• Entre Mes Mains [En cours]

    "Entre mes mains tu disparais

    Je garde là ton doux chagrin

    Entre mes mains tu disparais

    Je reste là je ne dis rien"

    Joseph D'Anvers

     

  • Casting du télé-crochet  Star Me Up – Paris –  Octobre 2012

     

      

    Salle d’audition surchauffée, brouhaha et trac. Mains moites et rouge à lèvres qui suinte. Elle espère au moins échapper aux auréoles sous les bras. Allez, quoi, de toute façon elle s’en fout, elle fait ça juste pour voir.

    Elle a appris seulement en arrivant la composition du jury et n’en revient toujours pas. Que des pointures.

    Cette année la production a clairement pris le parti de l’exigence, laissant de côté l’aspect people du programme. Il y a Vincent Chemay, producteur et dirigeant d’un label de financement participatif ; Pierre Ferré, petit-fils de Léo Ferré et auteur-compositeur, et Sophie Lebon -la seule femme-, professeur de chant à la renommée internationale.

    Mais surtout, surtout, Simon Dallen. Poète et pilier de la scène musicale underground, pas vraiment coutumier des grosses machines médiatiques. Surprenant de le retrouver ici. Elle a grandit avec lui depuis son adolescence et le trouver là  ne fait qu’accroitre  son trac.

    Elle se présente. Commence à chanter. Putain c’est dingue ce que c’est impressionnant.

    Elle doute rapidement, ne sait pas quoi penser de ce qu’elle est en train de faire, désastre ou triomphe, elle n’en sait rien. Elle est paralysée.

    A la fin du premier refrain elle s’arrête et rouvre les yeux, son cœur va exploser. Tout va très vite. Ils sont trois sur quatre à vouloir qu’elle passe à l’étape suivante, lui tendent le papier, elle a  du mal à croire ce qui lui arrive. Joie. Elle balbutie  quelques remerciements en partant, tremblante, elle se dit que tout ça est absurde…

    La peur mélangée à l’excitation la feraient presque trébucher mais ok, allons-y alors, en avant la télé. La vie est courte.

      

    *

     

    Le lendemain Nina réalise à peine où elle était la veille. Elle repense à tout ça et a la naïveté d’espérer que tout se passera bien.

    Stan, au bout du fil, est perplexe. Elle n’avait mis personne au courant. Même pas lui, son meilleur ami.

    « T’es folle. C’est un plan pour pécho Simon, ou quoi ?!

    -Pfff, t’es con. Non, je sais pas, ça m’a pris comme ça. Ecoute, on verra bien où ça me mène, hein. J’ai aucune attente, aucune prétention. »

    Ils décident de dîner ensemble le surlendemain, en attendant il faut qu’elle s’occupe du bouclage de son expo, il lui manque au moins cinq toiles et en ce moment on ne peut pas dire qu’elle soit très inspirée. La moitié de ses pinceaux sont secs et inutilisables. Il faut qu’elle pense à en racheter, se dit qu’elle ira plus tard.

    Elle jette un œil par la fenêtre et aperçoit un morceau de ciel bleu, tiens, il a mis du temps celui-là. Son bras lui fait mal aujourd’hui. Elle ne sait plus vraiment où elle va dans cette putain de vie, ses bagages sont trop lourds parfois. Elle met de la musique et se décide à ranger un peu cet appart bordélique, à défaut de pouvoir ranger dans sa tête.

    Digérer un passé douloureux. Lui devoir ce qu’elle est maintenant. Gérer les angoisses imprévues. Une lutte constante avec elle-même qui ne finira jamais, pense-t-elle. Mais elle est assez fière de ce qu’elle est devenue, de comment elle s’est sortie de tout ça, alors finalement… Elle essaie de vivre avec.

    De cette époque elle n’a gardé que Stan. Un jour elle a tout jeté, pour mieux recommencer. Ils sont partis bras dessus-bras dessous s’installer à Paris, loin de tout et de tous. Des gens en ont sûrement été blessés, elle n’a pas voulu s’en faire pour ça. Très égoïstement elle a fait passer son bien-être avant tout le reste.

    Stan lui, ce n’est pas pareil ; c’est son jumeau, son âme sœur, sa vie. Son père, son fils, tout à la fois parfois. Elle se demande souvent s’il en aurait été de même s’il avait été hétéro. Ils auraient probablement commencé par baiser, bien sûr, et ça aurait tout gâché, inévitablement. 

     

    A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains

     

     


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  • La deuxième journée d’auditions se termine. Ils ont eu des merdes, mais dans l’ensemble ils sont  assez satisfaits. Paris est une ville pleine de ressources.      

    « Faudra quand même dire à la prod qu’elle arrête de nous envoyer autant de casseroles, y’a vraiment des fois c’est pas possible ! » lance Simon à la cantonade, un brin énervé.

    Vincent, en bon producteur qu’il est, tente de lui expliquer que c’est ça qui fait le show et que les gens en redemandent. Simon a beaucoup de mal avec cette idée. Il a bien conscience que c’est complètement contradictoire avec sa présence dans le programme, mais il aime vraiment aller à la rencontre de la création, des nouveaux talents, c’est absolument passionnant. En plus du fait qu’ils soient grassement payés, bien sûr, il ne va pas cracher là-dessus. Il n’a pas les moyens de cracher là-dessus.

    En prime, une des candidates a piqué sa curiosité, aujourd’hui. Il a bien aimé sa reprise décalée de Lithium. Décalée et émouvante. Mais il s’interroge sur sa participation à l’émission, n’est pas sûr qu’elle y soit à sa place. Il espère qu’elle va rester vigilante. Il pense au morceau qu’il  traîne depuis des lustres, se dit que sa voix irait plutôt bien dessus. Il récupère ses affaires, salue tout le monde et décline le resto collectif quotidien, pas ce soir, non. Il part retrouver ses machines et sa guitare, en pleine inspiration, il aime ces moments qui le rendent fébrile.

    Une fois dehors l’air frais lui fait du bien, s’il s’écoutait il enlèverait son casque mais il y a des flics à chaque coin de rue. La nouvelle politique municipale. Big Brother s’était déjà bien installé mais cela ne leur a pas suffit. Les lois se sont durcies, et l’intransigeance règne.

    Il évite deux ou trois portières de bagnoles qui s’ouvrent brusquement à son arrivée, qu’est-ce que les gens peuvent être cons alors. Pour ce genre de choses, par contre, les flics restent curieusement à distance.

    Tout ça ne l’empêche pas de garder Nina dans un coin de sa tête, sa voix est en train d’emménager  dans sa musique.

    En arrivant chez lui il cherche un peu d’herbe pour se rouler un joint mais en vain. Il met de l’eau à bouillir pour se faire cuire des pâtes et se sert un whisky-Coca pour compenser.

    Au petit matin il accouche de quatre nouveaux morceaux, il ne s’est jamais senti aussi vivant.

     

    *

     

    Quand il arrive au Palais Brongniart le lundi, tout le monde est déjà là. Il s’excuse de son retard, file se changer. En retournant à la salle d’audition, il croise Nina et son rythme cardiaque s’accélère malgré lui.

    « Salut… Je pourrais te parler, si t’as un moment ?

    -Ca va être chaud, là, je suis déjà à la bourre… Tu serais dispo en fin de journée plutôt ?

    -Oui, pas de souci. Vous finissez tard ?

