• Mlle Butterfly (Correspondances avec Anerik)

    "Et j'insiste, imbécile

    Pour te vouvoyer

    Un jour, juste un jour

    Ou mille..."

    Arman Méliès

  •   Cher Anerik,

    N’arrivant pas à dormir, je prends mon clavier afin de vous dire ce que j’avais l’intention d’égrainer au fil de notre éventuelle conversation de ce soir…

    Mais tout d’abord oui, vous m’avez manqué. Oui, j’ai guetté vos messages et oui je sursautais un peu à chaque notification.  J’avais envie de lire vos mots, de vous dire les miens, de sourire comme une conne. Vous avez  bien chamboulé mes tripes en déboulant dans ma viertuelle. Je ne sais vraiment comment réagir à tout cela, d’un côté l’amusement coquin qui n’a au fond que peu d’importance, et de l’autre les sursauts, les frissons glacés au creux de mes reins et les battements affolés de mon cœur. Les sourires. Les rires. Les mots tendres.

    De tout ceci découlent des envies, bien sûr. L’envie d’en voir plus, l’envie de toucher du doigt ce qui démange mon bide.  L’envie de votre voix, pour me dire ces mots en vrai. L’envie de débarquer et de vous tomber dans les bras. L’envie de concrétiser ce désir, de sentir votre peau sur moi. Votre souffle. Vos mains. Tout ce que vous savez parce que vous l’avez lu. J’aime ne pas vous quitter de la journée, j’aime vous retrouver, j’aime imaginer que vous me feriez en vrai tout ce que vous me faites en mots. J’aime votre pertinence. Votre tendresse. Votre écoute. Votre présence même silencieuse. M’appuyer sur vous quand le tourment est trop fort. Nos échanges potaches. Ma vie avec vous.

    Mais je vous arrête tout de suite : inutile de me faire la leçon. Inutile de me mettre en garde. De vous inquiéter sur mes sentiments ou leurs conséquences. Je ne sais rien de vous finalement, rien de tout ça, comme si « tout ça » n’était qu’un rêve. Un film dont je serais spectatrice. Et justement voilà, c’est ainsi que je le vis. Plongée dans le film, pendant 1h40 je me prends pour l’héroïne et ne rêve que de romance avec le premier rôle masculin. Comme un film, ça me  laisse une étrange et fascinante impression d’être sortie de ma vie. Comme un rêve, tout cela me paraît terriblement réel et me laisse des empreintes qui s’effacent trop lentement.

    Mais comme après un film ou un rêve, quelle que soit l’intensité  des traces qu’ils me laissent, je retrouve mon foyer. Mon foyer, mes amours et mon quotidien. Et rien ne me gêne. Pas de poids, pas de souffrance, pas de manque. Pas de manque, non, je sais ce que vous pensez : si vous m’avez manqué aujourd’hui c’est parce que je l’ai bien voulu. Il aurait pu en être autrement, mais j’avais envie de me sentir ainsi. J’ai peu mangé, beaucoup fumé, fini le chocolat. Mais avec le sourire. Ce soir, je me suis prise pour Madame Bovary et croyez moi, c’était bon. J’espère continuer nos jeux ainsi, sans poids, avec plaisir et légèreté. Continuer à sourire comme une conne. A vous mailer par surprise. A vous offrir des bouts de moi. A lire ce que vos mains font de mes mots. J’espère malgré tout pouvoir un jour vous montrer mon moi tout entier, pour de vrai, mais je ne l’attends pas. Comme un fantasme, je n’attends pas que ça se réalise. Je savoure cette envie et la garde au fond de moi, en toute sérénité. Et je souris comme une conne, encore et encore.

     

     

    To Be Continued…

     

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  • Cher Anerik,

     

               Ce soir vous allez me quitter pour deux jours. Deux longs jours pendant lesquels je serai obligée de supporter vos silences. Je ne sais d’avance comment endurer cela, j’ai déjà eu tant de mal à vivre une seule soirée sans vous. J’attends vos derniers mots avec impatience, et vous souhaite d’avance un bon voyage.

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik, 

     

    Je peux pas ne pas le dire. Vous le savez. Vous me forcez à vous le dire avec vos mots qui me font chavirer et vos attentions troublantes.  

    Alors pour que je patiente un peu mieux, je vous le dis. Virtuellement. Profondément. Mais virtuellement surtout. Sensation étrange, mais délicieuse.

     

    Je t'aime.

     

    Saligaud. 

     

    To be continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je ne sais par où commencer. J’ai besoin de coucher sur le papier les vibrations qui parcourent mon corps depuis cette fin de journée…  Depuis tous ces mots. Ces mots qui m’ont transportée, secouée, chamboulée. Ce long fil de discussion qui, tel un ruisseau qui devient rivière puis fleuve, s’enrichissait de sentiments et d’émotions plus forts les uns que les autres. Votre cœur s’est ouvert et a transpercé le mien. Notre dernier échange a été si fulgurant qu’il m’a fallu plusieurs heures pour m’en remettre…. J’ai fait ma midinette et ai pris l’écran en photo avant que ça ne disparaisse. J’ai ravalé la boule dans ma gorge et tenté de vaquer à mes occupations.

    Mais j’ai froid depuis ce moment là. Ce moment où vous m’avez foudroyée. Je suis pantelante et autour de moi tout n’est que vide. Ce soir pour la première fois depuis vous je vis sans vous au bout. Je vis ces choses que j’avais l’habitude de faire avant, puis que j’ai pris l’habitude de faire après. Mes cigarettes ont un drôle de goût. Je me sens seule sur mon balcon et je ne souris plus comme une conne. Je m’efforce de ne pas compter les minutes avant votre retour, elles sont bien trop nombreuses et j’y perdrais la raison…

    Alors je vous les raconte un peu, ces minutes, au fil de mes correspondances, espérant que vous y jetiez un œil et compreniez. Espérant que vous soyez vraiment aussi bouleversé que moi. Espérant que vous m’oubliiez parce que ça faciliterait tant les choses. Parce que j’ai tellement mal au ventre de ne pas pouvoir vous parler ce soir. De ne pas pouvoir vous imaginer rire. De ne pas pouvoir sourire comme une conne à vos mots tendres qui me prennent par surprise ou rire comme une gourde à vos conneries.

    Et c’est seulement le premier soir…. Je me couche sans votre « Bonsoir ». Je me couche sans vous souhaiter bonne nuit alors que vous dormez déjà. Sans vous embrasser sur le front. Sans caresser votre joue. Oui, je ne vous l’ai jamais dit mais quand vous vous endormez je caresse votre  joue.

     

    To Be Continued…

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je me réveille ce matin sans vos mots. J’ai dormi avec mon téléphone pour ne rien rater, espérant naïvement  un signe de vous, en forme de message subliminal ou de sms clandestin. Mon café clope sur le balcon, seule. Et puis la journée qui continue. Une journée ponctuée de petits sursauts quand un mail arrive, jamais de vous bien sûr. Quand mon téléphone chante un message, toujours des autres. Jamais de vous, non. Et au fil des heures, l’émotion qui finit par se tasser, pour grandir à nouveau quand le soleil se couche. Encore une soirée sans vous, la dernière avant la prochaine qui arrivera bien trop vite…

    Et soudain, juste à l’heure de mon apéro, une photo apparaît sur le réseau. Un verre de vin rouge, comme mes joues que vous me dites aimer comme ça. J’ai envie de croire que c’est un message subliminal mais je sais bien que mon cœur s’emporte…. Je regarde cette photo en essayant de vous voler un bout de votre week-end. De deviner ce que vous faites. Ce que vous pensez. Si vous pensez à….

