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C'était...
Par Cinnamon Fraise dans Welcome to The Jungle (Billets d'Humeur et autres histoires extraordinaires) le 27 Avril 2016 à 12:41....Autre réponse possible à la question posée dans -Qui était-ce ?
Qui était-ce ? Mais un connard, bien sûr. Un sale connard qui a gâché ma vie.
J’ai vite compris les conséquences de ce qu’il a fait sur mon rapport aux hommes. Ça ne m’a pas vraiment remuée, j’ai pensé que j’allais juste devoir vivre avec, que je changerai sûrement un peu et puis basta. Parce que c’était logique. Évident à comprendre. Comme dirait l’autre, ça m’en a presque touché une sans faire bouger l’autre.
Et puis soudain, la colère assourdissante. A la minute où je réalise que les conséquences sont ailleurs aussi, que ce connard a fait naître en moi un genre de passager noir que je traîne depuis comme un boulet. Cette mélancolie latente dont je n’arrive pas à me débarrasser et dont je ne connaissais pas l’origine. Ce passager noir, qui s’est interposé tant de fois entre les autres et moi. Parce qu’incompris, il a été rejeté par certains, ignoré par d’autres, et inévitablement enfoui par moi. Cette incompréhension et cette ignorance qui ont créé un manque de soutien, de compassion, de tendresse pour cette sombre partie de moi. Ce coin de ténèbres dans lequel se cachent la petite fille effrayée par des monstres invisibles, la femme blessée par des épées fantômes, l’enfant qui a toujours voulu être adulte, l’adulte qui refuse de grandir… Sans rien comprendre au pourquoi du comment. Se disant que tout ça est normal, qu’il y a tant de gens autour qui sont perdus aussi et qui avancent quand même. Alors ce coin de ténèbres, je l’ai gardé fermé à clé. Enfin, comme j’ai pu. Parce qu’il est costaud, et qu’il a déjà réussi à entrouvrir la fenêtre pour s’insinuer dans les histoires inventées par mon cerveau. Les histoires qui n’ont jamais de Happy End, celles qui reflètent la quête d’un bonheur incessamment contrée par un inévitable malheur. L’inconscient qui s’exprime à travers les fictions. J’ai toujours cru que c’était une question de goût, j’aime Baudelaire et les histoires sombres, fan de hard-rock je kiffe forcément les têtes de mort et aussi une esthétique pseudo-gothique, tout s’explique toujours. Alors écrire des histoires qui finissent mal, ça va forcément avec. Sauf que non, bien sûr. Mes histoires qui finissent mal, c’est mon passager noir qui les écrit.
Ce passager noir, ombre d’un épicier sans scrupules, a bouffé mes tripes pour y laisser une sensibilité émotionnelle trop souvent inexpliquée. Trop souvent incomprise, et trop souvent piétinée. Même si certains, parfois, ont eu la générosité de l’accepter, elle n’a jamais vraiment pu s’exprimer au grand jour. Parce qu’un mal qui n’a pas de raison n’existe pas.
La conclusion de tout ça, c’est que même si on sait de quoi on est fait, on ne sait pas toujours d’où ça vient. Et quand on a trouvé, il faut arriver à avancer en apprivoisant la tentation de changer du tout au tout parce qu’on a beau ne pas avoir choisi ce qu’on est devenu, c’est malgré tout ce qu’on est. La vie ne sera plus jamais comme avant. En partie. Parce que refaire toute la déco serait trop dépaysant.
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Commentaires
Bon courage '' kiss