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Dead Boys in Paris (Tonight's The Night)
- Joseph D'Anvers - Paris -
- Maison De La Poésie -
Un mois après Manosque, les Dead Boys sont de retour. Dans la capitale pour la deuxième fois. Ils ne viennent à Paris que pour célébrer quelque chose, on dirait, d’abord la fête de la musique et maintenant Halloween. Bande de fêtards… Joseph les prépare depuis quelques jours, se prépare surtout, ce soir il range la béquille au placard et tente le lâcher prise sur deux jambes. Il a confiance en son tendon.
La veille il me lâche quelques infos, m’explique un peu comment tout cela s’est monté, le choix des textes et de ses morceaux, me rend impatiente de découvrir la représentation avec un autre regard. Il me dit aussi que plein de gens doivent venir, du genre qui pourraient influencer la montée en puissance du spectacle… Il ne me dit pas qu’il a le trac, mais à sa place je n’en mènerais pas large.
En cette soirée particulière, dans une ville qui ne dort jamais et veille de férié oblige, les rues sont inondées de gens et je croise des spécimens aux déguisements parfois plus qu’approximatifs. Maquillages d’amateurs et perruques usées d’avoir trop traîné dans ce genre de soirées… Je laisse les zombies et autres vampires s’amuser entre eux et pénètre dans le quartier de l’Horloge pour rejoindre le Passage Molière. Direction la Maison de la Poésie. Le lieu est atypique, délicieux, feutré. L’âme de Molière vient chuchoter à l’oreille de quiconque entre à l’intérieur. Les vieux canapés en cuir côtoient les chaises Louis XV pour accueillir le public pressé d’entrer.
20h00. Les portes s’ouvrent sur le décor que je découvre enfin en vrai, la salle de Manosque étant trop petite la mise en scène en avait été réduite. Je ne connaissais la toile de fond du spectacle qu’en photos. Dépaysement. On est loin de Molière… On se rapproche des US. Du béton. La scène est encerclée de grands panneaux de papier froissé, miroirs des vies abîmées que portent en eux les Dead Boys. Joseph entre. Fébrile, il attrape sa guitare et commence l’histoire. Sur ses deux jambes, cette fois, et ça change pas mal de choses. Il ne combat plus le récit. Il le porte. Il porte chaque personnage à bout de bras, les faisant renaître à la vie, leur insufflant l’énergie nécessaire pour continuer de lutter avec leur destin. Ils crient à travers sa guitare. Il les raconte avec ses cordes. Ce soir particulièrement les chansons sont intenses, liées plus profondément encore aux mots de Richard Lange. Joseph donne l’impression que les Dead Boys ne le quitteront jamais, forcés de vivre en lui pour toujours. Mais s’ils étaient en lui depuis toujours ?
La cohésion entre les textes et les chansons n’efface pas pour autant sa fébrilité. Joseph porte ce spectacle comme il porte les personnages, à bout de bras, et nous l’offre avec une sincérité et une générosité émouvantes. Le rockeur a beau prendre souvent le dessus ce soir, l’émotion est palpable et l’envie de bien faire transpire, il y a mis tout son cœur… Le public absorbe cette émotion et cette générosité sans ciller, le spectacle se termine et les applaudissements pleuvent. Il remercie timidement, n’oublie pas le staff son et lumière, si importants bien sûr, et nous quitte. Pour revenir dire un dernier au revoir, sous la pression des spectateurs qui ne cessent d’applaudir.
Fin de l’histoire. Ce soir les Dead Boys ont fêté Halloween à leur manière, en se livrant corps et âme au public parisien.
Ma parenthèse D’Anvers se referme sur cette soirée, quelques mots pour le féliciter, se dire au revoir et espérer que les Dead Boys viendront visiter d’autres villes, plein, longtemps…
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