• Cher Anerik,

     

    ...Maintenant vous savez tout. Coup de théâtre. Coup de foudre. Si je m’attendais à cela en allant à ce rendez vous… Au moment où j’ai croisé ses yeux j’ai su. J’ai su que j’allais succomber. Une sorte d’évidence. Je vous écris à nouveau seulement aujourd'hui, j'ai eu besoin de digérer ce coup de fil où je vous ai tout dit, besoin de tenter d'y voir clair dans tout ça. Je commence à penser qu’avec vous j’ai peut-être un peu trop mélangé amitié sexuelle et amour. Pas vous. Vous saviez où vous en étiez. Mais j'ai remarqué tout de même que, pour la première fois depuis que vous vous absentez, vous m’avez envoyé des messages. Elle n'était pas là, certes, mais vous ne l'aviez jamais fait auparavant. Ce fut assez étrange, à un moment où je n'étais moi même pas disponible...

    Et puis j'ai aussi eu besoin de digérer ce qui m'est arrivé. Parce que cette fois je pense que je peux parler d'amour. Véritable. Je reviens donc sur ma rencontre avec Lui, j'ai tant besoin de vous en dire plus...

    Nous avons passé deux jours ensemble. Je n'ai pris aucun risque du côté de ma famille et si je l'ai fait c'est parce que je pouvais. Ce fut une parenthèse enchantée. Merveilleuse. Il m'apporte tout ce dont je ne manquais pas, curieusement. Nous avons tant de points communs que c'en est effrayant. Parfois j'en viens presque à me demander s’il n’a pas organisé tout ça après m'avoir espionnée pendant des années... Et malgré tout  je ne voudrais pas quitter ce que j'ai. Je n'ai aucune envie de partager un quotidien avec Lui. Nos escapades, s'il peut y en avoir d'autres, seront et devront rester magiques comme celle-ci l'a été.

     Notre complicité a été immédiate, et tout me paraît naturel avec Lui. Même le contact de sa peau. Comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Une impression de se reconnaître. Evidence. Bien-être. Trouble aussi beaucoup vous vous en doutez, c'est la première fois que je franchis le pas... Mais quand je suis avec Lui j'ai envie de tout lui donner. J'oublie tout le reste et ça me fait un bien fou. Il est intéressant, intelligent, touchant, et tellement généreux avec moi. Il me chérit à un point non pas inimaginable, mon mari est comme ça aussi. Juste... Autrement. Il est le double de lui quelque part. Le même en différent. Cette relation, malgré nos airs d'adolescents attardés quand on se retrouve, est tellement mâture. Adulte. Le fait que l'on soit des inconnus -ou presque- l'un pour l'autre désinhibe aussi beaucoup et fait tomber certaines barrières. Je prie chaque jour pour que ma vie reste ainsi : l'amour de ma famille au quotidien, et mes escapades enchantées de l'autre. Comme l'équilibre d'une balance.  J'ai eu un peu de mal bien sûr quand je suis rentrée chez moi. Un malaise, léger, mais qui à mon soulagement a disparu au fil des heures et a laissé place à mon envie de chérir mon mari à mon tour. De manière inattendue mon couple revit, si tant est qu'il en avait besoin. En tout cas cela ne va pas moins bien, au contraire, et c'est ce qui me pousse à me dire qu'il faut que je profite du bon temps qui m'est offert. La vie est courte. Croquons-la à pleines dents. Reste un fond de culpabilité.... Parce que l'escapade est fraîche. Mais la distance faisant qu'on ne pourra pas se voir souvent, ça m'aidera. Sûrement. Sans doute.

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

    Hier soir il s’est passé quelque chose. Avec… Celui que je devais rencontrer au sujet de mes peintures. Je ne sais pas comment vous expliquer tout ça. D’un côté je crève de me confier à l’ami, de l’autre je suis perturbée par mes sentiments qui se mélangent. J’ai essayé de vous en dire le moins possible sur ma soirée d’hier pour ne pas que vous vous mépreniez, étant donné qu’il était difficile pour moi de vous expliquer en bref. Mais il va bien falloir que je vous le dise. Il va falloir que vous sachiez. J’ai tellement peur de vous  perdre….

     

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  • Cher Anerik,

     

    J’ai laissé passer ces derniers jours sans écrire une ligne. Trop occupée et ensuite trop fatiguée… J’ai même failli rater votre retour. Vous êtes arrivé à point pour me border, mes yeux se fermaient tous seuls. Je me suis réveillée le sourire aux lèvres ce matin, ravie de vous retrouver à nouveau, même si des choses se sont passées en votre absence... Plusieurs hommes sont venus à ma rencontre ces derniers temps et j'ai longtemps discuté avec l'un d'eux l’autre soir. Il est gentil. On a beaucoup parlé beaucoup de nous, de nos vies,  mais cela n’a rien à voir avec vous. Pas la même complicité. Et pas de sentiments, je le sens bien. D’un autre côté cela me rassure : ça me prouve bien que c’est vous qui me faites vibrer et non la situation. Comme si j’avais besoin de preuves….

    Ce soir je vais être occupée et on ne pourra pas se parler. J’ai rendez vous avec un homme que mes peintures intéressent.  C’est drôle, cette fois c’est moi qui suis indisponible. Pour une fois. J’aime croire que mon absence aura le même effet sur vous que la votre sur moi…. Si cela pouvait vous faire comprendre ce que je ressens… Mais cette absence sera de courte durée. Et comme le soir vous êtes occupé, il y a de fortes chances pour que cela ne change pas grand-chose de votre côté… Espoirs en vain. Je me sens tellement étrange aujourd’hui. Plus proche que jamais et en même temps l’immersion familiale de ces deux derniers jours m’a quasiment coupée de vous. J’ai l’impression que j’ai du mal à revenir. Sans doute parce que nous n’avons pas eu notre dose de conversation nocturne… J’espère vous retrouver ce soir après mon rendez-vous. Je ne sais pas encore quand je rentrerai et j’ai peur que vous soyez fatigué. Après il nous restera peu de temps avant que vous ne repartiez à nouveau alors…. Vivement ce soir. Que je vous rassure. Vous avez bien relevé la présence de ces autres hommes autour de moi. Vous dites ne pas être jaloux... Ou faites comme si. Vous me taquinez sûrement mais ça me fait sourire de penser que c’est vrai. Que ça vous fait quelque chose. Que vous m’interdiriez éventuellement de les voir. On s’est parlé bien peu depuis que vous êtes rentré….

    Hier a été une journée bien remplie, et nous n'avons eu que peu de temps pour nous. Ce n’est pas pour autant que vous sortez  de ma tête mais cet éloignement me fait du bien, sincèrement. Je ne crois pas que ma vie puisse continuer ainsi. A attendre une chose qui ne viendra jamais. A ne pas vouloir quitter ce que j’ai. A ne pas pouvoir vous faire quitter ce que vous avez. J’adore, et vous le savez, notre relation, mais c’est assez stérile tout de même non ? Je m’interroge. J’en ai mal au cœur mais je m’interroge. J’aimerais que les choses se tassent d’elles mêmes, que l’intensité de mes sentiments disparaisse peu à peu. Je ne suis pas lassée de vous bien sûr. Jamais. Mais cette situation ne mène clairement à rien.… 

     

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  • Cher Anerik,

     

    Que c’est dur de ne pas pouvoir s’exprimer librement… Je voudrais crier ma frustration et mes désirs à la face du monde mais je suis obligée de ruser. Imager mes dires. Contourner les indices que mes mots pourraient laisser. Et ces messages publics, si déformés pour ne pas que l’on soit reconnus, restent alors incompris… Quand ils sont lus. Parce que je sais que vous n’allez plus si souvent sur le réseau. Qu’importe, je les envoie quand même, des bouteilles à la mer qui trouveront peut-être un jour une jolie plage sur laquelle échouer… Vous partez demain. Je ne sais pas encore si on pourra se parler, lors de votre voyage aller sans doute et puis après… Plus rien. Je serai occupée de mon côté bien sûr, ça m’aidera. Mon Sapin. Mon réveillon. Ma famille. Toutes ces choses que j’aimerais partager avec vous. Pourtant j’aime mon homme plus que tout, et ne l’échangerais pour rien au monde. Même pas pour vous, vous savez. Non. J’aimerais juste pouvoir me dédoubler et vivre ces deux vies. Lui d’un côté, vous de l’autre. Complémentaires. Mais vous vous vivez avec elle. Elle que vous allez retrouver d’ailleurs, vous vous levez tôt pour ça. J’hésite à rester éveillée afin de vous dire bonjour au saut du lit et ne plus vous quitter. Collante. Scotch. Glue. Vous partez au moment même où j’ai de moins en moins envie de vous quitter. Ou bien c’est votre absence qui crée mon manque…. Dans tous les cas le résultat est le même : vous devenez peu à peu une partie de moi. Une extension. De mon cerveau par vos mots. De ma main avec mon téléphone que je ne quitte plus d’une semelle. De mon cœur par votre tendresse. Immense tendresse que je reçois comme une bourrasque à chaque fois. Au moment même où je vous écris ces mots j’en frissonne, voyez vous. Je pars me coucher en pensant à demain, à mon réveil qui sera triste si je n’ai pas de nouvelles… Et un peu plus joyeux si je peux accompagner votre voyage avec mes mots… 

    Je me lève le sourire aux lèvres, ce matin vous m’avez envoyé un message dès votre départ et nous pouvons nous parler un peu. De plus votre absence sera moins longue que prévu, ponctuée de petits retours qui me remettent du baume au cœur. J’ai une tonne de choses à faire aujourd’hui, échéance des fêtes oblige, et je n’aurai sûrement pas le temps de vous dire tout ce que vous allez me manquer…. Vous aurez sans doute de la lecture à votre retour. Ma mélancolie risque de déborder. Revenez-moi vite… Parce que même si votre absence est plus courte finalement, je meurs de vous. Toujours. Votre peau, votre tendresse, vos yeux dans les miens. Je crois que les limites sont de plus en plus défaillantes et l’envie de vous retrouver se fait de plus en plus pressante…. J’essaie de me raisonner pourtant, je vous assure. Pour moi, pour vous, et pour ceux qui nous entourent et qui n’ont rien demandé. Souffrance. Déception. Haine. Vous connaissez déjà ça. Je ne voudrais certainement pas en rajouter.