    Et puis j’ai peur aussi. Tout d’un coup, comme ça. C’est la première fois que vous la retrouvez depuis nous, alors j’ai peur que vous fassiez  machine arrière. Que vous regrettiez ce qu’on s’est dit et que vous jugiez que cette passion n’ait pas lieu d’être.  Je panique un peu, emportée par ce tsunami émotionnel. Voyez donc ce que vous me faites.  Vous me faites écrire, ces mots que je ne peux pas vous dire, ces mots qui coulent hors de moi comme je me viderais de mon sang. Rien n’arrête le flot. Tout me ramène à vous.  Mes pantoufles, censées réchauffer mes pieds. Ma tisane qui tente, tant bien que mal, de réchauffer mes mains qui restent glacées depuis que vous êtes parti. Même cette soirée, qui avance doucement. La télé qui s’allume et le coup au cœur : cette chanteuse que vous aimez tant est dans mon écran ce soir. Toute l’histoire de ma vie, ce genre de coïncidences… Mon cœur s’emballe, vous revenez dans mes pensées jusque par ma télévision. Je ne peux donc échapper à rien. Je ne peux m’empêcher de la regarder, de chercher les similitudes entre nous…. Je comprends, un peu,  loin de me trouver aussi jolie qu’elle malgré tout.

     

    Et puis la nuit avance, et son milieu déboule. Son milieu si calme, si tranquille, qui fait enfler le manque. Le manque de vous. Le manque de votre présence, de votre désir de moi qui me fait sentir si jolie. Qui me fait sentir si femme. Je caresse instinctivement ma peau, et m’empêche de penser que j’aimerais tant vous la faire découvrir…. Ce sentiment effrayant me fait frémir et fait monter le désir au creux de mon ventre…  Autour de moi tout est sombre et silencieux, j’hésite à laisser ma main se perdre en pensant à vous…  Et je finis par sombrer dans le sommeil, épuisée par les tremblements de mon corps.

     

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  • Cher Anerik,

     

    Nous sommes dimanche matin et j’ouvre les yeux sur ma dernière journée sans vous. J’ai peu dormi, il est extrêmement tôt mais je me lève quand même, parce que la boule de feu dans mon ventre m’empêche de dormir. J’ai besoin de continuer à vous écrire. Garder ce fil qui me lie à vous. Poser ces mots que je sais que vous lirez. J’ai l’impression, comme ça, que vous êtes un peu avec moi. Et puis au détour d’un réseau je sursaute, vous êtes là, de passage seulement pour un message qui ne m’est pas adressé mais c’est vous. Un bout de vous quand même qui fait revenir le rose à mes joues, et guetter l’heure pour vérifier si la journée avance bien. J'ai très envie d'un café-clope matinal sur mon balcon, trop matinal pour un dimanche, mais sans nos échanges tout ça perd de son piquant. J’ai tellement besoin d’entendre votre voix. En parlant de voix, tiens, j’ai chanté ce matin. J’ai chanté pour vous. Parce que je sais que vous aimez et que pour vous aussi la musique compte tant. Mais oh, une autre apparition vient de me sauter aux yeux…

    Vous avez profité de mon brunch dominical pour poster encore une photo de votre vie avec elle. J’observe, je remarque, je décrypte, j’imagine. J’attends votre retour de cette vie, il est déjà le début d’après-midi et finalement le temps passe assez vite. Si vite que la fin de journée est déjà là. Mon cœur bat légèrement plus fort, j’espère un signe de vous dès le départ de votre bateau. J’espère accompagner votre voyage, ramener votre cœur, sans doute serré, en douceur jusque chez vous. Poser mes yeux sur vos mots, poser mes mots sur vous. Depuis hier j’ai relu au moins cent fois les échanges que nous avons eu lors de votre voyage aller. J’en tremblais à chaque fois, avec toujours ce frisson glacé au creux des reins. Et ce flot de mots, toujours. C’est drôle, plus j’écris plus je me dis que chaque mot porté sur mon écran me rapproche de votre retour. Qu’à un moment donné je dirai « oui, je viens d’avoir votre message ». Ce moment me parait si proche et si lointain à la fois… Et puis j’ai froid à nouveau. La nuit tombe. Alors je vais m’arrêter là, en espérant ne pas reprendre ce flot de mots, trop occupée à vous répondre. En vrai.

     

    Et vous êtes  là. Je souris comme une conne.

     

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  • Cher Anerik,

    Nos retrouvailles hier ont été beaucoup plus intenses que prévu. Bouffée d’émotions trop violente pour être contrôlée. Une seule idée en tête : être avec vous. Comme c’est impossible, alors entendre votre voix. A tout prix. Parce que nos peaux ne peuvent se toucher, qu’au moins nos voix se rejoignent. Hésitation. Honte car il me faut me cacher pour ne pas qu’on m’entende -dans l’éventualité où cet échange vocal aurait lieu. Et puis la raison l’emporte, tard mais elle l’emporte. Je m’endors en relisant vos mots, mes yeux sont presque humides. Je meurs de vous.

    Ma nuit fut difficile et mon matin mélancolique. J’ai peur de vous avoir effrayé avec ma détresse, avec mon manque de vous. J’attends votre premier message avec impatience et comme de par hasard il se fait attendre… Mais je suis assez vite rassurée quand nos échanges reprennent normalement. On ne se quitte pas de la journée, à nouveau. Vous vous amusez encore à me taquiner, à me dire des choses qui me font vibrer de plaisir et… Changer de petite culotte. Pour bien finir la journée le sourire aux lèvres -oui je sais ce que vous pensez là tout de suite. Je vous entends le dire, je lis vos mots dans ma tête. Vous n’êtes qu’un obsédé.

    Et puis voilà que le soir arrive, trop vite, avec ce long moment, trop long, où vous m’abandonnez pour aller la retrouver. Je sais que je ne peux pas lutter. Je reste silencieuse, je n’aurais certainement pas l’irrévérence de vous déranger pendant ces instants qui vous sont si intimes. Je vis ma vie de mon côté aussi pendant ce temps, vous savez bien. Cette vie que je chéris par-dessus tout mais qui ne m’empêche pas de guetter un signe de vous. La nuit envahit la maison, le silence se fait plus présent, mon autre à moi vaque à ses occupations dans une autre pièce. Et moi j’écris. Je tape. Je consigne. Je ravive. J’accouche. Je ne peux m’empêcher de penser au vide que cela me ferait si tout ça s’arrêtait. Je chasse cette idée de mon esprit au moment où vous revenez dans mes messages, déclenchant un sourire à peine retenu.

    Et soudain les mots qui font mal. LE mot. Amie. Nous sommes donc des amis. Oui, si vous l’entendez de cette manière. Si c’est tout ce que je peux obtenir de vous alors oui, soyons amis. Je m’efforcerai de ne pas croire autre chose. De ne pas continuer à espérer que cela pourrait être différent. Quelle idiote je fais. Mon cœur s’emballe, mes tripes valsent et vous, vous souriez. Vous me racontez les vôtres qui valsent aussi en lisant mes mots ou en entendant ma voix, alors j’imagine que oui, les choses pourraient changer… Et la redescente est plutôt brutale.  Je digère cette information en me raccrochant à la suite de votre phrase, qui me précise que notre amitié est toutefois un peu plus que ça. Le plus. Cet autre mot auquel je m’accroche comme si ma vie en dépendait. Qui empêche les larmes de se répandre sur mon visage et d’inonder mes joues que vous dites tant aimer.

