire ! J’espère vraiment continuer longtemps…

    LF : Sur ton album précédent tu as fait une reprise (Amoureux Solitaires de Lio, ndlr), la seule de ta discographie, pourquoi celle-ci ?

    A.M. : En fait j’avais redécouvert le titre via un groupe électro avec lequel j’avais travaillé, Remote. Ils avaient collaboré avec quelqu’un (dont j’ai oublié le nom !) qui disait le texte de la chanson sur la musique. J’ai réalisé qu’on était passé complètement à côté des paroles à l’époque ! Remote en a fait une relecture électro très minimaliste et très froide, destinée à être assez élitiste pour le coup… Alors je me suis dit que ça pouvait être intéressant de retravailler ça en chanson, de garder l’idée de la  « pop song » tout en essayant d’être plus fidèle au fond, à sa signification. J’ai essayé différentes choses, en m’éloignant assez vite du titre original, trop connoté petite pop song gentillette des années 80, justement. J’ai complètement réécrit la musique, et je trouvais que ça fonctionnait à merveille avec le texte et que le morceau était très cohérent avec le reste de l’album. Je voulais absolument qu’il soit dessus ! Après ça a été un peu compliqué pour autorisations, réussir à joindre les ayants droits d’Elie Medeiros et Jacno, les auteurs. On s’est vraiment battu, et jusqu’au dernier moment on ne savait pas s’ils seraient d’accord ou pas… Mais c’était important pour moi. Même si c’est pas moi qui l’ait écrit, je lui accordais autant d’importance qu’aux autres titres !

    LF : Laissons un peu la musique de côté… Je suis très intriguée par toutes ces spirales que tu as sur le bras. Tu as une histoire particulière avec ça ?

    A.M. : Ah ! C’est juste des petits dessins que je fais depuis très longtemps en fait… Des gribouillis, un peu comme Dubuffet, un jour il s’est mis à gribouiller et pendant toute une période il n’a fait plus que ça… Sauf que lui après en a fait des statues, des toiles immenses ! Pour ma part c’est une habitude que j’avais prise notamment en studio, au début. Griffonner des petites choses comme ça sur des bouts de papier. Puis c’est devenu quelque chose de... J’allais dire vital, c’est un bien grand mot… Mais j’avais besoin de le faire, j’adore dessiner, déjà gamin j’adorais ça. Même si à l’époque, ou même ado, je faisais des choses plus concrètes. Pendant un temps il y a eu une sorte de pause, et puis un jour ça a ressurgit sous cette forme là ! Et j’ai jamais vraiment cherché à comprendre d’où ça venait, ce que ça pouvait signifier… Parce que justement je trouve que c’est très bien de ne pas être totalement dans une démarche analytique. Je le suis tellement dans la musique ! Quand on travaille là-dedans au bout d’un moment on a l’oreille qui s’affûte, parce que c’est notre métier, on a tendance à tout détailler, à tout découper en fréquences, en harmonies, en tempo, toutes ces choses là… On perd un peu en spontanéité par moment ! Aussi bien dans l’écriture que dans l’écoute d’autres musiques… Donc il y a des domaines comme ça où je me suis dit qu’il fallait essayer -dans la mesure du possible- de ne pas chercher forcément à comprendre ! C’est valable pour d’autres choses aussi, le vin par exemple. J’apprécie de déguster un bon vin de temps en temps, et je me refuse à plonger dans les livres pour comprendre un peu plus ce qui se passe… Je ne veux pas que tout devienne analytique… J’ai tendance à être quelqu’un d’assez cérébral à la base, et du coup le monde se résumerait à un ensemble de colonnes de chiffres !! Alors il y a des spirales, des petits « zigouigouis », tout ça !

    LF : Je te posais la question parce qu’un jour moi aussi j’ai commencé à faire des spirales, et depuis je n’arrête plus, j’en mets partout ! Je ne sais même pas pourquoi…

    A.M. : Après on les retrouve aussi dans la nature, dans les œuvres d’art même primitives, c’est quelque chose qui a toujours un peu fasciné. Elles correspondent au nombre d’or, entre autres… Il y a quelque chose d’ancré dans notre ADN, un peu.