     

    Et en même temps j’imagine que peut-être, si nous consommions tout ça une bonne fois pour toute, cela règlerait cette histoire. Mais ouvrir la boîte de Pandore…. Sans savoir ce que l’on va trouver dedans. Déception, encore. Peut-être. Ou bien amour. Le plus dangereux. Si nos yeux se rejoignent et ne veulent plus se quitter… Comment faire. Voler en éclats. Briser des rêves. Briser des vies. Des cœurs. Les innocents pleureront et nous culpabiliserons. J’essaie de me raisonner mais je n’ai qu’une chose en tête, votre « Bonsoir ». Il m’obsède. Chaque soir il me serre le cœur mais aujourd’hui il fait couler mes yeux. Je le hais tellement. Je le hais parce qu’il me coupe de vous chaque fois.  Je le hais vraiment. Mais je l’aime aussi tellement. Parce qu’il est notre habitude. Notre routine. Parce ce qu’il est à nous. Je relis souvent nos échanges quand vous me manquez trop et quand il apparaît à la fin de nos discussions je souris tendrement. Parce que derrière il y a toujours un «Bonjour » et une nouvelle journée avec vous… 

     

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  • Cher Anerik,

     

    Hier a été une journée particulière. D’abord parce que ma soirée de la veille l’a été, soirée que j’hésite à vous raconter d’ailleurs, et ensuite parce que notre échange téléphonique fut…. Merveilleux. Quel délicieux frisson…. Nous deux, en même temps… J’en ai perdu le souffle. J’en ai gardé le sourire jusqu’à tard.  J’ai tellement envie de recommencer. Votre voix me manque. Vos silences, vos hésitations et la manière dont elle me caresse….

    Mais lors de nos échanges suivant ce coup de fil quelque chose d’important est arrivé. On a commencé à échafauder. J’en suis encore troublée et je sens que mon cœur s’emporte, à nouveau. J’ai envie de croire que vous espériez que ça arrive. Se rencontrer. La distance nous oblige à réfléchir, faire tout ce chemin n’est pas chose facile. Il faut donc échafauder. Et nous avons. Echafaudé. Supposé. Imaginé. La raison nous a fait conclure qu’il ne fallait pas et nous avons fini par changer de sujet mais j’aime à croire que vous en avez autant envie que moi… Que vous avez envie de vous jeter dans mes bras. De me serrer fort. De me regarder dans les yeux. De murmurer à mon oreille qu’on ne se quittera plus jamais…

     Je sais que tout cela est impossible, hein. Ce n’est même pas forcément ce que je veux. Nous avons chacun nos vies. Vous en aimez une autre. Vraiment, profondément, aveuglément celle-ci. Moi aussi. Et pourtant vous êtes devenu si important pour moi…. Et je sais que je le suis pour vous. Je viens d’en avoir la preuve en vous racontant finalement ma soirée d’hier, pendant laquelle j’ai rencontré un homme. Vous venez d’être jaloux. Vous qui vous revendiquiez l’homme le moins jaloux de la terre… Je ne peux m’empêcher de penser que vos sentiments sont peut-être plus forts que ce que vous ne croyez, ou que ce que vous prétendez. Je commence à croire que ce que vous m’avez dit un jour est vrai : « Si elle n’était pas là, ce serait toi. Seulement toi ». Je me suis endormie en pensant à cela et mon réveil ce matin était souriant. Jusqu’à ce que je me souvienne que ce week-end vous étiez occupé, et que nous ne pourrions être que très peu en contact. La mélancolie a alors un peu terni cette journée. Vos messages sont courts et rares. J’ai eu besoin de vous parler et ai bien compris que je dérangeais. Je ne fais définitivement pas partie de cette vie que vous avez  sans moi…. Et c’est mieux ainsi. Préserves toi. Préserves moi. Ne prenons pas des chemins qui ne mèneraient nulle part…

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je continue à vivre cette semaine avec un goût amer dans la bouche. Votre détresse me hante malgré votre volonté de me faire rire. Je sais ce qu’ils veulent dire, ces rires, je sais ce que veut dire votre manque de ponctuation parfois. Je lis vos soupirs entre vos mots. J’aimerais tant que vous vous perdiez en moi…. Que vous oubliiez tout, là, au creux de mes bras…

    Avec les fêtes qui arrivent je sais que vous serez absent. Je me raccroche au fait que je serai occupée aussi mais je sais que vous allez me manquer. Et savoir que ça ne va pas être facile pour vous me remue un peu plus encore. J’aimerais tant pouvoir effacer toute cette peine et vous dire « Joyeux Noël » en vous serrant dans mes bras. Parfois j’imagine ça si fort que je sens presque votre souffle sur moi. Dans mon cou.

    Le week-end approche et je ne sais pas encore si vous serez là. J’espère pouvoir passer un peu de temps avec vous, ces derniers soirs vous avez été bien occupé -préoccupé surtout- et j’ai l’impression qu’on ne s’est pas parlé. Alors qu’on ne se quitte pas de la journée… Mais le soir vous n’êtes pas toujours là et c’est différent. Le silence et l’isolement, sans doute. J’ai besoin de sentir que votre corps vibre. J’ai besoin de lire ce que vous ne pouvez pas me faire. De sentir ces frissons parcourir mon dos et finir dans mes reins. Voyez, je réalise qu’au début de notre rencontre nous baisions, bêtement. Maintenant je vous fais l’amour. Peut-on faire l’amour à un ami ? Et bien je crois que oui. Il parait que le cerveau est le premier organe sexuel, et je me rends compte qu’il peut être dissocié du cœur. Je prends soudain conscience que je ne vous aime pas avec mon cœur, mais avec mon cerveau. Ce n’est pas moins fort, d’ailleurs. C’en est même plus violent parfois. Le cerveau dirige le corps, hein. Et mon corps trinque. Violemment donc. Avez-vous remarqué que j’ai dit le mot ami ? Parce qu’après notre discussion d’hier j’ai saisi votre sens de ce mot. Je suis rassurée, bien sur. J’ai reçu le message. L’attention. L’affection. Tout compris. Vous n’avez plus à vous inquiéter. Et moi j’ai envie de vous renvoyer tout ça.

    Mais au moment même où je suis en train de vous écrire une boule dans ma gorge grandit. Mes yeux…. Ont du mal à retenir le flot qui cherche à en sortir. Vous venez  de m’annoncer ce que je redoutais, le pire scénario que je ne voulais pas envisager : l’absence interminable. Quinze jours. Je suis sonnée. Quinze jours pendant lesquels on ne pourra pas échanger. Rien. Trop risqué. Quinze longs jours pendant lesquels je vais devoir sourire, souhaiter de bonnes et belles choses tout autour de moi, rester lisse en surface alors qu’à l’intérieur je serai en train de me disloquer. Lentement. Mourir à petit feu… Cette histoire aujourd’hui me pèse. Il pleut dehors, tout est maussade et gris, et je voudrais ne jamais vous avoir rencontré. Pourtant vous le savez, je ne peux plus m’en passer. Plus me passer de vous. Un lien est là, vous me tenez par tout. Vous me tenez par le sexe, j’ai parfois tellement l’impression qu’on fait vraiment l’amour. Vos mots sont si… précis. Vos intentions. Vos gestes. Si bien décrits. Vous me tenez par l’affection, comment ne pas fondre avec vous, si touchant derrière votre masque de clown. Vous me tenez par votre humour, aussi,  justement, ce qui m’a fait craquer je pense. Si potache. Si déglingué. Si tordant. Le même que le mien, nous nous sommes bien trouvés tiens.

     

     Tout ça m’a coupé l’appétit, je ne vais rien manger à midi je crois. J’accuse le coup. Je réfléchis. Je pense à vous, toujours… On a dit qu’on se disait tout, hein ? Alors je vous le dis : j’ai envie de vous. Putain j’ai terriblement envie de vous. J’ai envie que vous m’excitiez, j’ai envie de gémir, j’ai envie de jouir. Pour vous. J’ai envie que vous m’entendiez et que vous me regardiez jouir. Je… Ce n’est tellement pas moi ça. Enfin si, mon moi que je ne connaissais pas. Ou que je n’avais pas envie de connaitre peut-être. Vous l’avez trouvé, vous. Vous avez su le faire sortir. Le faire grandir. Et maintenant ce moi, cette femme femelle, a faim de vous. Monstrueusement. Physiquement. Je me tords de désir sur ma chaise de bureau. L’air de rien, bien sûr. On me regarde…  Et des frissons parcourent mes reins, encore.