    Mais  je m’efforce de mettre ça de côté, parce qu’aujourd’hui vous n’allez pas bien. Et que vous avez besoin de cette fameuse amie. Je vous lis me raconter ce qui ne va pas, mes yeux s’embuent et mon cœur se serre. Vous êtes si loin… J’aimerais pouvoir vous serrer dans mes bras, vous apporter tout le réconfort possible mais je suis coincée là, impuissante. Je n’arrive pas à envisager la possibilité que quelqu’un vous fasse du mal et ça me met dans une rage folle. Le besoin de vous parler devient si violent que je ne déguise même plus mes appels du pied. Je tremble, de froid peut-être parce que je me suis isolée sur mon balcon, d’émotion sans doute je préfère croire. Je fixe mon téléphone comme si j’avais le pouvoir de le faire sonner. Et soudain, vous le faites. Votre nom s’affiche sur l’écran et je suis à un glissement de doigt d’entendre votre voix. A nouveau. Enfin. Je réponds à votre appel à titre d’amie, c’est en tout cas ce que je m’oblige à faire, mais vous entendre me raconter ce que vous endurez me fait oublier peu à peu que vous n’êtes pas mien. Que je ne peux pas vous réconforter comme je voudrais. On n’oublie pas les blagues, on rigole bien quand même, vous faites le trublion au bout du fil mais je sais que c’est pour dissimuler votre détresse. Mon cœur s’emballe, mes mots aussi, et en raccrochant je ne peux m’empêcher de glisser un « je t’aime ». Pour la première fois de vive voix. Je raccroche en tremblant.

     

    Vos mots qui suivent cet échange sont émouvants, vous me parlez de vos tripes qui ont fait des loopings, vous qui vouliez vous amuser à en faire faire aux miennes avec ce coup de fil… Je me couche apaisée, curieusement. Sentir que je peux vous bouleverser autant que vous me bouleversez  parfois doit me rassurer.

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je continue à vivre cette semaine avec un goût amer dans la bouche. Votre détresse me hante malgré votre volonté de me faire rire. Je sais ce qu’ils veulent dire, ces rires, je sais ce que veut dire votre manque de ponctuation parfois. Je lis vos soupirs entre vos mots. J’aimerais tant que vous vous perdiez en moi…. Que vous oubliiez tout, là, au creux de mes bras…

    Avec les fêtes qui arrivent je sais que vous serez absent. Je me raccroche au fait que je serai occupée aussi mais je sais que vous allez me manquer. Et savoir que ça ne va pas être facile pour vous me remue un peu plus encore. J’aimerais tant pouvoir effacer toute cette peine et vous dire « Joyeux Noël » en vous serrant dans mes bras. Parfois j’imagine ça si fort que je sens presque votre souffle sur moi. Dans mon cou.

    Le week-end approche et je ne sais pas encore si vous serez là. J’espère pouvoir passer un peu de temps avec vous, ces derniers soirs vous avez été bien occupé -préoccupé surtout- et j’ai l’impression qu’on ne s’est pas parlé. Alors qu’on ne se quitte pas de la journée… Mais le soir vous n’êtes pas toujours là et c’est différent. Le silence et l’isolement, sans doute. J’ai besoin de sentir que votre corps vibre. J’ai besoin de lire ce que vous ne pouvez pas me faire. De sentir ces frissons parcourir mon dos et finir dans mes reins. Voyez, je réalise qu’au début de notre rencontre nous baisions, bêtement. Maintenant je vous fais l’amour. Peut-on faire l’amour à un ami ? Et bien je crois que oui. Il parait que le cerveau est le premier organe sexuel, et je me rends compte qu’il peut être dissocié du cœur. Je prends soudain conscience que je ne vous aime pas avec mon cœur, mais avec mon cerveau. Ce n’est pas moins fort, d’ailleurs. C’en est même plus violent parfois. Le cerveau dirige le corps, hein. Et mon corps trinque. Violemment donc. Avez-vous remarqué que j’ai dit le mot ami ? Parce qu’après notre discussion d’hier j’ai saisi votre sens de ce mot. Je suis rassurée, bien sur. J’ai reçu le message. L’attention. L’affection. Tout compris. Vous n’avez plus à vous inquiéter. Et moi j’ai envie de vous renvoyer tout ça.

    Mais au moment même où je suis en train de vous écrire une boule dans ma gorge grandit. Mes yeux…. Ont du mal à retenir le flot qui cherche à en sortir. Vous venez  de m’annoncer ce que je redoutais, le pire scénario que je ne voulais pas envisager : l’absence interminable. Quinze jours. Je suis sonnée. Quinze jours pendant lesquels on ne pourra pas échanger. Rien. Trop risqué. Quinze longs jours pendant lesquels je vais devoir sourire, souhaiter de bonnes et belles choses tout autour de moi, rester lisse en surface alors qu’à l’intérieur je serai en train de me disloquer. Lentement. Mourir à petit feu… Cette histoire aujourd’hui me pèse. Il pleut dehors, tout est maussade et gris, et je voudrais ne jamais vous avoir rencontré. Pourtant vous le savez, je ne peux plus m’en passer. Plus me passer de vous. Un lien est là, vous me tenez par tout. Vous me tenez par le sexe, j’ai parfois tellement l’impression qu’on fait vraiment l’amour. Vos mots sont si… précis. Vos intentions. Vos gestes. Si bien décrits. Vous me tenez par l’affection, comment ne pas fondre avec vous, si touchant derrière votre masque de clown. Vous me tenez par votre humour, aussi,  justement, ce qui m’a fait craquer je pense. Si potache. Si déglingué. Si tordant. Le même que le mien, nous nous sommes bien trouvés tiens.

     

     Tout ça m’a coupé l’appétit, je ne vais rien manger à midi je crois. J’accuse le coup. Je réfléchis. Je pense à vous, toujours… On a dit qu’on se disait tout, hein ? Alors je vous le dis : j’ai envie de vous. Putain j’ai terriblement envie de vous. J’ai envie que vous m’excitiez, j’ai envie de gémir, j’ai envie de jouir. Pour vous. J’ai envie que vous m’entendiez et que vous me regardiez jouir. Je… Ce n’est tellement pas moi ça. Enfin si, mon moi que je ne connaissais pas. Ou que je n’avais pas envie de connaitre peut-être. Vous l’avez trouvé, vous. Vous avez su le faire sortir. Le faire grandir. Et maintenant ce moi, cette femme femelle, a faim de vous. Monstrueusement. Physiquement. Je me tords de désir sur ma chaise de bureau. L’air de rien, bien sûr. On me regarde…  Et des frissons parcourent mes reins, encore.

     

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  • Cher Anerik,

     

    Hier a été une journée particulière. D’abord parce que ma soirée de la veille l’a été, soirée que j’hésite à vous raconter d’ailleurs, et ensuite parce que notre échange téléphonique fut…. Merveilleux. Quel délicieux frisson…. Nous deux, en même temps… J’en ai perdu le souffle. J’en ai gardé le sourire jusqu’à tard.  J’ai tellement envie de recommencer. Votre voix me manque. Vos silences, vos hésitations et la manière dont elle me caresse….