    -Ca dépend, en tout cas on essaie au moins de manger à des heures correctes…

    -Bon ok. Je repasse vers vingt heures, je t’attendrai dans le hall.

    -Ca marche. A ce soir alors.»

    Il la regarde s’éloigner, rejoint les autres avant  de craquer et de la suivre.

    Il suit de loin les auditions de la matinée. Perdu dans ses pensées. Se demandant ce que Nina veut lui dire. Les heures s’écoulent péniblement, les candidats sont médiocres, il ne peut s’empêcher de gigoter sur sa chaise, et devient de plus en plus désagréable dans ses propos. Ses camarades le regardent d’un drôle d’œil et il finit par réclamer une pause devenue indispensable.

    Il retourne dans le hall un peu fébrile, se prend un café et sort fumer une cigarette. Encore quelques heures avant de la revoir.

    Il a dix-sept ans à nouveau, des boutons sur la gueule. Sa respiration est saccadée et son cœur palpite.

     

    Il se dit qu’elle le met dans un drôle d’état, quand même.

     

    A suivre...

    La chanson de l'épisode : Nirvana - Lithium

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • « Je suis absolument d’accord avec toi. C’est dommage pour l’émission, mais je suis absolument d’accord avec ta décision. »

    Elle vient d’annoncer à Simon qu’elle quittait le programme. Ce n’est pas comme ça qu’elle veut faire de la musique. Elle a besoin de commencer petit, elle n’a pas les épaules pour ce genre de grosse mécanique.

    Il commence à lui expliquer les défauts du show, qu’en effet il a vite trouvé qu’elle n’y serait pas à sa place mais  elle ne l’écoute qu’à moitié. Les yeux rivés sur son visage qu’elle se met à détailler.

    Elle l’a toujours trouvé beau. Comme une groupie, d’abord ado fascinée par le personnage, puis adulte passionnée par son travail. Et maintenant elle est face à lui, face à son front qu’elle trouve immense, sa barbe qu’elle aurait bien envie d’aller caresser et ses yeux gris clair qu’elle trouve d’une beauté assourdissante.

    Elle récupère le fil de la discussion quand il commence à lui proposer de travailler avec lui, il aime sa voix, pense que ça collerait bien avec ses nouveaux morceaux. Il voudrait en parler tranquillement autour d’un verre et finit  par l’inviter au restaurant le lendemain soir. Nina accepte machinalement, un peu abasourdie par ce qui arrive. Bredouille un au revoir et le quitte pour aller retrouver Stan à la Maroquinerie.

     

    *

     

    « T’avais raison, c’est vachement bien…

    -Ah ! Tu vois, je savais que ça allait te plaire ! »

    Nina a trainé  Stan un peu malgré lui au concert de Chokebore. Il ne connaissait pas, juste la voix du chanteur sur un morceau en duo avec Joseph d’Anvers.

    «C’est mélancolique  et habité,  le chanteur est tout maigre, pile poil à mon goût. »

    Elle sourit et ils se dirigent vers le bar, commandent deux Despérados et vont s’asseoir sur la terrasse. Deux tables plus loin sont assis Arman Méliès et Julien Doré, c’est ça qu’elle aime à Paris, croiser les artistes à l’improviste.

    Elle lui raconte sa journée et lui fait part de sa décision quant à l’émission. Il n’essaie même pas de la convaincre, il sait que c’est inutile.

    « C’est vrai que c’est pas ton truc, mais ça restait une opportunité… Tu vas pas le regretter ?

    -Non. D’une part je peux retenter plus tard, et d’autre part… »

    Nina laisse un peu de suspense mais commence à sourire malgré elle, l’excitation au bord des lèvres.

    « Quoi ?

    -Simon veut qu’on bosse ensemble. Il m’invite au resto demain soir pour en parler. »

    Elle en a les larmes aux yeux, lui en reste bouche bée.

    « Ben tu pouvais pas espérer mieux, finalement, non ? T’aurais voulu le faire exprès…

    -Tu m’étonnes… Je ne sais pas ce que ça va donner, il a l’air très inspiré, on verra bien.

    -Vous allez finir par faire la couv’ de Closer : « En couple à la ville comme à la scène…»

    -Arrête, j’ai pas l’intention de finir avec lui…

    -Mmm, c’est ça. Me dis pas qu’il ne te plait pas !

    -Si, bien sûr, tu rigoles… »

     

    Malgré ses réticences à replonger dans une histoire d’amour, elle ne peut s’empêcher d’avoir envie de sourire. Stan l’a bien vu et la taquine. Comme à son habitude.

     

    A suivre...

     

    La musique de l'épisode : Chokebore

                                                    A découvrir :  A taste for bitters

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Au fond de lui il n’est pas vraiment sûr d’être là pour les bonnes raisons. Il l’observe depuis un moment et n’a qu’une envie, celle d’aller coller son nez dans ses cheveux. Il la veut. Au-delà de la simple excitation sexuelle. Il la connait à peine et  jurerait qu’il en est amoureux fou. Il est à deux doigts de la prendre dans ses bras et de la câliner comme une enfant, là, en plein milieu du resto.

    Nina s’arrête de parler et le fixe un instant avant de lui demander si ça va.

    « Oui. Pourquoi ?

    -Je sais pas, t'es bizarre.

    -Non, je… Non. »

    Et puis merde. Qu’est-ce qu’il a à perdre, à la fin ?

    « J’ai pas très envie qu’on reste là, en fait. Tu veux bien qu’on aille chez moi ?

    -Heu… Je sais pas, je… Tu as des trucs à me faire écouter ?

    -Je ne pensais pas vraiment à ça, à vrai dire. »

    Ils se fixent un instant sans rien dire. Il n’y a même pas de malaise, juste un long silence.

    Simon se lève, attrape Nina par la main, ne lui laisse pas le temps de protester. Une fois dans la voiture il ne tient plus. Il la prend dans ses bras et la serre contre lui. Elle est à lui pour toujours, pour deux secondes, un peu. Ils restent un moment comme ça, elle ne bouge pas. Mais il sent bien qu’elle n’est pas absolument d’accord avec son geste.

    « Allez, je te ramène, c’est mieux comme ça.

    -Ecoute, je suis touchée, flattée même que tu t’intéresses à moi sous cet angle, mais…

    -Mais c’est pas réciproque, j’ai bien compris.                                    

    -On va dire ça comme ça. C’est un peu plus compliqué en réalité, je… J’ai pas envie de t’expliquer. Je pensais qu’on allait parler boulot, enfin musique, quoi. Tu veux vraiment bosser avec moi, ou tu m’as monté un bateau juste pour me sauter ?! »

    Elle n’a pas sa langue dans sa poche. Il voudrait qu’elle disparaisse, ne plus y penser, et en même temps la couvrir de fleurs et l’asseoir sur un trône doré. Sans déconner.

    « Non, je suis pas comme ça, vraiment. Je crois que le mieux c’est d’oublier ce malentendu, et de repartir à zéro. J’ai deux ou trois morceaux que j’aimerais vraiment te faire écouter, oui, si ça te dit toujours on y va. »

    Nina regarde droit devant elle, il la sent hésitante mais elle acquiesce d’un hochement de tête, sans rien dire. Il démarre et  trace en direction de chez lui. Elle ne décroche pas un mot de tout le trajet.

    *

    « Fais pas attention au bordel…

    -Oh, ça va, c’est pas rangé mais au moins c’est propre ! 