     

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  • Cher Anerik,

    Nos retrouvailles hier ont été beaucoup plus intenses que prévu. Bouffée d’émotions trop violente pour être contrôlée. Une seule idée en tête : être avec vous. Comme c’est impossible, alors entendre votre voix. A tout prix. Parce que nos peaux ne peuvent se toucher, qu’au moins nos voix se rejoignent. Hésitation. Honte car il me faut me cacher pour ne pas qu’on m’entende -dans l’éventualité où cet échange vocal aurait lieu. Et puis la raison l’emporte, tard mais elle l’emporte. Je m’endors en relisant vos mots, mes yeux sont presque humides. Je meurs de vous.

    Ma nuit fut difficile et mon matin mélancolique. J’ai peur de vous avoir effrayé avec ma détresse, avec mon manque de vous. J’attends votre premier message avec impatience et comme de par hasard il se fait attendre… Mais je suis assez vite rassurée quand nos échanges reprennent normalement. On ne se quitte pas de la journée, à nouveau. Vous vous amusez encore à me taquiner, à me dire des choses qui me font vibrer de plaisir et… Changer de petite culotte. Pour bien finir la journée le sourire aux lèvres -oui je sais ce que vous pensez là tout de suite. Je vous entends le dire, je lis vos mots dans ma tête. Vous n’êtes qu’un obsédé.

    Et puis voilà que le soir arrive, trop vite, avec ce long moment, trop long, où vous m’abandonnez pour aller la retrouver. Je sais que je ne peux pas lutter. Je reste silencieuse, je n’aurais certainement pas l’irrévérence de vous déranger pendant ces instants qui vous sont si intimes. Je vis ma vie de mon côté aussi pendant ce temps, vous savez bien. Cette vie que je chéris par-dessus tout mais qui ne m’empêche pas de guetter un signe de vous. La nuit envahit la maison, le silence se fait plus présent, mon autre à moi vaque à ses occupations dans une autre pièce. Et moi j’écris. Je tape. Je consigne. Je ravive. J’accouche. Je ne peux m’empêcher de penser au vide que cela me ferait si tout ça s’arrêtait. Je chasse cette idée de mon esprit au moment où vous revenez dans mes messages, déclenchant un sourire à peine retenu.

    Et soudain les mots qui font mal. LE mot. Amie. Nous sommes donc des amis. Oui, si vous l’entendez de cette manière. Si c’est tout ce que je peux obtenir de vous alors oui, soyons amis. Je m’efforcerai de ne pas croire autre chose. De ne pas continuer à espérer que cela pourrait être différent. Quelle idiote je fais. Mon cœur s’emballe, mes tripes valsent et vous, vous souriez. Vous me racontez les vôtres qui valsent aussi en lisant mes mots ou en entendant ma voix, alors j’imagine que oui, les choses pourraient changer… Et la redescente est plutôt brutale.  Je digère cette information en me raccrochant à la suite de votre phrase, qui me précise que notre amitié est toutefois un peu plus que ça. Le plus. Cet autre mot auquel je m’accroche comme si ma vie en dépendait. Qui empêche les larmes de se répandre sur mon visage et d’inonder mes joues que vous dites tant aimer.

    Mais  je m’efforce de mettre ça de côté, parce qu’aujourd’hui vous n’allez pas bien. Et que vous avez besoin de cette fameuse amie. Je vous lis me raconter ce qui ne va pas, mes yeux s’embuent et mon cœur se serre. Vous êtes si loin… J’aimerais pouvoir vous serrer dans mes bras, vous apporter tout le réconfort possible mais je suis coincée là, impuissante. Je n’arrive pas à envisager la possibilité que quelqu’un vous fasse du mal et ça me met dans une rage folle. Le besoin de vous parler devient si violent que je ne déguise même plus mes appels du pied. Je tremble, de froid peut-être parce que je me suis isolée sur mon balcon, d’émotion sans doute je préfère croire. Je fixe mon téléphone comme si j’avais le pouvoir de le faire sonner. Et soudain, vous le faites. Votre nom s’affiche sur l’écran et je suis à un glissement de doigt d’entendre votre voix. A nouveau. Enfin. Je réponds à votre appel à titre d’amie, c’est en tout cas ce que je m’oblige à faire, mais vous entendre me raconter ce que vous endurez me fait oublier peu à peu que vous n’êtes pas mien. Que je ne peux pas vous réconforter comme je voudrais. On n’oublie pas les blagues, on rigole bien quand même, vous faites le trublion au bout du fil mais je sais que c’est pour dissimuler votre détresse. Mon cœur s’emballe, mes mots aussi, et en raccrochant je ne peux m’empêcher de glisser un « je t’aime ». Pour la première fois de vive voix. Je raccroche en tremblant.

     

    Vos mots qui suivent cet échange sont émouvants, vous me parlez de vos tripes qui ont fait des loopings, vous qui vouliez vous amuser à en faire faire aux miennes avec ce coup de fil… Je me couche apaisée, curieusement. Sentir que je peux vous bouleverser autant que vous me bouleversez  parfois doit me rassurer.

     

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  • Annecy, 16 novembre 2013

    C’est après ses balances, un café à la main (pas étonnant ! Cf l’avant-avant dernière question)  qu’Arman Méliès vient me retrouver pour son interview. La Maison Tellier attaquant les siennes, on se cherche un coin tranquille et on fini par aller s’accouder au bar, vide à cette heure-ci, dans le couloir qui jouxte la salle. Ambiance zinguée.

    La Fraise : On te compare souvent à d’autres artistes de la scène française comme Florent Marchet ou Alex Beaupain, mais tu as un fond beaucoup plus « rock » qu’eux. Comment tu te situes par rapport à ça ?

    Arman Méliès : En effet, oui, j’ai l’impression que par rapport à la musique qu’ils font notre production est assez similaire. Il y a vraiment des points communs entre ce qu’on peut faire les uns et les autres. Mais de ce que j’entends de leur musique, j’ai aussi l’impression qu’ils sont un peu plus orientés vers la chanson française que je ne le suis. Après -même si je les connais un peu tous les deux- je ne sais pas exactement quelle est leur histoire, moi effectivement  je viens plus d’un milieu anglo-saxon. Pas forcément uniquement « rock », même si c’est le hard-core qui m’a donné envie de faire de la guitare ! Mais ensuite j’ai découvert d’autres choses, le folk, la new-wave, ces choses-là, et je suis venu assez tardivement et de façon très sporadique sur la chanson française. Il y a quelques artistes qui m’ont vraiment parlé et qui m’ont marqué, mais au final je ressens très peu d’influences liées à l’univers de la « chanson française ».

    LF : Encore plus sur cet album, d’ailleurs. Qui est plus… noir que les précédents, jusque dans la pochette ! Il est aussi plus « cinématographique », j’ai l’impression. Tu parles souvent de Giorgio Moroder, t’a-t-il plus influencé encore sur ce disque ?

    A.M. : Il m’a influencé parmi beaucoup d’autres, lui un peu plus sans doute parce que j’avais envie de travailler un matériau essentiellement synthétique. Et si on pense musique de film, je suis en effet plus proche de Moroder que de Morricone, John Barry ou Nino Rota, même s’ils ont été un peu présents auparavant sur d’autres de mes disques. L’écriture en fait vient de manière assez spontanée, c’est pas miraculeux mais il y a vraiment quelque chose de naturel. Et dans un second temps, je me demande comment je vais mettre en forme ces idées un peu brouillonnes. Et là du coup, en étant attiré par un univers plutôt synthétique, ça me ramène vers ces influences la comme à tout ce qui est lié au Krautrock, la musique des 70’s produite en Allemagne… Kraftwerk, aussi, a été quelque chose d’évident pour moi. Mais très vite, même en sachant que j’avais ces idées en tête, je ne voulais pas faire un album « référencé », un album hommage à tel ou tel groupe. Je voulais vraiment essayer, autant que faire se peut, de donner vie à quelque chose qui soit actuel. Même si on peut y entendre certaines influences,  parce que forcément je les subis un peu…

    LF : Parce que Pompei II, quand même, me paraît être la suite logique de l’Histoire Sans Fin

    A.M. : Ah ? Oui, c’est vrai…

    LF : Genre deuxième partie du générique,  après la chanson tube !

    A.M. : Oui, ben en fait c’était l’idée de base, le générique de film. Sans être pour autant un hommage à un compositeur. L’idée générale était de faire une sorte de BO, même si en termes de BO justement c’est un peu loupé… ! Par exemple, un groupe comme Boards Of Canada, juste quelques mois après la sortie de mon album, en a sorti un qui  pour le coup est une vraie BO. Au début on entend même une sorte de jingle, comme si c’était celui du producteur, dans les vieux films des années soixante-dix… Tout se tient, et là on est vraiment dans un film de A à Z. Mon format chanson empêche d’être aussi fidèle à ça.

    LF : Pourtant les BO de films sont de plus en plus faites comme ça… Une succession de chansons,  ponctuée de quelques thèmes musicaux…

    A.M. : Justement, c’est quelque chose que je déplore ! Pour moi c’est un non-sens… Sauf si la musique peut servir une scène de temps à autre, si c’est vraiment justifié. Mais le fait de prendre de plus en plus des morceaux de son Ipod qu’on aime bien et de « surligner » les  scènes avec… Ca crée une sorte de chantage affectif, sur telle scène qui se veut un peu lacrymale ben on met un morceau triste de Radiohead, un couple qui se retrouve dans la nuit, qui est très très heureux et qui fait la fête, on va mettre du Arcad Fire… Faire une simple compilation de morceaux parce qu’ils sont séduisant ou parce que c’est le truc du moment me désole un peu. Je trouve ça très limité en termes de création, de ce que ça peut véhiculer comme sentiments.