    Mais lors de nos échanges suivant ce coup de fil quelque chose d’important est arrivé. On a commencé à échafauder. J’en suis encore troublée et je sens que mon cœur s’emporte, à nouveau. J’ai envie de croire que vous espériez que ça arrive. Se rencontrer. La distance nous oblige à réfléchir, faire tout ce chemin n’est pas chose facile. Il faut donc échafauder. Et nous avons. Echafaudé. Supposé. Imaginé. La raison nous a fait conclure qu’il ne fallait pas et nous avons fini par changer de sujet mais j’aime à croire que vous en avez autant envie que moi… Que vous avez envie de vous jeter dans mes bras. De me serrer fort. De me regarder dans les yeux. De murmurer à mon oreille qu’on ne se quittera plus jamais…

     Je sais que tout cela est impossible, hein. Ce n’est même pas forcément ce que je veux. Nous avons chacun nos vies. Vous en aimez une autre. Vraiment, profondément, aveuglément celle-ci. Moi aussi. Et pourtant vous êtes devenu si important pour moi…. Et je sais que je le suis pour vous. Je viens d’en avoir la preuve en vous racontant finalement ma soirée d’hier, pendant laquelle j’ai rencontré un homme. Vous venez d’être jaloux. Vous qui vous revendiquiez l’homme le moins jaloux de la terre… Je ne peux m’empêcher de penser que vos sentiments sont peut-être plus forts que ce que vous ne croyez, ou que ce que vous prétendez. Je commence à croire que ce que vous m’avez dit un jour est vrai : « Si elle n’était pas là, ce serait toi. Seulement toi ». Je me suis endormie en pensant à cela et mon réveil ce matin était souriant. Jusqu’à ce que je me souvienne que ce week-end vous étiez occupé, et que nous ne pourrions être que très peu en contact. La mélancolie a alors un peu terni cette journée. Vos messages sont courts et rares. J’ai eu besoin de vous parler et ai bien compris que je dérangeais. Je ne fais définitivement pas partie de cette vie que vous avez  sans moi…. Et c’est mieux ainsi. Préserves toi. Préserves moi. Ne prenons pas des chemins qui ne mèneraient nulle part…

     

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  • Cher Anerik,

     

    Que c’est dur de ne pas pouvoir s’exprimer librement… Je voudrais crier ma frustration et mes désirs à la face du monde mais je suis obligée de ruser. Imager mes dires. Contourner les indices que mes mots pourraient laisser. Et ces messages publics, si déformés pour ne pas que l’on soit reconnus, restent alors incompris… Quand ils sont lus. Parce que je sais que vous n’allez plus si souvent sur le réseau. Qu’importe, je les envoie quand même, des bouteilles à la mer qui trouveront peut-être un jour une jolie plage sur laquelle échouer… Vous partez demain. Je ne sais pas encore si on pourra se parler, lors de votre voyage aller sans doute et puis après… Plus rien. Je serai occupée de mon côté bien sûr, ça m’aidera. Mon Sapin. Mon réveillon. Ma famille. Toutes ces choses que j’aimerais partager avec vous. Pourtant j’aime mon homme plus que tout, et ne l’échangerais pour rien au monde. Même pas pour vous, vous savez. Non. J’aimerais juste pouvoir me dédoubler et vivre ces deux vies. Lui d’un côté, vous de l’autre. Complémentaires. Mais vous vous vivez avec elle. Elle que vous allez retrouver d’ailleurs, vous vous levez tôt pour ça. J’hésite à rester éveillée afin de vous dire bonjour au saut du lit et ne plus vous quitter. Collante. Scotch. Glue. Vous partez au moment même où j’ai de moins en moins envie de vous quitter. Ou bien c’est votre absence qui crée mon manque…. Dans tous les cas le résultat est le même : vous devenez peu à peu une partie de moi. Une extension. De mon cerveau par vos mots. De ma main avec mon téléphone que je ne quitte plus d’une semelle. De mon cœur par votre tendresse. Immense tendresse que je reçois comme une bourrasque à chaque fois. Au moment même où je vous écris ces mots j’en frissonne, voyez vous. Je pars me coucher en pensant à demain, à mon réveil qui sera triste si je n’ai pas de nouvelles… Et un peu plus joyeux si je peux accompagner votre voyage avec mes mots… 

    Je me lève le sourire aux lèvres, ce matin vous m’avez envoyé un message dès votre départ et nous pouvons nous parler un peu. De plus votre absence sera moins longue que prévu, ponctuée de petits retours qui me remettent du baume au cœur. J’ai une tonne de choses à faire aujourd’hui, échéance des fêtes oblige, et je n’aurai sûrement pas le temps de vous dire tout ce que vous allez me manquer…. Vous aurez sans doute de la lecture à votre retour. Ma mélancolie risque de déborder. Revenez-moi vite… Parce que même si votre absence est plus courte finalement, je meurs de vous. Toujours. Votre peau, votre tendresse, vos yeux dans les miens. Je crois que les limites sont de plus en plus défaillantes et l’envie de vous retrouver se fait de plus en plus pressante…. J’essaie de me raisonner pourtant, je vous assure. Pour moi, pour vous, et pour ceux qui nous entourent et qui n’ont rien demandé. Souffrance. Déception. Haine. Vous connaissez déjà ça. Je ne voudrais certainement pas en rajouter.

     

    Et en même temps j’imagine que peut-être, si nous consommions tout ça une bonne fois pour toute, cela règlerait cette histoire. Mais ouvrir la boîte de Pandore…. Sans savoir ce que l’on va trouver dedans. Déception, encore. Peut-être. Ou bien amour. Le plus dangereux. Si nos yeux se rejoignent et ne veulent plus se quitter… Comment faire. Voler en éclats. Briser des rêves. Briser des vies. Des cœurs. Les innocents pleureront et nous culpabiliserons. J’essaie de me raisonner mais je n’ai qu’une chose en tête, votre « Bonsoir ». Il m’obsède. Chaque soir il me serre le cœur mais aujourd’hui il fait couler mes yeux. Je le hais tellement. Je le hais parce qu’il me coupe de vous chaque fois.  Je le hais vraiment. Mais je l’aime aussi tellement. Parce qu’il est notre habitude. Notre routine. Parce ce qu’il est à nous. Je relis souvent nos échanges quand vous me manquez trop et quand il apparaît à la fin de nos discussions je souris tendrement. Parce que derrière il y a toujours un «Bonjour » et une nouvelle journée avec vous… 

     

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  • Cher Anerik,

     

    J’ai laissé passer ces derniers jours sans écrire une ligne. Trop occupée et ensuite trop fatiguée… J’ai même failli rater votre retour. Vous êtes arrivé à point pour me border, mes yeux se fermaient tous seuls. Je me suis réveillée le sourire aux lèvres ce matin, ravie de vous retrouver à nouveau, même si des choses se sont passées en votre absence... Plusieurs hommes sont venus à ma rencontre ces derniers temps et j'ai longtemps discuté avec l'un d'eux l’autre soir. Il est gentil. On a beaucoup parlé beaucoup de nous, de nos vies,  mais cela n’a rien à voir avec vous. Pas la même complicité. Et pas de sentiments, je le sens bien. D’un autre côté cela me rassure : ça me prouve bien que c’est vous qui me faites vibrer et non la situation. Comme si j’avais besoin de preuves….

