• Ce qu'il faut savoir, c'est que chaque comportement déviant, si minuscule qu'il soit, a des conséquences dramatiques.

    Moi, j'ai mis 30 ans avant d'en parler. Et après j'ai mis du temps à me sentir victime. Parce que l'épicier, il ne m'a jamais "touchée". Jamais aucun contact charnel. Il se contentait de frotter, habillé, sa queue en érection contre mes fesses de petite fille habillée de 8 ans, chaque fois que j'allais acheter des bonbons dans son magasin. Si j'ai mis aussi longtemps à en parler, c'est parce que je n'ai pas compris la gravité de ce comportement. Et si j'ai mis du temps à me sentir victime, c'est parce que je me comparais à celles qui ont vécu pire.

    Pourtant, ces frottements ont eu un impact dramatique sur ma vie. Ce comportement sexuel a stoppé net mon enfance, et je suis devenue sans m'en rendre compte une femme. À 8 ans. Une femme qui ne connaît que la séduction dans son rapport aux hommes. Une femme qui ne peut envisager que les hommes ne s'intéressent pas à elle. Une femme qui ne sait pas qu'on n'est pas obligée de dire oui à tous ceux qu'elle intéresse. Je sais que ça ne s'est jamais vu. Je n'étais et n'ai jamais été une mante religieuse, hein. Je n'ai même jamais su draguer, une fois adulte. Mais dans ma tête c'était plié : tous les hommes doivent tomber sous mon charme. 

    Parce que ce comportement déviant, ça conditionne. Et j'ai envie de dire, surtout quand il n'y a ni violence ni pénétration. Ça s'insinue en douceur à l'intérieur, on sait bien que c'est pas normal mais c'est pas si grave, on se construit avec ça.

    Et puis quand on cesse d'acheter des bonbons la vie continue. On grandit. Les premiers flirts arrivent. On morfle un peu plus que la normale quand un crush se refuse à nous, et on tombe dans les bras de tous ceux qui veulent bien de nous. Malgré tout ça, un jour on trouve sa place auprès de celui avec qui on fait un enfant, on se marie, parce que la vie est belle. On continue d'avancer avec ce secret auquel on ne pense presque jamais. La maman fait taire un peu la femme, c'est reposant.

    Et puis un jour la femme sort de sa cachette, un peu comme le diable sort de sa boîte, et part en vrille. S'éparpille. Cherche un moyen d'exister dans une vie qui n'est pas faite pour elle. Infidèle donc menteuse, elle s'invente une vie qu'elle n'aimerait même pas vraiment vivre. Elle se trouve des excuses, cherche des explications, trouve des justifications à son comportement. Sans pour autant rien n'y comprendre. Toujours dévastée par le refus de ceux qu'elle brigue, toujours partante pour suivre ceux qui veulent bien d'elle. Jusqu'au jour où un psy tente de lui expliquer que tout ça, c'est de la faute de l'épicier. Qu'elle n'est ni une pute ni une salope, mais une victime. Ah, et puis son surpoids aussi ça vient de là. Réfléchis, tu mangeais rien avant tes 8 ans et soudain t'es devenue gourmande...

    Oui mais je ne suis pas vraiment une victime moi, il n'a jamais été violent, ne m'a jamais touchée de ses mains...

    3 ans. Il m'a fallu 3 ans pour arriver à intégrer que si, ce gros connard avait brisé ma vie. Qu'à cause de lui je suis anxieuse, stressée et angoissée. Qu'à cause de lui il y a 18 mois j'ai ajouté un stress post-traumatique à retardement à mon burn out. Que je suis dépressive depuis mes 8 ans. Que je me suis faite prendre par des mecs dont je n'avais aucune envie parce que je croyais que c'était normal. À cause de lui que j'ai fait souffrir mon ex mari, un homme merveilleux. Que mon fils vit avec des parents séparés. Que sa mère est au 36ème dessous tous les quatres matins, faisant tout pour le lui cacher. À cause de lui que je lutte si souvent contre l'envie d'en finir.

    Alors ce qu'il faut savoir, c'est que chaque geste compte. Du plus petit effleurement volontaire à la pire des violences. Ce qu'il faut savoir, c'est que chaque silence tue un peu plus. Chaque doute, chaque moquerie enfonce un peu plus les victimes dans leur détresse.  Les agresseurs DOIVENT être montrés du doigt. Jugés. Plus ils le seront, plus les suivants auront peur et réfléchiront peut être à deux fois avant d'agir. Ils ne DOIVENT PAS être protégés. Ces comportements, quelle que soit l'époque et la conscience du bien et du mal qui n'a pas toujours été la même, DOIVENT être Condamnés. LES CHOSES DOIVENT CHANGER. Parce que ces comportements BRISENT DES VIES.

    (Notez que je parle de condamner les comportements et non leurs responsables, parce que pour moi ces gens n'ont pas leur place en prison. Ce sont des malades qui ont besoin d'être soignés. Les mettre en prison à mon sens revient à mettre en quarantaine un tuberculeux sans le soigner)

     Il est important que les victimes se sentent LÉGITIMES, et à l'aise d'en parler. Il est important qu'on les ÉCOUTE et que les plaintes ABOUTISSENT. Et que les responsables ne restent PAS en liberté, avec d'innombrables possibilités de recommencer.

     

    NB : Je rassure les inquiets(es) et freine tout de suite les morts de faim, mon rapport aux hommes est "normal" depuis environ 2 ans. Merci.

     

    L'épicier, j'en reparle ici : Qui était-ce ? , et là : C'était... 


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  • Et si mes mots te gênent je les retiendrai

    Et si mes yeux te mentent je les punirai

    Et si mes mains te blessent je les cognerai

    Et si ma bouche te mord je la fermerai

     

    Et si tu veux me fuir il faudra m’oublier 

    Et si tu crois me nuire je le démentirai

    Et si tu veux me prendre pourquoi donc hésiter

    Et si tu es perdu je saurai te trouver

     

    Mais reste là, tout près de moi

    Ne m’enlève pas tes bouts de toi

    Ton sourire précieux, tes yeux de roi 

    Tes gestes malicieux qui ne parlent qu’à moi 

     

    Si mon corps se cambre c’est qu’il est sur le tien 

    Si mes seins se gonflent c’est qu’ils sont dans tes mains 

    Si mes reins frissonnent c’est qu’enfin tu les fais tiens  

    Si tes coups me tuent c’est qu’ils sont de ton bassin

     

    Si tes doigts se crispent c’est dans mes cheveux fins 

    Si ton gland rougit c’est sous ma langue satin  

    Si ta peau tremble c’est sous mes lèvres carmin 

    Si ta queue se tend c’est qu’en moi elle jouit enfin 

     

    Mais reste là, tout près de moi

    Ne m’enlève pas tes bouts de toi

    Ton sourire précieux, tes yeux de roi 

    Tes gestes malicieux qui ne parlent qu’à moi 

     

     

     

     


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  • Je pense foncièrement que le fait d'avoir laissé faire et dire certaines choses, certaines plaisanteries, depuis longtemps, a contribué à "l'écrasement" de la femme. Les petites blagues dites sexistes.
    -C’te meuf c’est tellement une bombe qu’elle fait concurrence à Daesh. J’lui planterais bien mon missile ! *yeux rivés sur le décolleté*
    -Vise moi cette carrosserie… Sacrés pare-chocs la gonz, j’vais lui casser son train arrière *sourire pervers mais pas trop*

    Ainsi que les petites piques homophobes qui amusent encore probablement, et pas que ceux de #LMPT. 
    -Tiens, t’as mis ta chemise de pédé aujourd’hui ? Ben oui, le rose, c’est pour les pédés ! *rire gras*
    -Vazy tu’m’fais pas la bise j’suis pas un pédé moi ! *check viril*


    Tout comme les blagues sur les Bamboula et autres Salomon ont bien évidemment aidé à développer une forme de racisme.
    -Qui m’a piqué mon agrafeuse ? Hey Momo fais voir tes poches espèce de voleur *regards complices*
    -On va boire un coup ce soir ? Et David, tu nous fais pas le coup du portefeuille oublié hein ! Ouais ouais ouais… On sait comment vous êtes, les juifs… *fou rire général*

    Sans oublier les moqueries « régionales » à propos de la consanguinité, la débilité, les accents… Les vannes sur les gros, ET LES PORTUGAIS QUI NE SAVENT QUE CONSTRUIRE DES MURS ! Et tandis que beaucoup d’handicapés se battent pour qu’on continue à se foutre de leur gueule, pour se sentir enfin un peu comme tout le monde….

    Oui, tout ça a obligatoirement aidé à certaines déviances. Tout ça nous a amené à avoir peur des autres, plus que de raison. Tout ça nous a menés à une autocensure radicale, à une censure outrancière, à des levées de boucliers ridicules. Et à des flots de récupération. Les frustrés en profitent pour se venger, les médias et assimilés pour essayer de faire le buzz. Et puis il y a tous ceux qui parlent au nom des autres. Demandons d’abord aux noirs, arabes, handicapés et autres « minorités visibles » (j’ai vomi un peu en écrivant cette expression, pardon) ce qu’ils en pensent. Pour mémoire, ce sont des gens « normaux » qui ont fait un procès à Patrick Timsit, pas les trisomiques (je vous vois venir, les adeptes du #LundiNoLimit, avec votre ‘’Pour ça il faut un cerveau en bon état LOL’’) (et je vous applaudis des deux mains) (oui parce que moi j’en ai deux, pas comme Philippe Croizon) (MAIS ARRÊTEZ MOI BORDEL).
    Bref. Vous avez compris ce que je voulais dire.

    Mais tout ça, ça doit continuer d'exister. On doit pouvoir continuer à être misogyne, raciste, irrespectueux, premier degré, à condition que ce soit de l'humour. On ne doit pas apprendre à nos enfants à se taire, mais à discerner. Le bien du mal, l'humour de la méchanceté, la fiction de la réalité. On doit leur apprendre que les mots ont un sens, un double, un contre, un SENS. De l'humour.
    Et bien sûr, on doit pouvoir se reposer sur la justice de notre pays pour que ceux qui seraient coupables d’actes ou de paroles RÉELLEMENT racistes, misogynes, insultants soient punis comme il se doit.
    Réfléchissez avant de vous offusquer. Si ce monde va trop vite, sommes nous vraiment obligé de le suivre ?

    Pour conclure, quelques pépites de tweets illustrant mon propos. Les gens y figurant ne sont ni racistes, ni misogynes, ni méchants. Ils plaisantent. On a le droit de les trouver drôles, ou pas. Mais on n’a pas le droit de donner un sens erroné à leurs propos.

    (et si vous les trouvez drôles, je vous conseille le #LundiNoLimit et la sélection #IlEstOùLeRespect par @Eve_undivided chez @TheTlers pour en trouver d'autres)

    Et bon vent à la #TeamPremierDegré o/


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  •      En effet, l'homme et la femme ne seront jamais égaux. Parce que l'homme ne crache jamais sur un rapport sexuel.

    Après il y a les cons, qui trouvent normal d’assouvir leurs pulsions n'importe quand et avec n'importe qui, même s’il y a refus. Parce qu’on ne refuse pas, lui a toujours envie alors pourquoi les femmes seraient différentes ? En plus elles veulent être leurs égales, il faut donc qu’elles se comportent comme eux.

    Alors non, être égaux ne veux pas dire être identiques. Être égaux ne veut pas dire se comporter de la même manière, ou subir le comportement de l’autre. Être égaux ça veut juste dire bénéficier des mêmes libertés, des mêmes droits. Des mêmes DROITS. Une femme, comme un homme, un enfant, a le droit de ne pas vouloir. Ne pas vouloir manger, ne pas vouloir marcher, ne pas vouloir dormir, lire, boire, faire le ménage, mettre des chaussures, chanter, que sais-je encore, et donc elle a aussi le DROIT de ne pas vouloir baiser. Et le fait que l’homme en ait envie ne change rien, ça devrait être une évidence. Parce que l’homme, lui, comme la femme, a le DEVOIR de se raisonner. De savoir se tenir. De ne pas marcher sur les pieds de quelqu’un pour lui passer devant. De ne pas se servir dans l’assiette du voisin sans demander juste parce qu’il a faim. De ne pas voler une boisson sur un étal juste parce qu’il a soif. Bref, de respecter ceux qui vivent autour quoi. Et de respecter les lois.

    Le seul qui a légalement le droit de forcer une femme à faire l’amour, c’est son époux. Parce que oui, aussi énorme que cela puisse paraître, et c’est peut-être aussi de là que vient le problème, légalement faire l’amour est un devoir. Donc une obligation.

    Alors messieurs les cons sans cerveau :
    1/ ça n’est pas valable pour les femmes dont vous n’êtes pas l’époux
    2/ il serait peut-être temps de faire disparaître cet article de loi non ? Hein, messieurs les polit… Ah ben non, zut, c’est vrai que ce sont ceux là même qui harcèlent sexuellement les femmes qui sont décideurs de ce genre de choses… Oups.