    LF : C’est l’atteinte facile, finalement.

    A.M. : Oui c’est ça, ça aiguille beaucoup trop en fait…

    LF : Tu as sorti Mes Chers Amis d’abord sur internet, avec un « certain » texte (Le discours de campagne de Nicolas Sarkozy, ndlr), et il s’est retrouvé en instrumental seulement sur le disque. Problème de droits, choix artistique, ou peur de l’accident ?!

    A.M. : Non ! Non, on a jamais eu d’interdiction de droits. Le clip a été très regardé sur internet et on a pas eu de souci. On a jamais eu non plus d’autorisation formelle en même temps… Il y avait donc comme ça une sorte de flou juridique qui pouvait être tranquillisant, et je ne  pense pas qu’on aurait eu des problèmes en utilisant le texte. C’est plutôt que l’album a été écrit longtemps avant de sortir, l’extrait avec le clip est lui-même sorti un an avant… Après coup ça me paraissait beaucoup moins opportun de le laisser tel quel. C’était sorti de son contexte sociopolitique, et j’avais l’impression que ça allait  ancrer le disque dans un truc qui n’était pas totalement cohérent avec ce que je racontais. Même si ce n’est pas si éloigné que ça, il y a quelque chose d’un peu politique, si on lit entre les lignes de cet album. Mais je me suis dit que si je voulais qu’il  vieillisse un peu mieux, il était tout aussi intéressant de laisser le moreau en instrumental, en forme de générique. On y revient…

    LF : Quand tu as fait la première partie de Julien Doré à Marseille, tu as eu le « culot » de présenter Gran Volcano. Pourquoi ce choix ?

    A.M. : En fait c’était un projet que j’avais en tête depuis assez longtemps, sur lequel je ne m’étais pas encore penché. Et c’est le programmateur du festival (Avec Le Temps) qui tenait absolument que je fasse la première partie de Julien, avec qui j’étais en tournée. J’étais pas du tout prêt à jouer de nouveaux morceaux, même s’ils étaient enregistrés je ne les avais pas travaillées pour la scène… Et puis l’idée de jouer ces nouveaux morceaux en solo m’excitait assez peu, jouer les anciens n’aurait pas vraiment eu de sens… Du coup j’ai vu là l’opportunité de donner vie à ce projet,  je me suis attelé à finir l’écriture de ces morceaux, en ayant vraiment à l’idée le spectacle, c'est-à-dire quarante à quarante-cinq minute d’une seule plage musicale qui raconte quelque chose du début à la fin. Avec différents mouvements mais qui sont liés entre eux, où il n’y a aucune interruption, aucun blanc… Quelque chose de finalement très abstrait, très contemplatif et en même temps assez agressif, parce que les sons -même si le tout est assez « ambiant »- sont très saturés. Je voulais quelque chose d’un peu poétique, comment dire… Cajoleur, et en même temps abrasif, très contrasté au final. Du coup certaines personnes l’ont vécu de manière assez… Brutale ! Mais moi j’étais ravi de cette expérience, tout le monde était un petit peu décontenancé…

    LF : Oui, en effet, décontenancé… Voire plus !

    A.M. : Absolument, il y a des gens qui ont détesté même ! Je savais que c’était pas forcément le contexte idéal pour proposer ce genre de musique, mais j’en avais pris mon parti. Moi j’avais vraiment envie de faire ça, ça m’excitait dix fois plus que de faire n’importe quoi d’autre. Ca n’allait pas parler à, genre… La moitié de la salle, ce qui a effectivement été le cas ! Mais à l’inverse il y a des gens qui ont été très touchés, qui sont venus me voir à la fin du concert ou qui m’ont écrit pour me dire que c’était très bien. Du coup je suis très content d’avoir fait cette expérience ! J’espère pouvoir le refaire, je l’ai déjà fait d’ailleurs dans le cadre d’une expo, dans une galerie. C’était un peu plus adapté du coup, un peu différent. Je sais que je vais pas faire des tournées avec ce projet, mais j’aimerais bien le rejouer occasionnellement, avec des nouveau morceaux, et puis finir l’album pour 2014.

    LF : On parlait de Julien Doré, dont tu es le guitariste donc, est-ce qu’à un moment tu as hésité à faire un choix entre les deux carrières ?

    A.M. : Non, pas du tout. C’est vraiment complémentaire, à tous les niveaux. Ca m’apporte beaucoup de travailler avec lui, dans l’écriture ou sur scène, comme avec d’autres d’ailleurs. Pour l’écriture seulement, les autres. Julien est le seul avec qui je tourne en dehors de mes projets solo. Mais ce sont vraiment des choses complémentaires, c’est très plaisant de se retrouver « que » guitariste, de jouer dans le cadre d’un groupe qui est devenu une sorte de fraternité, il y a quelque chose de très fort entre nous. Il y a aussi un côté récréatif qui me permet d’oublier un peu mes projets et du coup de les envisager sous un autre angle. Quand je reviens dessus je ne les vois plus comme quelque chose d’aussi vital, je vois ça comme de la musique… Avant, mes projets étaient la seule chose à laquelle je consacrais du temps ! Alors travailler avec d’autres me permet de relativiser un peu, de retrouver cette spontanéité et juste le plaisir de faire de la musique… Un morceau qui s’avèrerait être un peu décevant au final, ben je le laisse  de côté et je passe à autre chose, c’est avant tout un jeu en fait. Tout bêtement. Je pars faire quinze concerts avec Julien, j’écris avec telle ou telle personne, et je reviens sur le truc la tête froide… Mais du coup voilà, la question de choisir ne se pose pas ! Dans la mesure où en termes d’emploi du temps les choses sont possibles, il n’y a pas de choix à faire ! J’espère vraiment continuer longtemps…

    LF : Sur ton album précédent tu as fait une reprise (Amoureux Solitaires de Lio, ndlr), la seule de ta discographie, pourquoi celle-ci ?

    A.M. : En fait j’avais redécouvert le titre via un groupe électro avec lequel j’avais travaillé, Remote. Ils avaient collaboré avec quelqu’un (dont j’ai oublié le nom !) qui disait le texte de la chanson sur la musique. J’ai réalisé qu’on était passé complètement à côté des paroles à l’époque ! Remote en a fait une relecture électro très minimaliste et très froide, destinée à être assez élitiste pour le coup… Alors je me suis dit que ça pouvait être intéressant de retravailler ça en chanson, de garder l’idée de la  « pop song » tout en essayant d’être plus fidèle au fond, à sa signification. J’ai essayé différentes choses, en m’éloignant assez vite du titre original, trop connoté petite pop song gentillette des années 80, justement. J’ai complètement réécrit la musique, et je trouvais que ça fonctionnait à merveille avec le texte et que le morceau était très cohérent avec le reste de l’album. Je voulais absolument qu’il soit dessus ! Après ça a été un peu compliqué pour autorisations, réussir à joindre les ayants droits d’Elie Medeiros et Jacno, les auteurs. On s’est vraiment battu, et jusqu’au dernier moment on ne savait pas s’ils seraient d’accord ou pas… Mais c’était important pour moi. Même si c’est pas moi qui l’ait écrit, je lui accordais autant d’importance qu’aux autres titres !

    LF : Laissons un peu la musique de côté… Je suis très intriguée par toutes ces spirales que tu as sur le bras. Tu as une histoire particulière avec ça ?

    A.M. : Ah ! C’est juste des petits dessins que je fais depuis très longtemps en fait… Des gribouillis, un peu comme Dubuffet, un jour il s’est mis à gribouiller et pendant toute une période il n’a fait plus que ça… Sauf que lui après en a fait des statues, des toiles immenses ! Pour ma part c’est une habitude que j’avais prise notamment en studio, au début. Griffonner des petites choses comme ça sur des bouts de papier. Puis c’est devenu quelque chose de... J’allais dire vital, c’est un bien grand mot… Mais j’avais besoin de le faire, j’adore dessiner, déjà gamin j’adorais ça. Même si à l’époque, ou même ado, je faisais des choses plus concrètes. Pendant un temps il y a eu une sorte de pause, et puis un jour ça a ressurgit sous cette forme là ! Et j’ai jamais vraiment cherché à comprendre d’où ça venait, ce que ça pouvait signifier… Parce que justement je trouve que c’est très bien de ne pas être totalement dans une démarche analytique. Je le suis tellement dans la musique ! Quand on travaille là-dedans au bout d’un moment on a l’oreille qui s’affûte, parce que c’est notre métier, on a tendance à tout détailler, à tout découper en fréquences, en harmonies, en tempo, toutes ces choses là… On perd un peu en spontanéité par moment ! Aussi bien dans l’écriture que dans l’écoute d’autres musiques… Donc il y a des domaines comme ça où je me suis dit qu’il fallait essayer -dans la mesure du possible- de ne pas chercher forcément à comprendre ! C’est valable pour d’autres choses aussi, le vin par exemple. J’apprécie de déguster un bon vin de temps en temps, et je me refuse à plonger dans les livres pour comprendre un peu plus ce qui se passe… Je ne veux pas que tout devienne analytique… J’ai tendance à être quelqu’un d’assez cérébral à la base, et du coup le monde se résumerait à un ensemble de colonnes de chiffres !! Alors il y a des spirales, des petits « zigouigouis », tout ça !

    LF : Je te posais la question parce qu’un jour moi aussi j’ai commencé à faire des spirales, et depuis je n’arrête plus, j’en mets partout ! Je ne sais même pas pourquoi…

    A.M. : Après on les retrouve aussi dans la nature, dans les œuvres d’art même primitives, c’est quelque chose qui a toujours un peu fasciné. Elles correspondent au nombre d’or, entre autres… Il y a quelque chose d’ancré dans notre ADN, un peu.