    LF : Pour conclure, mon questionnaire « Fourre-Tout »… Ton idole ?

    A.M. : Mon idole ? (Il me répond sans hésitation) Annette Messager.

    LF : (Je pique un fard face à mon inculture) Qui est… ?

    A.M. : (Sourire bienveillant) C’est une artiste, plasticienne, qui depuis trente ans fait des œuvres d’art très… Diverses. J’adore ce qu’elle fait, c’est quelqu’un qui me fascine, elle a l’air très intelligente. C’est vraiment quelqu’un avec qui j’aimerais boire un verre, discuter ne serait-ce que quelques minutes avec elle… Voilà, bon, une idole c’est un bien grand mot mais… Agnès Varda, aussi, j’aimerais vraiment passer une soirée avec elle à papoter et à boire du vin ! C’est quelqu’un que j’adore aussi…

    LF : Si tu étais une femme ? Justement, une des deux ?!

    A.M. : Ah ah ! Non, non… Qui je serais… Olympe de Gouges, la révolutionnaire. C’est un beau destin, une des premières femmes qui a porté haut et fort la voix du féminisme, même si ce n’était  pas encore ça à l’époque… Elle s’est battue pour quelque chose qui me parait primordial, et d’ailleurs y’a encore du travail en termes d’égalité hommes-femmes…

    LF : Oui, et c’est un débat qui me dépasse… Je ne comprends pas qu’on parle « d’égalité »… Au contraire, soyons différents ! Mais traités pareil…

    A.M. : C’est ça, absolument ! On parle souvent de « droit à la différence », alors qu’il faudrait que ce soit le « droit à l’indifférence ». Il faudrait que ça ne pose de problèmes à personne ! Ca avance tout doucement… Malgré la mélancolie qui peut émaner de mes disques je suis plutôt quelqu’un de positif, et j’ai l’impression que tout doucement ça avance.

    LF : Ton paradis ?

    A.M. : Etre entouré des gens que j’aime, heu… Avec des instruments de musique à proximité !

    LF : Ton enfer ?

    A.M. : Mmm… Une administration quelconque, où j’attends pour avoir un papier inutile et en même temps… Essentiel…

    LF : Blondes ou brunes ?

    A.M. : Alors là, aucune différence ! Pour le coup ça fait partie des débats que je ne comprends pas ! On peut d’ailleurs retourner la situation en « blonds ou bruns »… Les types qui disent qu’ils sont attirés plus par l’une ou par l’autre, j’ai un peu du mal. Je ne comprends pas qu’un puisse être à ce point archétypal, c’est un truc qui me dépasse… On est séduit par une personne parce qu’on la trouve belle, intelligente, ou pour dix mille autres raisons, mais pas parce qu’elle est brune ou blonde…

    LF : La première chose que tu fais le matin en te levant ?

    A.M. : Je me fais un café, tout bêtement ! Je suis accro au café ! Je dis « tout bêtement », d’ailleurs, mais c’est vraiment important pour moi ! J’adore ça et en plus j’en ai besoin… Si j’ai pas de café je suis un légume ! Donc c’est vraiment la première chose que je fais le matin.

    LF : Ta maison brûle, tu sauves un seul objet. Lequel ?

    A.M. : Tout bêtement je crois que j’emmènerais mon ordinateur… C’est pas très sexy, hein…  (On se marre, il n’a pas tort…) Non, je pourrais dire telle ou telle guitare fétiche…

    LF : Ce que m’a répondu Joseph D’Anvers !

    A.M. : Oui, mais en fait non, si je suis sincère c’est l’ordinateur…

    LF : Parce que tout est dedans !

    A.M. : Absolument ! L’ordinateur.

    LF : Le mot de la fin ?

    A.M. : …Merci !

    LF : Mais merci à toi de m’avoir consacré du temps !

     

     

    Il retourne à ses instruments, et je reprends ma place dans la salle pour voir la fin des balances de La Maison Tellier, en attendant l’interview de leur chanteur Helmut.


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