• Point à la ligne

    Faire le point sur sa vie. S’interroger sur ce que l’on est, ce que l’on a été, ce que l’on veut, ce dont on a envie. Ce qu’on ne veut plus, ce qu’on regrette, ce qu’on espère. Faire des choix. Savoir que ces choix vont engendrer de la souffrance, chez les autres ou pour soi-même, se demander comment sera l’avenir, s’il va ressembler au présent, au passé, si les choses qui ont changé resteront. Se demander où est sa place, quelle est celle que l’on accorde aux autres, qu’on veut bien leur accorder, qu’ils accepteront. Se sentir bien dans une situation qui ne convient pas à tout le monde.

    Ne pas savoir dire les choses qu’il faut quand il faut, brouiller les pistes par peur ou ignorance, avoir ses propres pistes brouillées par l’attitude ou les mots de l’autre. Se demander si l’on a vraiment été soi avant, si on le sera pour toujours, quels sont les facteurs qui entrent en jeu en cas de changement. Quelles sont les choses à garder en cas de choix, quels sont les choix qui seront les plus judicieux, qui feront le moins souffrir. Se rendre compte avec tout ça que l’on devient adulte, qu’on ne sait pas comment faire, qu’on a l’impression qu’on ne le sera jamais. Réaliser que l’on est resté un enfant dans sa tête, et que comme les enfants quand on a peur on fuit, on court se réfugier sous le lit, derrière le rideau, au fond du placard en prenant bien soin de fermer la porte. On attend, tremblant, qu’un sauveur vienne nous prendre doucement la main, nous caresser le front et nous dire que tout va aller bien désormais, que les méchants sont partis.

    Sauf que l’on ne peut s’empêcher de penser que c’est nous, les méchants, qu’on fait du mal, qu’on déroute, qu’on brouille les pistes et les yeux des autres. Qu’on interrompe leur vie paisible avec nos conneries, qu’ils n’ont rien demandé et qu’ils se portaient très bien avant qu’on remue la vase stagnante au fond du lac au calme plat. Et malgré tout ça on est pris dans l’engrenage, dans l’avalanche de la vie qui nous entraine sans trouver aucune branche à laquelle s’accrocher. Sans pouvoir crier au secours, de toute façon il est trop tard, il va falloir attendre que ce soit fini pour constater l’étendue des dégâts.

    Pendant ce temps l’instinct de survie fait son boulot, nous on se met en position de repli pour éviter trop de commotions, trop de chocs avec les rochers ou les arbres qui trainent sur le chemin. Les autres autour trouvent forcément ça égoïste, mais dans la chute on ne peut rien faire d’autre et c’est en arrivant un minimum sain et sauf en bas qu’on pourra aider les blessés. Espérer qu’on saura soigner, ou du moins atténuer les douleurs.  C’est pas facile, ça dépend de nous, pas toujours parfois, ce sont les embûches qui empêchent d’avancer correctement. Mais il faut se sauver soi-même avant de sauver les autres. Il faut trouver son point d’équilibre. Point, à la ligne.

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