    Ce soir je vais être occupée et on ne pourra pas se parler. J’ai rendez vous avec un homme que mes peintures intéressent.  C’est drôle, cette fois c’est moi qui suis indisponible. Pour une fois. J’aime croire que mon absence aura le même effet sur vous que la votre sur moi…. Si cela pouvait vous faire comprendre ce que je ressens… Mais cette absence sera de courte durée. Et comme le soir vous êtes occupé, il y a de fortes chances pour que cela ne change pas grand-chose de votre côté… Espoirs en vain. Je me sens tellement étrange aujourd’hui. Plus proche que jamais et en même temps l’immersion familiale de ces deux derniers jours m’a quasiment coupée de vous. J’ai l’impression que j’ai du mal à revenir. Sans doute parce que nous n’avons pas eu notre dose de conversation nocturne… J’espère vous retrouver ce soir après mon rendez-vous. Je ne sais pas encore quand je rentrerai et j’ai peur que vous soyez fatigué. Après il nous restera peu de temps avant que vous ne repartiez à nouveau alors…. Vivement ce soir. Que je vous rassure. Vous avez bien relevé la présence de ces autres hommes autour de moi. Vous dites ne pas être jaloux... Ou faites comme si. Vous me taquinez sûrement mais ça me fait sourire de penser que c’est vrai. Que ça vous fait quelque chose. Que vous m’interdiriez éventuellement de les voir. On s’est parlé bien peu depuis que vous êtes rentré….

    Hier a été une journée bien remplie, et nous n'avons eu que peu de temps pour nous. Ce n’est pas pour autant que vous sortez  de ma tête mais cet éloignement me fait du bien, sincèrement. Je ne crois pas que ma vie puisse continuer ainsi. A attendre une chose qui ne viendra jamais. A ne pas vouloir quitter ce que j’ai. A ne pas pouvoir vous faire quitter ce que vous avez. J’adore, et vous le savez, notre relation, mais c’est assez stérile tout de même non ? Je m’interroge. J’en ai mal au cœur mais je m’interroge. J’aimerais que les choses se tassent d’elles mêmes, que l’intensité de mes sentiments disparaisse peu à peu. Je ne suis pas lassée de vous bien sûr. Jamais. Mais cette situation ne mène clairement à rien.… 

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

    Hier soir il s’est passé quelque chose. Avec… Celui que je devais rencontrer au sujet de mes peintures. Je ne sais pas comment vous expliquer tout ça. D’un côté je crève de me confier à l’ami, de l’autre je suis perturbée par mes sentiments qui se mélangent. J’ai essayé de vous en dire le moins possible sur ma soirée d’hier pour ne pas que vous vous mépreniez, étant donné qu’il était difficile pour moi de vous expliquer en bref. Mais il va bien falloir que je vous le dise. Il va falloir que vous sachiez. J’ai tellement peur de vous  perdre….

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    ...Maintenant vous savez tout. Coup de théâtre. Coup de foudre. Si je m’attendais à cela en allant à ce rendez vous… Au moment où j’ai croisé ses yeux j’ai su. J’ai su que j’allais succomber. Une sorte d’évidence. Je vous écris à nouveau seulement aujourd'hui, j'ai eu besoin de digérer ce coup de fil où je vous ai tout dit, besoin de tenter d'y voir clair dans tout ça. Je commence à penser qu’avec vous j’ai peut-être un peu trop mélangé amitié sexuelle et amour. Pas vous. Vous saviez où vous en étiez. Mais j'ai remarqué tout de même que, pour la première fois depuis que vous vous absentez, vous m’avez envoyé des messages. Elle n'était pas là, certes, mais vous ne l'aviez jamais fait auparavant. Ce fut assez étrange, à un moment où je n'étais moi même pas disponible...

    Et puis j'ai aussi eu besoin de digérer ce qui m'est arrivé. Parce que cette fois je pense que je peux parler d'amour. Véritable. Je reviens donc sur ma rencontre avec Lui, j'ai tant besoin de vous en dire plus...

    Nous avons passé deux jours ensemble. Je n'ai pris aucun risque du côté de ma famille et si je l'ai fait c'est parce que je pouvais. Ce fut une parenthèse enchantée. Merveilleuse. Il m'apporte tout ce dont je ne manquais pas, curieusement. Nous avons tant de points communs que c'en est effrayant. Parfois j'en viens presque à me demander s’il n’a pas organisé tout ça après m'avoir espionnée pendant des années... Et malgré tout  je ne voudrais pas quitter ce que j'ai. Je n'ai aucune envie de partager un quotidien avec Lui. Nos escapades, s'il peut y en avoir d'autres, seront et devront rester magiques comme celle-ci l'a été.

     Notre complicité a été immédiate, et tout me paraît naturel avec Lui. Même le contact de sa peau. Comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Une impression de se reconnaître. Evidence. Bien-être. Trouble aussi beaucoup vous vous en doutez, c'est la première fois que je franchis le pas... Mais quand je suis avec Lui j'ai envie de tout lui donner. J'oublie tout le reste et ça me fait un bien fou. Il est intéressant, intelligent, touchant, et tellement généreux avec moi. Il me chérit à un point non pas inimaginable, mon mari est comme ça aussi. Juste... Autrement. Il est le double de lui quelque part. Le même en différent. Cette relation, malgré nos airs d'adolescents attardés quand on se retrouve, est tellement mâture. Adulte. Le fait que l'on soit des inconnus -ou presque- l'un pour l'autre désinhibe aussi beaucoup et fait tomber certaines barrières. Je prie chaque jour pour que ma vie reste ainsi : l'amour de ma famille au quotidien, et mes escapades enchantées de l'autre. Comme l'équilibre d'une balance.  J'ai eu un peu de mal bien sûr quand je suis rentrée chez moi. Un malaise, léger, mais qui à mon soulagement a disparu au fil des heures et a laissé place à mon envie de chérir mon mari à mon tour. De manière inattendue mon couple revit, si tant est qu'il en avait besoin. En tout cas cela ne va pas moins bien, au contraire, et c'est ce qui me pousse à me dire qu'il faut que je profite du bon temps qui m'est offert. La vie est courte. Croquons-la à pleines dents. Reste un fond de culpabilité.... Parce que l'escapade est fraîche. Mais la distance faisant qu'on ne pourra pas se voir souvent, ça m'aidera. Sûrement. Sans doute.

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    Milieu de nuit, je suis épuisée mais je ne dors pas. Alors je vous écris. Il n’y a qu’à vous que je peux écrire. Lui m’a demandé de le faire mais je n’ose pas… J’ai l’impression qu’il n’y a qu’à vous que je peux me confier. Pourtant j’aimerais lui dire comme il me manque…. Cette journée a été si mélancolique. Vous n’êtes pas rentré de votre voyage et je ne sais donc toujours pas l’impact qu’a cette histoire sur vous.  Je détesterais vous perdre.

    Toute seule devant mon écran, je relis mes conversations avec lui et je regarde ses photos. J’ai envie de me jeter dans ses bras. Qu’il me serre fort. Une vraie gamine.. A guetter ses messages, à vouloir l’appeler constamment… Et en même temps cette incroyable capacité à vivre ma vie normalement. Cela finit par me donner des idées… Dans un monde parallèle je pourrais avoir une double vie. Ma famille la semaine et Lui le week-end. Seulement des escapades magiques, des parenthèses enchantées. Ses baisers fougueux, ses mains sous ma jupe dans les escaliers. Ses bras puissants. Ses étreintes si tendres. J’ai envie d’aller partout avec Lui, de tout découvrir. Un vrai stéréotype. La renaissance de la ménagère en manque de frisson.