    Faisons alors appel au bon sens, comme pour l’interdiction de porter un pantalon pour les femmes, loi restée en vigueur jusqu’en 2013 (ET OUI). Pourtant tout le monde s’accordait à dire qu’elle était obsolète et personne n’y prêtait cas. Non ? Ah ben non, parce que le pantalon on s’en fout, pour baiser on peut l’enlever. En gros.

    Tout ça pour dire que malheureusement non, les êtres humains ne seront jamais égaux. Parce qu’ils ne naissent pas avec le même cerveau, et ne sont pas toujours éduqués dans le respect des autres. Y’a encore du boulot.

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  •         Il sait qu’il a déconné. L’enfermer à l’intérieur, peut-être sa plus grosse connerie. Il n’a même pas encore trouvé d’excuse, elle l’a appelé plusieurs fois mais a préféré ne pas répondre. Elle doit être folle d’inquiétude ou de rage. Il ne sait pas dans quel état il va la retrouver. Il monte les escaliers, fébrile, mais quand il entre dans l’appartement il la trouve endormie sur le canapé. Il s’assoit sans bruit et la regarde. Elle est si belle. Il reste comme ça longtemps, lorsque elle se réveille il a l’impression que plusieurs heures ont passé.

    -     -Ah t’es là… ? Merde, Simon, j’ai pas pu aller à mon rendez-vous, tu m’as enfermée à l’intérieur… Qu’est-ce que t’as foutu, putain ? En plus t’étais injoignable, je me suis inquiétée…

    Elle est toute endormie, sa voix est un peu cassée, elle est mignonne à croquer. Il la prend dans ses bras tendrement et s’excuse.

    -      -Je suis désolé, bébé. Je ne trouvais plus mes clés en partant, j’étais à la bourre du coup j’ai pris les tiennes. J’ai pensé que toi tu trouverais les miennes.

    -       -Pourquoi tu répondais pas au téléphone ? J’ai vraiment flippé, tu sais…

    -       -Je l’avais laissé sur silencieux. J’ai pas vu tes appels. Excuse-moi.

    Il lui ment avec un aplomb extraordinaire, il en est lui-même étonné. Il sait bien qu’il a franchi une limite aujourd’hui. Il ne s’en veut même pas. Il était tellement apaisé de la savoir enfermée qu’il envisage mal l’avenir sans ça désormais. Il sait que ce n’est pas bien, qu’il ne pourra plus recommencer sans attirer les soupçons mais il voit ça comme la seule solution à son mal.

     

    *

     

    Cette nuit-là il n’a pas dormi. Il a cherché des solutions, s’est torturé l’esprit chaque minute. A pensé la quitter pour sa sauvegarde à elle, s’est dit qu’il allait en crever, qu’elle aussi sans doute mais que ce serait un moindre mal en comparaison du démon qui le bouffe. Il a retourné le problème dans tous les sens. Pleins de bonnes intentions au petit matin, il a de nouveau plongé dans la parano quand elle est sortie. Pour acheter du pain. Une putain de baguette de pain qui lui a pris cinq minutes.

    -       -J’irai moi, la prochaine fois.

    -       -Mais enfin, pourquoi ? Je peux sortir aussi, hein, tu sais. Je suis pas si flemmarde que ça.

    -       -Je préfère. J’aime pas te savoir trainer dans les rues.

    -       -Simon, ça va pas ou quoi ? La boulangerie est au coin de la rue. Il ne va rien m’arriver, tu sais. A ce moment-là, je ne vais plus nulle part, hein.

    Il sent la colère monter. Il a du mal à se contenir, se sent bouillir à l’intérieur.

    -      -Et bien justement. Pourquoi pas ? Pourquoi tu restes pas là, tu es bien ici ! Tu as tout ce qu’il faut, je vois pas ce que tu irais foutre dehors.

    -       -Tu plaisantes là ? Dis-moi que tu plaisantes, Simon, tu me fais peur…

    -       -Je supporte plus de ne pas t’avoir sous les yeux. Je supporte plus que d’autres hommes te regardent. Tu es à moi. A moi seul, tu comprends ? Tu comprends, dis ?

    Il perd pied. Il ne se contrôle plus, lui déballe tout sans réfléchir.

    -       -Simon arrête. Qu’est-ce qui t’arrive ?

    -      -Je veux que tu restes avec moi. Je veux que tu sois là tout le temps et que tu ne parles à personne d’autre. Y’a que moi dans ton cœur, hein ? Que moi. QUE MOI PUTAIN !

    Il se précipite sur elle pour l’embrasser mais elle se débat. Elle pleure et il ne s’en rend même pas compte. Il ne voit plus rien, n’entend plus rien, ne pense qu’à la serrer fort sans ses bras.

    -       -Lâche-moi, Simon, tu me fais mal ! Arrête s’il te plait …

    -       -Viens, allez. J’ai envie de toi. Viens.

    Il lui attrape le bras fermement et la jette sur le lit à plat ventre. Elle n’a pas le temps de se redresser qu’il est déjà sur elle, soulevant sa jupe et lui arrachant sa culotte. Il défait son pantalon et la pénètre violemment, sans sommation. Nina reste silencieuse, paralysée, lui  ne se rend compte de rien, dans sa folie il lui tire la tête par les cheveux pour l’embrasser tout en continuant ses coups de bassin. Il s’interrompe un instant, comme pour reprendre son souffle, et se retire. Hagard, dans un désir de domination ultime il la sodomise violemment, sans même forcément prendre du plaisir, lui arrachant cette fois des cris de douleurs qu’il n’entend toujours pas.


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  • Le comportement de Simon devient de plus en plus étrange. Elle est inquiète. Il ne veut rien lui dire, elle voit bien que quelque chose le fait souffrir mais elle n’arrive pas à savoir quoi. Elle se sent tellement impuissante. En plus elle n’est pas souvent là en ce moment et s’en veut de ne pas pouvoir l’aider plus. Il a comme des démons qui ont l’air de le bouffer de l’intérieur, en tout cas c’est ce qu’elle croit déceler, elle connait bien le problème. Ce soir elle doit aller boire un verre avec Stan, elle compte lui en parler. Il aura peut-être une idée, un début de solution.

    En attendant elle a décidé de reporter ses rendez-vous de la journée pour rester avec Simon. De toute façon ils doivent travailler les morceaux, son emploi du temps les a un peu obligés à laisser ça de côté ces derniers temps. Pour ça aussi elle s’en veut. Mais elle ne peut pas négliger sa carrière de peintre maintenant que ça démarre enfin.

     

    *

     

    -           -Tu ne sais vraiment pas quel est son problème ?

    -       -Non. Je ne comprends pas. Hier il a défoncé la porte de la chambre pendant que je n’étais pas là, j’ai découvert ça en rentrant. J’ai eu peur. Mais il semblait plutôt calme. Il a l’air tellement torturé… Je sais pas quoi faire pour l’aider. Si au moins il me parlait un peu.

         Ça lui fait du bien de se confier  à Stan. Même si ça ne résout rien.

    -            -Je sais pas trop quoi te dire. Je ne peux même pas m’en mêler, c’est compliqué.

    -          -Oh je ne te demande pas de t’en mêler. Ça me soulage d’en parler, c’est déjà beaucoup tu sais.

          Elle jette un œil inquiet à son téléphone, elle a envoyé un message à Simon en arrivant au bar et n’a toujours pas de réponse. Ça fait une heure maintenant.

    -      -Nina, j’aime pas te voir comme ça. Tu crois pas que tu as assez de tes propres problèmes ?

    -        -Ne commence pas avec ça s’il te plait. Tu sais bien comment je suis. Je ne passe pas avant ceux que j’aime. Surtout pas lui. En plus, je vais te dire, c’est pas plus mal. Ça me détourne de mes démons à moi, justement. Ça m’occupe l’esprit.

    -           -Mouais. Ça te bouffe aussi, quand même.

    -       -Qu’est-ce que je peux faire ? Le quitter ? J’en crèverais, hein. J’espère plutôt arriver à l’apaiser.

     

    Non. Elle ne peut pas envisager ça. Surtout le sachant dans cet état, le quitter leur serait fatal. À tous les deux. Il est devenu une partie d’elle, elle ne sait même pas comment elle respire quand il n’est pas là.

    Quand elle est rentrée il s’est précipité dans ses bras et ne l’a plus lâchée de la soirée. Ils se sont endormis comme ça, lui agrippé à elle, elle faisant son possible pour le rassurer. Elle a pleuré en silence, essayant de lui cacher au mieux son inquiétude pour ne pas en rajouter.

     

    *

     

    Une demi-heure qu’elle cherche ses clés partout, Simon est parti en l’enfermant à l’intérieur, il n’a pas dû faire attention. Un réflexe sans doute, en attendant elle ne peut pas sortir et va être en retard à son rendez-vous. Elle a essayé de l’appeler mais il ne répond pas, c’est surtout ça qui l’angoisse. Elle lui a déjà laissé quatre messages, hésite à le rappeler. Mais où est-ce qu’elle a bien pu foutre son trousseau ? Il est toujours dans son sac, elle ne l’aurait pas perdu quand même ? Elle tourne en rond comme un lion en cage, commence à enrager, elle va être obligée de décommander son interview. Sa première. C’est plutôt rare que les jeunes artistes soient mis en lumière, mais c’est l’avantage d’internet et des blogs. Même si la visibilité reste limitée dans ce domaine, c’est toujours ça de pris.

    En attendant elle est coincée à l’appart et Simon est injoignable.

     

     

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  • Déjà trois semaines qu’ils sont rentrés de Russie. Ils ne se sont pas quittés, enfin quand Nina était disponible. Depuis son expo à Moscou son agenda se remplit, plusieurs galeries veulent l’exposer, elle n’a que l’embarras du choix. Simon est ravi pour elle mais supporte de moins en moins les contacts qu’elle peut avoir avec d’autres hommes. Il lui fait confiance, la plupart du temps, la question n’est pas là. Mais il voudrait pouvoir l’enfermer afin que seuls ses yeux à lui se posent sur elle. Il commence à se faire peur. Il retient parfois des gestes violents, envers Nina aussi et ça l’effraie. Mais c’est plus fort que lui.

    Là, par exemple, il l’attend, ne sait pas avec qui elle est et imagine toutes sortes de choses. Essaie de s’occuper mais est obsédé par elle, par l’idée que des hommes puissent  la toucher, l’observer, la convoiter. Il la guette par la fenêtre et quand elle arrive, va ouvrir la porte avant même qu’elle ne soit devant.

    -Alors, ça s’est bien passé ? Tu étais où ? Tu as vu qui ?

    -Hé, du calme ! Qu’est-ce qui t’arrive ? J’étais à la galerie Monarque. Le patron n’est pas très sympa, je ne suis pas sûre d’accepter leur proposition.

    -C’est donc un homme qui dirige la galerie ? Ouais en effet, si tu peux éviter je préfère.

    -Euh… Simon, tu plaisantes, là ? Dis-moi ?

    Simon se rend compte de ce qu’il vient de dire et bafouille une excuse en riant maladroitement, espère que Nina gobera le truc. Elle ne répond rien et vient se blottir dans ses bras. Il respire son parfum et ferme les yeux, la serre fort comme pour éviter qu’elle ne lui échappe.

    -Simon, tu me fais mal…

    Elle lui a murmuré ça d’une petite voix fragile, il a soudain envie de pleurer et se dit qu’il ne sera jamais à la hauteur d’elle. Qu’il n’arrivera jamais à gérer tout ce qu’elle provoque en lui. Il commence à trembler,  file prendre une douche en espérant que ça le calme. Quand il sort de la salle de bain il fait presque nuit mais Nina n’a pas allumé les lumières. Il la cherche dans le salon mais c’est dans la chambre qu’il la trouve, assise sur le bord du lit, nue. Il s’agenouille devant elle et embrasse son ventre, ses seins, ses épaules. Elle lui caresse les cheveux et le serre contre lui, se cambre pour lui offrir ses seins à nouveau, mais il ne s’y attarde pas. Sa bouche redescend vers son entrejambe et il lui écarte légèrement les cuisses. Sa langue s’insère et cherche son clitoris, il sent qu’elle est déjà excitée, dans ces moments-là plus rien n’existe autour de lui. Il s’attarde, ses doigts se joignent à sa langue, il mordille, lèche, goûte, inlassablement,  jusqu’à la sentir trembler et l’entendre crier.

     

    *

     

    Le lendemain elle est encore absente toute la journée. Il a essayé de se contenir, mais quand elle n’a pas répondu à son message il a envoyé un coup de poing dans la porte de la chambre et a passé le reste de l’après-midi prostré sur le lit. Quand elle est rentrée il n’a pas su expliquer ce qui était arrivé.