    LF : Pour conclure, mon questionnaire « Fourre-Tout »… Ton idole ?

    A.M. : Mon idole ? (Il me répond sans hésitation) Annette Messager.

    LF : (Je pique un fard face à mon inculture) Qui est… ?

    A.M. : (Sourire bienveillant) C’est une artiste, plasticienne, qui depuis trente ans fait des œuvres d’art très… Diverses. J’adore ce qu’elle fait, c’est quelqu’un qui me fascine, elle a l’air très intelligente. C’est vraiment quelqu’un avec qui j’aimerais boire un verre, discuter ne serait-ce que quelques minutes avec elle… Voilà, bon, une idole c’est un bien grand mot mais… Agnès Varda, aussi, j’aimerais vraiment passer une soirée avec elle à papoter et à boire du vin ! C’est quelqu’un que j’adore aussi…

    LF : Si tu étais une femme ? Justement, une des deux ?!

    A.M. : Ah ah ! Non, non… Qui je serais… Olympe de Gouges, la révolutionnaire. C’est un beau destin, une des premières femmes qui a porté haut et fort la voix du féminisme, même si ce n’était  pas encore ça à l’époque… Elle s’est battue pour quelque chose qui me parait primordial, et d’ailleurs y’a encore du travail en termes d’égalité hommes-femmes…

    LF : Oui, et c’est un débat qui me dépasse… Je ne comprends pas qu’on parle « d’égalité »… Au contraire, soyons différents ! Mais traités pareil…

    A.M. : C’est ça, absolument ! On parle souvent de « droit à la différence », alors qu’il faudrait que ce soit le « droit à l’indifférence ». Il faudrait que ça ne pose de problèmes à personne ! Ca avance tout doucement… Malgré la mélancolie qui peut émaner de mes disques je suis plutôt quelqu’un de positif, et j’ai l’impression que tout doucement ça avance.

    LF : Ton paradis ?

    A.M. : Etre entouré des gens que j’aime, heu… Avec des instruments de musique à proximité !

    LF : Ton enfer ?

    A.M. : Mmm… Une administration quelconque, où j’attends pour avoir un papier inutile et en même temps… Essentiel…

    LF : Blondes ou brunes ?

    A.M. : Alors là, aucune différence ! Pour le coup ça fait partie des débats que je ne comprends pas ! On peut d’ailleurs retourner la situation en « blonds ou bruns »… Les types qui disent qu’ils sont attirés plus par l’une ou par l’autre, j’ai un peu du mal. Je ne comprends pas qu’un puisse être à ce point archétypal, c’est un truc qui me dépasse… On est séduit par une personne parce qu’on la trouve belle, intelligente, ou pour dix mille autres raisons, mais pas parce qu’elle est brune ou blonde…

    LF : La première chose que tu fais le matin en te levant ?

    A.M. : Je me fais un café, tout bêtement ! Je suis accro au café ! Je dis « tout bêtement », d’ailleurs, mais c’est vraiment important pour moi ! J’adore ça et en plus j’en ai besoin… Si j’ai pas de café je suis un légume ! Donc c’est vraiment la première chose que je fais le matin.

    LF : Ta maison brûle, tu sauves un seul objet. Lequel ?

    A.M. : Tout bêtement je crois que j’emmènerais mon ordinateur… C’est pas très sexy, hein…  (On se marre, il n’a pas tort…) Non, je pourrais dire telle ou telle guitare fétiche…

    LF : Ce que m’a répondu Joseph D’Anvers !

    A.M. : Oui, mais en fait non, si je suis sincère c’est l’ordinateur…

    LF : Parce que tout est dedans !

    A.M. : Absolument ! L’ordinateur.

    LF : Le mot de la fin ?

    A.M. : …Merci !

    LF : Mais merci à toi de m’avoir consacré du temps !

     

     

    Il retourne à ses instruments, et je reprends ma place dans la salle pour voir la fin des balances de La Maison Tellier, en attendant l’interview de leur chanteur Helmut.


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  • Annecy, 16 novembre 2013

    A peine remise de mon délicieux entretien avec Arman Méliès, voilà qu’Helmut Tellier abandonne ses acolytes un instant afin de se soumettre lui aussi à mes questions. Les balances n’étant pas finies, nous choisissons aussi d’aller nous accouder au  bar du couloir, qui même vide sent la bière. Rock’n Roll.

    La Fraise : J’ai appris aujourd’hui que vous jouiez cet après-midi devant des enfants, comment ça s’est passé ?

    Helmut Tellier : Ben plutôt bien pour nous ! Les mômes avaient l’air content aussi…

    LF : J’allais dire « Moins bien pour eux » ?!

    H.T. : Ha ha ! Oui, voilà, c’est toute la question… C’était une première pour nous, on l’avait jamais fait. Il nous arrive d’aller dans des classes, voir des primaires ou de collégiens, de jouer quelques chansons et de parler de la musique et tout… Mais un vrai concert non, et moi j’aime bien l’idée ! Plutôt que de zoner l’après-midi, fumer des clopes en attendant les balances, ben ça fait un petit tour de chauffe ! Les mômes avaient l’air de bien accrocher, alors que franchement c’est pas des chansons pour eux à la base… On a aussi joué des plus anciennes, c’était une bonne première, vraiment ! Les gens de la salle avaient l’air content, donc on essaiera de refaire ça !

    LF : C’est bien ça forme les jeunes oreilles…

    H.T. : C’est ce qu’il faut, en fait ! Si t’es malin et que tu réfléchis deux minutes, en habituant les mômes à venir dans les salles de concert quand ils sont petits, ben ils y viendront après, quand ils seront plus grands.

    LF : Oui, je trouve d’ailleurs qu’il devrait y avoir des tarifs enfant dans les concerts… Ca coûterait parfois bien moins cher que la baby-sitter, avec l’éducation musicale en prime !

    H.T. : Tout à fait ! Bon après, faut pas que les petits se couchent trop tard non plus…

    LF : Oh, le week-end ils ont le droit, non ?

    H.T. : Voilà ! Le week-end c’est très bien !

    LF : Parle-moi un peu de l’histoire du groupe. Le nom, déjà, une évidence par rapport à votre patronyme ?

    H.T. : Non, ça a plutôt été l’inverse en fait ! Le patronyme est venu après le nom du groupe.

    LF : Ah donc Tellier n’est pas votre vrai nom… Je me disais aussi ! Mais alors vous n’êtes pas frères non plus ?!

    Il se marre, le subterfuge est démasqué… !

    H.T. : Non… Ben non, c’aurait été beaucoup de coïncidences heureuses tout de même ! On est des frères de scène, des frères de musique, de tout ce que tu veux mais pas de sang ! Des frères d’armes, voilà. Quant au nom, il nous semblait bien, il sort un peu du lot. C’est à double tranchant, y’a des gens qui pensent du coup qu’on est un groupe qui fait de la chanson réaliste, un peu à la Têtes Raides, Les Ogres De Barback, ce qui n’est pas du tout le cas ! Le bouquin de Maupassant traînait à côté de mon lit au moment où il a fallu trouver un nom, on commençait à avoir quelques « vrais » concerts dans des bars à Rouen (où Raoul habitait à l’époque) et il fallait qu’on se trouve un nom…. Et le côté « petite entreprise familiale », un peu artisanal nous plaisait bien. En plus ce clin d’œil au fait que ce soit un bordel, alors qu’on est cinq gros barbus tu vois… ! Tout ça mis ensemble ça nous amusait, et on s’est rendu compte en plus que les gens avaient l’impression de connaitre le groupe alors qu’on avait encore rien sorti. Et puis ensuite on est partis sur l’idée des cinq (faux) frères un peu cartoon, façon Dalton, pour personnifier tout ça…

    LF : Cet album, bien qu’ayant à peu près les mêmes influences que les précédents, me semble plus aboutit… Vous l’avez travaillé différemment des autres ?

    H.T. : En fait les autres ont souvent été faits dans l’urgence, un peu. Pas parce qu’on était forcés ! Mais parce qu’on travaillait comme ça. Du coup on se rendait compte une fois finis que certains morceaux étaient un peu en dessous, voire ne méritaient pas d’être sur le disque… Et puis en terme de son on était assez limités, pour des raisons de contrats on bossait avec un mec qui n’avait clairement pas le niveau aux manettes… Ca nous a fait perdre du temps, après c’est pas grave hein, c’est fait… Mais sur le dernier on a vu le coup venir, on savait avec qui on voulait pas bosser ! Ensuite on a trouvé avec qui on voulait bosser, à savoir Antoine Gaillet, un réalisateur qui bosse sur des grosses prods d’habitude mais là qui a accepté de bosser avec nous… On est devenu potes par des amis communs, alors du coup… 

    LF : Ca aide bien !

    H.T. : Oui ! Et lui, il a apporté cette touche un peu rock, un son qui pour la première fois -à mon avis- rend pleinement justice aux chansons…  Parce qu’on a eu du temps, aussi, on s’est fait virer de notre maison de disques au printemps dernier, et on accumulait les chansons sans but précis pour le coup…  Peut-être sortir le truc nous même en autoprod, faire ce qu’on pouvait un peu de bric et de broc, et puis les choses se sont tassées et rangées comme il faut dans les bonnes cases ! On a eu le budget pour aller dans un beau studio, les prises de son super et le mix d’Antoine parfait. On a eu en tout trois ans pour travailler les compos, aussi, ça aide à ce que ce soit plus aboutit… On s’est donné un ton général, une espèce de cahier des charges, avec quelques influences qui convenaient à tout le monde et qui permettaient d’avoir une direction.  C’est un peu le problème des trois premiers en fait, il n’y avait pas vraiment de direction. On balançait les chansons comme ça, on faisait comme ça venait.