    -Ca a l’air, comme ça, en surface, mais regarde pas les meubles de trop près s'il te plait… »

    Son sourire. Qu’est-ce qu’elle est jolie, putain.

    «Tiens, assieds-toi, on va se boire un truc avant  manger, je dois avoir des pâtes. A moins que tu préfères qu’on commande des pizzas ?

    -Non, des pâtes ça m’ira très bien. Je peux t’aider, tu veux que je fasse une sauce ? »

    Il ne va pas avoir la force.

    Il a envie de l’épouser et d’acheter une maison de campagne avec un chien et des lapins.

    Il a envie de fermer la porte à clé et de rester là avec elle jusqu’à quatre-vingt douze ans.

    Il a envie de tout sauf de la laisser partir.

    « On va se débrouiller, t'inquiètes. Qu’est-ce que tu veux boire ?

    -Je sais pas, tu as de la vodka ? Avec un jus ? »

    Simon leur sert deux vodkas pamplemousse et allume son ordinateur.

    « Bon, je te préviens, tu vas être surprise. Les nouveaux morceaux sont assez différents des précédents albums. Je ne sais pas si c’est l’âge ou la tendance actuelle, mais je suis parti dans les sons électros, genre années quatre-vingt… »

    Il envoie un premier extrait, presque tremblant, et l’observe. Elle s’allume une cigarette en balançant la tête au rythme de la musique, il reste hypnotisé par la trace de son rouge à lèvre sur le filtre.

    Le morceau se termine, Nina écrase sa clope en prenant une grande respiration avant de parler. Simon est suspendu à ses lèvres.

    « J’aime beaucoup. C’est différent, en effet. C’est assez proche de ce que j’aimerais faire, en tout cas. J’espère juste que je serai à la hauteur…

    -T’inquiète pas pour ça, j’ai confiance. 

    -J’ai aussi pas mal de boulot en ce moment. J’ai une expo la semaine prochaine à Moscou, il me manque  encore quelques tableaux. Je suis vraiment dans le jus.

    -Tu peins ou tu organise ?

    -Je peins. En fait à la base je suis peintre, la musique c’est venu après…

    -J’ai le droit de voir ce que tu fais, ou il faudra que j’aille à Moscou ?! »

    Le visage de Nina s’éclaire et un sourire à tout casser s’étale sur son visage. Il veut l’épouser.

    «  Bien sûr que je peux te montrer ! Ca me touche, d’ailleurs, que tu t’intéresses à ce que je fais.

    -J’imagine que je suis pas le seul, si tu fais des expos jusqu’en Russie…

    -C’est un coup de bol, en fait. Une opportunité extraordinaire. J’espère vraiment que ça va marcher, j’ai besoin que ma vie bouge un peu. »

    Son regard change légèrement, sa voix se brise furtivement. Elle semble accablée l’espace d’un instant. Il plonge dans ses yeux en lui tendant le briquet pour allumer une nouvelle cigarette, se demande ce que cache cette défaillance. Nina le remercie d’un sourire un peu forcé, et change de sujet en revenant sur les morceaux qu’ils viennent d’écouter.  

     

    La soirée se termine simplement, il se fait violence pour paraître calme et détendu. Il la raccompagne chez elle et la quitte rapidement.

     

    A suivre...

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Elle écoute en boucle les morceaux de Simon depuis le matin. Elle les a rapidement intégrés, ils ont l’air de sortir tout droit de ses entrailles. C’est la différence avec ses albums précédents. Maintenant il ne lui prend plus les tripes, il est ses tripes.

    Il lui a laissé quelques textes, aimerait qu’elle fasse le tri. Elle voudrait éviter de s’éparpiller, il faut à tout prix qu’elle finisse ses toiles mais n’arrive pas à quitter les mots de Simon. Des images se bousculent dans sa tête. L’inspiration. La confusion.  

    Elle cherche un peu de courage en se servant un verre de vin, s’allume une cigarette, met de la musique et croise les volets. Elle a toujours préféré peindre dans la pénombre.

    Elle attrape quelques tubes de peinture, fait quelques mélanges plutôt sombres sur sa palette et jette un œil sur la toile blafarde avant d’y poser timidement le bout d’un pinceau. Elle sent son ventre gronder et l’adrénaline qui monte. Un premier cercle noir se dessine, un début d’œil peut-être, elle cherche le relief dans l’épaisseur de la peinture, n’a pas assez de mains pour dire à la toile tout ce qu’elle a envie de lui dire.

    Deux jours plus tard elle se réveille toute habillée sur le canapé, la tête en vrac, elle a fini ses toiles. La première fois qu’elle peint aussi vite. Surtout la première fois qu’elle peint quelqu’un qu’elle connait.

    Il n’est pas reconnaissable, pour sûr, mais elle, elle sait qui c’est. Il a investi ses pinceaux, ses toiles. Elle ne pouvait penser qu’à lui. Elle refuse pourtant de comprendre ce que ça veut dire.

    Elle file dans la douche avant d’appeler Stan, il faut absolument qu’il voie ça.

     

    *

     

    « Ah oui, c’est… Wouhaou ! Et ça c’est Simon, donc ?! » Il en reste comme deux ronds de flanc.

    -Ben… Oui. Je crois que j’ai un problème.

    -T’es amoureuse, c’est loin d’être un problème. Et tu comptes faire quelque chose ? »

    Nina ne répond pas et cherche ses clopes nerveusement. Elle tremble. Ca se bouscule sec dans sa tête, en parler avec Stan ne l’aide pas tout à fait. Elle se sent un peu perdue.

    « Te mets pas dans cet état, Nina »

    Les larmes commencent à couler sur ses joues. Elle sait qu’elle ne pourra pas les arrêter, comme si les vannes s’ouvraient tout d’un coup. Stan la prend dans ses bras et l’emmène sur le canapé.  Elle se recroqueville contre lui et continue à pleurer, sans fin on dirait. Il essaie de la rassurer, de la convaincre qu’ils ne sont pas tous comme Arnaud. Il lui dit que ça va aller, qu’il faut vraiment qu’elle oublie ce connard et qu’elle aille de l’avant. Il lui dit qu’il s’y collerait bien mais qu’il est pédé, que c’est dommage mais que c’est la vie. Il veut la faire rire mais ça ne marche pas, elle est secouée de larmes.

    Après quelques minutes d’interminables sanglots, elle finit par  se reprendre et va se servir un verre d’eau. Embrasse Stan sur la joue en se levant. Sa peau est douce et lisse, ça fait tout drôle, il s’est rasé la barbe. Elle repense à celle de Simon, il lui monte une irrépressible envie de la caresser, encore. Il faut peut-être qu’elle se rende à l’évidence.

     

    *

     

    Rue Brisemiche, le lendemain, Nina regarde Simon s’avancer vers elle et son cœur s’emballe. Oui, elle a bien fait de l’appeler.

    Elle lui propose d’aller boire un café quelque part, il commence à pleuvoir et le vent se lève aussi. Sale temps pour un rendez-vous amoureux.

    « Alors, tu pars quand à Moscou ?

    -Mardi prochain. D’ailleurs si tu veux voir mes toiles il va falloir qu’on se cale ça rapidement, je dois les emballer pour lundi. »

    Simon la regarde fixement avant de lui répondre qu’il est libre comme l’air aujourd’hui. Ils n’attendent pas leurs cafés, se lèvent et filent en direction de son appartement. Ils courent  jusqu’au métro, cette foutue pluie ne s’arrête pas, et déboulent trempés sur le quai, pouffant comme des gamins. Elle a froid, elle commence à grelotter. Simon la prend dans ses bras pour tenter de la réchauffer.