    -Simon. Parle-moi s’il te plait.

    -C’est pas la peine. Je vais gérer ça, ne t’inquiète pas. Je t’assure.

    -Tu veux même pas me dire ce qui t’a mis dans cet état ? Tu m’inquiètes, franchement. Dis-moi, je peux peut-être t’aider, je…

    Comment lui dire que c’est elle qui le rend fou ? Comment lui dire qu’il faudrait qu’il l’enferme pour être tranquille, à double tour, sans même une fenêtre par laquelle les voisins pourraient ne serait-ce que l’apercevoir ? Parce qu’il en est là, oui, n’en a conscience qu’à moitié mais voit bien qu’il en devient malade, que ça le bouffe de partout, il sent bien que tout ça va mal finir mais n’arrive tellement pas à contenir cette rage qui s’empare de lui parfois. Comment lui dire ça ? Comment lui dire ça à elle ? COMMENT LUI DIRE ?

     

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  • ....Autre réponse possible à la question posée dans -Qui était-ce ?

     

     

    Qui était-ce ? Mais un connard, bien sûr. Un sale connard qui a gâché ma vie.

     

    J’ai vite compris les conséquences de ce qu’il a fait sur mon rapport aux hommes. Ça ne m’a pas vraiment remuée, j’ai pensé que j’allais juste devoir vivre avec, que je changerai sûrement un peu et puis basta. Parce que c’était logique. Évident à comprendre. Comme dirait l’autre, ça m’en a presque touché une sans faire bouger l’autre.

     

    Et puis soudain, la colère assourdissante. A la minute où je réalise que les conséquences sont ailleurs aussi, que ce connard a fait naître en moi un genre de passager noir que je traîne depuis comme un boulet. Cette mélancolie latente dont je n’arrive pas à me débarrasser et dont je ne connaissais pas l’origine. Ce passager noir, qui s’est interposé tant de fois entre les autres et moi. Parce qu’incompris, il a été rejeté par certains, ignoré par d’autres, et inévitablement enfoui par moi. Cette incompréhension et cette ignorance qui ont créé un manque de soutien, de compassion, de tendresse pour cette sombre partie de moi. Ce coin de ténèbres dans lequel se cachent la petite fille effrayée par des monstres invisibles, la femme blessée par des épées fantômes, l’enfant qui a toujours voulu être adulte, l’adulte qui refuse de grandir… Sans rien comprendre au pourquoi du comment. Se disant que tout ça est normal, qu’il y a tant de gens autour qui sont perdus aussi et qui avancent quand même. Alors ce coin de ténèbres, je l’ai gardé fermé à clé. Enfin, comme j’ai pu. Parce qu’il est costaud, et qu’il a déjà réussi à entrouvrir la fenêtre pour s’insinuer dans les histoires inventées par mon cerveau. Les histoires qui n’ont jamais de Happy End, celles qui reflètent la quête d’un bonheur incessamment contrée par un inévitable malheur. L’inconscient qui s’exprime à travers les fictions. J’ai toujours cru que c’était une question de goût, j’aime Baudelaire et les histoires sombres, fan de hard-rock je kiffe forcément les têtes de mort et aussi une esthétique pseudo-gothique, tout s’explique toujours. Alors écrire des histoires qui finissent mal, ça va forcément avec. Sauf que non, bien sûr. Mes histoires qui finissent mal, c’est mon passager noir qui les écrit.

     

    Ce passager noir, ombre d’un épicier sans scrupules, a bouffé mes tripes pour y laisser une sensibilité émotionnelle trop souvent inexpliquée. Trop souvent incomprise, et trop souvent piétinée. Même si certains, parfois, ont eu la générosité de l’accepter, elle n’a jamais vraiment pu s’exprimer au grand jour. Parce qu’un mal qui n’a pas de raison n’existe pas.

     

    La conclusion de tout ça, c’est que même si on sait de quoi on est fait, on ne sait pas toujours d’où ça vient. Et quand on a trouvé, il faut arriver à avancer en apprivoisant la tentation de changer du tout au tout parce qu’on a beau ne pas avoir choisi ce qu’on est devenu, c’est malgré tout ce qu’on est. La vie ne sera plus jamais comme avant. En partie. Parce que refaire toute la déco serait trop dépaysant.

     

     

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  •      Sally se réveille ce matin la gueule enfarinée. Elle est perdue. Elle sait qu’elle a un fils, un mari, un boulot, des amis. Et pourtant elle est perdue. Faut dire aussi qu’elle a vécu plusieurs vies, ces derniers temps, Sally. Elle a pris des chemins de traverse, des chemins caillouteux qui lui ont écorché les genoux, des épineux qui lui ont laissé des griffures, des glissants qui l’ont parfois faite chuter. Elle a sauté dans le vide, fait machine arrière, tourné en rond, puis est revenue au point de départ. Et malgré tout elle est perdue. Elle jette un œil au porte-clés histoire de faire un ultime point… Bon. La grille du chemin caillouteux, elle l’a fermée à double tour. Hors de question de laisser à nouveau ses genoux se faire écorcher. La porte en bois du chemin épineux aussi, bien fermée. C’est sûr qu’elle n’y remettra jamais les pieds. Elle y a déchiré sa jupe préférée, les ronces lui en ont fait trop voir, alors terminé. Le cadenas qui condamne la promenade le long du ruisseau aussi, un bon tour de clé. Trop dangereux. La mousse sur les galets super glissants, le passage trop étroit pour sa silhouette généreuse, non non non ça aussi c’est fini.

         Voilà. De bonnes choses de faites. Mais n’empêche que Sally, ce matin, se réveille la gueule enfarinée. Sally c’est le genre de nana qui n’a pas de limites, voyez. Elle y va toujours à fond. Quitte à se brûler les ailes, d’ailleurs. Tant pis. Même s’il n’y a pas d’issue, ou qu’elle est fatale, elle prend tout ce qu’elle peut en attendant. Même si elle a longtemps cru qu’elle donnait, Sally. Elle en a parlé un jour (ici). Elle a longtemps cru qu’elle donnait, et puis au final elle se rend compte que surtout elle prenait beaucoup. Elle a été une mère plus que présente, une épouse (parfois bancale), une amie (un peu comme elle a pu), et tous ces gens à qui elle pensait donner à outrance, en fait, elle leur prenait leur affection. Se nourrissait de leur présence. S’abreuvait de leurs rires, de leur tendresse, de leur amour, et de ce que ça provoquait chez elle. Pas grave si ça dure pas, tant que c’est là faut prendre. Finir le plat sans penser au mal de ventre qui suivra. Bon, ok, quand vient le mal de ventre Sally elle se trouve bien conne, hein. Et puis elle a bien mal aussi. Mais elle est comme ça.

         Sally, c’est une artiste. Ça aussi elle en a parlé (). Les artistes donnent à leur public mais pour se nourrir de l’amour porté en retour. Ben quelque part, Sally, dans la vie, elle est comme ça. Et comme tous les artistes qui se sentent terriblement seuls une fois le concert fini, en peignoir dans leur loge ou chambre d’hôtel, ben Sally se sent seule et perdue. Et se rend compte, à cette période charnière de sa vie, qu’elle n’a jamais appris à vivre seule. A vivre pour elle. A vivre face à elle. Elle, qu’elle ne connait pas si bien que ça. Elle pour qui elle n’a finalement que peu de respect et de considération. Elle qu’elle aurait voulu autre. Autrement. Sally, dont la vie a été si bien remplie, a fait ce qu’elle a pu pour être tout ce qu’elle a été. La seule chose qu’elle n’a jamais su être, Sally, c’est elle.

     

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  • On a tous nos bagages, dans la vie. Nos valises, nos casseroles, nos fardeaux. Parfois on se dit que si un professionnel mettait un peu son nez dedans ça ferait du bien, un genre de ménage, on ouvre grand les fenêtres, on aère et on respire. Et puis la vie continue, tout le monde a ses problèmes, on avance quand même avec et c’est pas si grave. Jusqu’au jour où ta vie de famille vole en éclats et que tu toques à une porte pour y trouver de l’aide. Ce jour-là le psy t’isole, te regarde droit dans les yeux et te pose LA question sur ce qui a peut-être déterminé toute ta vie :

    -Qui était-ce ?

    -Hein ? Qui ça ?

    -Celui qui a abusé de vous.

    Alors soudain (parce qu’évidemment ça tu ne l’avais jamais dit à personne) des larmes vieilles de plus de trente ans sortent sans prévenir. Alors que non, c’était pas si grave, il n’a même jamais ouvert son pantalon l’épicier, il se frottait juste un peu comme ça, c’est pas si grave…

    Si, c’est grave. J’étais une enfant. Il n’avait pas le droit et je le savais. IL. N’AVAIT. PAS. LE DROIT.

    Du coup tu réfléchis. Tu refais ta vie, tu te demandes ce qui serait différent ou non si tu n’avais pas vécu –pardon, subi ça. Est-ce que ta vie serait différente. Est-ce que TU serais différente. Est-ce que tu serais malgré tout devenue celle que tu es, est-ce que tu aurais quand même fait ce que tu as fait. Est-ce que. Evidemment, depuis, tu creuses. Une heure une fois par semaine. Comme des milliers de gens. Avec cette impatience d’en apprendre plus, cette boulimie d’informations qui chaque fois  te bouleversent et te vrillent un peu plus. Avec le quotidien à vivre, à affronter. Avec chaque fois le sentiment d’être de moins en moins toi, le sentiment de sortir de ton âme, le sentiment de mourir à petit feu. Une petite mort, comme une injection d’héroïne, le sourire de bien être alors que le poison s’infiltre. Chaque jour qui passe laissant une trace, comme la seringue laisse une marque de piqûre. Chaque larme creusant son sillon, salé, piquant les plaies qui en résultent. Chaque mot cognant un peu plus fort, laissant des bleus invisibles. Et chaque envie d’avancer, coupée dans son élan par l’envie de mourir qui balance des croche-pieds à la pelle.

    Chaque seconde devenant l'attente interminable de savoir ce que tu vas devenir si celle que tu as toujours été n’est pas toi.

     

     

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  • « Salut, ça va ? T'as passé un bon week-end ? »

    Que répondre après ça ? Que penser d’un « oui », d’un « non » ? Dire oui si c’est non, parce que nos petits tracas font bien pâle figure face aux évènements ? Dire non même si c’est oui pour montrer qu’on compatit ? Que dire après ça ?

    Comment vivre avec sa vie après ça ? Comment ne pas culpabiliser qu’un tel évènement n’arrive pas à balayer nos soucis quotidiens ? Comment ne pas avoir envie d’en finir parce que déjà que sa propre vie est un beau merdier, si en plus le monde en face ne laisse que peu d’espoir de sourire alors à quoi bon…

    Que penser de l’agacement ressenti à propos des discussions sur le sujet autour de la machine à café ? Comment ne pas culpabiliser de penser qu’ils devraient tous fermer leur gueule au lieu de dire des conneries ? Comment ne pas se retenir de les envoyer chier alors que c’est comme ça que beaucoup expient leurs angoissent, leurs peurs, leur chagrin…

    Comment vivre après ça, en  plein Marseille notamment, où l’on croise parfois presque plus de gens d’origine maghrébine qu’au Maghreb (ironie) ? Comment ne pas avoir peur, comment éviter l’amalgame, comment assumer cette peur sans qu’elle soit interprétée justement comme un amalgame et ne blesse des innocents ?

    Comment ne pas froncer les sourcils quand une colonie de sirènes, police ou pompiers, retentit soudain dehors ? Comment s’empêcher d’aller voir à la fenêtre, comment éviter la recherche Google dans l’heure qui suit, comment ne pas trembler même à 850 kms des lieux visés ?

     

    Comment. Pourquoi.  

    Parce que les enfants, parce que les larmes, parce que les bougies. Parce que les gens, ensemble, envers et contre tout. Parce que malgré le désespoir, la fatigue et le ras-le-bol, il ne faut pas les laisser gagner. Parce que ce monde est pourri, mais que ce n’est pas une raison. Parce que tant qu’il y aura une âme, même une seule sur cette terre, qui ne comprend pas ces actes, il faudra rester debout. Sur ses deux jambes, ses béquilles, ses talons de douze, ses prothèses, appuyé sur l’épaule de l’autre à côté, mais rester debout. La tête haute. La tête haute et le regard franc, la conscience de la mort dans un coin du cerveau, le cœur gonflé de désespoir enragé. « Soldats » éphémères ( <- c’est l’espoir qui m’a dit d’employer ce mot), notre vie devient un champ de bataille. Notre quotidien un combat de fierté, la fraternité, la solidarité et la tolérance nos armes éternelles.

    «Au nom de quoi ? » a écrit quelqu’un sur une vitrine criblée de balles. On ne saura jamais au nom de quoi on peut tuer des innocents, mais on saura toujours au nom de quoi on ne le fait pas.