    LF : Le style sur l’ensemble des albums reste assez homogène, tout de même. Je ne vous connaissais pas à la sortie de Beauté Pour Tous, j’ai donc découvert tous vos albums d’un coup et je trouve qu’ils sont assez cohérents entre eux. L’évolution est marquée, mais dans la cohérence.

    H.T. : Ah ben c’est cool si ça s’entend ! On voulait ça, effectivement, ne pas s’éloigner trop du reste. On ne voulait pas déboussoler ceux qui ont aimé ce qu’on a fait avant, ou même nous déboussoler nous ! Pas question de changer pour changer, on souhaitait garder une certaine tonalité. Du coup on a fait le tri, vu qu’on avait plein de morceaux, de quoi faire un double album même ! Mais on s’est mis cette contrainte de rester sur un simple pour nous obliger à ne garder que le meilleur…

    LF : Alors justement, vous avez beaucoup d’influences, comment vous arrivez à les canalisez ?

    H.T. : Ben on les canalise pas ! Pas forcément, en tout cas. Un des maitres mots de cet album a d’abord été de faire dégonfler les arrangements. Sur les albums précédents on chargeait trop, on avait tendance à vouloir remplir tous les vides ! Ca n’a pas été facile pour tout le monde bien sûr… Pas facile quand tu sais que tu as la possibilité de mettre cinq pistes de guitares ou de trompette par exemple, de décider de n’en garder qu’une. Pour avoir un côté plus brut, essayer d’être plus proche en live de ce qu’il y a sur le disque. Et puis pour les influences… Ca se réfléchit pas en termes de canalisation, je crois. Ca vient de ce qu’on amène un peu tous, on voit ensuite si ça marche. Chacun ramène  ses influences, même si ça ne s’entend pas directement, et le tout se lie… On donne es indications pour le mixage, là aussi on a nos influences. J’ai parlé de John Grant, Other Lives… On les entendra pas forcément dans notre musique, mais ils font partie des déclencheurs qui nous ont menés dans certaines directions. Et puis au fond les influences sont en nous… On a tous trente-cinq, quarante ans, notre ADN musical est déjà constitué ! On essaie de fabriquer notre son à nous avec tout ça quoi. Et on a trouvé un mixeur qui a su lier le tout.

    LF : Oui, le mixage est excellent ! Pas évident de gérer la richesse de votre musique…

    H.T. : C’est typé et riche, oui, en effet ! Moi j’avais envie d’un disque qui soit un peu…. Une essoreuse émotionnelle tu vois ! Qu’on en ressorte vidé ! Et on bosse pas mal pour essayer de rendre ça en concert… On a encore du boulot mais j’aime bien cette idée. C’est la vie, quoi. Après trois albums c’est vrai que les thématiques s’essoufflent, alors tu vas chercher un peu plus profond en toi… Et tu ressors tout ça, ces émotions. Sans être pathétique non plus ! On veut pas faire bouffer toute la misère du monde aux gens… !

    LF : En parlant d’influences, je m’excuse mais on ne peut vraiment pas passer à côté de la comparaison avec Noir Désir… Comment vous vous situez par rapport à ça ?

    H.T. : Ben… C’est toujours un peu particulier, les étiquettes !

    LF : Oui ! Un raccourci à la fois pratique et réducteur…

    H.T. : Absolument, oui ! Et puis quand on est musicien on a forcément envie d’entendre qu’on a un son unique, alors une comparaison n’est pas toujours joyeuse…

    LF : Oui mais en même temps, on ne peut pas vous confondre !!

    H.T. : Dans la mesure en plus où j’ai jamais essayé de singer Cantat bien sûr ! Ma voix est ce qu’elle est, dans les compos aussi y’a sûrement des similitudes… Mais je pense que tout ça est une histoire de généalogie ! Noir Désir par exemple a été très influencé par 16 Horsepower, qui ont été eux même très influencé pas Gun Club… Nous on est pas dans ce genre un peu punk de Gun Club, mais toute cette musique passe par le sud des Etats-Unis, entre autre, et brasse des influences communes. Mais la comparaison me va ! Je préfère ça que plein d’autres choses… Je trouve ça plutôt cool, ça me vexe pas !

    LF : Sur vos quatre albums vous avez choisi une reprise, et une seule (Killing in the Name de Rage Against The Machine), pourquoi celle-ci ?

    H.T. : Alors, pardon de te reprendre mais… 

    LF : …mais il y en a d’autres… ? Ah je savais que j’allais faire une boulette !!

    H.T. : Haha ! Non je t’en prie… ! Sur le deuxième on en a une de Dominique A, Les Terres Brunes, et un morceau caché, une reprise des Gravediggaz, un groupe de Hip-hop new yorkais .

    LF : Bon je rectifie alors ; pourquoi ces choix ?!

    H.T. : Non, non ! Alors ne change rien, on reste sur Killing ! Pas de souci ! En fait c’est une succession de hasards, de coïncidences heureuses. On était avec notre premier producteur, on répétait le morceau dans son local sans même penser à un disque à l’époque, et il y a une asso (Travaux Publics) angevine qui a lancé « un concours » de reprises pour mettre sur des albums, chaque album avec une thématique différente. Notre producteur nous a proposeé de participer avec le morceau, dont Raoul avait revisité les arrangements lors d’une soirée… arrosée ! Pour déconner, un peu, on s’amusait. Alors on l’a fait, mais en une prise, rapide, avec un son… « en carton » haha ! Mais c’est aussi ce qui a plu aux gens, Radio Nova s’en est emparé, Les Inrocks en ont parlé -oui, on a notre nom dans les Inrocks quoi !!- et on s’est dit que ce serait dommage du coup de pas la mettre sur l’album… Ca a été une espèce de mini-reprise culte, dans un cercle restreint d’initiés, mais tout de même ! Après on a pas forcément envie qu’il y ait des reprise sur tous nos disques, on en fait encore en live mais un album c’est scellé, c’est un peu une carte de visite en plus… Sur Beauté Pour Tous on voulait pas dépasser les onze chansons, et on trouvait qu’elles étaient toutes bien. On a pas voulu rajouter une reprise qui n’aurait pas forcément été « légitime ». C’est devenu tellement convenu de faire de la reprise décalée maintenant… Nous on l’avait fait dans la foulée de Cake et de sa version de I Will Survive, qui est juste fantastique, mais c’était pas encore trop dévoyé, à mon sens. Maintenant c’est devenu tellement…. Tu arrive dans un label, la première question qu’on te pose c’est « C’est quoi votre reprise décalée ? » ! Alors comme nous on est un peu des têtes de cons et qu’on aime bien contredire les gens, on s’est dit basta pour le moment.

    LF : Passons un peu à vos chansons : La Maison De Nos Pères (ma préférée) est un titre chargé -dans le bon sens du terme- et riche, comment vous l’avez construit ?

    H.T. : Ah ! Celle-ci j’en suis super content…. C’est une des chansons qui représente le mieux le dialogue entre Raoul et moi pour la composition de cet album… Il a ramené l’intégralité de l’arrangement, et moi j’ai dû trouver des paroles à mettre dessus. Ce que j’avais rarement fait et qui me posait problème d’ailleurs, j’avais pas l’habitude de travailler comme ça. J’ai laissé sortir de mots qui m’ont ensuite mené au sens de la chanson, en quelque sorte… Et c’était aussi une blague à la con sur notre « fraternité », une histoire qui collait bien avec notre biographie imaginaire ! Une histoire où on aurait tous une maman commune qui aurait travaillé dans ce bordel, avec chacun un père différent… On était dans une ambiance musicale assez nord-africaine, genre désert, voire musique de films, des trucs comme ça. Et l’instru étant déjà bien puissant, je voulais pas alourdir les paroles mais rester quand même un peu « rageur ». Alors je suis parti sur cette idée de vieux qui doivent laisser la place aux jeunes, un truc un peu générationnel… Au départ ça devait être un triptyque cette chanson, mais on a préféré se limiter. Même si elle fait huit minutes ! J’en suis particulièrement fier en fait…

    LF : Et elle résume parfaitement le groupe je trouve en tout cas ! Pour conclure, mon questionnaire « Fourre-Tout »…

    H.T. : Ok, je t’écoute !

    LF : Ton idole ?

    H.T. : Ah merde…

    LF : Ok… Bon, tu n’es pas obligé d’en avoir hein !!

    H.T. : Non non, si, heu… Ah oui : Thierry Jonquet. Un auteur de polar. Si je devais avoir une idole, ce serait ce mec-là.

    LF : Si tu étais une femme ?

    H.T. : Je sais pas… Une femme qui aime bien rigoler, sans doute…. Cléopâtre ?

    LF : Ha ha ! Mais est-ce qu’elle aimait bien rigoler ?!

    H.T. : Elle en avait les moyens en tout cas !

    LF : Ton paradis ?

    H.T. : Peut-être la ferme d’un cousin à moi, où je passais tous mes week-ends entre zéro et douze ans… Un lieu où tout était... Possible. Avec mes yeux de gamins, bien sûr ! Je suis pas sûr de trouver l’endroit aussi paradisiaque si j’y retournais maintenant !

    LF : Ca reste paradisiaque dans ta mémoire, c’est l’essentiel ! Ton enfer ?