    Parfois le mauvais temps rapproche les corps.

    Une fois chez elle Nina attrape des serviettes et ils se sèchent un peu, ses cheveux mouillés gouttent sur le sol et la pluie fait scintiller la barbe de Simon.

    « C’est dans la pièce à côté, je mets de l’eau à bouillir et je te montre. »

    Un thé bien chaud leur fera du bien et elle a besoin de se donner une contenance. Elle est morte de trouille. Elle installe les toiles un peu partout dans la pièce pour qu’il ait une vue d’ensemble, il ne dit rien. Elle lui tend sa tasse de thé fumante, le regarde dans les yeux un instant, il ne dit toujours rien. Elle est un peu déstabilisée, elle le sent extrêmement distant tout d’un coup, commence à regretter qu’il soit là. Il serre les mâchoires. Elle peut voir ses muscles saillir, et ça lui fait presque peur.

    « Et c’est qui, ce mec ? »

     

    La phrase a claqué comme un coup de fouet. 

     

    A suivre...

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • En découvrant ce visage masculin sur ses tableaux, Simon commence à réaliser que Nina a peut-être un homme dans sa vie. Rien que l’idée lui est insupportable. Il n’avait pas envisagé cette éventualité jusqu’à présent. Il se met à bouillir intérieurement et lui demande  sèchement qui est-ce. Il la regarde se décomposer et bredouiller une réponse bateau, du genre personne et tout le monde, l’inspiration artistique. Mon cul. Il ne la croit pas. Il se demande pourquoi elle lui ment là, pourquoi elle lui mentirait dans l’absolu. Il s’apprête à la questionner encore, quand elle se précipite sur lui pour l’embrasser.

    Stupéfaction.

    Nina est dans ses bras, sa langue cherchant la sienne, son parfum envahissant ses narines et ses cheveux s’accrochant à sa barbe. Il lui rend son baiser fougueusement, a l’impression de décoller du sol et c’est le clic-clac qui amortit leur chute. Il reprend ses esprits comme elle se redresse et s’écarte de lui. Il a peur qu’elle change d’avis. Il lui attrape le bras pour la retenir  mais elle sursaute, étouffant un cri.

    « Oh merde, pardon, ça va ?

    -Oui….

    -Je t’ai fait mal ? 

    -Non, c’est… Ca va, c’est rien. »

    Il voit bien ses yeux s’embuer. D’un geste de la main elle écarte une mèche de cheveux sur son front, il lui caresse la joue en fermant les yeux. Prie pour que ce moment ne s’arrête pas. Qu’elle ne lui échappe jamais.

    « Qu’est-ce que tu as au bras ? »

    Elle hésite mais relève la manche de son t-shirt et il découvre une cicatrice qui va du pli du coude au poignet. L’atmosphère s’alourdit. Ils se regardent sans rien dire, ça  va devenir une habitude chez eux.

    «Un jour j’ai voulu arrêter de vivre».

    Simon se penche vers elle et lui embrasse le bras, accompagne chaque baiser d’un léger coup de langue sur la cicatrice. Comme pour laver sa douleur. Elle frissonne, il continue de l’embrasser, voudrait tant qu’il n’y ait plus rien après. Il aimerait la lécher toute entière, laver son corps de ces douleurs inexpliquées. Laver son âme de ses tortures intérieures.

    Après de longues minutes de ces baisers silencieux leurs corps se trouvent enfin, ignorant l’orage tonitruant qui fait trembler les vitres de l’appartement. 

     

    *

     

    La sonnerie de son portable les tire d’un sommeil paisible, sans rêve. Vincent incendie Simon au bout du fil, ça fait trois heures qu’ils l’attendent pour commencer le tournage. Leur faire ça le dernier jour il exagère, quand même. Ils commençaient à se demander s’il était pas mort, quoi. Il jette un œil à sa montre et se demande comment ils ont pu dormir aussi longtemps. Il marmonne une vague excuse et lui dit qu’il arrive, raccroche et regarde Nina se lever.

    « Faut que j’y aille, bébé »

    Bébé. Tu parles d’un cliché. A ce moment précis il se déteste mais ne trouve pas d’autre mot pour la qualifier, avec ses grands yeux de petite fille innocente.

    « Tu m’appelles quand t’as fini ? Je bouge pas aujourd’hui, je prépare mes bagages »

     

    Elle vient se blottir dans ses bras et il respire un grand coup ses cheveux. Tente de graver son parfum dans sa mémoire. 

     

    A suivre...

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Elle referme la porte sur Simon, un sourire aux lèvres. Elle a envie de danser. Le stéréotype de l’amoureuse avec les papillons dans le ventre et le cœur au bord des lèvres. Elle ne pensait plus pouvoir ressentir ça, et, surtout, apprécier cet état.

    Elle envoie un post rayonnant sur Twitter, entrainant de nombreuses réactions de surprise. Elle avait disparu du réseau depuis plusieurs mois déjà, se renfermant sur elle-même, délaissant l’amitié virtuelle et les liens qu’elle avait pu y créer. Besoin de se recentrer, la distance créant parfois des manques trop difficiles à supporter. Mais aujourd’hui elle a envie d’hurler son bonheur à la face du monde.

    Elle rassemble ses vêtements les plus chauds, pense qu’elle va certainement avoir bien froid là-bas.

    Elle hésite entre joie et chagrin. L’impatience d’être à son expo et le déchirement de s’éloigner de Simon. Elle aurait aimé qu’il puisse venir, qu’il soit présent à ses côtés au vernissage.

    « On va au Colimaçon ce soir ? »

    Stan l’a appelée pour aller boire un verre. Elle le prévient tout de suite qu’elle ne sera pas seule. Simon la rejoindra sûrement.

    « Ben comme ça je ferai sa connaissance. J’essaierai de pas faire ma groupie hystérique… » Il se marre au bout du fil.

    Elle trouve ça drôle quand il parle de lui au féminin. Con, mais drôle. Elle l’embrasse et raccroche, monte le son de la platine sur le début de Sylvaplana, ferme les yeux et se laisse porter.

    Elle a beau adorer la musique de Simon, Arman Méliès la fait voyager bien plus loin quand même.  Ahurissant ce morceau, le plafond va voler en éclats. Dehors l’orage de la veille a laissé derrière lui une brume épaisse, moite, digne d’un Londres époque Jack l’Eventreur. L’ambiance générale à l’extérieur est plutôt pesante.

    Elle espère que Simon finira assez tôt pour passer la prendre, se balader dans les rues sans y voir à un mètre ne la rassure pas.

    Quand Simon arrive enfin au Colimaçon il est tard, Stan et Nina ont déjà descendu quelques verres. Elle est un peu éméchée. Elle fait les présentations, elle est ravie qu’ils se rencontrent.  Elle parle un peu fort et pouffe de rire à chaque fin de phrase. Elle se trémousse sur Kids de Joseph D’Anvers dont les albums tournent en boucle, lubie du patron. Ce soir elle a envie de s’amuser. Elle regarde Simon et le trouve tellement beau, elle se demande à ce moment là si elle ne rêve pas, si tout ça est vrai, si elle ne va pas se réveiller brutalement seule dans son lit. Elle s’accroche à son cou et l’embrasse goulûment, comme pour se prouver que tout ça existe vraiment. Sa tête tourne un peu mais elle se marre, encore, chancelante.