     

      

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  • Je sais quels sont mes défauts, je sais l’image que je renvoie. Parfois j’arrive à lutter, à donner le change, à garder la tête hors de l’eau. Et puis parfois je n’y arrive plus, et alors mes efforts commencent à sonner faux.

    Il y a les moments où je me donne sans compter, ceux où je me nourris du plaisir que j’offre aux autres, où la générosité devient ma raison de vivre. Que je le souhaite ou non. Et puis il y a ces moments où je m’effondre. Où, paniquée, je ne vois plus rien d’autre que ma propre douleur. Mon propre tourment. Et où je commence à inonder les autres de moi, à ignorer leur eux, frontalement, ouvertement, sans aucune retenue. Mais toujours inconsciemment. Jusqu’à ce que, justement, j’en prenne conscience. Alors c’est la honte et la culpabilité qui m’envahissent, l’envie de fuir, j’attrape toutes les couvertures et les plaids que je trouve et je m’enterre dessous bien profond. Je me coupe des autres, peut-être pensent-ils que je me désintéresse d’eux, mais c’est juste une culpabilité mal placée et une pudeur maladroite qui prennent les commandes. Je sais que je perds des gens à ce petit jeu, mais je sais aussi que certains, même s’ils observent aussi à ce moment-là un mouvement de recul, seront toujours là. Malgré mes maladresses, malgré mes hésitations à revenir, malgré même parfois mon incapacité à revenir. Cette incapacité qui me paralyse, qui m’empêche de parler, d’être détendue dans l’approche de l’autre, et qui souvent brouille les pistes. Faisant croire encore une fois que je me désintéresse ou que j’ai tourné la page, alors que le manque me ronge.

    A ce moment de ma vie où se présente à moi une sorte de bilan, de découverte de moi-même, de redécouverte d’un moi oublié depuis  trop longtemps, je dois apprendre à revenir quand je pars. Ou à ne pas partir, l’idéal. Pour ça je dois savoir être moi-même, m’accepter comme je suis et m’imposer. Avec parcimonie. M’imposer, moi, dont on dit que j’ai une forte personnalité. Forte peut-être, envahissante sûrement, ébréchée certainement. Plus ébréchée encore en en prenant conscience.

    Je dois apprendre à être plus frontale pour paraitre moins hypocrite, plus franche pour moins me forcer, (m’)avouer que je risque d’oublier l’autre pour moins souffrir de le délaisser. Comme je sais si bien faire. Les efforts, s’ils se voient, deviennent inutiles. Savoir doser, savoir dire, savoir être. Ne pas se laisser envahir par l’euphorie, la douleur, l’émoi que provoque l’autre en face. Apprendre la détente.

     

    Se comprendre soi-même, la quête de toute une vie. Digérer les autres et les émotions qu’ils nous apportent, nous infligent parfois, un combat quotidien et démesuré. Infini.

    « J’ai laissé des bouts de moi au creux de chaque endroit. Un peu de chair à chaque empreinte de mes pas. Des visages et des voix qui ne me quittent pas, autant de coups au cœur et qui tuent chaque fois. »

    -Jean-Jacques Goldman

     

    L’idée, c’est de savoir (r)assembler ces bouts pour arriver enfin à être soi en toute sérénité.

     


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  •   

    Je voudrais être tout, je voudrais être celle

    Etre ancrée en ton toi, être avant tout ta belle

    J’attends d’être ta vie, en être tout son sens

    Etre ton flot de larmes, celles de mon absence

     

    Je marcherai sans fin, ramènerai tes mieux

    Je peindrai les étoiles qui font briller tes yeux

    J’inventerai un monde, celui de ton sourire

    Je volerai des rêves et détruirai ton pire

     

    Si tu insistes alors je crève

    Le cœur béant, les yeux mi-clos

    Crèverai-je avant toi essoufflée de tout ça

    Transie de froid

    Transie de toi

     

    Je voudrais être un vide, le vide qui te tue

    Etre au fond de ton âme chaque jour un peu plus nue

    Je voudrais être un manque, le manque qui t’achève

    Etre dans ton sommeil, pouvoir hanter tes rêves

     

    Mais je ne suis qu’un leurre, un rêve, douce utopie

    Une aiguille du temps qui tempère ta vie

    Qui retient son usure, qui fait passer en vain

    Le temps du quotidien, ordinaire sans fin

     

    Si tu insistes alors je crève

    Le cœur béant, les yeux mi-clos

    Crèverai-je avant toi essoufflée de tout ça

    Transie de froid

    Transie de toi

     

    Laisse-moi être celle qui rêve de te toucher

    Celle qui ne sait plus rien, qui ne sait que t’aimer

    Laisse-moi être celle qui jamais ne te nuit

    Celle qui change en caresses les griffes de l’insomnie

     

    Ne pas m’évanouir j’essaierai je te jure

    De garder ton sourire en moi comme une armure

    Ne pas crever de toi je promets d’essayer

    Marcher sans trébucher sans jamais renoncer

     

    Si tu insistes alors je crève

    Le cœur béant, les yeux mi-clos

    Crèverai-je avant toi essoufflée de tout ça

    Transie de froid

    Transie de toi

     

     

     

     


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  • Ce monde me casse les burnes. Pas celles dans lesquelles la majorité a inséré un bulletin permettant d’élire celui à qui elle en met plein la gueule, non, celles-là il leur manque le « b » de couilles justement. Les burnes, disais-je, celles que je n’ai pas et pourtant que certains hommes ici bas ont moins que moi. (Si vous voulez prendre un Doliprane c’est maintenant, je ne garantis pas que la suite soit plus compréhensible.)

    Ce monde me casse les burnes, donc, à force d’incohérences et de violences, de manque d’amour et de partage, d’illogisme et d’abandon. D’abandon du bien-être -au siècle de l’explosion des SPA, mais ne vous leurrez pas tout ceci n’est que poudre aux yeux- de la personne, des familles, de pseudo considération de l’individu et de sa vie privée, ses conditions de travail et tout le tralala. Les aberrations entrent dans les mœurs de plus en plus rapidement, faisant passer la plus petite réflexion sur un quotidien dévasté pour un coup de gueule de rebelle de la société. Trouvez-vous acceptable, vous, que les gens soient obligés de se déraciner pour travailler ? Trouvez-vous acceptable que les pubs relaient cela en nous montrant des pères et des mères fêtant l’anniversaire de leurs enfants à travers un écran de smartphone ? Trouvez-vous acceptable que le monde du travail soit devenu tellement une priorité que plus rien n’a d’importance à côté ? Est-ce devenu la vocation de l’être humain, que d’avancer sous les coups de fouet et surtout de bien bien fermer sa gueule ?

    Parce qu’il ne me semble pas qu’un être vivant, surtout doté d’intelligence, soit voué à délaisser la vie au profit d’argent qui lui sert à payer ce qui lui sert à travailler qui lui sert à payer ce qui lui sert à travailler qui lui sert à payer ce qui lui sert à travailler merci au serpent qui se mord la queue. Et avec ça, quand on a le malheur de rechigner, et encore je ne parle pas des grévistes qui font chier tout le monde, certains (voire tous) balancent bien gentiment : «Oh, on n’est pas si malheureux, pense à ceux qui n’ont rien et qui meurent de faim »

    Bon. Ok. Je pense à eux. Et alors ? Est-ce que ça améliore mon quotidien ? Non. Ca, cher ami, ça s’appelle tirer les gens vers le bas. Tant qu’on y est, allons tous vivre dans la rue, faire les poubelles et se laver dans le caniveau puisque c’est le quotidien des pauvres SDF. On a du mal à grimper, certes, mais est-ce une raison pour descendre ? Doit-on subir parce qu’il y a pire ? (Je fais des rimes sans le vouloir, merci d’applaudir mon talent.)

    Je sais bien que mon coup de gueule est un coup d’épée dans l’eau. Mais j’ai l’espoir secret (même s’il est vain) de ne pas être la seule, qu’à force on éclaboussera un peu les cerveaux trop secs, voire même en poussant loin on noiera la connerie. Hé, mec, t’as une vie, des gens que tu aimes, qui t’aiment, des passions et des envies, alors cesse de perdre ton temps à courir après un salaire et/ou un quotidien insipide sans but. Si on se met tous à vivre, je vous jure, ils ne pourront plus rien contre nous.

    Dixit la nana qui vit dans un HLM parce qu’elle a un boulot alimentaire de merde qui ne lui permet pas d’avoir plus, et qui rêve d’autre chose depuis le sommet de sa tour. Mais qui tremble chaque jour sous les émotions, se fait peur tellement elle vit ses passions, et a bien conscience que tout ce qu’elle vient de dire n’est pas simple à réaliser puisqu’au fond, on est tous pieds et poings liés.

     

     


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  • Faire le point sur sa vie. S’interroger sur ce que l’on est, ce que l’on a été, ce que l’on veut, ce dont on a envie. Ce qu’on ne veut plus, ce qu’on regrette, ce qu’on espère. Faire des choix. Savoir que ces choix vont engendrer de la souffrance, chez les autres ou pour soi-même, se demander comment sera l’avenir, s’il va ressembler au présent, au passé, si les choses qui ont changé resteront. Se demander où est sa place, quelle est celle que l’on accorde aux autres, qu’on veut bien leur accorder, qu’ils accepteront. Se sentir bien dans une situation qui ne convient pas à tout le monde.

    Ne pas savoir dire les choses qu’il faut quand il faut, brouiller les pistes par peur ou ignorance, avoir ses propres pistes brouillées par l’attitude ou les mots de l’autre. Se demander si l’on a vraiment été soi avant, si on le sera pour toujours, quels sont les facteurs qui entrent en jeu en cas de changement. Quelles sont les choses à garder en cas de choix, quels sont les choix qui seront les plus judicieux, qui feront le moins souffrir. Se rendre compte avec tout ça que l’on devient adulte, qu’on ne sait pas comment faire, qu’on a l’impression qu’on ne le sera jamais. Réaliser que l’on est resté un enfant dans sa tête, et que comme les enfants quand on a peur on fuit, on court se réfugier sous le lit, derrière le rideau, au fond du placard en prenant bien soin de fermer la porte. On attend, tremblant, qu’un sauveur vienne nous prendre doucement la main, nous caresser le front et nous dire que tout va aller bien désormais, que les méchants sont partis.

    Sauf que l’on ne peut s’empêcher de penser que c’est nous, les méchants, qu’on fait du mal, qu’on déroute, qu’on brouille les pistes et les yeux des autres. Qu’on interrompe leur vie paisible avec nos conneries, qu’ils n’ont rien demandé et qu’ils se portaient très bien avant qu’on remue la vase stagnante au fond du lac au calme plat. Et malgré tout ça on est pris dans l’engrenage, dans l’avalanche de la vie qui nous entraine sans trouver aucune branche à laquelle s’accrocher. Sans pouvoir crier au secours, de toute façon il est trop tard, il va falloir attendre que ce soit fini pour constater l’étendue des dégâts.

    Pendant ce temps l’instinct de survie fait son boulot, nous on se met en position de repli pour éviter trop de commotions, trop de chocs avec les rochers ou les arbres qui trainent sur le chemin. Les autres autour trouvent forcément ça égoïste, mais dans la chute on ne peut rien faire d’autre et c’est en arrivant un minimum sain et sauf en bas qu’on pourra aider les blessés. Espérer qu’on saura soigner, ou du moins atténuer les douleurs.  C’est pas facile, ça dépend de nous, pas toujours parfois, ce sont les embûches qui empêchent d’avancer correctement. Mais il faut se sauver soi-même avant de sauver les autres. Il faut trouver son point d’équilibre. Point, à la ligne.


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  • Vivre. Grandir. Mûrir. Apprendre. Tomber. Aimer. Se relever. Comprendre. Penser. Dire. Demander. Attendre. Oublier. S’attendre à. Tromper, se tromper. Mentir ou se dévoiler. Parler, se taire, avancer, tournoyer. Se noyer. Respirer. Regarder, chercher, trouver, recommencer. Trembler. Se trouver. Se rechercher. Contrer. Divaguer. Perdre. Gagner, peut-être. Créer. Envier. Avoir et vouloir. Reculer et se réfugier. Crever. Avant de mourir. Revivre toujours, malgré soi parfois. Donner. Redonner. Prendre. Voler. Coaguler. Toucher, sentir, écouter. Goûter. Vomir. Voir. Avaler. Digérer. Maltraiter. Cogner. Massacrer. Encaisser. Caresser. Jouir. Suer. En suer. En chier. Aider, céder, se donner. Enfermer. S’ouvrir aux autres, s’ouvrir les veines. Souffrir. Commencer pour en finir. Finir d’arrêter. S’arrêter enfin. Répondre. Se répandre. Se pendre. Assumer, enjamber, croiser, sauter. Dans le vide. Le pas. Foudroyer, marteler, arracher. Panser. Se dépenser. Hurler. Chanter. Pleurer. Courir. Déchirer. S’étouffer.  Priser. Débrancher. Manipuler, accepter, repousser. Rêver. Veiller. Dormir. Soigner. Passer, simplement. Être en vie. Être en vue. Être vu. Être. Humain, fragile, planté, défaillant, le plus fort. Être. A l’envers, à l’endroit, plus que tout. Être tout et rien. Être, soi. Soit. Soyons.