    H.T. : Un endroit que j’aime vraiment pas peut-être… Heu… J’ai bien aimé l’école, donc autre chose…  Heu… Désolé, non, je bloque là ! Je suis plutôt placide comme garçon alors…

    LF : J’allais dire : c’est plutôt positif si tu n’as pas de réponse !

    H.T. : Voilà, absolument ! Après je pourrais te donner une réponse, du genre un concert de tel ou tel mec que j’aime pas et qui durerait indéfiniment… Ou des endroits où j’aimerais clairement pas vivre, où je serais très malheureux… Mais c’est pas très intéressant pour les lecteurs je pense ! Désolé…

    LF : Ne le sois pas, c’est tout aussi intéressant de savoir que tu n’as pas « d’enfer » !

    H.T. : Ben déjà j’y crois pas en plus ! Et puis je suis pas du genre à dire que je vis un enfer, mon quotidien va plutôt bien je trouve !

    LF : Blonde ou brune ?

    H.T. : Et bien… Brune ! Il y a une phrase comme ça je crois qui dit un truc du genre « Les blondes tu fais la fête avec, et les brunes tu les épouse ». Ben j’ai épousé une brune. On est plutôt brunes d’ailleurs, de manière générale, dans le groupe. On est pas un groupe à blondes… On est pas Mötley Crüe quoi !

    LF : La première chose que tu fais le matin au réveil ?

    H.T. : La première chose… Ben ces dernières années, depuis presque dix ans, malgré les enfants, le boulot, tout ça, je pensais au groupe. Dès le réveil, en effet. En bien comme en mal, d’ailleurs ! Je trouvais assez génial d’avoir un truc qui me fasse vibrer comme un ado même à trente ans, l’âge que j’avais à l’époque du premier album, et toujours encore maintenant. Penser à la musique… Au point d’aller regarder les mails et la page Facebook du groupe, au lever ! Voir ce qu’il s’y passe, je trouve ça assez magique… Aucune journée n’est pareille et il y en a qui sont très chiantes, mais il y en a d’autres où ça bouge pas mal et c’est intéressant. Autour de la sortie de l’album, surtout, ça s’agite ! Les chroniques, les avis des gens… Donc ça, oui, même si j’adore aller réveiller mes gamins, c’est plutôt la musique !

    LF : Ta maison brûle, tu sauve un objet. Lequel ?

    H.T. : Un objet, pas une personne ? Ni les chats ?!

    LF : Non, on va dire que la maison est vide ! Pas d’êtres vivants à l’intérieur !

    H.T. : Ben alors ma guitare. Of course. Une vieille Gibson que j’ai trouvée il y a un moment, qui sonne pas terrible d’ailleurs, mais c’es LE truc que j’aurais envie de léguer à mes gamins.

    LF : Et le mot de la fin ?

    H.T. : Le mot de la fin… Et bien balances ! Il est l’heure d’y aller je crois !

     

    En effet, synchronisation parfaite, on vient chercher Helmut pour finaliser les balances du groupe. J’assiste  donc à la fin des réglages avant le concert, qui fut terriblement bon, et que je vous raconte ici.

     

    Ma parenthèse Annecy se referme là, et je remercie infiniment Arman et Helmut de m’avoir consacré un peu de temps…

     


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  • Cher Anerik,

     

    Nous sommes dimanche matin et j’ouvre les yeux sur ma dernière journée sans vous. J’ai peu dormi, il est extrêmement tôt mais je me lève quand même, parce que la boule de feu dans mon ventre m’empêche de dormir. J’ai besoin de continuer à vous écrire. Garder ce fil qui me lie à vous. Poser ces mots que je sais que vous lirez. J’ai l’impression, comme ça, que vous êtes un peu avec moi. Et puis au détour d’un réseau je sursaute, vous êtes là, de passage seulement pour un message qui ne m’est pas adressé mais c’est vous. Un bout de vous quand même qui fait revenir le rose à mes joues, et guetter l’heure pour vérifier si la journée avance bien. J'ai très envie d'un café-clope matinal sur mon balcon, trop matinal pour un dimanche, mais sans nos échanges tout ça perd de son piquant. J’ai tellement besoin d’entendre votre voix. En parlant de voix, tiens, j’ai chanté ce matin. J’ai chanté pour vous. Parce que je sais que vous aimez et que pour vous aussi la musique compte tant. Mais oh, une autre apparition vient de me sauter aux yeux…

    Vous avez profité de mon brunch dominical pour poster encore une photo de votre vie avec elle. J’observe, je remarque, je décrypte, j’imagine. J’attends votre retour de cette vie, il est déjà le début d’après-midi et finalement le temps passe assez vite. Si vite que la fin de journée est déjà là. Mon cœur bat légèrement plus fort, j’espère un signe de vous dès le départ de votre bateau. J’espère accompagner votre voyage, ramener votre cœur, sans doute serré, en douceur jusque chez vous. Poser mes yeux sur vos mots, poser mes mots sur vous. Depuis hier j’ai relu au moins cent fois les échanges que nous avons eu lors de votre voyage aller. J’en tremblais à chaque fois, avec toujours ce frisson glacé au creux des reins. Et ce flot de mots, toujours. C’est drôle, plus j’écris plus je me dis que chaque mot porté sur mon écran me rapproche de votre retour. Qu’à un moment donné je dirai « oui, je viens d’avoir votre message ». Ce moment me parait si proche et si lointain à la fois… Et puis j’ai froid à nouveau. La nuit tombe. Alors je vais m’arrêter là, en espérant ne pas reprendre ce flot de mots, trop occupée à vous répondre. En vrai.

     

    Et vous êtes  là. Je souris comme une conne.

     

    To Be Continued

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je me réveille ce matin sans vos mots. J’ai dormi avec mon téléphone pour ne rien rater, espérant naïvement  un signe de vous, en forme de message subliminal ou de sms clandestin. Mon café clope sur le balcon, seule. Et puis la journée qui continue. Une journée ponctuée de petits sursauts quand un mail arrive, jamais de vous bien sûr. Quand mon téléphone chante un message, toujours des autres. Jamais de vous, non. Et au fil des heures, l’émotion qui finit par se tasser, pour grandir à nouveau quand le soleil se couche. Encore une soirée sans vous, la dernière avant la prochaine qui arrivera bien trop vite…

    Et soudain, juste à l’heure de mon apéro, une photo apparaît sur le réseau. Un verre de vin rouge, comme mes joues que vous me dites aimer comme ça. J’ai envie de croire que c’est un message subliminal mais je sais bien que mon cœur s’emporte…. Je regarde cette photo en essayant de vous voler un bout de votre week-end. De deviner ce que vous faites. Ce que vous pensez. Si vous pensez à….

    Et puis j’ai peur aussi. Tout d’un coup, comme ça. C’est la première fois que vous la retrouvez depuis nous, alors j’ai peur que vous fassiez  machine arrière. Que vous regrettiez ce qu’on s’est dit et que vous jugiez que cette passion n’ait pas lieu d’être.  Je panique un peu, emportée par ce tsunami émotionnel. Voyez donc ce que vous me faites.  Vous me faites écrire, ces mots que je ne peux pas vous dire, ces mots qui coulent hors de moi comme je me viderais de mon sang. Rien n’arrête le flot. Tout me ramène à vous.  Mes pantoufles, censées réchauffer mes pieds. Ma tisane qui tente, tant bien que mal, de réchauffer mes mains qui restent glacées depuis que vous êtes parti. Même cette soirée, qui avance doucement. La télé qui s’allume et le coup au cœur : cette chanteuse que vous aimez tant est dans mon écran ce soir. Toute l’histoire de ma vie, ce genre de coïncidences… Mon cœur s’emballe, vous revenez dans mes pensées jusque par ma télévision. Je ne peux donc échapper à rien. Je ne peux m’empêcher de la regarder, de chercher les similitudes entre nous…. Je comprends, un peu,  loin de me trouver aussi jolie qu’elle malgré tout.

     

    Et puis la nuit avance, et son milieu déboule. Son milieu si calme, si tranquille, qui fait enfler le manque. Le manque de vous. Le manque de votre présence, de votre désir de moi qui me fait sentir si jolie. Qui me fait sentir si femme. Je caresse instinctivement ma peau, et m’empêche de penser que j’aimerais tant vous la faire découvrir…. Ce sentiment effrayant me fait frémir et fait monter le désir au creux de mon ventre…  Autour de moi tout est sombre et silencieux, j’hésite à laisser ma main se perdre en pensant à vous…  Et je finis par sombrer dans le sommeil, épuisée par les tremblements de mon corps.

     

    To Be Continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

    Je ne sais par où commencer. J’ai besoin de coucher sur le papier les vibrations qui parcourent mon corps depuis cette fin de journée…  Depuis tous ces mots. Ces mots qui m’ont transportée, secouée, chamboulée. Ce long fil de discussion qui, tel un ruisseau qui devient rivière puis fleuve, s’enrichissait de sentiments et d’émotions plus forts les uns que les autres. Votre cœur s’est ouvert et a transpercé le mien. Notre dernier échange a été si fulgurant qu’il m’a fallu plusieurs heures pour m’en remettre…. J’ai fait ma midinette et ai pris l’écran en photo avant que ça ne disparaisse. J’ai ravalé la boule dans ma gorge et tenté de vaquer à mes occupations.