     

    A suivre...

    Les chansons de l'épisode : Arman Méliès - Sylvaplana (Live acoustic)

                                                  Joseph D'Anvers - Kids (Feat Money Mark)

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Il regarde Nina d’un drôle d’œil. Elle se donne en spectacle et ça ne lui plaît pas des masses. Elle se tortille un peu trop sur la musique. Parle fort.  Son attitude attire les regards, des hommes surtout, ils l’observent sous toutes les coutures.

    Des sourires en coin, des regards appuyés.

    Il s’empresse de la prendre dans ses bras comme pour marquer son territoire, elle l’embrasse à pleine bouche et éclate de rire sur une blague vaseuse de Stan.

    « Ha ha ha ! Putain Stan t’es con ! »

    Il a envie de la gifler, il ne sait pas trop pourquoi et s’en veut terriblement. Il aimerait l’enfermer dans une pièce et ne plus jamais la laisser sortir. A cet instant il se fait un peu peur, serre les mâchoires et ne dit rien. Les larmes au bord des yeux. Lui, les larmes au bord des yeux. Il faut à tout prix qu’il se calme pour ne pas que ça tourne mal.

    Il décide de prendre sur lui pour le reste de la soirée, mais essaie d’écourter à plusieurs reprises. Ils finissent par rentrer vers deux heures du matin, il est obligé de la déshabiller et de la coucher, elle est complètement bourrée.

      

    *

      

                Le lendemain il se réveille avant elle et va faire du café, il sait qu’elle va en avoir besoin. Une cuite juste avant de partir, c’est malin ça.

    « Putain, j’ai déconné hier soir… C’te gueule de bois que je me paie…»

    Elle a du mal à émerger, il l’observe en silence. La trouve tellement jolie. Son rimmel a bavé et lui dessine des cernes noirs sous les yeux et pourtant elle est sexy comme jamais. Il l’attire vers lui et la câline un instant, elle a l’air si vulnérable.

     

    «Try to see it once my way

    Everything zen, everything zen

    I don’t think so

    I don’t believe that Elvis dead, yeah

    I don’t believe that Elvis is

    Elvis is... »

     

    Gavin Rossdale s’égosille dans le salon pendant qu’elle prend sa douche. Non, en effet, tout n’est pas zen, il n’a tellement pas envie qu’elle parte. Il lui a proposé de l’accompagner à l’aéroport et le regrette déjà. Il préfèrerait plutôt écourter les adieux. Il se demande comment il va exister ces prochains jours sans elle.

    A peine sortie de la salle de bain elle attrape sa veste et ses bagages, ils sont à la bourre. Elle lui demande quand même de ne pas conduire trop vite, elle a peur en voiture.

    Ils arrivent juste sur la dernière annonce, elle est obligée de courir, il la serre contre lui et l’embrasse rapidement avant qu’elle ne passe la porte d’embarquement.

    « Reviens-moi vite », il lui lâche à voix basse.

    Voilà.

    Lui qui voulait éviter les adieux interminables. Un claquement de doigts et elle a disparu. 

    Il rentre chez lui un peu groggy. Son téléphone sonne au moment où il sort de son garage, c’est Vincent.

    « T’as eu la prod au téléphone aujourd’hui ?

    -Non, justement je viens de voir qu’ils m’ont laissé un message. J’ai pas eu le temps de l’écouter. Qu’est-ce qui se passe ?

    -Ils ont repoussé la date du prime de deux semaines. TF1 lance une nouvelle émission et ils ont peur de la concurrence. Avec le poids qu’a ce programme, ils… »

    Simon ne l’écoute plus. Il ne retient qu’une chose : il est libre pour aller au vernissage de Nina à Moscou. Tout va très vite dans sa tête, il expédie le coup de fil et se précipite sur internet pour prendre des billets d’avion.

    Echarpe, gants, pulls, il enfourne ce qu’il a de plus chaud dans son sac de voyage. Il se dit qu’il n’est sûrement pas équipé pour le genre d’hiver qu’il y a là-bas mais qu’il avisera sur place. Il regarde la brochure de l’exposition qu’elle lui a laissée et s’interroge.

     

    C’est un des tableaux avec ce visage d’homme qu’elle a choisit pour présenter son travail. Il ne sait toujours pas qui c’est, peut-être qu’elle a raison, finalement. Peut-être que c’est personne.

     

    A suivre...

    La chanson de l'épisode : BUSH - Everything Zen 

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains

     

     


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  • Centre d’art moderne Winzavod - Moscou - Novembre 2012

     

    Elle recule pour avoir une vue d’ensemble sur la salle. N’en croit pas ses foutus yeux. Ses toiles, à elle, ici. Elle peut dire merci le START1, merci internet.

    Le traiteur est arrivé, l’installation des petits fours a commencé, tout le monde est en ébullition. Elle a un pincement au cœur en pensant à Simon qui n’est pas là, sort fumer une cigarette avec Yelizaveta, la directrice de l’expo.

    Nina lui répète à quel point elle est ravie et flattée d’être ici, Yelizaveta  lui garantit qu’elle le mérite et que c’est à la hauteur de son talent. Dans un anglais approximatif  elle insiste sur les tableaux représentant le visage d’homme. Souligne la différence avec les autres et lui dit que sa peinture prend vraiment une tournure de plus en plus intéressante.

    Nina reçoit tous ces compliments en souriant. Elle sait qu’il a changé sa façon de peindre.

    Elle lui demande si cet homme existe, si c’est quelqu’un en particulier. Nina tente de noyer le poisson mais la femme n’est pas dupe, les artistes ont toujours des muses. Elle finit par cracher le morceau timidement.

    « He’s my man »

    Elles se sourient d’un air entendu, bien sûr, l’amour est la meilleure des inspirations.

    Elle rentre à l’hôtel prendre un bain chaud, qu’est-ce qu’il fait froid dans ce putain de pays ! On lui a conseillé de se saper pour le vernissage mais les robes de soirées ce n’est pas vraiment son truc. Elle compte bien rester elle-même.

    En sortant de la salle de bain elle jette un œil sur Twitter, les encouragements fleurissent. Ceux de Stan surtout, déguisés en blagues à la con, ça la fait rire et l’aide à déstresser.

    Et puis un message d’une galerie parisienne : ils veulent l’exposer. Le plus tôt possible après Moscou. Ils veulent savoir combien de toiles elle pourrait leur fournir.

    Elle sourit toute seule, dans son peignoir trop grand aux couleurs de l’hôtel. 

    Mais pas de nouvelles de Simon. Elle hésite à se manifester. Préfère attendre le lendemain, ou non, maintenant…

    Elle renonce finalement et commence à se préparer. Elle n’a plus qu’une heure.

     

    *

     

    Il y a déjà des gens qui attendent devant pour entrer, par ce froid, Nina se dit qu’ils sont fous. Yelizaveta lui fait quelques recommandations, lui dit de ne pas se faire de souci. Tout ira bien. Surtout, qu’elle réponde aux questions, les acheteurs veulent toujours tout savoir. Pour faire semblant de comprendre. 

    Les portes s’ouvrent et la foule -oui, la foule- s’amasse à l’intérieur. La plupart bien sûr se précipite sur le buffet mais beaucoup vont vers les tableaux. Même si elle ne comprend pas le russe elle sent tout de suite qu’ils sont enthousiastes.