    Mais bien sûr pour moi ce n’est pas pareil. Ce n’est jamais pareil. On s’imagine toujours que les stéréotypes ce sont les autres. En attendant les envies sont là. Les constatations aussi. J’aime être avec Lui. J’aime tout ce que j’ai vécu. Les restaurants, les balades, les ruelles délicieuses plaquée contre un mur. Nos étreintes  debout qu'il aime tant. Les draps souillés. Ses bras à mon réveil. Son regard sur moi. Il dit que mes yeux lui parlent énormément mais les siens me disent tant de choses aussi… J’ai envie de tout savoir sur Lui. Il m’en a déjà dit, un peu, mais j’aimerais le connaitre par cœur. Combler ses envies, ses manques, ses désirs. Le rendre heureux. Il a été surpris par ma décision de rester avec Lui ce week-end et je le comprends. J’étais tellement affirmative sur la suite que je voulais donner à cet évènement… D’une part parce que je ne me sentais pas prête, il est vrai. D’autre part –et surtout- parce que je ne voulais pas que la découverte de nos corps se fasse à la va-vite. Je tenais déjà trop à Lui pour gâcher ça. Alors quand notre première vraie journée ensemble a commencé à se dérouler comme dans un rêve, j’ai voulu le prolonger. J’ai changé d’avis. Tellement en confiance, dans un premier temps. Détendue. Décomplexée. Entre parenthèses. Et en envisageant que ce rêve pouvait être prolongé, le contexte devenait idéal pour que nos peaux se trouvent. Enfin. Tendrement. Brutalement. Amoureusement. Car oui, il y a bien des sentiments là dedans… C’est ce qui me fait être aussi bien avec Lui. Ce qui me fait aimer son côté animal, bestial. Moi qui suis plutôt accro à la douceur. Je deviens une autre avec Lui. Comme avec vous, mais cette fois en vrai. Une autre moi endormie, dans un coin de mes entrailles, celle qui gère les papillons dans mon bide. 

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je n’ai toujours pas de nouvelles de vous. Votre voyage s’éternise en ce début de nouvelle année et vous me manquez. J’ai besoin de me confier à quelqu’un alors je continue à vous écrire… Même si c’est Lui qui occupe toutes mes pensées. Je ne cesse de me demander quand on pourrait se voir. Quand on pourra se voir. Je sens que de son côté il souhaite prendre un peu ses distances, on ne peut en effet pas être tout le temps ensemble…. Mais parfois l’apparente froideur de certains messages me fait douter. Et puis je l’ai au téléphone. Et je suis rassurée. J’aime tellement sa voix. Je cherche désespérément ce qui ne me plait pas chez Lui… Son absence peut-être. Pour l’instant c’est tout ce que je vois…

    Il m’a envoyé un courrier qui m’a fait un plaisir immense. Qui  m'a... rassurée. Parce que oui, j'ai besoin d'être rassurée et vous le savez bien vous. De savoir que ce que je ressens est partagé. J'ai souvent peur d'être trop présente, et encore je me retiens... Parfois je crains aussi qu’il n’ait pas autant envie de me parler que moi. J’ai peur de l'envahir. Parce que quand j'aime, je suis envahissante...  

    Ces petites vacances en famille m’ont fait un bien fou, et m'ont permis d'y voir clair -j'avoue que je suis restée un peu troublée par le week-end que j’ai passé avec Lui. J'ai beaucoup réfléchi à la situation. J'ai retrouvé ma place, complètement, et j'ai trouvé la sienne. Il emploie le mot amant et concrètement c'est bien de ça dont il s'agit, mais moi j’emploierais plutôt l'expression "mon autre amoureux". C'est pour ça que notre relation (si jeune qu'elle soit) est ainsi. Parce que j'ai de l'amour pour Lui, avec l'envie de lui faire partager. Et la tendresse qui va avec, je suis comme ça... Et oui, je sais que même quand il est bestial c'est avec tendresse. C'est ça aussi qui me plait. Il m'apporte tant de choses... Etre avec Lui est comme combler un vide qui n'existait pas. C'est assez troublant, et tellement délicieux parce que si inattendu... Et je crève de le retrouver. J'y pense, beaucoup, et cherche une solution confortable à tous les niveaux pour que nos yeux et nos corps se rejoignent dans la tranquillité. Il a un formidable pouvoir sur moi. Il a changé ma vie en quelque sorte et quoi qu'il arrive il restera quelqu'un qui a compté. J'espère garder ça au présent le plus longtemps possible...

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je ne peux m’empêcher de revenir sur notre discussion d’hier soir. Je ne suis tellement pas d'accord avec vous… Tromper mon mari seulement pour la bagatelle ne m'intéresse pas. Si j'étais avec Lui uniquement pour cela j’aurais trompé mon homme sans doute depuis longtemps. J'aime les étreintes, vous l’avez compris, et mon mari me satisfait entièrement. Je n'ai donc aucun intérêt à aller voir ailleurs si les queues sont meilleures. De plus, j'ai besoin d'aimer un minimum pour partager ces instants. Je me suis offerte à Lui parce que je l'ai tout de suite aimé, et pas l'inverse. Alors oui, c'est peut-être dangereux pour mon couple, mais seul le temps pourra nous le dire. Peut-on lutter contre ses sentiments ? Je ne crois pas. Pour l'instant les miens sont très stables et assez forts pour que je les écoute. Je suis aussi persuadée que, comme on aime plusieurs enfants, on peut aimer plusieurs hommes. Si la polygamie est aussi vieille que l'homme, ce n'est sans doute pas une coïncidence. C'est compliqué mais c'est possible. J'en suis là pour l'instant. Pour vivre ça bien j'ai bien sûr besoin de passer du temps avec ma famille, d'avoir mes moments privilégiés avec elle. Comme j'ai besoin d'avoir mes parenthèses avec Lui et sa présence quand il peut. J'ai aussi besoin de savoir où il se situe par rapport à moi, et qu’il me dise si les choses changent de son côté. La communication. Surtout. Et la tendresse, toujours, même avec brutalité.

     Cependant il me parle peu et je tente désespérément de décoder nos échanges. Je crois que je commence à le connaitre. A connaitre et comprendre certaines de ses attitudes. Son réflexe de retrait immédiat quand quelque chose le tracasse.... Hier il était inquiet à mon sujet, il ne voulait pas interférer dans mon couple et il s’est montré plus distant... Puis remis en confiance, il a été beaucoup plus ouvert ensuite. Pour se refermer à nouveau comme une huître ce soir, inquiet cette fois par rapport à nos sentiments. J'attends d'ailleurs qu’il m'explique tout ça. Qu’il essaie... Ces va et viens rythment mon humeur, avec ça parfois je vais et parfois je vais moins. J'aimerais tellement l'apaiser. Le libérer. Se faire envoler ses peurs et ses préoccupations... Il emploie souvent le verbe chérir, je n'ai jamais autant voulu l'employer qu'avec Lui... Qu’il me dise ses craintes. Ses doutes. Ses envies et ses espoirs. Je rêve d'apaiser les uns et de faire partie des autres... 