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  • Vide. Vide à l’intérieur et pourtant en ébullition. Les entrailles qui se déchirent, la gorge douloureuse à force de retenir une boule trop grosse pour elle. Vide. Les coins de la bouche qui tombent sans plus avoir la force de se relever. Vide.

    Vide et sans nulle part où aller. Le crâne dans un étau,  jambes  flageolantes et  mains  tremblantes. Regardant l’horizon en n’imaginant rien d’autre qu’un vide aussi  grand que le mien derrière. Regardant les étoiles se changer en simples points blancs dans le ciel, perdant chaque jour un peu plus de leur scintillement. Et le vide. Tout autour.

    Le vide, sans nulle part où aller. Errant au sol, les bras ballants, privée de mes ailes douloureusement arrachées. Privée de mes rêves d’enfant qui nourrissaient mes espoirs de grande fille. Regardant le soleil et ne sentant que la douleur de sa brûlure sur ma peau, que les entailles de ses rayons lacérant mes yeux. Vide, et sans nulle part où aller. Remplie de larmes sans saveur. Envahie de visions sans couleur, privée des battements de mon cœur. Avançant sur un chemin sans balise, guettant les obstacles qui me feront trébucher.

    Vide, vidée, lacérée à l’intérieur. Mon sang s’écoulant en dedans, noyant mes pensées engluées dans le liquide chaud et poisseux. Dans le poison qui m’envahit, cette hémorragie de moi s’écoulant par les pores de ma peau fatiguée.  Chaque pas m’enfonçant un peu plus dans le sol, retardant mon avancée vers la lumière et accélérant ma descente aux enfers.

    Vide, sans nulle part où aller. Butant contre les murs, rajoutant des bleus à mon âme déchirée d’avoir trop voulu vivre. Des coups à mon cœur tuméfié d’avoir trop voulu aimer.  Des maux à mes bras épuisés d’avoir trop voulu donner. Vide, sans nulle part où aller.

    Excepté le  vide dans lequel je m’enfonce toujours un peu plus, tentant de m’endormir pour oublier… le vide. 


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  • Elle n’arrive toujours pas à croire qu’il soit là avec elle. Elle trouve complètement dément qu’il ait fait ça pour elle. A ce moment précis elle réalise qu’elle ne veut plus, qu’elle ne peut plus vivre sans lui.

    Dès leur arrivée à la chambre elle s’empresse d’enlever ses chaussures, rester perchée sur des talons pendant des heures n’est pas tout à fait son truc. Elle redevient toute petite devant Simon, en profite pour se blottir dans ses bras. Il sent bon.

    Ils s’assoient sur le lit, elle sur lui, comme une enfant. Elle lui caresse la barbe, esquisse un sourire en repensant au jour où elle lui a annoncé qu’elle quittait Star Me Up. C’était il y a deux semaines à peine, elle a l’impression que depuis ils ont vécu toute une vie ensemble.

    Puis d’un coup elle pivote et s’assied à califourchon sur lui, le regarde droit dans les yeux. Elle lui offre un baiser langoureux, commence à déboutonner sa chemise. Ses doigts effleurent son torse. Elle embrasse sa poitrine et joue un instant avec son collier. Une chaîne avec au bout une tête de mort en acier qui ne le quitte jamais. Elle adore.

    Elle reprend ses baisers et descend vers son ventre, sa langue s’attarde quelques secondes sur son nombril. Il frissonne. Ce soir, elle a l’impression de le découvrir pour la première fois.

    Elle défait sa ceinture, descend son jean, se mord les lèvres. Désir. Il pose la main sur sa tête pour la guider. Elle repousse son bras, lui fait comprendre qu’elle veut agir seule.

    Elle a un piercing à la langue et sait s’en servir. Elle se sent tellement sûre d’elle, tellement femme à ce moment là. Elle veut lui donner tout son amour. Elle s’occupe de lui pendant quelques minutes. Elle s’oublie.

    Mais aussi elle crève de le sentir en elle. Elle se redresse lentement et s’allonge sur le dos, l’attire entre ses jambes. Il résiste. Il lui mordille un sein. Elle fait pression sur ses hanches, mais il lui échappe et sa tête plonge vers son entrejambes. Elle se cambre sous ses baisers, sent la pression de sa langue à travers le tissu de sa culotte. Il lui enlève et revient poser sa bouche entre ses cuisses. Elle s’abandonne à lui les larmes aux yeux. Il continue ses baisers et ses coups de langue, jusqu’à lui offrir un orgasme puissant et salvateur.

    Elle reprend sa respiration et ses esprits pour l’attirer à nouveau vers elle, pour qu’il la pénètre enfin.

     

     

    *

     

    « Dis, c’était qui ce type hier à l’expo ? » Il lui sort ça sèchement, sans prévenir, à peine réveillé.

    -Qui ça ?

    -Le grand brun avec la veste blanche, celui qui te lâchait plus…

    -Ah, Yan ! C’est un artiste suisse, il a exposé juste avant moi au centre. Il est cool, mais des fois il est un peu lourd.

    -Putain, j’ai failli lui péter les dents j’te jure.

    -Hé, t’as pas de souci à te faire, tu sais !

    -Mmm.

    -Simon… »

    Elle trouve qu’il s’emballe un peu sur cette histoire. Elle l’embrasse tendrement, lui jure qu’il n’y a que lui. Il la regarde sans un mot, n’a pas l’air de la croire.

    « Je t’aime, Simon. Je t’aime. »

    C’est la première fois qu’elle lui dit, elle ne veut même pas penser qu’ils se connaissent à peine. Elle ne peut pas lutter contre ce qu’elle ressent.

    Il soupire et l’attrape par le cou.

    « Tu me rends fou, bébé. Moi aussi je t’aime… Putain que j’t’aime »

    Elle retient des larmes qu’elle ne comprend pas, ils commandent un petit déjeuner conséquent. Ils sont affamés. 

     

    A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Quand il arrive devant le centre il y a déjà des gens qui font la queue. Il attend que tout le monde soit entré pour y aller à son tour. Il tremble un peu. L’émotion ou le froid, il ne saurait dire mais a sa petite idée.

    En entrant il l’aperçoit immédiatement, elle a l’air perdue mais fait mine de maîtriser la situation, elle n’arrête pas de sourire. Elle est belle.

    Elle a gardé ses fringues rock ‘n roll mais a mis des chaussures à talons et ça lui va bien. Il attend un peu avant d’aller la voir, il lui laisse le temps de prendre un peu ses marques. Il cherche un endroit discret pour patienter quand elle se retourne vers le serveur pour prendre une coupe et reste figée.

    Elle l’a vu.

    Pendant une fraction de seconde elle a l’air de perdre pied, il s’avance et lui sourit.

    « Putain, tu… Putain de merde ! »

    Il l’embrasse et elle s’accroche à lui comme s’il venait de lui décrocher la lune.

    Elle lui jette à l’oreille : « On a jamais fait un truc comme ça pour moi, putain ! Oh putain ! »

    Qu’est-ce qu’elle peut être grossière, parfois. Il aime bien. Il crèverait pour elle. Pour la rendre heureuse comme là, maintenant.

    « Mais l’émission alors ? »

    Il lui explique le changement de programmation. Il lui raconte comment il ne s’est pas posé de questions. Il lui dit combien il est ravi d’être là, avec elle, pour ce moment si important.

    Ils sont interrompus par la directrice de l’expo venue présenter à Nina un couple intéressé par un de ses tableaux.

    Elle en profite pour lui présenter Simon, la femme esquisse un sourire en coin et murmure un truc à l’oreille de Nina, un truc qu’il ne peut pas entendre. Elle s’appelle Yelizaveta, il n’est pas sûr de retenir son prénom.

    Il  laisse Nina  discuter avec ses acheteurs va se prendre un whisky au bar. Il observe tout ça de loin, trouve dingue qu’autant de personnes se soient déplacées pour elle. Il est fier. Le couple s’en va et un type s’approche de Nina, lui dit un truc à l’oreille et elle éclate de rire. Ses mâchoires se serrent.

    Le mec la colle un peu trop, il a fini par poser son bras sur ses épaules et ne la lâche plus. Elle qui laisse faire. Il va aller lui en coller une. A Nina ou au type. Il faut qu’il se calme, il voit le mal partout, tout ça n’est pas très grave. Tu parles. Il se prend un autre whisky.

    La directrice de l’expo vient le féliciter, il ne saisit pas bien pourquoi. Elle a un anglais très limité et son accent russe n’aide pas. Il comprend vaguement qu’elle parle des visages sur les tableaux, qu’il en est sûrement fier et qu’il a de la chance d’être aimé comme ça. Elle a l’air un peu éméchée, elle a dû se donner du courage avec du champagne, un peu trop sans doute. Il essaie de surveiller Nina de loin, le type est toujours collé à ses basques. L’autre lui abreuve inlassablement les oreilles de son anglais aux multiples ‘r’ roulés sous les aisselles.

     

    *

     

    Cette soirée fut un supplice, la salle se vide enfin et Nina revient vers lui.  

    « Ca va, tu t’es pas trop ennuyé ?

    -Non… Je t’ai regardée. T’as vachement assuré, je trouve. T’en as vendu beaucoup ?

    -Un petit quart. J’ai bon espoir pour le reste, on est qu’au début de l’expo. On va y aller, je suis crevée. Je vais dire au revoir à Yelizaveta. »

    Il la suit et salue poliment les organisateurs, le type de tout à l’heure est encore là et serre Nina dans ses bras comme si elle lui appartenait. Simon se retient pour ne pas lui mettre son poing dans la gueule.

    En sortant Nina lui demande s’il a réservé un hôtel et il réalise que non, ça ne lui est même pas venu à l’idée. Elle lui dit que le sien n’est pas loin, qu’il est classe, le centre a lâché la thune pour l’héberger. Ils se dépêchent d’y aller avant de crever de froid.

     

    A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • C’est une femme. Elle est libre, forte, faible un peu, elle aime la vie et rire de tout. Elle a des responsabilités qui lui creusent la ride du lion, elle est féminine et pourtant sent bien la paire de couilles qui lui pend entre les jambes. Elle aime les gens, parfois trop se dit-elle, mais c’est tellement bon malgré le mal que ça peut faire.

     

    Et pourtant, c’est une connasse égoïste. Une connasse égoïste qui souvent parle tellement trop d’elle que les autres n’ont pas la place de parler d’eux.

    Qui fréquemment délaisse le plus important pour se consacrer à des futilités.

    Qui voudrait avoir plusieurs vies, un homme pour chacune d’elles, et rien à faire dedans.

    À qui au boulot il arrive de faire semblant de bosser tellement c’est passionnant.

    Qui refuse toujours de se livrer à certaines activités qui feraient pourtant bien plaisir à celui qui les partagerait.

    À qui il arrive aussi de se fermer, pour ne plus rien entendre, ne plus rien voir, souhaitant que certaines choses s’effacent pour tout recommencer. Oublier les bêtises et les douleurs,  les maux et certains mots.

    Qui souvent prie fort pour se retrouver seule et pouvoir enfin être elle, sans comptes à rendre et sans façade à ravaler.

    Qui n’ose pas pleurer devant les autres, parce qu’elle ne sait pas se livrer.

    Qui parfois malgré tout se livre, s’offre, prend sans donner en retour et crée un manque chez l’autre en face.

    À qui il arrive de se laisser distraire, coupant l’élan de celui qui venait se confier.

    Qui joue les schizophrènes et cache son autre moi à plein de gens.

    Qui ferme sa gueule et sourit, accumulant les contrariétés et te les faisant exploser à la gueule quand y’en a trop, sans que tu saches d’où ça tombe.

    À qui il arrive de faire semblant de ne pas voir pour ne pas dire.

    Qui se dit qu’elle n’appartient à personne, quelle que soit la relation engagée.

    À qui il arrive de mentir pour avoir la paix.

    Qui joue les innocentes alors qu’elle est en train de manœuvrer pour arriver à ses fins.

    Qui  laisse espérer des choses alors qu’au fond elle sait qu’elle ne te donnera jamais ce que tu attends d’elle.

    Qui parfois est obligée de faire machine arrière et devient alors impitoyable.

    Qui  te veut, toi, alors que ton cœur est pris, et qui est prête à faire ce qu’il faut pour t’avoir en se fichant des éventuelles conséquences.

