• Paris, 22 Décembre 2003 - Consommer, Se Consumer (10)

    Cher Anerik,

     

    Que c’est dur de ne pas pouvoir s’exprimer librement… Je voudrais crier ma frustration et mes désirs à la face du monde mais je suis obligée de ruser. Imager mes dires. Contourner les indices que mes mots pourraient laisser. Et ces messages publics, si déformés pour ne pas que l’on soit reconnus, restent alors incompris… Quand ils sont lus. Parce que je sais que vous n’allez plus si souvent sur le réseau. Qu’importe, je les envoie quand même, des bouteilles à la mer qui trouveront peut-être un jour une jolie plage sur laquelle échouer… Vous partez demain. Je ne sais pas encore si on pourra se parler, lors de votre voyage aller sans doute et puis après… Plus rien. Je serai occupée de mon côté bien sûr, ça m’aidera. Mon Sapin. Mon réveillon. Ma famille. Toutes ces choses que j’aimerais partager avec vous. Pourtant j’aime mon homme plus que tout, et ne l’échangerais pour rien au monde. Même pas pour vous, vous savez. Non. J’aimerais juste pouvoir me dédoubler et vivre ces deux vies. Lui d’un côté, vous de l’autre. Complémentaires. Mais vous vous vivez avec elle. Elle que vous allez retrouver d’ailleurs, vous vous levez tôt pour ça. J’hésite à rester éveillée afin de vous dire bonjour au saut du lit et ne plus vous quitter. Collante. Scotch. Glue. Vous partez au moment même où j’ai de moins en moins envie de vous quitter. Ou bien c’est votre absence qui crée mon manque…. Dans tous les cas le résultat est le même : vous devenez peu à peu une partie de moi. Une extension. De mon cerveau par vos mots. De ma main avec mon téléphone que je ne quitte plus d’une semelle. De mon cœur par votre tendresse. Immense tendresse que je reçois comme une bourrasque à chaque fois. Au moment même où je vous écris ces mots j’en frissonne, voyez vous. Je pars me coucher en pensant à demain, à mon réveil qui sera triste si je n’ai pas de nouvelles… Et un peu plus joyeux si je peux accompagner votre voyage avec mes mots… 

    Je me lève le sourire aux lèvres, ce matin vous m’avez envoyé un message dès votre départ et nous pouvons nous parler un peu. De plus votre absence sera moins longue que prévu, ponctuée de petits retours qui me remettent du baume au cœur. J’ai une tonne de choses à faire aujourd’hui, échéance des fêtes oblige, et je n’aurai sûrement pas le temps de vous dire tout ce que vous allez me manquer…. Vous aurez sans doute de la lecture à votre retour. Ma mélancolie risque de déborder. Revenez-moi vite… Parce que même si votre absence est plus courte finalement, je meurs de vous. Toujours. Votre peau, votre tendresse, vos yeux dans les miens. Je crois que les limites sont de plus en plus défaillantes et l’envie de vous retrouver se fait de plus en plus pressante…. J’essaie de me raisonner pourtant, je vous assure. Pour moi, pour vous, et pour ceux qui nous entourent et qui n’ont rien demandé. Souffrance. Déception. Haine. Vous connaissez déjà ça. Je ne voudrais certainement pas en rajouter.

     

    Et en même temps j’imagine que peut-être, si nous consommions tout ça une bonne fois pour toute, cela règlerait cette histoire. Mais ouvrir la boîte de Pandore…. Sans savoir ce que l’on va trouver dedans. Déception, encore. Peut-être. Ou bien amour. Le plus dangereux. Si nos yeux se rejoignent et ne veulent plus se quitter… Comment faire. Voler en éclats. Briser des rêves. Briser des vies. Des cœurs. Les innocents pleureront et nous culpabiliserons. J’essaie de me raisonner mais je n’ai qu’une chose en tête, votre « Bonsoir ». Il m’obsède. Chaque soir il me serre le cœur mais aujourd’hui il fait couler mes yeux. Je le hais tellement. Je le hais parce qu’il me coupe de vous chaque fois.  Je le hais vraiment. Mais je l’aime aussi tellement. Parce qu’il est notre habitude. Notre routine. Parce ce qu’il est à nous. Je relis souvent nos échanges quand vous me manquez trop et quand il apparaît à la fin de nos discussions je souris tendrement. Parce que derrière il y a toujours un «Bonjour » et une nouvelle journée avec vous… 

     

    To Be Continued...

     

    Pour suivre l'intégralité des correspondances : http://lafraise.eklablog.com/mlle-butterfly-c24555504

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