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  • Cher Anerik,

     

    Je sors d’un débriefing téléphonique indispensable avec Lui. Bénéfique et salvateur. Même si je reconnais que c’est plutôt dur. Dur parce que je suis bien chez moi et bien avec Lui. Comme je vous l’ai déjà dit je ne peux m’empêcher de penser à une double vie réelle, j’aimerais tant pouvoir exposer ça au grand jour. Partager mon bien être avec tous…. Y compris ma famille. J’ai envie de crier tout ça. 

    J’aimerais pouvoir lui expliquer cela. Mais j’ai peur qu’il s’inquiète... Le fait que j’extériorise tout, parfois même en exagérant, m’aide beaucoup à tempérer. A m’apaiser. Notre conversation, malgré son issue plutôt positive, m’a un peu remuée et j’ai besoin de le dire. J’ai besoin de dire que j’ai envie d’être la seule qui occupe son esprit, que je le bouleverse et suis la seule à le faire, qu’il décrocherait la lune pour moi. Il en fait déjà beaucoup vous savez… Mais je suis comme ça. L’exclusivité. La jalousie -tempérée. Alors j’espère qu’il comprendra que oui, notre conversation m’a un peu ébranlée. Et si je veux lui dire tout ça ce n’est pas pour qu’il croie que les choses changent de mon côté ou que je suis du genre à faire des scènes… Loin de là. C’est uniquement parce que je ne veux rien cacher, rien enterrer, rien enfouir. Pour ne pas que cela explose un jour comme un volcan. Je contrôle le flux d’émotions qui me traverse chaque jour de cette manière.

     Je suis passionnée, entière, impulsive, et chaque mot, chaque regard ou silence peu provoquer chez moi une euphorie intense comme une descente aux enfers vertigineuse. Je sais tout cela de moi et le gère ainsi. J’espère ne pas l’envahir trop avec mes mots, mes états d’âme et mes questionnements. J’avance dans la vie avec ces embûches, et j’ai besoin de les visualiser. De les comprendre. De les partager. J’en profite aussi pour dompter les mots, les phrases, et  vous faire partager tout ça… Etrange période que ma vie en ce moment…. Et ravie que vous soyez là. Parce qu’il y a des choses que je ne peux partager qu’avec vous. Même mes nouvelles amitiés ne m’apportent pas ça. Nos échanges, toujours si bien écrits.  Et malgré l’arrivé de mon nouvel amour, que vous soyez resté mon confident.

    Je suis heureuse et encore surprise de l’avoir rencontré et tellement honorée qu’il porte autant d’attention sur moi…. J’ai peur aussi bien sûr, de la tournure que pourrait prendre notre histoire. Peur de le perdre si nous nous éloignons, peur que l’on s’attache au point que cela doive bouleverser ma vie et changer tout. 

     J’ai peur mais j’avance quand même, en évitant d’y penser. Une des rares choses que je botte en touche. Pas par déni, mais simplement parce que quoi qu’il arrive on n’y pourra rien. Si l’un de nous -ou les deux- se détache de l’autre on ne pourra pas lutter. Et si nos sentiments grandissent et nous amènent à changer de vie et partir ensemble, on n’y pourra rien non plus. Alors vivons le moment présent et profitons. La vie est courte.  

     

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  • Cher Anerik,

     

    Voilà maintenant qu’il s’excuse. Lui. Alors qu’au début de notre rencontre il a été le premier à tenter de freiner notre relation, ne voulant pas me détourner de ma vie familiale… J’ai essayé de le rassurer et je pense y être arrivée. Il m’a donné sa vision de notre relation, vision qui me va très bien. Nous avons conscience que nous nageons en eaux troubles mais cette situation nous sied pour l’instant. Moi je lui ai rappelé ma nouvelle vision de la fidélité, qui d’après moi réside essentiellement dans l’amour. Et rester amoureuse d’un homme en en aimant un autre en est, je pense, une certaine forme. Et il m’a enfin ouvert son cœur. Il a trouvé et accepté sa place. Il sera mon amoureux, ma parenthèse, mon petit plus dans ma vie parfaite. Ces moments qui n’appartiendront qu’à nous, dont je ne pourrai parler à personne… Sauf à vous, toujours. Ma soupape. Car cela reste difficile. Je me bats tous les jours pour garder cet équilibre et parfois les forces, les armes me manquent. J’ai hâte de le retrouver bientôt et de m’oublier dans ses yeux…

     

    Nos coups de fils se font plus fréquents, à mon grand bonheur. Nous profitons de chaque minute qui nous est offerte. Il tremble pour moi quand je vole ces minutes pour que nos voix se rejoignent, mais le risque est faible et le plaisir si grand de pouvoir l’entendre… J’espère pouvoir continuer à gérer cela ainsi. J’espère ne pas me laisser submerger par mon envie d’être avec Lui, qui je le sens bien commence à grignoter chaque parcelle de ma peau. Pour vous dire la vérité, cher ami, je me sens vaciller. 

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je ne sais ce qui m’arrive ce soir… Je suis toute en mélancolie. Tout en besoin de tendresse. Pourtant je n’en manque pas… Ou plutôt si, je manque de la sienne. Je ne cesse de repenser à notre prochain rendez vous et je languis tant. Je l’ai connu bestial et ce soir je le veux tendre et doux. Ses yeux me manquent, parce que même bestial ils restent tendres. Toujours. Je le sais. Je le sais parce que je le regarde pendant qu’il me donne du plaisir. Plaisir que l’on s’est donné ensemble à distance ce soir, n’en pouvant plus d’attendre… J’ai aimé Lui donner les mots qui l’ont conduit à la jouissance. J’ai adoré que les siens guident ma main, égarée vers mon entrejambe. Mes doigts, piètre contrepartie des siens absents, l’ont remplacé l’espace de quelques minutes délicieuses et intenses. Je termine ma soirée toujours en manque de Lui, mais le sourire aux lèvres d’avoir partagé ce moment privilégié.

     Je crois qu’il est en train de prendre une vraie place dans ma vie.  Je vous ai déjà dit que je me sentais vaciller, oui, l’équilibre est très dur à conserver. Je commence à trouver ma vie chez moi un peu fade. J’ai peur de perdre mon amour pour ma famille… Et la culpabilité commence à prendre le dessus. Je ne regarde plus mon mari de la même manière, j’ai peur qu’i commence à se douter de quelque chose, je suis tout le temps sur la défensive. Cette situation devient… invivable. Après nos vacances j’ai cru que j’arriverai à vivre pleinement et à gérer cet équilibre, mais aujourd’hui le doute m’envahit. Le doute et l’envie de fuir.

     

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  • Cher Anerik,

     

     Le doute m’envahit. Je le trouve à nouveau un peu distant et cela m’effraie. Je suis angoissée et comme toujours je me renferme sur moi-même. Mon homme s’interroge et je prétexte le stress de mon travail mais je ne suis pas fière de mentir tout le temps ainsi. J’avance à tâtons. Ma vie est un brouillard dont la seule lueur me semblait être Lui et depuis ce matin il m’échappe. Je n’aime pas quand il a cet air froid. J’ai peur qu’il n’ait plus autant envie que moi de s’investir dans cette histoire. Entendre sa voix m’aiderait sans doute à relativiser, mais nous évitons quand je ne suis pas seule. Trop dangereux. Il n’aime tellement pas quand je prends des risques… Son côté à la fois protecteur et donneur de leçons. Je bascule dans l’enfance dans ces moments là. Prise la main dans le sac de bonbons.