    Qui est un peu amoureuse d’un animal alors qu’elle a déjà donné son cœur à  un humain.

     

    Bref, c’est une connasse égoïste. Mais si c’en est une c’est parce que c’est comme ça qu’elle se sent bien, vit, respire, touche le bonheur du bout du doigt. Et quand elle se sent bien elle est généreuse. Elle essaie de gommer ses défauts, redouble d’efforts pour ne pas décevoir. Elle aime sans compter, vient au devant de toi, est attentionnée, à l’écoute, te donne tout ce que tu veux. Ses mots, ses bras, sa table, et même ses draps si besoin. Et si tu sais l’apprivoiser, elle se livrera à toi sans retenue. Sans fard elle se mettra à nu, et peut-être qu’elle te laissera entrevoir ce qu’elle cache au fond d’elle. Tout au fond. Ce qu’elle est vraiment.

     

    Une connasse égoïste qui espère tellement ne pas te faire trop de mal.

     

     


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  • Centre d’art moderne Winzavod - Moscou - Novembre 2012

     

    Elle recule pour avoir une vue d’ensemble sur la salle. N’en croit pas ses foutus yeux. Ses toiles, à elle, ici. Elle peut dire merci le START1, merci internet.

    Le traiteur est arrivé, l’installation des petits fours a commencé, tout le monde est en ébullition. Elle a un pincement au cœur en pensant à Simon qui n’est pas là, sort fumer une cigarette avec Yelizaveta, la directrice de l’expo.

    Nina lui répète à quel point elle est ravie et flattée d’être ici, Yelizaveta  lui garantit qu’elle le mérite et que c’est à la hauteur de son talent. Dans un anglais approximatif  elle insiste sur les tableaux représentant le visage d’homme. Souligne la différence avec les autres et lui dit que sa peinture prend vraiment une tournure de plus en plus intéressante.

    Nina reçoit tous ces compliments en souriant. Elle sait qu’il a changé sa façon de peindre.

    Elle lui demande si cet homme existe, si c’est quelqu’un en particulier. Nina tente de noyer le poisson mais la femme n’est pas dupe, les artistes ont toujours des muses. Elle finit par cracher le morceau timidement.

    « He’s my man »

    Elles se sourient d’un air entendu, bien sûr, l’amour est la meilleure des inspirations.

    Elle rentre à l’hôtel prendre un bain chaud, qu’est-ce qu’il fait froid dans ce putain de pays ! On lui a conseillé de se saper pour le vernissage mais les robes de soirées ce n’est pas vraiment son truc. Elle compte bien rester elle-même.

    En sortant de la salle de bain elle jette un œil sur Twitter, les encouragements fleurissent. Ceux de Stan surtout, déguisés en blagues à la con, ça la fait rire et l’aide à déstresser.

    Et puis un message d’une galerie parisienne : ils veulent l’exposer. Le plus tôt possible après Moscou. Ils veulent savoir combien de toiles elle pourrait leur fournir.

    Elle sourit toute seule, dans son peignoir trop grand aux couleurs de l’hôtel. 

    Mais pas de nouvelles de Simon. Elle hésite à se manifester. Préfère attendre le lendemain, ou non, maintenant…

    Elle renonce finalement et commence à se préparer. Elle n’a plus qu’une heure.

     

    *

     

    Il y a déjà des gens qui attendent devant pour entrer, par ce froid, Nina se dit qu’ils sont fous. Yelizaveta lui fait quelques recommandations, lui dit de ne pas se faire de souci. Tout ira bien. Surtout, qu’elle réponde aux questions, les acheteurs veulent toujours tout savoir. Pour faire semblant de comprendre. 

    Les portes s’ouvrent et la foule -oui, la foule- s’amasse à l’intérieur. La plupart bien sûr se précipite sur le buffet mais beaucoup vont vers les tableaux. Même si elle ne comprend pas le russe elle sent tout de suite qu’ils sont enthousiastes.

    Elle inspire un grand coup, toute fière de ce qui se passe. Yelizaveta  lui fait un petit signe de loin, tout va bien, oui.

    Elle se retourne sur un serveur qui passe pour attraper une flûte de champagne, et soudain tout se fige autour d’elle. Le temps s’arrête et la foudre parcourt son corps tout entier. Ses yeux ont l’air de vouloir sortir de leurs orbites. Elle ne respire plus. Submergée par une vague d’émotion si intense qu’elle va en crever.

    Simon est là, devant elle. Elle est au bord des larmes, au bord du fou rire, au bord du gouffre.

    « Putain, tu… Putain de merde ! »

    Il l’embrasse, elle l’attrape et le serre comme si sa vie en dépendait. Elle tremble.

    « On a jamais fait un truc comme ça pour moi, putain ! Oh putain ! » lui lâche-t-elle à l’oreille.

    Les émotions fortes l’ont toujours rendue grossière. Elle s’en fout, de toute façon ici personne ne comprend. Sauf Simon. Simon, merde, il est là…

     

     

    1Programme de soutien aux jeunes artistes

     

     A suivre...

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Il regarde Nina d’un drôle d’œil. Elle se donne en spectacle et ça ne lui plaît pas des masses. Elle se tortille un peu trop sur la musique. Parle fort.  Son attitude attire les regards, des hommes surtout, ils l’observent sous toutes les coutures.

    Des sourires en coin, des regards appuyés.

    Il s’empresse de la prendre dans ses bras comme pour marquer son territoire, elle l’embrasse à pleine bouche et éclate de rire sur une blague vaseuse de Stan.

    « Ha ha ha ! Putain Stan t’es con ! »

    Il a envie de la gifler, il ne sait pas trop pourquoi et s’en veut terriblement. Il aimerait l’enfermer dans une pièce et ne plus jamais la laisser sortir. A cet instant il se fait un peu peur, serre les mâchoires et ne dit rien. Les larmes au bord des yeux. Lui, les larmes au bord des yeux. Il faut à tout prix qu’il se calme pour ne pas que ça tourne mal.

    Il décide de prendre sur lui pour le reste de la soirée, mais essaie d’écourter à plusieurs reprises. Ils finissent par rentrer vers deux heures du matin, il est obligé de la déshabiller et de la coucher, elle est complètement bourrée.

      

    *

      

                Le lendemain il se réveille avant elle et va faire du café, il sait qu’elle va en avoir besoin. Une cuite juste avant de partir, c’est malin ça.

    « Putain, j’ai déconné hier soir… C’te gueule de bois que je me paie…»

    Elle a du mal à émerger, il l’observe en silence. La trouve tellement jolie. Son rimmel a bavé et lui dessine des cernes noirs sous les yeux et pourtant elle est sexy comme jamais. Il l’attire vers lui et la câline un instant, elle a l’air si vulnérable.

     

    «Try to see it once my way

    Everything zen, everything zen

    I don’t think so

    I don’t believe that Elvis dead, yeah

    I don’t believe that Elvis is

    Elvis is... »

     

    Gavin Rossdale s’égosille dans le salon pendant qu’elle prend sa douche. Non, en effet, tout n’est pas zen, il n’a tellement pas envie qu’elle parte. Il lui a proposé de l’accompagner à l’aéroport et le regrette déjà. Il préfèrerait plutôt écourter les adieux. Il se demande comment il va exister ces prochains jours sans elle.

    A peine sortie de la salle de bain elle attrape sa veste et ses bagages, ils sont à la bourre. Elle lui demande quand même de ne pas conduire trop vite, elle a peur en voiture.

    Ils arrivent juste sur la dernière annonce, elle est obligée de courir, il la serre contre lui et l’embrasse rapidement avant qu’elle ne passe la porte d’embarquement.

    « Reviens-moi vite », il lui lâche à voix basse.

    Voilà.

    Lui qui voulait éviter les adieux interminables. Un claquement de doigts et elle a disparu. 

    Il rentre chez lui un peu groggy. Son téléphone sonne au moment où il sort de son garage, c’est Vincent.

    « T’as eu la prod au téléphone aujourd’hui ?

    -Non, justement je viens de voir qu’ils m’ont laissé un message. J’ai pas eu le temps de l’écouter. Qu’est-ce qui se passe ?

    -Ils ont repoussé la date du prime de deux semaines. TF1 lance une nouvelle émission et ils ont peur de la concurrence. Avec le poids qu’a ce programme, ils… »

    Simon ne l’écoute plus. Il ne retient qu’une chose : il est libre pour aller au vernissage de Nina à Moscou. Tout va très vite dans sa tête, il expédie le coup de fil et se précipite sur internet pour prendre des billets d’avion.

    Echarpe, gants, pulls, il enfourne ce qu’il a de plus chaud dans son sac de voyage. Il se dit qu’il n’est sûrement pas équipé pour le genre d’hiver qu’il y a là-bas mais qu’il avisera sur place. Il regarde la brochure de l’exposition qu’elle lui a laissée et s’interroge.

     

    C’est un des tableaux avec ce visage d’homme qu’elle a choisit pour présenter son travail. Il ne sait toujours pas qui c’est, peut-être qu’elle a raison, finalement. Peut-être que c’est personne.

     

    A suivre...

    La chanson de l'épisode : BUSH - Everything Zen 

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains

     

     


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  • Elle referme la porte sur Simon, un sourire aux lèvres. Elle a envie de danser. Le stéréotype de l’amoureuse avec les papillons dans le ventre et le cœur au bord des lèvres. Elle ne pensait plus pouvoir ressentir ça, et, surtout, apprécier cet état.

    Elle envoie un post rayonnant sur Twitter, entrainant de nombreuses réactions de surprise. Elle avait disparu du réseau depuis plusieurs mois déjà, se renfermant sur elle-même, délaissant l’amitié virtuelle et les liens qu’elle avait pu y créer. Besoin de se recentrer, la distance créant parfois des manques trop difficiles à supporter. Mais aujourd’hui elle a envie d’hurler son bonheur à la face du monde.

    Elle rassemble ses vêtements les plus chauds, pense qu’elle va certainement avoir bien froid là-bas.

    Elle hésite entre joie et chagrin. L’impatience d’être à son expo et le déchirement de s’éloigner de Simon. Elle aurait aimé qu’il puisse venir, qu’il soit présent à ses côtés au vernissage.

    « On va au Colimaçon ce soir ? »

    Stan l’a appelée pour aller boire un verre. Elle le prévient tout de suite qu’elle ne sera pas seule. Simon la rejoindra sûrement.

    « Ben comme ça je ferai sa connaissance. J’essaierai de pas faire ma groupie hystérique… » Il se marre au bout du fil.

    Elle trouve ça drôle quand il parle de lui au féminin. Con, mais drôle. Elle l’embrasse et raccroche, monte le son de la platine sur le début de Sylvaplana, ferme les yeux et se laisse porter.

    Elle a beau adorer la musique de Simon, Arman Méliès la fait voyager bien plus loin quand même.  Ahurissant ce morceau, le plafond va voler en éclats. Dehors l’orage de la veille a laissé derrière lui une brume épaisse, moite, digne d’un Londres époque Jack l’Eventreur. L’ambiance générale à l’extérieur est plutôt pesante.

    Elle espère que Simon finira assez tôt pour passer la prendre, se balader dans les rues sans y voir à un mètre ne la rassure pas.

    Quand Simon arrive enfin au Colimaçon il est tard, Stan et Nina ont déjà descendu quelques verres. Elle est un peu éméchée. Elle fait les présentations, elle est ravie qu’ils se rencontrent.  Elle parle un peu fort et pouffe de rire à chaque fin de phrase. Elle se trémousse sur Kids de Joseph D’Anvers dont les albums tournent en boucle, lubie du patron. Ce soir elle a envie de s’amuser. Elle regarde Simon et le trouve tellement beau, elle se demande à ce moment là si elle ne rêve pas, si tout ça est vrai, si elle ne va pas se réveiller brutalement seule dans son lit. Elle s’accroche à son cou et l’embrasse goulûment, comme pour se prouver que tout ça existe vraiment. Sa tête tourne un peu mais elle se marre, encore, chancelante.

     

    A suivre...

    Les chansons de l'épisode : Arman Méliès - Sylvaplana (Live acoustic)

                                                  Joseph D'Anvers - Kids (Feat Money Mark)

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Through the window she can see it’s snowing

    She can see his shadow, she close her eyes, laughing

    She can feel him he’s coming

    The wind is blowing and he walks through the snow

    She’s ready for him, blood-thirsty, just ready

    They’ll dance together, they’ll make love all night

     

     

    He brings her black roses

    Jewels with red diamonds

    He loves the way she smile

    He loves the way she talk

    He loves the way she walk

    He loves the way she laugh

    He loves the way she kiss

    He loves the way hold

     

     

    He can see her smiling, laughing

    Her red lips and pretty white teeth

    She can touch him with her hands

    Her hands, blood-red nails as he’s trumbling

    His skin, his flesh, so white, so tasty she says

    ‘Let the poison flow in your veins and let me reborn you from your blood’

     

     

    You’re the chosen one

    The only one

    The one she wants

    To play with, to kill

    Don’t resist, you just can’t

    You can’t help her

    From make you suffer

    From make you die

     

     

    You’re just a shooting star, for her just a toy

    You’re her doll, a slave, a shooting star

    Sooner she’ll forget you and will find anotherone

    Another toy to break another heart to waste

    She’s your master and you, poor puppet

    She is the poison you will drink

     

    He brought her black roses

    Jewels with red diamonds

    He was the chosen one

    For a time, a little time

    She broke her toy

    She forgot him

    She chose anotherone

    To play with, to kill

     

     


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  • L’ombre. La présence. Inédite et surprenante. Inquiétante, bouleversante, renversante.