    Elle inspire un grand coup, toute fière de ce qui se passe. Yelizaveta  lui fait un petit signe de loin, tout va bien, oui.

    Elle se retourne sur un serveur qui passe pour attraper une flûte de champagne, et soudain tout se fige autour d’elle. Le temps s’arrête et la foudre parcourt son corps tout entier. Ses yeux ont l’air de vouloir sortir de leurs orbites. Elle ne respire plus. Submergée par une vague d’émotion si intense qu’elle va en crever.

    Simon est là, devant elle. Elle est au bord des larmes, au bord du fou rire, au bord du gouffre.

    « Putain, tu… Putain de merde ! »

    Il l’embrasse, elle l’attrape et le serre comme si sa vie en dépendait. Elle tremble.

    « On a jamais fait un truc comme ça pour moi, putain ! Oh putain ! » lui lâche-t-elle à l’oreille.

    Les émotions fortes l’ont toujours rendue grossière. Elle s’en fout, de toute façon ici personne ne comprend. Sauf Simon. Simon, merde, il est là…

     

     

    1Programme de soutien aux jeunes artistes

     

     A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Quand il arrive devant le centre il y a déjà des gens qui font la queue. Il attend que tout le monde soit entré pour y aller à son tour. Il tremble un peu. L’émotion ou le froid, il ne saurait dire mais a sa petite idée.

    En entrant il l’aperçoit immédiatement, elle a l’air perdue mais fait mine de maîtriser la situation, elle n’arrête pas de sourire. Elle est belle.

    Elle a gardé ses fringues rock ‘n roll mais a mis des chaussures à talons et ça lui va bien. Il attend un peu avant d’aller la voir, il lui laisse le temps de prendre un peu ses marques. Il cherche un endroit discret pour patienter quand elle se retourne vers le serveur pour prendre une coupe et reste figée.

    Elle l’a vu.

    Pendant une fraction de seconde elle a l’air de perdre pied, il s’avance et lui sourit.

    « Putain, tu… Putain de merde ! »

    Il l’embrasse et elle s’accroche à lui comme s’il venait de lui décrocher la lune.

    Elle lui jette à l’oreille : « On a jamais fait un truc comme ça pour moi, putain ! Oh putain ! »

    Qu’est-ce qu’elle peut être grossière, parfois. Il aime bien. Il crèverait pour elle. Pour la rendre heureuse comme là, maintenant.

    « Mais l’émission alors ? »

    Il lui explique le changement de programmation. Il lui raconte comment il ne s’est pas posé de questions. Il lui dit combien il est ravi d’être là, avec elle, pour ce moment si important.

    Ils sont interrompus par la directrice de l’expo venue présenter à Nina un couple intéressé par un de ses tableaux.

    Elle en profite pour lui présenter Simon, la femme esquisse un sourire en coin et murmure un truc à l’oreille de Nina, un truc qu’il ne peut pas entendre. Elle s’appelle Yelizaveta, il n’est pas sûr de retenir son prénom.

    Il  laisse Nina  discuter avec ses acheteurs va se prendre un whisky au bar. Il observe tout ça de loin, trouve dingue qu’autant de personnes se soient déplacées pour elle. Il est fier. Le couple s’en va et un type s’approche de Nina, lui dit un truc à l’oreille et elle éclate de rire. Ses mâchoires se serrent.

    Le mec la colle un peu trop, il a fini par poser son bras sur ses épaules et ne la lâche plus. Elle qui laisse faire. Il va aller lui en coller une. A Nina ou au type. Il faut qu’il se calme, il voit le mal partout, tout ça n’est pas très grave. Tu parles. Il se prend un autre whisky.

    La directrice de l’expo vient le féliciter, il ne saisit pas bien pourquoi. Elle a un anglais très limité et son accent russe n’aide pas. Il comprend vaguement qu’elle parle des visages sur les tableaux, qu’il en est sûrement fier et qu’il a de la chance d’être aimé comme ça. Elle a l’air un peu éméchée, elle a dû se donner du courage avec du champagne, un peu trop sans doute. Il essaie de surveiller Nina de loin, le type est toujours collé à ses basques. L’autre lui abreuve inlassablement les oreilles de son anglais aux multiples ‘r’ roulés sous les aisselles.

     

    *

     

    Cette soirée fut un supplice, la salle se vide enfin et Nina revient vers lui.  

    « Ca va, tu t’es pas trop ennuyé ?

    -Non… Je t’ai regardée. T’as vachement assuré, je trouve. T’en as vendu beaucoup ?

    -Un petit quart. J’ai bon espoir pour le reste, on est qu’au début de l’expo. On va y aller, je suis crevée. Je vais dire au revoir à Yelizaveta. »

    Il la suit et salue poliment les organisateurs, le type de tout à l’heure est encore là et serre Nina dans ses bras comme si elle lui appartenait. Simon se retient pour ne pas lui mettre son poing dans la gueule.

    En sortant Nina lui demande s’il a réservé un hôtel et il réalise que non, ça ne lui est même pas venu à l’idée. Elle lui dit que le sien n’est pas loin, qu’il est classe, le centre a lâché la thune pour l’héberger. Ils se dépêchent d’y aller avant de crever de froid.

     

    A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Elle n’arrive toujours pas à croire qu’il soit là avec elle. Elle trouve complètement dément qu’il ait fait ça pour elle. A ce moment précis elle réalise qu’elle ne veut plus, qu’elle ne peut plus vivre sans lui.

    Dès leur arrivée à la chambre elle s’empresse d’enlever ses chaussures, rester perchée sur des talons pendant des heures n’est pas tout à fait son truc. Elle redevient toute petite devant Simon, en profite pour se blottir dans ses bras. Il sent bon.

    Ils s’assoient sur le lit, elle sur lui, comme une enfant. Elle lui caresse la barbe, esquisse un sourire en repensant au jour où elle lui a annoncé qu’elle quittait Star Me Up. C’était il y a deux semaines à peine, elle a l’impression que depuis ils ont vécu toute une vie ensemble.

    Puis d’un coup elle pivote et s’assied à califourchon sur lui, le regarde droit dans les yeux. Elle lui offre un baiser langoureux, commence à déboutonner sa chemise. Ses doigts effleurent son torse. Elle embrasse sa poitrine et joue un instant avec son collier. Une chaîne avec au bout une tête de mort en acier qui ne le quitte jamais. Elle adore.

    Elle reprend ses baisers et descend vers son ventre, sa langue s’attarde quelques secondes sur son nombril. Il frissonne. Ce soir, elle a l’impression de le découvrir pour la première fois.

    Elle défait sa ceinture, descend son jean, se mord les lèvres. Désir. Il pose la main sur sa tête pour la guider. Elle repousse son bras, lui fait comprendre qu’elle veut agir seule.

    Elle a un piercing à la langue et sait s’en servir. Elle se sent tellement sûre d’elle, tellement femme à ce moment là. Elle veut lui donner tout son amour. Elle s’occupe de lui pendant quelques minutes. Elle s’oublie.

    Mais aussi elle crève de le sentir en elle. Elle se redresse lentement et s’allonge sur le dos, l’attire entre ses jambes. Il résiste. Il lui mordille un sein. Elle fait pression sur ses hanches, mais il lui échappe et sa tête plonge vers son entrejambes. Elle se cambre sous ses baisers, sent la pression de sa langue à travers le tissu de sa culotte. Il lui enlève et revient poser sa bouche entre ses cuisses. Elle s’abandonne à lui les larmes aux yeux. Il continue ses baisers et ses coups de langue, jusqu’à lui offrir un orgasme puissant et salvateur.