    Je vous imagine sourire à la lecture de cette expression… J’essaie de formuler ça avec humour en effet mais je n’en mène pas large. Je suis fébrile. A fleur de peau. Les questionnements, les incertitudes envahissent mon esprit. J’ai récemment prétexté un déplacement professionnel pour passer plusieurs jours avec Lui. Le mensonge a été accepté sans aucun doute visible, mais il m’a fallu quelques temps pour m’en remettre. J’en ressens encore une culpabilité sans borne et à la fois je ne peux rien y faire… C’est plus fort que moi. Je pense à Lui chaque minute de mes journées, chaque seconde de mes nuits. Mon esprit m’abandonne et je ne fais rien pour le retenir. Je perds le sourire au quotidien, ne le retrouve que quand je suis en contact avec Lui. Je n’ai plus envie d’être avec ma famille, que j’aime pourtant d’un amour incommensurable. Contradiction. Chaque  jour qui passe je me fais violence pour ne pas m’enfuir. Je déplore cette situation à un point tel que je n’ose plus parler à personne… Je me retranche sur moi-même et n’oublie tout cela que lors de mes escapades avec Lui. Que je n’arrive plus à vivre pleinement, d’ailleurs, tant la culpabilité me ronge...

    Aujourd’hui j’ai eu besoin de partir, de me retrouver seule. Je leur ai menti. A ma famille, ce n’est pas la première fois, mais à LUI aussi. Pour ne pas qu’il me dérange. Pour tenter de réfléchir et de voir clair dans tout ça.  Le résultat n’est pas très concluant, cette coupure m’ayant torturée au point que j’ai eu besoin de l’appeler. J’ai retenu mes larmes,  ai hésité avant de rentrer chez moi. Hésité. Prête à courir le rejoindre. Sachant très bien, au fond de moi, que partir avec Lui n’est pas ce que je veux. Ce déchirement me tue. Je sais que j’ai franchi les limites et je m’en veux. Je ne sais plus quoi faire. La situation est irréversible et une décision ferait souffrir tant de monde, moi la première... Mais je ne supporte plus ce que je vis. Déchirée entre deux amours. Partagée entre deux vies. Choisir l’une ou l’autre. Perdre une partie de moi au passage. Aidez moi.

     

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  • Cher Anerik,

     

     

    Votre réponse à mon courrier d’hier ne m’aide pas. Est-ce donc tout ce que vous avez à me répondre… Choisir la solution la plus sage ? Je la connais cette solution. Bien sûr. Me ranger du côté de ma famille, oublier tout cela et continuer ma vie comme si de rien n’était. Vous vous moquez dites-moi... L’oublier, Lui ? Je ne peux rien oublier. Ni Lui, ni ma famille, ni vous. Ni les papillons qui me lacèrent les entrailles. Hémorragie interne. Je me vide de mon sang à l’intérieur et me noie dedans. Ultime désespoir. Car je n’ai PAS de solution. Je ne sais comment me sortir de tout cela sans dégâts. Je sais que j’en ai déjà fait. Ma famille s’interroge et s’inquiète de mon état, que j’ai de plus en plus de mal à cacher. Incompréhension totale. Lui est définitivement amoureux et ne peut plus se passer de moi. Il me fait prendre des risques m’appelle sans prévenir souvent et je commence à lui en vouloir. J’en veux aussi à ma famille de me choyer ainsi alors que je ne le mérite plus. Si j’ai pu le mériter un jour. Je vous en veux à vous de ne pas m’aider plus. Je m’en veux tellement à moi d’être sur le point de gâcher des vies. D’exister. Je suis aujourd’hui partagée entre la colère et la détresse,  les larmes et les hurlements, la vie et la mort. Je suis brisée. 

     

    To Be Continued...

     

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    Chère Mlle Butterfly,

     

    Voici trop de jours que je suis sans nouvelle de vous. Peu inquiet, j’ai d’abord pensé que vous me boudiez mais mon cœur s’est affolé en lisant les nouvelles. Le journal de ce matin m’apprend que l’on a retrouvé le corps d’une inconnue dans la Seine…. Dites moi que ce n’est pas vous. Ca ne peut être vous. Répondez-moi. Je vous en supplie.

     

    Anerik

     

     

     

    THE END

     

     

     


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  • Cher Anerik,

    Je ne sais comment vous expliquer tout cela. J’espère que vous comprendrez mon geste, j’espère que vous comprendrez à quel point il m’a fallu partir et tout laisser derrière moi. Vous êtes le premier à qui je m’adresse, même ma famille ne sait pas encore que je suis revenue. Que je suis… Vivante. Ces deux années et demie ont été une parenthèse nécessaire, douloureuse et pleine de surprises. Je ne sais encore comment faire pour contacter mes proches, mon fils me manque tant si vous saviez… Ce fut un déchirement de le quitter ainsi et de ne pas me manifester. Parfois je rêve de reprendre ma place comme si de rien n’était, mais je sais que ce sera difficile. J’ai brisé leurs vies. Je ne m’en veux plus, j’ai fait le deuil de tout cela et maintenant l’envie de retrouver mon quotidien et les amours de ma vie est plus forte que tout. J’espère seulement qu’ils auront la force et la mansuétude d’accepter mon retour parmi eux.

    C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’adresse à vous en premier. Je sais que vous avez été en contact avec eux. Je sais que vous avez su trouver les mots pour les aider, pour accompagner leur peine. J’aimerais  que vous puissiez maintenant trouver les mots pour annoncer mon retour, je sais que je vous demande beaucoup mais je suis si effrayée à l’idée de me manifester… Je préfèrerais savoir ce qu’ils ressentent, et qu’ils sachent à quel point je les aime.  J’espère pouvoir compter sur vous. Vous qui me connaissez si bien, et qui m’avez comprise tant de fois.

    J’ai conscience que tout ceci et très difficile et que rien n’est gagné, je comprendrais vos réticences mais vous serai tellement reconnaissante si vous acceptiez…

     

    Bettina

     

     

    Dumtown, W.A., 15 juillet 2006

     

    Chère Bettina,

    Quel choc en lisant votre courrier ! Je découvre que vous êtes en vie en même temps que votre prénom… Deux cadeaux qui me font sourire à nouveau. Nous n'avons jamais eu la certitude de votre disparition mais j’ai toujours espéré et … ai eu raison. Je ne me permettrai pas de juger votre geste, je me contenterai d’être heureux que vous soyez vivante. Je  n’arrive pas à croire que cela soit vrai, j’ai l’impression étrange de m’adresser à un fantôme…

    Je n’ai pas de bonnes nouvelles pour vous malheureusement. Votre famille s’est exilée et a fait le choix de ne pas m’indiquer le lieu où elle se trouve. Je n’ai donc aucun moyen de les informer de votre retour, et aucune information à vous proposer. Je vois que vous avez su garder un œil sur moi pendant votre absence, j’espère que vous saurez trouver les moyens de vous rapprocher d’eux.

    Vous devez savoir que de mon côté les choses ont changé, je suis seul à présent. Je ne regrette rien, excepté votre absence qui me pèse chaque jour un peu plus…  J’ai maintenant la certitude que nous nous rencontrerons, le plus tôt possible j’espère, je… t’attends dans ma vie. Enfin.

     

     

    Dans le cadre d'un jeu de la #TeamEcriture, le thème était une correspondance. Une trop belle occasion de faire revenir Mlle Butterfly...

    Pour suivre l'intégralité des correspondances : http://lafraise.eklablog.com/mlle-butterfly-c24555504Anerik


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