• J'Avais Un Ami

    Mon meilleur ami, je le connais depuis presque quinze ans. Il est rock ‘n roll, gracile parfois, acide trop souvent, gentil la plupart du temps. Il ressemble à Frédéric Lopez. Il est homo mais aime les gros seins (je crois que c’est en partie pour ça qu’on est amis d’ailleurs…), il aime quand je lui fais à manger. Il aime appuyer là où ça fait mal.  Il dessine, divinement bien, il est fort pour ça.

    Je lui ai fait peur une fois, en négociant (un peu trop à son goût) le prix au marché noir des places d’un concert complet de Tori Amos. Lui me ridiculise depuis des années en racontant partout l’anecdote relative à notre rencontre, une histoire d’avances avortées par l’annonce de son homosexualité… On rigole bien tous les deux. Enfin, on rigolait bien. Car depuis quelques temps, on rigole moins. L’acidité prend le dessus. L’ennui, aussi, souvent, je le vois bien. Je sais qu’il ne va pas très fort. Lui, il ne me dit rien. Il prend les mauvaises décisions, fait les mauvais choix. Jusqu’ici tout ça ne me concernait que de loin, alors je gardais le sourire et espérais que tout ça s’arrange. Pendant ce temps, son comportement commence à faire fuir les autres. Les amis communs, qui eux sont directement concernés par ses écarts de conduite, et qui en ont soupé de lui faire la leçon et de faire des efforts en vain.

    J’ai une meilleure amie, aussi. Elle nous est commune. Elle est précieuse. Comme les autres, mais elle a l’avantage de l’antériorité. N’habitant pas tous dans la même ville, nous n’avons pas la possibilité de nous voir à volonté. Alors on se réjouit des rendez-vous annuels que nous imposent à chacun le passage d’une année à l’autre, rituels qu’on essaie de ne pas manquer.

    Pourtant un soir, sous un prétexte fallacieux, monsieur mon ami décide d’abandonner son rituel à elle. Blasée, elle n’en fait pas une montagne. Elle n’est plus surprise. Elle en rigole, même.

    Moi, pour la première fois je suis en partie concernée et la colère monte du fond de mes tripes. Ca ne se passera pas comme ça. Pas un culot pareil, pas un tel manque de respect. Echange de sms, irritation, braquage. Rupture.

    Depuis ce soir-là, mon cœur est serré. Mon cœur est serré parce que moi, j’ai du mal à faire sans lui. Il me manque un bout d’amitié. Je voudrais tant que tout redevienne comme avant… Mais pour ça, il faudrait qu’il en ait envie. Il faudrait qu’il se détende. Il faudrait qu’il crache ce qu’il a sur le cœur, qu’il vide son sac et appelle au secours. Les amis, les vrais, c’est de l’amour fraternel mais c’est aussi les oreilles qui vont avec. On peut trouver des solutions. On peut motiver, soutenir, empêcher. Mais il faut parler. Il faut dire si on ne veut plus, il faut dire si on veut plus. Ne pas faire semblant. Ne pas avoir l’air de dénigrer les autres, ne pas croire que certains choix de vie empêchent le bon déroulement de l’amitié. Profiter du moment et des gens présents. Ne pas croire que l’herbe sera plus verte à côté, ce n’est jamais vraiment vrai. Assumer ce que l’on est. Tout ça n’empêche pas de rêver, hein.

    « Quand je serai grand, je vivrai avec un artiste hype dans un apart atypique en plein cœur d’un quartier bobo »

    « Quand je serai grand, mes amies ne seront pas des ménagères de moins de cinquante ans, mères de famille dans un HLM »

    « Quand je serai grand, ma vie sera parfaite »

    Les rêves nourrissent la vie, et la vraie vie permet les rêves. Il faut juste la comprendre, l’accepter, la digérer et l’apprécier. Et profiter de ce qu’elle nous offre de bon.

     

    Reviens, tu seras toujours mon ami tu sais. Enfin, si tu décides de le rester…

    « Le Ciel Est Bleu, ConnardJ'ai Pactisé Avec Le Diable »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 31 Octobre 2013 à 04:58

    Encore faut-il que les autres soient là quand on revient... Qui vivra verra

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