    Elle reprend sa respiration et ses esprits pour l’attirer à nouveau vers elle, pour qu’il la pénètre enfin.

     

     

    *

     

    « Dis, c’était qui ce type hier à l’expo ? » Il lui sort ça sèchement, sans prévenir, à peine réveillé.

    -Qui ça ?

    -Le grand brun avec la veste blanche, celui qui te lâchait plus…

    -Ah, Yan ! C’est un artiste suisse, il a exposé juste avant moi au centre. Il est cool, mais des fois il est un peu lourd.

    -Putain, j’ai failli lui péter les dents j’te jure.

    -Hé, t’as pas de souci à te faire, tu sais !

    -Mmm.

    -Simon… »

    Elle trouve qu’il s’emballe un peu sur cette histoire. Elle l’embrasse tendrement, lui jure qu’il n’y a que lui. Il la regarde sans un mot, n’a pas l’air de la croire.

    « Je t’aime, Simon. Je t’aime. »

    C’est la première fois qu’elle lui dit, elle ne veut même pas penser qu’ils se connaissent à peine. Elle ne peut pas lutter contre ce qu’elle ressent.

    Il soupire et l’attrape par le cou.

    « Tu me rends fou, bébé. Moi aussi je t’aime… Putain que j’t’aime »

    Elle retient des larmes qu’elle ne comprend pas, ils commandent un petit déjeuner conséquent. Ils sont affamés. 

     

    A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Déjà trois semaines qu’ils sont rentrés de Russie. Ils ne se sont pas quittés, enfin quand Nina était disponible. Depuis son expo à Moscou son agenda se remplit, plusieurs galeries veulent l’exposer, elle n’a que l’embarras du choix. Simon est ravi pour elle mais supporte de moins en moins les contacts qu’elle peut avoir avec d’autres hommes. Il lui fait confiance, la plupart du temps, la question n’est pas là. Mais il voudrait pouvoir l’enfermer afin que seuls ses yeux à lui se posent sur elle. Il commence à se faire peur. Il retient parfois des gestes violents, envers Nina aussi et ça l’effraie. Mais c’est plus fort que lui.

    Là, par exemple, il l’attend, ne sait pas avec qui elle est et imagine toutes sortes de choses. Essaie de s’occuper mais est obsédé par elle, par l’idée que des hommes puissent  la toucher, l’observer, la convoiter. Il la guette par la fenêtre et quand elle arrive, va ouvrir la porte avant même qu’elle ne soit devant.

    -Alors, ça s’est bien passé ? Tu étais où ? Tu as vu qui ?

    -Hé, du calme ! Qu’est-ce qui t’arrive ? J’étais à la galerie Monarque. Le patron n’est pas très sympa, je ne suis pas sûre d’accepter leur proposition.

    -C’est donc un homme qui dirige la galerie ? Ouais en effet, si tu peux éviter je préfère.

    -Euh… Simon, tu plaisantes, là ? Dis-moi ?

    Simon se rend compte de ce qu’il vient de dire et bafouille une excuse en riant maladroitement, espère que Nina gobera le truc. Elle ne répond rien et vient se blottir dans ses bras. Il respire son parfum et ferme les yeux, la serre fort comme pour éviter qu’elle ne lui échappe.

    -Simon, tu me fais mal…

    Elle lui a murmuré ça d’une petite voix fragile, il a soudain envie de pleurer et se dit qu’il ne sera jamais à la hauteur d’elle. Qu’il n’arrivera jamais à gérer tout ce qu’elle provoque en lui. Il commence à trembler,  file prendre une douche en espérant que ça le calme. Quand il sort de la salle de bain il fait presque nuit mais Nina n’a pas allumé les lumières. Il la cherche dans le salon mais c’est dans la chambre qu’il la trouve, assise sur le bord du lit, nue. Il s’agenouille devant elle et embrasse son ventre, ses seins, ses épaules. Elle lui caresse les cheveux et le serre contre lui, se cambre pour lui offrir ses seins à nouveau, mais il ne s’y attarde pas. Sa bouche redescend vers son entrejambe et il lui écarte légèrement les cuisses. Sa langue s’insère et cherche son clitoris, il sent qu’elle est déjà excitée, dans ces moments-là plus rien n’existe autour de lui. Il s’attarde, ses doigts se joignent à sa langue, il mordille, lèche, goûte, inlassablement,  jusqu’à la sentir trembler et l’entendre crier.

     

    *

     

    Le lendemain elle est encore absente toute la journée. Il a essayé de se contenir, mais quand elle n’a pas répondu à son message il a envoyé un coup de poing dans la porte de la chambre et a passé le reste de l’après-midi prostré sur le lit. Quand elle est rentrée il n’a pas su expliquer ce qui était arrivé.

    -Simon. Parle-moi s’il te plait.

    -C’est pas la peine. Je vais gérer ça, ne t’inquiète pas. Je t’assure.

    -Tu veux même pas me dire ce qui t’a mis dans cet état ? Tu m’inquiètes, franchement. Dis-moi, je peux peut-être t’aider, je…

    Comment lui dire que c’est elle qui le rend fou ? Comment lui dire qu’il faudrait qu’il l’enferme pour être tranquille, à double tour, sans même une fenêtre par laquelle les voisins pourraient ne serait-ce que l’apercevoir ? Parce qu’il en est là, oui, n’en a conscience qu’à moitié mais voit bien qu’il en devient malade, que ça le bouffe de partout, il sent bien que tout ça va mal finir mais n’arrive tellement pas à contenir cette rage qui s’empare de lui parfois. Comment lui dire ça ? Comment lui dire ça à elle ? COMMENT LUI DIRE ?

     

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  • Le comportement de Simon devient de plus en plus étrange. Elle est inquiète. Il ne veut rien lui dire, elle voit bien que quelque chose le fait souffrir mais elle n’arrive pas à savoir quoi. Elle se sent tellement impuissante. En plus elle n’est pas souvent là en ce moment et s’en veut de ne pas pouvoir l’aider plus. Il a comme des démons qui ont l’air de le bouffer de l’intérieur, en tout cas c’est ce qu’elle croit déceler, elle connait bien le problème. Ce soir elle doit aller boire un verre avec Stan, elle compte lui en parler. Il aura peut-être une idée, un début de solution.

    En attendant elle a décidé de reporter ses rendez-vous de la journée pour rester avec Simon. De toute façon ils doivent travailler les morceaux, son emploi du temps les a un peu obligés à laisser ça de côté ces derniers temps. Pour ça aussi elle s’en veut. Mais elle ne peut pas négliger sa carrière de peintre maintenant que ça démarre enfin.

     

    *

     

    -           -Tu ne sais vraiment pas quel est son problème ?

    -       -Non. Je ne comprends pas. Hier il a défoncé la porte de la chambre pendant que je n’étais pas là, j’ai découvert ça en rentrant. J’ai eu peur. Mais il semblait plutôt calme. Il a l’air tellement torturé… Je sais pas quoi faire pour l’aider. Si au moins il me parlait un peu.

         Ça lui fait du bien de se confier  à Stan. Même si ça ne résout rien.

    -            -Je sais pas trop quoi te dire. Je ne peux même pas m’en mêler, c’est compliqué.