    Mais j’ai froid depuis ce moment là. Ce moment où vous m’avez foudroyée. Je suis pantelante et autour de moi tout n’est que vide. Ce soir pour la première fois depuis vous je vis sans vous au bout. Je vis ces choses que j’avais l’habitude de faire avant, puis que j’ai pris l’habitude de faire après. Mes cigarettes ont un drôle de goût. Je me sens seule sur mon balcon et je ne souris plus comme une conne. Je m’efforce de ne pas compter les minutes avant votre retour, elles sont bien trop nombreuses et j’y perdrais la raison…

    Alors je vous les raconte un peu, ces minutes, au fil de mes correspondances, espérant que vous y jetiez un œil et compreniez. Espérant que vous soyez vraiment aussi bouleversé que moi. Espérant que vous m’oubliiez parce que ça faciliterait tant les choses. Parce que j’ai tellement mal au ventre de ne pas pouvoir vous parler ce soir. De ne pas pouvoir vous imaginer rire. De ne pas pouvoir sourire comme une conne à vos mots tendres qui me prennent par surprise ou rire comme une gourde à vos conneries.

    Et c’est seulement le premier soir…. Je me couche sans votre « Bonsoir ». Je me couche sans vous souhaiter bonne nuit alors que vous dormez déjà. Sans vous embrasser sur le front. Sans caresser votre joue. Oui, je ne vous l’ai jamais dit mais quand vous vous endormez je caresse votre  joue.

     

    To Be Continued…

     

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  • Cher Anerik, 

     

    Je peux pas ne pas le dire. Vous le savez. Vous me forcez à vous le dire avec vos mots qui me font chavirer et vos attentions troublantes.  

    Alors pour que je patiente un peu mieux, je vous le dis. Virtuellement. Profondément. Mais virtuellement surtout. Sensation étrange, mais délicieuse.

     

    Je t'aime.

     

    Saligaud. 

     

    To be continued...

     

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  • Cher Anerik,

     

               Ce soir vous allez me quitter pour deux jours. Deux longs jours pendant lesquels je serai obligée de supporter vos silences. Je ne sais d’avance comment endurer cela, j’ai déjà eu tant de mal à vivre une seule soirée sans vous. J’attends vos derniers mots avec impatience, et vous souhaite d’avance un bon voyage.

     

    To Be Continued...

     

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  •   Cher Anerik,

    N’arrivant pas à dormir, je prends mon clavier afin de vous dire ce que j’avais l’intention d’égrainer au fil de notre éventuelle conversation de ce soir…

    Mais tout d’abord oui, vous m’avez manqué. Oui, j’ai guetté vos messages et oui je sursautais un peu à chaque notification.  J’avais envie de lire vos mots, de vous dire les miens, de sourire comme une conne. Vous avez  bien chamboulé mes tripes en déboulant dans ma viertuelle. Je ne sais vraiment comment réagir à tout cela, d’un côté l’amusement coquin qui n’a au fond que peu d’importance, et de l’autre les sursauts, les frissons glacés au creux de mes reins et les battements affolés de mon cœur. Les sourires. Les rires. Les mots tendres.

    De tout ceci découlent des envies, bien sûr. L’envie d’en voir plus, l’envie de toucher du doigt ce qui démange mon bide.  L’envie de votre voix, pour me dire ces mots en vrai. L’envie de débarquer et de vous tomber dans les bras. L’envie de concrétiser ce désir, de sentir votre peau sur moi. Votre souffle. Vos mains. Tout ce que vous savez parce que vous l’avez lu. J’aime ne pas vous quitter de la journée, j’aime vous retrouver, j’aime imaginer que vous me feriez en vrai tout ce que vous me faites en mots. J’aime votre pertinence. Votre tendresse. Votre écoute. Votre présence même silencieuse. M’appuyer sur vous quand le tourment est trop fort. Nos échanges potaches. Ma vie avec vous.

    Mais je vous arrête tout de suite : inutile de me faire la leçon. Inutile de me mettre en garde. De vous inquiéter sur mes sentiments ou leurs conséquences. Je ne sais rien de vous finalement, rien de tout ça, comme si « tout ça » n’était qu’un rêve. Un film dont je serais spectatrice. Et justement voilà, c’est ainsi que je le vis. Plongée dans le film, pendant 1h40 je me prends pour l’héroïne et ne rêve que de romance avec le premier rôle masculin. Comme un film, ça me  laisse une étrange et fascinante impression d’être sortie de ma vie. Comme un rêve, tout cela me paraît terriblement réel et me laisse des empreintes qui s’effacent trop lentement.

    Mais comme après un film ou un rêve, quelle que soit l’intensité  des traces qu’ils me laissent, je retrouve mon foyer. Mon foyer, mes amours et mon quotidien. Et rien ne me gêne. Pas de poids, pas de souffrance, pas de manque. Pas de manque, non, je sais ce que vous pensez : si vous m’avez manqué aujourd’hui c’est parce que je l’ai bien voulu. Il aurait pu en être autrement, mais j’avais envie de me sentir ainsi. J’ai peu mangé, beaucoup fumé, fini le chocolat. Mais avec le sourire. Ce soir, je me suis prise pour Madame Bovary et croyez moi, c’était bon. J’espère continuer nos jeux ainsi, sans poids, avec plaisir et légèreté. Continuer à sourire comme une conne. A vous mailer par surprise. A vous offrir des bouts de moi. A lire ce que vos mains font de mes mots. J’espère malgré tout pouvoir un jour vous montrer mon moi tout entier, pour de vrai, mais je ne l’attends pas. Comme un fantasme, je n’attends pas que ça se réalise. Je savoure cette envie et la garde au fond de moi, en toute sérénité. Et je souris comme une conne, encore et encore.

     

     

    To Be Continued…

     

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  • Je m’imagine descendre du train, poser mes talons sur le quai de la gare et te chercher parmi les visages s’affairant dans le hall.

    Je m’imagine dans cette chambre d’hôtel, te guettant par la fenêtre, sursautant au bruit de la porte qui s’ouvre dans mon dos.

    Je m’imagine à la terrasse d’un café, grelottante de t’avoir trop attendu dans le froid, et réchauffée soudain par tes bras autour de mes épaules.

    Je m’imagine assise sur un banc, au milieu de ce parc que j’aime tant, et sentir tout à coup tes baisers sur ma nuque.

    Je m’imagine en larmes, déroutée par ce tragique évènement, tes mains chaudes essuyant les larmes sur mes joues.

    Je m’imagine épuisée, fourbue d’avoir trop vécu cette intense journée,  m’endormant dans tes bras et le nez dans le creux de ton cou.

    Je m’imagine une cigarette à la bouche,  ta main approchant un briquet pour l’allumer, tes yeux plantés dans les miens.

    Je m’imagine avec toi, au milieu de la foule, les pommettes rougissantes à l’idée que ta main pourrait s’introduire sous ma jupe.

    Je m’imagine sur le point de rentrer chez moi, adossée à la porte, toi contre moi pour un dernier baiser et là, ta main sous ma jupe.

    Je m’imagine dans ce grand lit, essoufflée, toi en moi et mes jambes autour de tes hanches.

    Je m’imagine après, m’endormant  paisiblement tandis que ta main caresse mes cheveux.


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  •           Ces mots que tu ne peux pas écrire. Que tu préférerais dire, mais que tu ne peux pas non plus. Ces battements de cœur, ces coups de poings dans ton estomac. Ces longues minutes de paralysie. Ces frissons qui  parcourent ta colonne vertébrale, te glaçant le sang au passage. L’attente interminable entre deux échanges. Les sursauts à chaque message reçu. Cette impression que tu vas imploser à chaque signe de l’expéditeur, celui là même qui te met dans cet état. Ton regard dans le vide, cherchant des raisons de ne pas imploser. Ta tête que tu voudrais cogner contre un mur pour oublier. Ton esprit qui cherche à fuir ce qui te paraît bien trop compliqué. Ta belle assurance que tu perds dès qu’il faut lui parler. Les bégaiements, les hésitations et le ridicule quand tu y repense, pleine de regrets.

    Et puis ton sourire. Ce sourire béat dès que tu lis ses mots, que tu entends sa voix. Tes jambes qui flageolent quand il pose ses yeux sur toi. Le léger balancement de ton corps quand il te parle. Ce bonheur qui t’envahit, qui fait trembler tes mains à l’idée d’être auprès de lui. Ta peau qui frémit à chaque fois qu’il te frôle. Ta poitrine qui se gonfle à chaque inspiration, essayant d’emprisonner en toi chaque molécule de son odeur. Ce vertige qui s’empare de toi quand tu crois l’apercevoir dans la foule. Tes yeux, brillants, que tu lève au ciel devant tes gamineries. La honte de devoir te cacher, parce que tu n’es pas seule et que l’autre pourrait être blessé. Les mensonges que tu échafaude, au cas où l’occasion se présenterait. Juste au cas où.

     

    Au cas où tu aurais le courage de fuir cette vie que tu aimes par-dessus tout, pour t’échapper vers un frisson interdit dont tu ne sais rien. Dont tu as peur. Peur d’aimer, de détester, de regretter. Peur des conséquences. De la déception. Peur de perdre ce rêve, peur de perdre l’autre que tu chéris tant. Peur de ne jamais plus retrouver ce grondement dans tes tripes, cette adrénaline envoûtante qui te fait vibrer chaque jour un peu plus. Tout mais ne pas perdre ça. Alors ça tu le gardes au fond de toi, tu savoures en silence les joies et les peines qu’il te laisse.  Retiens autant de larmes que de sourires. Serre les poings souvent, le ventre parfois. Le ventre surtout, pour ne pas laisser échapper les papillons qui s’y trouvent.


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