    Let me see your face. Please, I’m beggin’ you down on my knees. I’m beggin’ you.

    Elle m’enveloppe. M’enrobe. M’apaise. Elle est là, partout, nulle part, en moi, devant moi, derrière moi.

    You’re not here anymore. I’m going to find you in my dreams, waiting for a new day with you. Or without you. Thinking about you. As always.

    Ton regard posé sur mon épaule, tes bras autour de moi. Et pourtant je ne te vois pas.

    Each time you disappear my smile goes away with you. But when you come back you put a double one on my face. Each time.

    Je sens ton souffle, j’imagine tes yeux et ta voix, j’essaie de fabriquer ton visage.

    Maybe I should... Leave you alone. Maybe I should stop talking. Maybe I should look somewhere else. Maybe I should close my eyes...

    Je ne te sais pas. Je te comprends, je t’entends et te lis mais ne te sais pas.

    Maybe I should free you. You have to stay on the right side. You should forget me and evething about us. Life is cruel but beautiful.

    Cette présence m’obsède, provoquant mes sourires jusqu’aux larmes, mon plaisir jusqu’à la souffrance.

    I know you do your best. You don't have to. You don't have to give me all these things... You have to take care of you.

    Dans cette vie je ne vois plus que toi, ou presque, mes yeux s’ouvrent pour toi. Sur toi.

    I miss(ed) you so much. I love to see you. I love to feel you. Come with me, come inside of me...

    Illusion, rêve ou réalité, chaque matin vers toi se dirigent mes pensées et chaque soir vers toi se tournent mes rêves.

    I won't go anywhere. A part of me can't do anything but stay here with you.

    Le doute m’envahit parfois, ce monde existe-t-il, ces mots ont-ils été écrits, mon cœur a-t-il un jour cessé de battre ?

    I don't care about your price. In my heart you don't have a price. You are just here.

    Tout est décuplé. Mon imagination divague et je me retrouve là bas, avec toi, perdue dans tes bras, perdue en toi.

    On the other side you can show your face and throw away the mask. Think about it.

    Les poils dressés sur ma peau et le sillon humide le long de ma joue. Le bleu de mes yeux qui n’existe que pour toi.

    I'm gonna miss you and you know it. Come back soon before I die.

    En silence je te décrypte, en silence je t’observe, ta  présence qui me submerge.

    I don't understand what you try to tell me. Will you stay with me ? Will you go ? Will I see you again you on the other side...?

    En silence je t’apprends, discrètement je te surveille, tendrement je te chéris.

    All I want is taking care of you. Protect and cherish you. You, the sweetest thing I have right now. My beautiful secret.

    Je guette les signes et les apparitions. Un jour peut-être tout changera, un jour peut-être tu me reconnaîtra.

    I wonder where you are. Give me a sign, give me a sigh, give me a star...

    Si familière à l’intérieur de moi, cette présence me tue et me nourrit. Me tue et me garde en vie. Me tue et me remplit de joie.

    I know how and who you are. I know what you can and can't do. I know you.

    La douleur grandissante au fond de mon ventre. L’étau qui se resserre sur mes tempes. La main qui serre mon cœur jusqu’à en extraire le nectar rouge et chaud, libérant mes veines de ce fardeau.

    I'll do what you want. Just tell me what I have to do. I'll always be there for you.

    Laisse moi, libère moi, libère toi, mais ne m’abandonne jamais. Laisse au moins ton ombre planer, même si ça fait mal à en crever.

    I hope you can give so much more. Waiting, maybe someday...

    Donne moi tes mots, donne moi tes rêves et tes pensées. Donne moi tes bras et ta peau. Donne moi ton visage et tes yeux. Donne moi toi.

    I don’t want to die. I don’t want to lose you. I don’t want to lose myself. Take me to the other side, this is the end and we are going to disappear.


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  • En découvrant ce visage masculin sur ses tableaux, Simon commence à réaliser que Nina a peut-être un homme dans sa vie. Rien que l’idée lui est insupportable. Il n’avait pas envisagé cette éventualité jusqu’à présent. Il se met à bouillir intérieurement et lui demande  sèchement qui est-ce. Il la regarde se décomposer et bredouiller une réponse bateau, du genre personne et tout le monde, l’inspiration artistique. Mon cul. Il ne la croit pas. Il se demande pourquoi elle lui ment là, pourquoi elle lui mentirait dans l’absolu. Il s’apprête à la questionner encore, quand elle se précipite sur lui pour l’embrasser.

    Stupéfaction.

    Nina est dans ses bras, sa langue cherchant la sienne, son parfum envahissant ses narines et ses cheveux s’accrochant à sa barbe. Il lui rend son baiser fougueusement, a l’impression de décoller du sol et c’est le clic-clac qui amortit leur chute. Il reprend ses esprits comme elle se redresse et s’écarte de lui. Il a peur qu’elle change d’avis. Il lui attrape le bras pour la retenir  mais elle sursaute, étouffant un cri.

    « Oh merde, pardon, ça va ?

    -Oui….

    -Je t’ai fait mal ? 

    -Non, c’est… Ca va, c’est rien. »

    Il voit bien ses yeux s’embuer. D’un geste de la main elle écarte une mèche de cheveux sur son front, il lui caresse la joue en fermant les yeux. Prie pour que ce moment ne s’arrête pas. Qu’elle ne lui échappe jamais.

    « Qu’est-ce que tu as au bras ? »

    Elle hésite mais relève la manche de son t-shirt et il découvre une cicatrice qui va du pli du coude au poignet. L’atmosphère s’alourdit. Ils se regardent sans rien dire, ça  va devenir une habitude chez eux.

    «Un jour j’ai voulu arrêter de vivre».

    Simon se penche vers elle et lui embrasse le bras, accompagne chaque baiser d’un léger coup de langue sur la cicatrice. Comme pour laver sa douleur. Elle frissonne, il continue de l’embrasser, voudrait tant qu’il n’y ait plus rien après. Il aimerait la lécher toute entière, laver son corps de ces douleurs inexpliquées. Laver son âme de ses tortures intérieures.

    Après de longues minutes de ces baisers silencieux leurs corps se trouvent enfin, ignorant l’orage tonitruant qui fait trembler les vitres de l’appartement. 

     

    *

     

    La sonnerie de son portable les tire d’un sommeil paisible, sans rêve. Vincent incendie Simon au bout du fil, ça fait trois heures qu’ils l’attendent pour commencer le tournage. Leur faire ça le dernier jour il exagère, quand même. Ils commençaient à se demander s’il était pas mort, quoi. Il jette un œil à sa montre et se demande comment ils ont pu dormir aussi longtemps. Il marmonne une vague excuse et lui dit qu’il arrive, raccroche et regarde Nina se lever.

    « Faut que j’y aille, bébé »

    Bébé. Tu parles d’un cliché. A ce moment précis il se déteste mais ne trouve pas d’autre mot pour la qualifier, avec ses grands yeux de petite fille innocente.

    « Tu m’appelles quand t’as fini ? Je bouge pas aujourd’hui, je prépare mes bagages »

     

    Elle vient se blottir dans ses bras et il respire un grand coup ses cheveux. Tente de graver son parfum dans sa mémoire. 

     

    A suivre...

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • La fusion. L’enchevêtrement des corps et des esprits. Comme si on s’était fait greffer un nouveau membre.  Au début on trouve ça surprenant, c’est agréable mais on sait pas trop ce que c’est, on a jamais connu ça. Et puis on s’habitue. On en veut encore, plus, toujours plus. C’est grisant, la vie part à cent à l’heure, on se sent invincible et éternel. On sait que l’autre comprend tout, du moins on le croit. On se permet tout, c’est pas grave, il sait.

    Et puis un jour le pas de trop, le mot de travers, l’acte impardonnable. Et tout s’arrête. Choc frontal, membre blessé, urgences, amputation. Commence alors le chemin de croix. Le syndrome du membre absent. La souffrance profonde, inattendue, et l’obligation de faire sans. Sans ce membre absent qui pourtant est là, on le voit, il s’agite, vit, s’affaire de son côté, semble respirer à peu près bien tout seul. Il n’est plus raccordé au reste du corps mais il respire encore. Ou a l’air, on n’en sait pas plus, la communication est brouillée, les codes ne sont plus très clairs, la connexion est coupée. Pourtant on cherche à savoir, à deviner, est-ce qu’il souffre autant, est-ce que la distance est aussi douloureuse pour lui ? Toutes ces questions qui restent sans réponse, puisque le choix qui a été fait est de ne pas titiller ce membre absent.

    Ca démange, bien sûr, mais on sait bien que gratter les plaies ne ferait qu’arracher les croûtes. Tout ça n’est pas ragoûtant je vous l’accorde, mais la souffrance morale est souvent tellement similaire à une souffrance physique.  Parfois elles se mêlent, même, la fameuse fusion, qu’on retrouve encore ici. Mais dans sa version sombre, celle de l’enfer, celle où l’on se consume malgré soi.

    Alors maintenant il faut vivre avec. Ou plutôt sans, sans ce membre qui n’a pas été là pendant si longtemps  mais qui, une fois raccordé, était devenu indispensable. On fait comme si, on tente de continuer à respirer, sans savoir vraiment quelle partie du corps on a perdu. Etait-ce un poumon, des tripes, une partie du cœur, un cerveau ? En tout cas un organe vital. Les pansements et compresses aidant, la blessure va cicatriser, pour sûr. Ce sera long, probablement, et bien sûr on espère une greffe rapidement, avant que la douleur ne soit trop usante. On guette le téléphone, en attente d’un appel du centre de greffe. Inlassablement. Parce qu’il nous est impossible de faire autrement. Parce qu’imaginer la vie sans ce membre est tout bonnement inconcevable.

    Mais en relisant les statistiques du centre de greffe, il apparaitrait que les membres se réunissent toujours au final. Quel que soit le temps d’attente. Alors attendons. Et que ça vienne ou pas, surtout, faire un point sur soi-même et se remettre en question afin que ça n’arrive plus jamais avec aucun membre, d’origine ou rapporté.

     

     


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  • Elle écoute en boucle les morceaux de Simon depuis le matin. Elle les a rapidement intégrés, ils ont l’air de sortir tout droit de ses entrailles. C’est la différence avec ses albums précédents. Maintenant il ne lui prend plus les tripes, il est ses tripes.

    Il lui a laissé quelques textes, aimerait qu’elle fasse le tri. Elle voudrait éviter de s’éparpiller, il faut à tout prix qu’elle finisse ses toiles mais n’arrive pas à quitter les mots de Simon. Des images se bousculent dans sa tête. L’inspiration. La confusion.  

    Elle cherche un peu de courage en se servant un verre de vin, s’allume une cigarette, met de la musique et croise les volets. Elle a toujours préféré peindre dans la pénombre.

    Elle attrape quelques tubes de peinture, fait quelques mélanges plutôt sombres sur sa palette et jette un œil sur la toile blafarde avant d’y poser timidement le bout d’un pinceau. Elle sent son ventre gronder et l’adrénaline qui monte. Un premier cercle noir se dessine, un début d’œil peut-être, elle cherche le relief dans l’épaisseur de la peinture, n’a pas assez de mains pour dire à la toile tout ce qu’elle a envie de lui dire.

    Deux jours plus tard elle se réveille toute habillée sur le canapé, la tête en vrac, elle a fini ses toiles. La première fois qu’elle peint aussi vite. Surtout la première fois qu’elle peint quelqu’un qu’elle connait.

    Il n’est pas reconnaissable, pour sûr, mais elle, elle sait qui c’est. Il a investi ses pinceaux, ses toiles. Elle ne pouvait penser qu’à lui. Elle refuse pourtant de comprendre ce que ça veut dire.

    Elle file dans la douche avant d’appeler Stan, il faut absolument qu’il voie ça.

     

    *

     

    « Ah oui, c’est… Wouhaou ! Et ça c’est Simon, donc ?! » Il en reste comme deux ronds de flanc.

    -Ben… Oui. Je crois que j’ai un problème.