    -          -Oh je ne te demande pas de t’en mêler. Ça me soulage d’en parler, c’est déjà beaucoup tu sais.

          Elle jette un œil inquiet à son téléphone, elle a envoyé un message à Simon en arrivant au bar et n’a toujours pas de réponse. Ça fait une heure maintenant.

    -      -Nina, j’aime pas te voir comme ça. Tu crois pas que tu as assez de tes propres problèmes ?

    -        -Ne commence pas avec ça s’il te plait. Tu sais bien comment je suis. Je ne passe pas avant ceux que j’aime. Surtout pas lui. En plus, je vais te dire, c’est pas plus mal. Ça me détourne de mes démons à moi, justement. Ça m’occupe l’esprit.

    -           -Mouais. Ça te bouffe aussi, quand même.

    -       -Qu’est-ce que je peux faire ? Le quitter ? J’en crèverais, hein. J’espère plutôt arriver à l’apaiser.

     

    Non. Elle ne peut pas envisager ça. Surtout le sachant dans cet état, le quitter leur serait fatal. À tous les deux. Il est devenu une partie d’elle, elle ne sait même pas comment elle respire quand il n’est pas là.

    Quand elle est rentrée il s’est précipité dans ses bras et ne l’a plus lâchée de la soirée. Ils se sont endormis comme ça, lui agrippé à elle, elle faisant son possible pour le rassurer. Elle a pleuré en silence, essayant de lui cacher au mieux son inquiétude pour ne pas en rajouter.

     

    *

     

    Une demi-heure qu’elle cherche ses clés partout, Simon est parti en l’enfermant à l’intérieur, il n’a pas dû faire attention. Un réflexe sans doute, en attendant elle ne peut pas sortir et va être en retard à son rendez-vous. Elle a essayé de l’appeler mais il ne répond pas, c’est surtout ça qui l’angoisse. Elle lui a déjà laissé quatre messages, hésite à le rappeler. Mais où est-ce qu’elle a bien pu foutre son trousseau ? Il est toujours dans son sac, elle ne l’aurait pas perdu quand même ? Elle tourne en rond comme un lion en cage, commence à enrager, elle va être obligée de décommander son interview. Sa première. C’est plutôt rare que les jeunes artistes soient mis en lumière, mais c’est l’avantage d’internet et des blogs. Même si la visibilité reste limitée dans ce domaine, c’est toujours ça de pris.

    En attendant elle est coincée à l’appart et Simon est injoignable.

     

     

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  •         Il sait qu’il a déconné. L’enfermer à l’intérieur, peut-être sa plus grosse connerie. Il n’a même pas encore trouvé d’excuse, elle l’a appelé plusieurs fois mais a préféré ne pas répondre. Elle doit être folle d’inquiétude ou de rage. Il ne sait pas dans quel état il va la retrouver. Il monte les escaliers, fébrile, mais quand il entre dans l’appartement il la trouve endormie sur le canapé. Il s’assoit sans bruit et la regarde. Elle est si belle. Il reste comme ça longtemps, lorsque elle se réveille il a l’impression que plusieurs heures ont passé.

    -     -Ah t’es là… ? Merde, Simon, j’ai pas pu aller à mon rendez-vous, tu m’as enfermée à l’intérieur… Qu’est-ce que t’as foutu, putain ? En plus t’étais injoignable, je me suis inquiétée…

    Elle est toute endormie, sa voix est un peu cassée, elle est mignonne à croquer. Il la prend dans ses bras tendrement et s’excuse.

    -      -Je suis désolé, bébé. Je ne trouvais plus mes clés en partant, j’étais à la bourre du coup j’ai pris les tiennes. J’ai pensé que toi tu trouverais les miennes.

    -       -Pourquoi tu répondais pas au téléphone ? J’ai vraiment flippé, tu sais…

    -       -Je l’avais laissé sur silencieux. J’ai pas vu tes appels. Excuse-moi.

    Il lui ment avec un aplomb extraordinaire, il en est lui-même étonné. Il sait bien qu’il a franchi une limite aujourd’hui. Il ne s’en veut même pas. Il était tellement apaisé de la savoir enfermée qu’il envisage mal l’avenir sans ça désormais. Il sait que ce n’est pas bien, qu’il ne pourra plus recommencer sans attirer les soupçons mais il voit ça comme la seule solution à son mal.

     

    *

     

    Cette nuit-là il n’a pas dormi. Il a cherché des solutions, s’est torturé l’esprit chaque minute. A pensé la quitter pour sa sauvegarde à elle, s’est dit qu’il allait en crever, qu’elle aussi sans doute mais que ce serait un moindre mal en comparaison du démon qui le bouffe. Il a retourné le problème dans tous les sens. Pleins de bonnes intentions au petit matin, il a de nouveau plongé dans la parano quand elle est sortie. Pour acheter du pain. Une putain de baguette de pain qui lui a pris cinq minutes.

    -       -J’irai moi, la prochaine fois.

    -       -Mais enfin, pourquoi ? Je peux sortir aussi, hein, tu sais. Je suis pas si flemmarde que ça.

    -       -Je préfère. J’aime pas te savoir trainer dans les rues.

    -       -Simon, ça va pas ou quoi ? La boulangerie est au coin de la rue. Il ne va rien m’arriver, tu sais. A ce moment-là, je ne vais plus nulle part, hein.

    Il sent la colère monter. Il a du mal à se contenir, se sent bouillir à l’intérieur.

    -      -Et bien justement. Pourquoi pas ? Pourquoi tu restes pas là, tu es bien ici ! Tu as tout ce qu’il faut, je vois pas ce que tu irais foutre dehors.

    -       -Tu plaisantes là ? Dis-moi que tu plaisantes, Simon, tu me fais peur…

    -       -Je supporte plus de ne pas t’avoir sous les yeux. Je supporte plus que d’autres hommes te regardent. Tu es à moi. A moi seul, tu comprends ? Tu comprends, dis ?

    Il perd pied. Il ne se contrôle plus, lui déballe tout sans réfléchir.

    -       -Simon arrête. Qu’est-ce qui t’arrive ?

    -      -Je veux que tu restes avec moi. Je veux que tu sois là tout le temps et que tu ne parles à personne d’autre. Y’a que moi dans ton cœur, hein ? Que moi. QUE MOI PUTAIN !

    Il se précipite sur elle pour l’embrasser mais elle se débat. Elle pleure et il ne s’en rend même pas compte. Il ne voit plus rien, n’entend plus rien, ne pense qu’à la serrer fort sans ses bras.

    -       -Lâche-moi, Simon, tu me fais mal ! Arrête s’il te plait …

    -       -Viens, allez. J’ai envie de toi. Viens.

    Il lui attrape le bras fermement et la jette sur le lit à plat ventre. Elle n’a pas le temps de se redresser qu’il est déjà sur elle, soulevant sa jupe et lui arrachant sa culotte. Il défait son pantalon et la pénètre violemment, sans sommation. Nina reste silencieuse, paralysée, lui  ne se rend compte de rien, dans sa folie il lui tire la tête par les cheveux pour l’embrasser tout en continuant ses coups de bassin. Il s’interrompe un instant, comme pour reprendre son souffle, et se retire. Hagard, dans un désir de domination ultime il la sodomise violemment, sans même forcément prendre du plaisir, lui arrachant cette fois des cris de douleurs qu’il n’entend toujours pas.


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