• Paris, 16 Novembre 2003 - Les Retrouvailles (7)

    Cher Anerik,

    Nos retrouvailles hier ont été beaucoup plus intenses que prévu. Bouffée d’émotions trop violente pour être contrôlée. Une seule idée en tête : être avec vous. Comme c’est impossible, alors entendre votre voix. A tout prix. Parce que nos peaux ne peuvent se toucher, qu’au moins nos voix se rejoignent. Hésitation. Honte car il me faut me cacher pour ne pas qu’on m’entende -dans l’éventualité où cet échange vocal aurait lieu. Et puis la raison l’emporte, tard mais elle l’emporte. Je m’endors en relisant vos mots, mes yeux sont presque humides. Je meurs de vous.

    Ma nuit fut difficile et mon matin mélancolique. J’ai peur de vous avoir effrayé avec ma détresse, avec mon manque de vous. J’attends votre premier message avec impatience et comme de par hasard il se fait attendre… Mais je suis assez vite rassurée quand nos échanges reprennent normalement. On ne se quitte pas de la journée, à nouveau. Vous vous amusez encore à me taquiner, à me dire des choses qui me font vibrer de plaisir et… Changer de petite culotte. Pour bien finir la journée le sourire aux lèvres -oui je sais ce que vous pensez là tout de suite. Je vous entends le dire, je lis vos mots dans ma tête. Vous n’êtes qu’un obsédé.

    Et puis voilà que le soir arrive, trop vite, avec ce long moment, trop long, où vous m’abandonnez pour aller la retrouver. Je sais que je ne peux pas lutter. Je reste silencieuse, je n’aurais certainement pas l’irrévérence de vous déranger pendant ces instants qui vous sont si intimes. Je vis ma vie de mon côté aussi pendant ce temps, vous savez bien. Cette vie que je chéris par-dessus tout mais qui ne m’empêche pas de guetter un signe de vous. La nuit envahit la maison, le silence se fait plus présent, mon autre à moi vaque à ses occupations dans une autre pièce. Et moi j’écris. Je tape. Je consigne. Je ravive. J’accouche. Je ne peux m’empêcher de penser au vide que cela me ferait si tout ça s’arrêtait. Je chasse cette idée de mon esprit au moment où vous revenez dans mes messages, déclenchant un sourire à peine retenu.

    Et soudain les mots qui font mal. LE mot. Amie. Nous sommes donc des amis. Oui, si vous l’entendez de cette manière. Si c’est tout ce que je peux obtenir de vous alors oui, soyons amis. Je m’efforcerai de ne pas croire autre chose. De ne pas continuer à espérer que cela pourrait être différent. Quelle idiote je fais. Mon cœur s’emballe, mes tripes valsent et vous, vous souriez. Vous me racontez les vôtres qui valsent aussi en lisant mes mots ou en entendant ma voix, alors j’imagine que oui, les choses pourraient changer… Et la redescente est plutôt brutale.  Je digère cette information en me raccrochant à la suite de votre phrase, qui me précise que notre amitié est toutefois un peu plus que ça. Le plus. Cet autre mot auquel je m’accroche comme si ma vie en dépendait. Qui empêche les larmes de se répandre sur mon visage et d’inonder mes joues que vous dites tant aimer.

    Mais  je m’efforce de mettre ça de côté, parce qu’aujourd’hui vous n’allez pas bien. Et que vous avez besoin de cette fameuse amie. Je vous lis me raconter ce qui ne va pas, mes yeux s’embuent et mon cœur se serre. Vous êtes si loin… J’aimerais pouvoir vous serrer dans mes bras, vous apporter tout le réconfort possible mais je suis coincée là, impuissante. Je n’arrive pas à envisager la possibilité que quelqu’un vous fasse du mal et ça me met dans une rage folle. Le besoin de vous parler devient si violent que je ne déguise même plus mes appels du pied. Je tremble, de froid peut-être parce que je me suis isolée sur mon balcon, d’émotion sans doute je préfère croire. Je fixe mon téléphone comme si j’avais le pouvoir de le faire sonner. Et soudain, vous le faites. Votre nom s’affiche sur l’écran et je suis à un glissement de doigt d’entendre votre voix. A nouveau. Enfin. Je réponds à votre appel à titre d’amie, c’est en tout cas ce que je m’oblige à faire, mais vous entendre me raconter ce que vous endurez me fait oublier peu à peu que vous n’êtes pas mien. Que je ne peux pas vous réconforter comme je voudrais. On n’oublie pas les blagues, on rigole bien quand même, vous faites le trublion au bout du fil mais je sais que c’est pour dissimuler votre détresse. Mon cœur s’emballe, mes mots aussi, et en raccrochant je ne peux m’empêcher de glisser un « je t’aime ». Pour la première fois de vive voix. Je raccroche en tremblant.

     

    Vos mots qui suivent cet échange sont émouvants, vous me parlez de vos tripes qui ont fait des loopings, vous qui vouliez vous amuser à en faire faire aux miennes avec ce coup de fil… Je me couche apaisée, curieusement. Sentir que je peux vous bouleverser autant que vous me bouleversez  parfois doit me rassurer.

     

    To Be Continued

     

    Pour suivre l'intégralité des correspondances : http://lafraise.eklablog.com/mlle-butterfly-c24555504

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