    -T’es amoureuse, c’est loin d’être un problème. Et tu comptes faire quelque chose ? »

    Nina ne répond pas et cherche ses clopes nerveusement. Elle tremble. Ca se bouscule sec dans sa tête, en parler avec Stan ne l’aide pas tout à fait. Elle se sent un peu perdue.

    « Te mets pas dans cet état, Nina »

    Les larmes commencent à couler sur ses joues. Elle sait qu’elle ne pourra pas les arrêter, comme si les vannes s’ouvraient tout d’un coup. Stan la prend dans ses bras et l’emmène sur le canapé.  Elle se recroqueville contre lui et continue à pleurer, sans fin on dirait. Il essaie de la rassurer, de la convaincre qu’ils ne sont pas tous comme Arnaud. Il lui dit que ça va aller, qu’il faut vraiment qu’elle oublie ce connard et qu’elle aille de l’avant. Il lui dit qu’il s’y collerait bien mais qu’il est pédé, que c’est dommage mais que c’est la vie. Il veut la faire rire mais ça ne marche pas, elle est secouée de larmes.

    Après quelques minutes d’interminables sanglots, elle finit par  se reprendre et va se servir un verre d’eau. Embrasse Stan sur la joue en se levant. Sa peau est douce et lisse, ça fait tout drôle, il s’est rasé la barbe. Elle repense à celle de Simon, il lui monte une irrépressible envie de la caresser, encore. Il faut peut-être qu’elle se rende à l’évidence.

     

    *

     

    Rue Brisemiche, le lendemain, Nina regarde Simon s’avancer vers elle et son cœur s’emballe. Oui, elle a bien fait de l’appeler.

    Elle lui propose d’aller boire un café quelque part, il commence à pleuvoir et le vent se lève aussi. Sale temps pour un rendez-vous amoureux.

    « Alors, tu pars quand à Moscou ?

    -Mardi prochain. D’ailleurs si tu veux voir mes toiles il va falloir qu’on se cale ça rapidement, je dois les emballer pour lundi. »

    Simon la regarde fixement avant de lui répondre qu’il est libre comme l’air aujourd’hui. Ils n’attendent pas leurs cafés, se lèvent et filent en direction de son appartement. Ils courent  jusqu’au métro, cette foutue pluie ne s’arrête pas, et déboulent trempés sur le quai, pouffant comme des gamins. Elle a froid, elle commence à grelotter. Simon la prend dans ses bras pour tenter de la réchauffer.

    Parfois le mauvais temps rapproche les corps.

    Une fois chez elle Nina attrape des serviettes et ils se sèchent un peu, ses cheveux mouillés gouttent sur le sol et la pluie fait scintiller la barbe de Simon.

    « C’est dans la pièce à côté, je mets de l’eau à bouillir et je te montre. »

    Un thé bien chaud leur fera du bien et elle a besoin de se donner une contenance. Elle est morte de trouille. Elle installe les toiles un peu partout dans la pièce pour qu’il ait une vue d’ensemble, il ne dit rien. Elle lui tend sa tasse de thé fumante, le regarde dans les yeux un instant, il ne dit toujours rien. Elle est un peu déstabilisée, elle le sent extrêmement distant tout d’un coup, commence à regretter qu’il soit là. Il serre les mâchoires. Elle peut voir ses muscles saillir, et ça lui fait presque peur.

    « Et c’est qui, ce mec ? »

     

    La phrase a claqué comme un coup de fouet. 

     

    A suivre...

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • Au fond de lui il n’est pas vraiment sûr d’être là pour les bonnes raisons. Il l’observe depuis un moment et n’a qu’une envie, celle d’aller coller son nez dans ses cheveux. Il la veut. Au-delà de la simple excitation sexuelle. Il la connait à peine et  jurerait qu’il en est amoureux fou. Il est à deux doigts de la prendre dans ses bras et de la câliner comme une enfant, là, en plein milieu du resto.

    Nina s’arrête de parler et le fixe un instant avant de lui demander si ça va.

    « Oui. Pourquoi ?

    -Je sais pas, t'es bizarre.

    -Non, je… Non. »

    Et puis merde. Qu’est-ce qu’il a à perdre, à la fin ?

    « J’ai pas très envie qu’on reste là, en fait. Tu veux bien qu’on aille chez moi ?

    -Heu… Je sais pas, je… Tu as des trucs à me faire écouter ?

    -Je ne pensais pas vraiment à ça, à vrai dire. »

    Ils se fixent un instant sans rien dire. Il n’y a même pas de malaise, juste un long silence.

    Simon se lève, attrape Nina par la main, ne lui laisse pas le temps de protester. Une fois dans la voiture il ne tient plus. Il la prend dans ses bras et la serre contre lui. Elle est à lui pour toujours, pour deux secondes, un peu. Ils restent un moment comme ça, elle ne bouge pas. Mais il sent bien qu’elle n’est pas absolument d’accord avec son geste.

    « Allez, je te ramène, c’est mieux comme ça.

    -Ecoute, je suis touchée, flattée même que tu t’intéresses à moi sous cet angle, mais…

    -Mais c’est pas réciproque, j’ai bien compris.                                    

    -On va dire ça comme ça. C’est un peu plus compliqué en réalité, je… J’ai pas envie de t’expliquer. Je pensais qu’on allait parler boulot, enfin musique, quoi. Tu veux vraiment bosser avec moi, ou tu m’as monté un bateau juste pour me sauter ?! »

    Elle n’a pas sa langue dans sa poche. Il voudrait qu’elle disparaisse, ne plus y penser, et en même temps la couvrir de fleurs et l’asseoir sur un trône doré. Sans déconner.

    « Non, je suis pas comme ça, vraiment. Je crois que le mieux c’est d’oublier ce malentendu, et de repartir à zéro. J’ai deux ou trois morceaux que j’aimerais vraiment te faire écouter, oui, si ça te dit toujours on y va. »

    Nina regarde droit devant elle, il la sent hésitante mais elle acquiesce d’un hochement de tête, sans rien dire. Il démarre et  trace en direction de chez lui. Elle ne décroche pas un mot de tout le trajet.

    *

    « Fais pas attention au bordel…

    -Oh, ça va, c’est pas rangé mais au moins c’est propre ! 

    -Ca a l’air, comme ça, en surface, mais regarde pas les meubles de trop près s'il te plait… »

    Son sourire. Qu’est-ce qu’elle est jolie, putain.

    «Tiens, assieds-toi, on va se boire un truc avant  manger, je dois avoir des pâtes. A moins que tu préfères qu’on commande des pizzas ?

    -Non, des pâtes ça m’ira très bien. Je peux t’aider, tu veux que je fasse une sauce ? »

    Il ne va pas avoir la force.

    Il a envie de l’épouser et d’acheter une maison de campagne avec un chien et des lapins.

    Il a envie de fermer la porte à clé et de rester là avec elle jusqu’à quatre-vingt douze ans.

    Il a envie de tout sauf de la laisser partir.

    « On va se débrouiller, t'inquiètes. Qu’est-ce que tu veux boire ?

    -Je sais pas, tu as de la vodka ? Avec un jus ? »

    Simon leur sert deux vodkas pamplemousse et allume son ordinateur.

    « Bon, je te préviens, tu vas être surprise. Les nouveaux morceaux sont assez différents des précédents albums. Je ne sais pas si c’est l’âge ou la tendance actuelle, mais je suis parti dans les sons électros, genre années quatre-vingt… »

    Il envoie un premier extrait, presque tremblant, et l’observe. Elle s’allume une cigarette en balançant la tête au rythme de la musique, il reste hypnotisé par la trace de son rouge à lèvre sur le filtre.

    Le morceau se termine, Nina écrase sa clope en prenant une grande respiration avant de parler. Simon est suspendu à ses lèvres.

    « J’aime beaucoup. C’est différent, en effet. C’est assez proche de ce que j’aimerais faire, en tout cas. J’espère juste que je serai à la hauteur…

    -T’inquiète pas pour ça, j’ai confiance. 

    -J’ai aussi pas mal de boulot en ce moment. J’ai une expo la semaine prochaine à Moscou, il me manque  encore quelques tableaux. Je suis vraiment dans le jus.

    -Tu peins ou tu organise ?

    -Je peins. En fait à la base je suis peintre, la musique c’est venu après…

    -J’ai le droit de voir ce que tu fais, ou il faudra que j’aille à Moscou ?! »

    Le visage de Nina s’éclaire et un sourire à tout casser s’étale sur son visage. Il veut l’épouser.

    «  Bien sûr que je peux te montrer ! Ca me touche, d’ailleurs, que tu t’intéresses à ce que je fais.

    -J’imagine que je suis pas le seul, si tu fais des expos jusqu’en Russie…

    -C’est un coup de bol, en fait. Une opportunité extraordinaire. J’espère vraiment que ça va marcher, j’ai besoin que ma vie bouge un peu. »

    Son regard change légèrement, sa voix se brise furtivement. Elle semble accablée l’espace d’un instant. Il plonge dans ses yeux en lui tendant le briquet pour allumer une nouvelle cigarette, se demande ce que cache cette défaillance. Nina le remercie d’un sourire un peu forcé, et change de sujet en revenant sur les morceaux qu’ils viennent d’écouter.  

     

    La soirée se termine simplement, il se fait violence pour paraître calme et détendu. Il la raccompagne chez elle et la quitte rapidement.

     

    A suivre...

     

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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  • « Je suis absolument d’accord avec toi. C’est dommage pour l’émission, mais je suis absolument d’accord avec ta décision. »

    Elle vient d’annoncer à Simon qu’elle quittait le programme. Ce n’est pas comme ça qu’elle veut faire de la musique. Elle a besoin de commencer petit, elle n’a pas les épaules pour ce genre de grosse mécanique.

    Il commence à lui expliquer les défauts du show, qu’en effet il a vite trouvé qu’elle n’y serait pas à sa place mais  elle ne l’écoute qu’à moitié. Les yeux rivés sur son visage qu’elle se met à détailler.

    Elle l’a toujours trouvé beau. Comme une groupie, d’abord ado fascinée par le personnage, puis adulte passionnée par son travail. Et maintenant elle est face à lui, face à son front qu’elle trouve immense, sa barbe qu’elle aurait bien envie d’aller caresser et ses yeux gris clair qu’elle trouve d’une beauté assourdissante.

    Elle récupère le fil de la discussion quand il commence à lui proposer de travailler avec lui, il aime sa voix, pense que ça collerait bien avec ses nouveaux morceaux. Il voudrait en parler tranquillement autour d’un verre et finit  par l’inviter au restaurant le lendemain soir. Nina accepte machinalement, un peu abasourdie par ce qui arrive. Bredouille un au revoir et le quitte pour aller retrouver Stan à la Maroquinerie.

     

    *

     

    « T’avais raison, c’est vachement bien…

    -Ah ! Tu vois, je savais que ça allait te plaire ! »

    Nina a trainé  Stan un peu malgré lui au concert de Chokebore. Il ne connaissait pas, juste la voix du chanteur sur un morceau en duo avec Joseph d’Anvers.

    «C’est mélancolique  et habité,  le chanteur est tout maigre, pile poil à mon goût. »

    Elle sourit et ils se dirigent vers le bar, commandent deux Despérados et vont s’asseoir sur la terrasse. Deux tables plus loin sont assis Arman Méliès et Julien Doré, c’est ça qu’elle aime à Paris, croiser les artistes à l’improviste.

    Elle lui raconte sa journée et lui fait part de sa décision quant à l’émission. Il n’essaie même pas de la convaincre, il sait que c’est inutile.

    « C’est vrai que c’est pas ton truc, mais ça restait une opportunité… Tu vas pas le regretter ?

    -Non. D’une part je peux retenter plus tard, et d’autre part… »

    Nina laisse un peu de suspense mais commence à sourire malgré elle, l’excitation au bord des lèvres.

    « Quoi ?

    -Simon veut qu’on bosse ensemble. Il m’invite au resto demain soir pour en parler. »

    Elle en a les larmes aux yeux, lui en reste bouche bée.

    « Ben tu pouvais pas espérer mieux, finalement, non ? T’aurais voulu le faire exprès…

    -Tu m’étonnes… Je ne sais pas ce que ça va donner, il a l’air très inspiré, on verra bien.

    -Vous allez finir par faire la couv’ de Closer : « En couple à la ville comme à la scène…»

    -Arrête, j’ai pas l’intention de finir avec lui…

    -Mmm, c’est ça. Me dis pas qu’il ne te plait pas !

    -Si, bien sûr, tu rigoles… »

     

    Malgré ses réticences à replonger dans une histoire d’amour, elle ne peut s’empêcher d’avoir envie de sourire. Stan l’a bien vu et la taquine. Comme à son habitude.

     

    A suivre...

     

    La musique de l'épisode : Chokebore

                                                    A découvrir :  A taste for bitters

     

    L'intégralité de l'histoire ici : Entre Mes Mains


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